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  • DU RIFIFI A L’AMBASSADE US

    Jesus save us, Jesus save us in our bus! 

    À 10 heures du soir, un microbus Mercedes m’attend devant l’hôtel avec à bord mes joyeux lurons et compagnons. Artur résume le programme :

    « nous voulons un réveillon excentrique et unique. Nous sommes tous artistes à notre manière et nous allons d’ici 5 heures du matin rendre visite à nos quinze familles, de maison en maison, grâce à notre bus ! »

    8e et avant dernière escale moldave !

    Embarqué dans cette caverne d’Ali Baba où les caisses de champagne jouxtent des dizaines de gâteaux et de gourmandises diverses, je suis déjà pris de vertige et mon premier « Caramba » sera repris par le groupe durant toute la nuit. Le ton est donné par Marina Manon : « Jesus save us, Jesus save us in our bus ! »

    La première famille, prise au dépourvu par notre arrivée, reste bouche bée devant ce spectacle. Imaginez la belle Oxana au crâne rasé, la boule à zéro, qui, du haut de son mètre quatre-vingt, subjugue la foule par ses divins yeux bleus métalliques et par a voix de soprano. Sa longue robe blanche flottante fait d’elle une innocente nymphe à bord de l’arche de Noé. Le chœur improvisé que nous sommes répète inlassablement « Dar Ninus acas, Domn, Domn ».

    La famille nous reçoit autour d’un arbre de Noël (cette fête se veut triple chez les orthodoxes : Noël du 25 décembre, la St Sylvestre du 31 et leur propre Noël 20 jours plus tard). A nouveau un flot de champagne, du foie gras et moult gourmandises. La troisième famille est la plus insolite. Les habituelles mansardes font place à un luxueux chalet à trois niveaux. Un château pour ainsi dire. J’ignorais que l’un d’entre nous était le fils du Lieutenant-colonel Bill Vogt, ambassadeur des USA en Moldavie. Une simplicité bien américaine et une convivialité de passage de millénium nous baignent de bonheur. Délicatement, Son Excellence me demande si je suis bien un Moldave. « Comment vous êtes de Tunis ? » s’exclame-t-il ! Il me prie fermement de le suivre en silence. Nous grimpons au premier étage jusqu’à une large porte blanche bien verrouillée. Il me regarde dans les yeux et me redemande si je suis bien de Tunis ! Mon sourire habituel mue en une légère angoisse et la porte blanche glisse délicatement sur ses gonds. L’obscurité est encore plus inquiétante. Le chant de mes amis m’arrive assourdi, comme d’une autre planète. Son Excellence me plonge dans une tornade de questions et prolonge le suspens.

    Que veulent les USA à la Tunisie ?

    Qui ose déranger la quiétude de l’oncle Sam ?

    (A suivre : Suite et fin !)