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  • Le CHE de Tunisie: Chokri Bélaid

    Il n’est pas parti, il nous a devancés

    A 9h30, ce jeudi 7 février 2013, j’ai eu l’honneur de faire partie des huit personnes qui ont porté sur leurs épaules, le cercueil de Chokri Bélaid, de l’ambulance à la tente  blanche, face à son appartement, derrière la Recette des Finances d’El Menzah VI .

    Des gerbes de fleurs délimitent le carré du meurtre. Le carré des commanditaires du meurtre. Le meurtre d’un militant et la naissance d’un Che.

    chori 3.jpg

     Sur un morceau de carton tenu par 3 bougies parterre un texte :

    «  Je suis de la race des combattants, je n’ai pas peur de la mort et je mourrai en combattant »

    Le cercueil est posé sur un tapis rouge, de la couleur du sang du héros, qui abreuvera les sillons de la liberté à retrouver et à recouvrer !

    L’épouse éplorée est sobre et digne dans sa souffrance. Le silence de son visage est plus éloquent qu’un livre et sa douleur est incommensurable.

    Sa petite fille semble ne rien comprendre avec des yeux en mydriase et le regard hagard, secouée  de douloureux pleurs de souffrance.

    Les amis, nombreux, très nombreux, chantent dignement la gloire du martyre de la Nation et ne peuvent cacher ni leur colère, ni leur souffrance  tout en répétant en boucle :

                -«  Chokri n’est pas mort ! Il est vivant par le flambeau que nous tous porterons pour retrouver la liberté de la Tunisie. Chokri est le sauveur de la Tunisie ! Chorkri tu n’es pas mort, tu es en nous. A jamais ! »

    Les journalistes étrangers sont très nombreux.

    Happé par une grande chaîne française, je ne peux, retenir mon émotion et mon sanglot face à leur caméra.

    «  Que ressentez-vous ?  Etes vous membre du Parti du défunt ? »

    -        --«  Non je ne suis pas politicien. En simple citoyen tunisien je pleure cet homme, je pleure ce Che, je pleure ma Tunisie, je pleure cette famille éplorée !

    «  Vous accusez qui ? »

                -«  Je n’accuse personne en particulier. Mais j’accuse, l’ignominie du commanditaire, sa haine aveugle et ses buts inavoués. Il n’est pas enfant de la Patrie et la société civile le vomira, le rejettera et l’éjectera ! »       

     -         «  quel message avez-vous à adresser au Gouvernement ?

     -        -«  Au nouveau gouvernement je demanderai ceci :

     -        N’oubliez pas que vous aurez en main le sauvetage de la Tunisie !

     -        N’oubliiez que ce pays ne sort pas du brouillard ou du néant. Ce pays a une longue histoire à nulle autre pareille : Alors que les Huguenots plantaient de nouveaux cépages en France au XVIIe siècle, un Tunisien, jeune de 3050 ans, plantait déjà la vigne ici. Le général Magon, frère d’Hannibal.

     -        N’oubliez pas que ce pays fut juif, puis chrétien avant de devenir musulman.

     -        N’oubliez pas que 16 civilisations composent notre mosaïque tunisienne, des Lébous aux Turcs, en passant par les Crétois, les Italiens, les Andalous et les Beni Hillel par exemple.

     -        N’oubliez pas que la mort de Chokri Bélaid sera l’espoir de mettre en marche un Gouvernement de technocrates, sans emprise de partis, qui aura comme devoir premier, de redonner confiance au peuple, de s’éloigner des partis politiques, de remettre le train sur rails et de permettre enfin le début de la sortie du gouffre abyssal, dans lequel des extrémistes nous ont plongés !

     Paix à ton âme Che de Tunisie et TAHIA TOUNES !

    rached trimèche