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  • DANSE DU FEU à MINUIT

    Le temps passe, il est déjà minuit

     Suite et fin d’Iskandar KulJ’ai juste le temps de déposer mon baluchon sur le  6e lit du baraquement de mes nouveaux amis et retourne à la table en bois plantée au bord du lac Iskandar Kul.

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    Soudain, un jeune monsieur, au teint basané et à la cigarette collée aux bouts des lèvres, arrive portant un gros baffle noir et me dit de ne pas bouger car la fête va commencer. En trente minutes, c’est un autre monde. La température descend à 0°C, un gros brasier est allumé. Les banquettes sont rapidement disposées en cercle autour du joli brasier. On attend le mystérieux chirurgien de Dushambe et ses invités.

     Grassouillet et flasque

     il arbore avec fierté la belle jeune dame de 20 ans qui l’accompagne. Le vieux chirurgien est en effet accompagné de sa petite amie et de sa smala, soit une dizaine d’invités ou de parents : les deux frères de la fille, la sœur de la fille, la cousine de la fille et peut être même la tante de la même fille, qui vit aux crochets du vieux chirurgien. Dans ce coin perdu du pays, nul n’aura vent des frasques dominicales du médecin. Des victuailles circulent et du bon vin aussi. On pousse la chansonnette et une folle danse au tour de ce feu de bois, le temps a depuis longtemps suspendu son temps, son vol et son décompte. Ici tout est magie, mystère et belle vie.

     Je me frotte les yeux, et me retrouve emmitouflé dans un lit de camp

    avec une fenêtre mal fermée, laissant passer à souhait tout le soleil du Tadjikistan dans notre baraque en bois ! Aucune salle d’eau dans ce baraquement.  J’attrape ma brosse à dents et me dirige en haut de la colline vers ce hangar ou réfectoire de l’hôtel. On m’indique qu’il faut aller 500 mètres plus bas, faire la queue avec les autres clients en plein rase campagne, pour trouver une salle d’eau.

    Rafraichi, je demande un petit déjeuner et remarque vite, un couple d’amoureux qui me regarde secrètement. Il a 60 ans, elle, 25 peut être. Je reconnais les fines moustaches du conducteur de la Mercedes noire, et m’installe directement à sa table en souriant.

     Voilà que la charmante jeune dame éclate de rire et me demande :

     « mais comment ? Vous nous avez reconnus ? Vous n’êtes pas fâché que nous ne nous soyons pas arrêtés ? »

    Au diable l’avarice et vive mes nouveaux amis. Plus tard, l’inspecteur principal de l’enseignement secondaire me prendra à bord de sa belle Mercedes.  On accompagnera d’abord madame à son école voisine à 20 kilomètres du village et il lui promettra de revenir comme d’habitude tous les 60 jours voler avec elle une nuit à la vie, dans cet hôtel du lac si loin de tout regard.

    Puis, nous prenons la route de Dushambe et il m’explique longuement l’origine du nom de sa capitale par une astuce culturelle.

    Si en occident, les jours de semaine dérivent du nom des astres (Lundi de la lune, mardi de Mars et mercredi de Mercure), les jours de le semaine au Tadjikistan dérivent du perse.  Au Lundi, Dushambe, de donner son nom à la capitale du pays .

     Tadjik = dushanbe (lundi), seshanbe, chorshanbe, panjshanbe, jum'a (vendredi), shanbe, yakshanbe (dimanche).

    Persan = do shanbe, se shanbe, chāhār shanbe, panj shanbe, jom'e, shanbe, yek shanbe

    Il faudra ainsi decliner toute une semaine pour bien comprendre que le tadjik dérive en partie du perse !

     Alexandre le grand qui passa par ces lieux, offrit son nom à ce lac Iskandar Kul  et nous invita, nous heureux voyageurs, à explorer ces splendides et mystérieuses contrées d’Asie centrale. Des contrées encore mystérieuses et si riches et attachantes!

    Adieu amis Tadjiks. Mais je sais que je reviendrai un jour!

    Gracias à la vida.