Pas de panique, nous sommes en Afrique !
Freetown, la capitale du Sierra Leone, est une ville bien curieuse. L’aéroport international n’est pas dans la capitale mais à Lungi, une île voisine qui arrête malheureusement son dernier ferry vers la capitale entre 20h et 6h du matin.
C’est à cause de cette dualité que j’ai reporté mainte fois ce voyage au Sierra Leone. La majorité des connexions d’avion pousse le voyageur à passer une nuit dans la première île de l’aéroport pour rattraper le matin le ferry vers Freetown ou le contraire. Pas de panique nous sommes en Afrique !
Cependant et moyennant finances on peut louer un hélicoptère ou un « Spidy boat » ou hovercraft pour traverser la Sierra Leone River et atteindre la capitale.
Entre autres aventures vécues au Sierra Léone, la plus épique et surprenante a été le voyage de retour à Tunis.
Le départ de mon avion de la RAM sur Casa Blanca, dernière escale avant Tunis, est prévu pour 5h du matin. Il est 17h, il me reste 10h pour franchir la capitale Freetown, prendre un ferry ou grosse chaloupe et enfin un taxi pour l’aéroport.
Sur le papier tout cela paraît tellement simple, mais en Afrique il reste le facteur le plus important, doublement nommé, hasard et probabilité.
Armé de mon baluchon bleu, j’espère trouver un taxi près de l’hôtel. Il n’y en a guère, il n’y en a point.
Qu’à cela ne tienne, bonjour l’autostop. Mais dans cette capitale qui a vu plus de 150 mille assassinats ces 10 dernières années, les conducteurs ont peut être conservé un instinct de méfiance et de crainte de l’autostoppeur.
Finalement un gaillard de 120 kg conduisant à tombeau ouvert une grosse mobylette rouge me prend à bord.
Accroché au siège arrière, serrant mon baluchon contre le dos du conducteur, j’évite à mes pieds de heurter trottoir, rochers et dizaines de flaques d’eau. C’est que le bonhomme a du souffle, il arrive à zigzaguer et à louvoyer à travers bus, camionnettes, voitures et motos avec une surprenante habilité.
Au bout de trente minutes de tangages, de roulis, de frayeurs et de soubresauts, je suis délivré au cœur même de la ville. La place grouille de monde comme un bazar de Téhéran ou une Kasbah d’Alger.
Une voix, un cri, un saut, enfin une main s’abat sur mon épaule gauche. Il est là, face à moi, riant aux éclats : tu me reconnais, tu me reconnais ?
Oui ! C’est bien le monsieur qui m’a conduit la première nuit à un hôtel, dans une chambre sans rideaux et un tôt matin sans café. Un taudis haras, un véritable nid de couleuvres.
Samuel insiste pour me faire visiter les boutiques de son épouse. Le négoce de madame n’est autre qu’une pièce de 3m2 sur 2 surélevée sur un mètre avec des marches extérieures arborant cahiers d’écoliers, valises, sandales, sorties de bain….un super bric à brac qui permet au couple de gagner sa vie sous l’étendard de « grande librairie de Freetown ».
Au bout d’une demi-heure d’attente de taxi collectif nous sommes enfin à l’embarcadère. Malin comme un renard, Samuel saura aisément trouver le guichet qui vous vend un billet de première au prix d’un second.
Nous sommes 10, nous sommes 20, nous sommes 200 peut être à nous trimbaler sur les ponts branlants du vieux ferry conçu normalement pour transporter à peine 100 passagers.
Au premier étage quelle surprise de voir s’ouvrir les portes du paradis. Mais la première classe n’est autre qu’un vaste salon avec deux uniques banquettes latérales. Le clou est à l’entrée.
Il a 20 ans peut être
Une coiffure rasta, des yeux exorbités et de longues chaussettes orange font de ce jeune Sierra-Léonais le prince du soir. Monsieur est le DJ de service. Faute de boule Quies, je subis pendant plus d’une heure sa musique tonitruante et saccadée qui semble toutefois faire l’unanimité chez les autres passagers.
Je me blottis au fond de la banquette à moitié couché tout en lisant mes messages sur mon I- Pad. Quand soudain une main douce et presque innocente me tend une barre de chocolat.
Comment a-t-elle deviné que je suis chocolativore ?
Amusée par ma gourmandise elle m’offre un second chocolat en essayant de s’allonger sur le divan sans pour autant vouloir me déloger. Mais dans cette douce Afrique, le voyageur qui laisse tomber sa garde vis-à-vis des belles dames n’est plus à l’abri quant à sa santé voir même sa vie.
C’est vrai qu’elle est belle, du haut de son 1,70m , des yeux marron avec des éclats d’ émeraude, un teint noir très clair et surtout une taille de guêpe montrant fièrement son nombril aguichant.
C’est vrai aussi que sa culture remarquable et son accent britannique vous poussent à croire qu’elle n’est pas ce que vous pensez et vous met vite en confiance.
En quittant le ferry, elle se colle obstinément à moi et propose de m’aider pour gagner l’aéroport. Quelle aubaine, mon calvaire touche t- il à sa fin ?
Dans un noir charbon, à 100 mètres du bateau, elle se dirige vers une vieille voiture japonaise d’où surgissent deux autres jolies filles. Dix minutes de palabres entre les trois dames dans une langue qui m’est complètement hermétique.
Le verdict tombe. Les 3 jolies dames se retournent vers moi et me disent : ...
@suivre
Ainsi va le monde
Ainsi va la vie