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maladie

  • Voyage à Hammamet(suite)

    Un café turc et un macchiato à Hammamet

    Après le délicieux macchiato de Guy le Nîmois, nous voici embarqués une heure après dans un autre voyage. Un autre univers. Un autre monde. Un voyage…sur la plage, entre Nabeul et Hammamet ; le jour même de l’Aïd !

     

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    Assis sous un arbre, en bord de jardin et face à la mer, sous un parasol rouge, dont il épouse les rondeurs, il se cache sous une casquette « Hitachi » bleue.

    Trois boites de médicaments jonchent la table blanche et même le gazon vert ! Il invite le « rodeur-voyageur-en-bord-de-plage » à s’asseoir à sa table, face à la grande bleue, si avenante et si calme ce matin !

    Un transistor égraine  une douce musique lancinante contrairement à un téléphone cellulaire gris qui crépite sans arrêt ! De grosses lunettes noires masquent l’œil de mon hôte mais pas son assurance, ni son flegme !

    Que fait, seul, ce tout jeune quinquagénaire, dans une si grande maison en bord de mer, avec tant de médicaments (sérieux), une grande bouteille d’eau glacée-givrée, une boite de gâteaux et sur le gazon garée une grosse BMW 747 rutilante noire, jeune de 10 ans au moins ?

    Il parle, parle et parle encore de tout et de rien. Le ton est monocorde mais pas monotone !

    Son aïeul est arrivé en Tunisie avec les Ottomans et fut un jour reçu dans la cour du Bey ou Roi du pays, pour examiner, en tant que médecin, une jeune patiente dite perdue, la fille du Bey ! Miracle, elle sera sur pieds en quatre jours ! Le Bey lui offre son cheval et une escorte de 4 gardes avec cette phrase :

    -         «Prends ce cheval va vers le Nord Ouest de Tunis et tout terrain que tu traverseras t’appartiendras ! »

    Le médecin traversa une distance de sept gares et revint au Palais du Bey. C’est ainsi que la famille de KB possède ce jour encore : 72 000 hectares de bonne terre agricole.

    Mais que fait ce riche héritier affalé sur sa profonde chaise blanche à Hammamet ?

    Sa vie est un roman ! Il a fuit le monde et dit à tout le monde qu’il était à Bizerte mais loua à Hammamet cette villa somptueuse, fuyant femme et enfants et boulot…Il vient de perdre 40 Kg et veut enfin prendre son hygiène de vie en main.

    L’homme papillon se dévoile et raconte

    -«  je commençais ma journée en ingurgitant, à jeûne, 4 bières. Suivent durant la journée 20 autres pour boucler les deux douzaines de bières par jour. A midi, une bouteille de bon vin rouge (Vieux Magon en général) et le soir presque une bouteille de whisky. Le bouchon métallique de la bouteille me servait souvent de tasse… ! »

    Entre mon café, mon resto et mes autres affaires, je passais la journée à picoler dans la joie et la vraie bonne humeur ! Tout allait à merveille. Femmes et argent se succédaient à vive allure et mes nuits étaient musicales avec un trio qui passait tous les soirs chez moi, à  minuit, pour amuser ma table toujours ouverte aux nombreux amis alléchés par cette opulence.

    Un soir c’est la cata. Une ambulance vient « ramasser » un homme tombé dans un coma éthylique profond. Suivent un régime draconien pour passer de 140 Kg  à 100 Kg, le placement d’un pacemaker et l’abstinence totale…en alcool, mais pas en femmes…

    • « Mais si jeune et déjà avec tout ce passé ? »
    • « C’est rien mon ami cela ! Mes aventures ont commencées quand j’avais 5 ans et je suis, aujourd’hui, à mon 7e divorce! »

    -«  Un jour, à l’école, la maîtresse m’a giflée injustement devant mes camarades! Je n’avais que 5 ans mais je voulais prendre rapidement ma revanche ! Je passe dans un grand jardin hivernal chercher une grenouille. Je l’attrape et la cache dans ma poche. En classe, je profite de 10 minutes de récréation, pour me diriger vers le sac à main de ma maîtresse, l’ouvrir et y glisser ma grenouille…et fermer soigneusement le sac ! »

    -« Elle eu la peur de sa vie et finit par trouver le coupable car je fus le seul qui pu attraper la grenouille qui s’évada dans la salle de classe. Elle me donna un dinar et me dit : « Quittez cette école KB !»

    Mon père décida de me mettre de suite à l’école Bouchoucha, avec 1 500 jeunes internes, mais je ne rentrais à la maison que tous les 3 mois. Pour mon père c’était la seule solution. Il faut avouer aussi qu’il se maria à 17 ans avec ma mère qui n’en avait que 15… j’étais donc un fruit à problèmes. »

    -« Un jour, au bout de deux ans, l’école changea de cuisinier et je décidais d’imposer une grève de tous les élèves avec nos repas jetés en même temps sur le sol. J’avais alors 7 ans…J’étais déjà, enfin, dans ma peau de chef ! »

    -« La vie active commence et très tôt je reprends les affaires de famille dans une carrière sur nos terres et enfin j’ouvre un restaurant et un café en banlieue nord de Tunis! »

    -« Mon faible second après l’alcool : c’est les femmes ! La solution est fort simple dans ce pays où l’argent ouvre toutes les portes ! Il suffit d’un bouquet de roses et d’un diamant pour demander la main d’une très jolie fille ! Elle vivra avec moi 3 ou 5 ans et demandera à partir. Je suis ainsi à mon 7e divorce et toutes généreusement remerciées ! A bon entendeur merci ! »

    -« Regardes sur mon portable ces sept beautés divines, mes Ex ; celle-ci par exemple fut Dauphine de Miss Tunisie, il y a 15 ans ! Toutes ces belles filles viennent d’un milieu modeste et trouvent avec moi un conte des mille et une nuits! Un standing mon ami ! Elles adorent cela ! En plus j’aide leurs parents à boucler tel ou tel projet ou à payer telle dette ! »

    -«  J’en ai une que je garde à Paris, dans un petit studio que j’ai acheté ! Elle vit avec mon fils, de 16 ans, celui qui vient d’appeler pour me dire Aïd Mabrouk »

    -« Actuellement je change de cap, je vais encore me séparer de la dernière qui est déjà en partance avec ses 3 enfants et je vais mener une vie d’ascète à Hammamet ! Plage, mer, musique et mes dizaines de médicaments… peut-être même un petit régime si je me décide à enfin faire un peu de marche pour me décarcasser »

     

    Il a le souffle court ! L’effet de deux paquets de cigarettes par jour est encore présent, malgré l’arrêt total de fumer. Il se dirige vers sa cuisine et entame, avec amitié, la préparation d’un café turc légèrement sucré et servi dans une belle tasse en porcelaine blanche de Limoges. Merci !

    Adieu l’Ami ! Tu m’as rappelé mon escapade aux Îles Comores et cette merveilleuse nuit passée avec Bob Denard, le roi des mercenaires français, qui m’ouvrit son cœur et me parla de sa vie !

    En chaque homme se cache une montagne de tendresse et un jardin secret. KB saura un jour mettre fin à la bouteille, à la vie effrénée et peut-être même à se réconcilier avec la vie en écrivant sa propre saga… ici même, légèrement évoquée !

    Bonne santé Kacem alias Gacem et Be happy amigo !