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SAGA DES TRIMAKIS

Je rentre enfin d’un périple en Crète. Une véritable Odyssée.

Aujourd’hui, hélas, le nom Trimakis a disparu de la Crète. Toutefois, nos recherches retrouvent ce nom à Toronto au Canada, en Turquie et sur les îles de Chio et de Rhodes, aux confins de la mer Egée, sur la route d’Izmir.

En fin de séjour et face à notre échec, nos amis crétois nous suggèrent d’explorer la piste de TRIPAKIS au lieu de TRIMAKIS. Hôteliers de père en fils, ils n’ont hélas ni la morphologie, ni le caractère des Trimèche, deux traits qui sont restés intacts chez nous tous après sept générations !


C’est donc après une vaine visite à la mairie d’Héraklion et des centaines de kilomètres de route que nous avons finalement pris contact avec les médias qui en quelques secondes ont fait de cette affaire la leur. Et quand ? La veille de notre départ pour Tunis !

Nous (mon fils Skander et moi-même) avions loué une voiture et durant 16 heures par jour nous serpentions les chemins en lacet et les collines à la découverte de hameaux perchés et de bourgs lovés dans des oliveraies, et à la recherche d’un éventuel TRIMAKIS !

Sans les médias nous serions revenus bredouilles.

Longuement interviewés par la radio, la télé et un grand journal, le plus connu de Crète, Patrias, du 23 août 2002, j’ai présenté mon ouvrage « La saga des Trimèche ». Un travail de 5 années de recherches avec une partie historique et une seconde sous la forme d’un arbre généalogique complet avec pratiquement « un code génétique » pour chaque enfant…

C’est à notre retour que nous recevons des dizaines d’e-mails, de télécopies et d’appels téléphoniques de notre famille crétoise qui est si heureuse d’avoir enfin trouvé la trace de ce fils disparu en Afrique du Nord vers 1720… Des photos que je reçois par fax et par Internet (dont l’une date de 70 ans) auraient pu être celles de nos cousins de Monastir, Tunis, Khniss ou Tampere.

Résumé de cette seconde saga des Trimèche


L’ancienne île de Candie, kriti ou la Crète d’aujourd’hui avec ses 8 336 km2 est 26 fois plus vaste que l’île de Malte et 13 fois plus que celle de Djerba et compte aujourd’hui près de 550 000 habitants.

Les Vénitiens quittent la Crète en 1669 après 400 ans de colonie et cèdent alors la place aux Turcs. L’Empire ottoman s’y implante ainsi de 1669 à 1913. La Crète ne sera autonome qu’en 1908 et n’intégrera la Grèce qu’en 1913.

C’est le passage des Ottomans en Crète qui est à l’origine de la fuite en Tunisie de notre aïeul.

Dès leur implantation, les Ottomans commencent par ajouter à tous les noms crétois un « KIS » ou un « KAS » terminal qui signifie le « petit ». Trimèche deviendra Trimakis. Un début prometteur !

Vers 1720, une famille de notables crétois a maille à partir avec les Ottomans et refuse la soumission.

Une dispute éclate hélas qui finit dans un bain de sang, avec d’un côté le meurtre de quatre filles Trimakis (pour tarir cette famille grecque orthodoxe) et de l’autre, celui d’un Turc. Il ne restait plus qu’à fuir la Crète pour sauver sa vie !

L’exode

Au lendemain de cette tuerie, la famille Drimis quitte la Crète par mer et met le cap sur la ville de Vourla, en Mikra Asia, à l’orée de la Grèce orientale. Ce territoire est aujourd’hui en Turquie, en mer Egée, et compte encore plus d’un million de personnes d’origine grecque.

Au bout d’un certain temps, la famille Drimis se divise et reprend la mer ! Une partie ira à la Plaka, au cœur d’Athènes (et y vit encore à ce jour), une autre vers les îles de Chios, Rhodos, Milos et Ziros. Un téméraire reviendra en Crète même et deux frères voyageurs au long cours prendront des chemins plus compliqués : l’un ira vers la Syrie (qu’il quittera) et l’autre vers l’Afrique du Nord. Nous y voilà !


Le Drimis qui deviendra tunisien s’est laissé porter par la dérive et a débarqué directement à Monastir où il a retrouvé une ville au nom déjà existant en Grèce, ce que l’a mis en confiance.

L’histoire

Une famille crétoise nous est très proche : Aspa Sula Drimis (jeune économiste vivant en Crète) est la fille de Vagellis, fils de Georges, fils de Vagellis, fils de Nikos, fils de Vagellis.

Ce dernier Vagellis est aussi bien son aïeul que le nôtre.

Un de ses fils, Antonis, est celui qui se dirigea vers l’Afrique du Nord accompagné de sa femme Irène (la Paix en grec !) et probablement de son très jeune fils Alexandro.

Plus tard, les Drimis, commerçants comme tout bon Crétois qui se respecte vont à la conquête de « l’or vert », à 6 km de Monastir, en achetant à Khniss le maximum d’oliviers… un nouvel exode vers ce village d’antan qui rappelle d’autres faubourgs nichés au cœur de la Crète ancienne !

Les 3 enfants d’Antonis Drimis épousent rapidement des Tunisiennes et l’islam. Leurs descendants sont aujourd’hui, en 2002, près de 2 900 personnes vivant dans 26 pays dont 95% en Tunisie.

Miracle de la génétique et petits pois de Mendel, 4 acides aminés A, C, G, T, - les principaux - ont fait de sorte que les Trimèche gardent depuis près d’un quart de millénaire un fidèle ADN et une morphologie constante !

Conclusion du séjour crétois en 2002

Finalement toutes ces interviews et ces photos publiées dans la presse crétoise ont donné deux genres de réactions :

1. Celle des historiens tel que le Professeur Antonis Thomas Vasilakis qui vient de rédiger le dictionnaire du grec ancien. Un adepte d’Homère, des Cyclades et de l’Odyssée… Il est le premier à nous demander de cesser les recherches sur le nom TRIMAKIS et rechercher tout simplement le nom TRIMÈCHE.

2. Celle de notre véritable famille crétoise qui est à la recherche de leur fils qui a quitté le pays pour aller en Afrique du Nord (où ?), il y a près de 250 ans, fuyant l’empire ottoman.

De tout cela, découlent quatre vérités historiques :

1. Notre nom d’origine n’est pas Trimakis, mais bien Dhrimes qui a évolué aujourd’hui en Drimis en Grèce et en Trimèche en Tunisie.

2. Cette famille est originaire de Héraklion, la capitale crétoise, et de la ville de Tefeli au nord de cette capitale.

3. La signification grecque du nom Drimis est fort simple : le Fort.

4. Quant il a fallu inscrire le nom Drimis auprès de la commune de Monastir de l’époque, le préposé a dû entendre Drimich ou Trimèche . Le plus curieux est d’écouter un crétois dire « Drimis », c’est bien « Trimèche » en tunisien… avec même une prononciation hachée.


Ici commence une autre évasion :

La mise en train d’un roman « TRIMAKIS EL GRECO » cette fois. Bercé par les vagues, poussé par les vents Antonis alias El Greco n’a déjà plus une goutte d’eau au 3e jour de voyage. Irène, en femme avertie, s’ingénue à économiser les quelques fruits secs emportés et les deux précieuses bouteilles, une d’huile vierge de Crète et la seconde d’ouzo. Toute goutte de pluie est recueillie dans un drap qui deviendra coupelle d’eau vivifiante. Le chemin est long et le jeune enfant a une forte fièvre. Faut-il revenir en Crète et affronter les Turcs ou poursuivre le voyage d’Ulysse, ce roi légendaire d’Ithaque, époux de Pénélope et un des principaux héros d’Homère, le célèbre historien et géographe de Grèce ? Ulysse a dérivé vers la Tunisie et s’est laissé porté par le vent… plus tard, le fruit du lotus retiendra à Djerba le navigateur solitaire.

« Trimakis el Greco » dopé par cette magie ulyssienne reprend à sa manière le combat de la mer !

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