Le feu au sacré et l’assida en bouche

Les dieux dont cléments. Ils arrosent le pays d’une pluie bienfaitrice

Les Dieux sont furax.  Ils noircissent le ciel et les rues

Les Dieux nous ont choisis pour être de garde en ce jour du Mouled, 24 janvier 2013 !

 D’habitude, de garde, une bonne partie des patients est nouvelle et découvre notre officine, notre accueil et notre musique d’ambiance. Choyés, gâtés et très cordialement reçus et conseillés, ils oublient leurs gros bobos et sortent avec un large sourire. Cela reste notre plus grande satisfaction.

 Dans cette  officine deux patients bavardent face à la caisse :

 Un jeune quadra de 95 Kg, barbu bien en barbe, au regard fuyant… discute à haute voix avec un autre patient, un jeune octogénaire au bouc bien taillé et raffiné, à la Mohamed Salah Mzali qui lance derechef :

 -        «  Vous allez nous foutre la Paix, Ya Flan, avec vos prêches on the street ?

-        Vous êtes d’accord avec vos collègues qui ont brûlé le Mausolée de Sidi Bou ? »

 Sans sourciller ni se démonter le quadra répond au vieil octogénaire si frêle et si courtois, les yeux dans les yeux :

 -        «  Oui je suis d’accord bien sûr ! Notre groupe salofiste est contre ces Saints. La France a ses Sts Nicholas et Valentin Ok ! Mais en Tunisie, vous n’avez pas le droit de vénérer AUCUN Saint. Aucun ! Seul Dieu est à craindre »

 -        «  Avez-vous participé au carnage de Sidi Bou ? »

 -        «  Non… mais moi j’aurais donné un préavis au peuple : on ferme le Mausolée d’abord, on interdit l’accès et s’ils persistent… On met le Feu ! »

 -        «  Mais laissez-nous libres monsieur, c’est notre Tunisie, notre culture, notre diversité, notre démocratie ! »

 -        «  Non, Vieux père, il n y a point de démocratie en religion ! Quand vous aurez la charia dans tous les pays arabes, vous allez comprendre ! »

Un grand silence dans la salle

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Seul le silence est grand face à ce verbiage, à cette honte et à cette barbarie

 Il est 19h30. Heure de fermeture

 Une dernière patiente, demande juste un petit truc…. Et les ordinateurs sont déjà à moitié fermés

On rigole avec la Dame en lui disant :

 -        «  c’est votre Assida qui vous a retenue pour sortir si tard ? »

-        «  Ecoutez, donnez-moi une minute svp…. ! »

-         Elle sort et revient très vite avec une superbe coupe  d’ assidat zgougou, à faire rêver plus d’un gourmand

 Merci La Latifa et que Dieu nous garde, cette Tunisie, généreuse, clémente, souriante et ouverte !

 Et que les empêcheurs de tourner en rond regagnent leurs tentes du désert et nous laissent en Paix! seuls  l'Ordre, la Loi et l'Etat pourront arrêter ce fléau naissant !

 Bonne fête de Mouled à tous =)

Frasques à Tunis

 Samedi matin à El Menzah V. Quelle surprise ce matin ! Je croyais voir ou entrevoir les échelles de l’ambassade américaine. Ces horribles échelles de la honte qui ont osé affronter la forteresse US au nez d’une police absente !

 Non, ce n’est pas l’ambassade des USA aux Berges du Lac de Tunis.

Nous sommes dans un grand carrefour bordé de trois cafés huppés. Les berlines et limousines rivalisent de la série 160 à la série 163… et le monde parait merveilleux avec cette jeunesse en week-end qui vit sa joyeuse vie matinale.

En sortant de mon petit café habituel, où m’attend mon eternel capuccino, je découvre brutalement une énorme villa blanche, au fond de la place. La villa est si vaste qu’elle ouvre sur deux rues perpendiculaires….  Et là, au vu et su de tous les passants : un homme sur une échelle adossée au mur, haut de 3 mètres, de la belle villa.

 Caramba ! Mais que fait-il ?

 Sous l’échelle des petits projectiles s’entrechoquent et viennent se regrouper dans un vaste drap blanc !

Waw, la guerre du Mali ou la raffinerie algérienne de In Amenas  font-elles des adeptes à Tunis ?

J’avoue ne rien comprendre, car la tête de l’homme-Sur-Echelle est complètement enfouie dans un gros arbre du jardin.

 Je change de direction et m’approche du lieu de la tuerie aux projectiles verts et noirs…

 Comme si de rien n’était, l’intrus continu sa sinistre besogne… à lâcher des projectiles des deux mains en les envoyant sur le drap blanc au sol…

S’il était le jardinier de cette belle demeure, son échelle serait à l’intérieure de la villa. Mais, là,  comme un voleur qui n’a pas froid aux yeux il continu sa triste besogne.

Du coup, je m’empresse à constater les faits et à prier Bouddha pour trouver le Maître de céans !

A la rue perpendiculaire, juste face à Attijari Bank, une porte verte et une sonnette blanche  avec interphone…

 -        «  Qui c’est ? »

-        « Euh… excusez-moi de vous déranger Jeune Dame, je me nomme XYZ et je souhaiterai vous parler ! »

-        «  Dites-moi cela par interphone ! »

-        « Non je souhaiterais que vous veniez 30 secondes à la porte SVP ! »  

Au bout de deux longues minutes la porte s’entrouvre. Un gros bonnet de fine laine rouge et des lunettes blanches. Le visage de l’octogénaire est souriant….

 -        «  Monsieur, tout ce mur qui tourne est bien à vous et les arbres aussi ? »

-        «  Certes, c’est ma maison ! »

-        « Est-ce que votre jardinier a une échelle noire tenue par des dizaines de ficelles et qu’il travaille dehors ? »

-        «  Oh non ! mon jardinier est absent depuis belle lurette »

Je prends le petit vieux par la main et lui fait faire le tour de sa maison. Arrivés au pied de cette sacrée échelle (non US) je ne peux m’empêcher de crier au Gugus, de descendre de suite de son échelle et de s’expliquer….avec le propriétaire de la maison devenu tout pâle et blanc !

                -«  Oh, mais je ne fais que cueillir quelques dizaines de kilos d’olives ! »

 Non, ce n’est pas la Somalie… Mais Dieu ce qu’on peut s’y rapprocher  hélas !