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INTERMEDE ESTIVAL (3)

LOCDEUX

Succombe à l’insuline mais...  

pas au "Coco-loco" antillais

Poursuivons la saga de nos chers locataires par un second qu’on appellera LOCDEUX (soit le 2e locataire sirrotant peut-être un Coco-loco ?) ! Mais les cocos qui rendent un peu fou ou loco sont hélas loin de nos rivages ! Je repense à ce beau Resort de Santa Lucia, au sud de la Caraibe,  avec mon fils Ziéd de 8 ans qui n’arrêtait pas de me dire : « Papa, avec ta série de cocktails à la noix de coco et au rhum, tu deviens complètement loco…. J’étais au 4e punch sans m’en apercevoir et Ziéd avait raison ! Mais cette douce et belle folie voyageuse est d’un autre âge, d’une autre espèce que celle de sieur LOCDEUX !

Après trois ans de location payée il achevait son bail en début avril  et devait libérer notre maison qui attendait ses locataires d’été, en bord de plage…

Le jour J, LODEUX  décide de prolonger son loyer d’un an et de payer la semaine suivante. LA semaine en question dura quatre mois…

De guerre lasse, il a  finalement accepté un compromis par écrit :

«  Le propriétaire accepte de laisser le locataire passer gratuitement les deux mois d’été à la condition expresse de remettre les clefs de la maison le 1er septembre. Faute de quoi il devra payer tout le retard de loyer et les charges impayées depuis deux ans »

Le 31 août, LOCDEUX disparaît dans la nature…Plus âme qui vive !

J’ai cherché à travers les dédales de Tunis son appartement (provisoire) et ses bureaux fantômes de grand PDG de la place !

Dans une cité perdue, sa belle mère nous ferme la porte au nez. A un de ses anciens bureaux  on accepte (Dieu merci) de me donner son nouveau numéro de téléphone.

Voila enfin que Fantômas acquiert une adresse et un téléphone. Une existence caramba ! Suivent trois mois de calvaire, de téléphones et de patience ! Son discours est simple :

-          Allez porter plainte devant la justice, si vous le souhaitez ! Bonne chance avec vos avocats !

-          N’oubliez surtout pas la gouttière de l’hiver dernier, lors des pluies torrentielles qui m’a occasionné un sérieux dégât sur un meuble…

-         Mais on a tout arrangé ! Un ingénieur en béton est venu avec ses ouvriers et a passé trois jours et tout arrangé et vous étiez content. Votre petit meuble vert de 100 dinars n’a rien du tout…voyons et je suis prêt à vous le payer sur le champ!

Au bout de plus de cinq autres mois de calvaire, j’arrive enfin à « le coincer dans ses bureaux présidentiels d’El Menzah VI». Un matin, à 8 heures, je passe après mon jogging, juste devant ses bureaux et reconnais sa belle et grande 4*4 américaine noire.

Profitant de l’absence momentanée de ses cerbères et de sa fausse blonde secrétaire édentée, je me glisse furtivement dans son bureau !

Trop tard. Impossible de se cacher, il ne peut plus prétendre être à nouveau en Chine ou en Italie. Je lui demande mes clefs et renonce certes à tout retard de  loyer impayé.

Entre trois téléphones portables qui sonnent et un téléviseur en sourdine, branché sur la chaîne Al JAzira,  il m’annonce le plus naturellement du monde :

-          OK, je vous rends de suite les clefs de votre maison de vacances, mais vous me payez cash le prix de tous objets et meubles que je n’ai pas le temps de reprendre…soit 3000 dinars docteur…à moins d’attendre mon retour de Chine dans trois mois et là j’essayerai de faire mon déménagement complet et vous remettre vos clefs !

-          Ou allez déposer plainte et vous aurez peut-être satisfaction après 4 ou 5 ans !

Comment retenir sa rage ? Comment ne pas imaginer son portrait en citrouille? Que « peut faire le mort devant son fossoyeur » ? Nada. Son but est clair, me faire sortir de mes gonds et prolonger la tragédie de plusieurs autres mois !

Soudain une idée. Toute simple toute bête !

Je change de siège. Me mets à sa gauche, ôte ma montre, que je place sous son nez, et lui prend son stylo de sa main. Il a juste le temps de réaliser que je venais d’écrire l’heure exacte et un N° de téléphone !

-          Dans 19 minutes exactement vous pourrez constater ma mort par coma diabétique….si je ne prends pas dans 18 minutes ma dose vitale….d’insuline ! Cela fait deux heures que je suis ici, je viens directement de mon sport  et je n’ai pas pensé rester autant avec vous, car je devais rentrer chez moi et me faire mon insuline du matin!

Son visage est blême ! LA mort n’était au menu du monsieur ! Il devait soit téléphoner à mon fils pour lui demander d’urgence cette insuline et avoir un véritable scandale dans son bureau, me voir mourir dans ses bureaux ou…tout simplement me remettre mes clefs et vider ma maison en bord de mer…

Dix longues et infernales minutes…La quadrature du cercle ! Il jaunissait, criait, priait, blêmissait et devenait fou de rage ! Sa charmante secrétaire n’eut pas plus de succès…

« Il ne reste plus que 8 minutes pour mourir dans votre bureau… »disais-je calmement au sieur PDG ! Sa sueur dégouline, ses yeux rougissent et ses jambes fléchissent ! Partagé entre l’orgueil, la mauvaise foi et la peur au ventre il ne trouve aucune porte de sortie.

L’homme est finalement si peu de chose ! Où est l’arrogance du super PDG ?

-          OK, OK, je vide votre maison ce matin même ! Il appelle un acolyte de 120 Kg qui devra me suivra avec son camion jusqu’à Hammamet pour vider UNIQUEMENT les choses personnelles et laisser le reste que je devais toutefois racheter !       

-          Ok ! je tends la main pour prendre la clef et écris avec son beau Parker doré sur sa feuille : « 4 minutes de survie ».       

-          Ok, prenez la clef mais restez en vie de grâce. Pas dans mon bureau! Non pas de suicide ici. S’adressant au molosse Hamadi : «  Tu ne le lâches pas d’une semelle, à Hammamet tu prendras un chèque de 1000 dinars (au lieu de 3000) et tu me rameras mes clubs de golf, mon scooter de mer et les revues glamour de ma femme !

Pour retrouver la Paix j’accepte ce marché de dupes en payant 1000 dinars ses vieilleries…et acheter ainsi ma tranquillité tout en ayant la chance de n’avoir jamais pris d’insuline de ma vie ! Que Dieu me pardonne ce petit mensonge ! C’était pour la bonne cause !

La mer des Caraïbes est bien loin de LOCDEUX et les délices antillais ne sont pas au menu du vaniteux PDG! Mais je pense qu'une bonne noix de coco bourrée de rhum et garnie d'une belle fleur rouge aux étamines jaunes et au port altier donnerait, peut-être plus, de coeur au tumultueux sieur!

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