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Ni hôtel, ni passeport, ni visa : Vaya con Dios !

FORCER L’AEROPORT  DE BANGUI ? 

 (Suite 1). Une fois à bord du vol Royal Air Maroc Casa/Bangui, au lieu d’être enfin heureux et rassuré d’être à deux doigts du but espéré, départ vers les Gorilles à dos argenté de la Centrafrique, ma mémoire, cette coquine, me joue de vilains tours de yoyo !

 

bangui aéroprt  SOLDATS EN MARCHE !!.jpg

C’était il y a douze ans à la frontière terrestre entre le Benin et le Togo, à midi sous 40°C à… l’ombre. Un douanier au regard vitreux décide de me refouler et prétend ne pas pouvoir me délivrer de visa d’entrée à la frontière. Retour à la ville et faute d’Ambassade du Togo c’est l’ambassade du  « ColonisateurEternelCommun : la France » qui me donna un laisser passer pour entrer au Togo. Deux jours de course folle…

Pour retrouver ma bonne humeur, en plein vol RAM,  je repensais à ma chambre 136 quittée à l’aube ce matin, à l’hôtel Manzah à Tanger…. La suite même de Sir Churchill …. Une page d’histoire on life

Et une sacrée soirée avec une voisine en fête qui me kidnappa sur sa terrasse…Sacrée soirée …avec une dizaine de joyeux lurons du Maroc.

Cela fait quatre heures que notre avion fonce sur Bangui et que ces joyeux journalistes marocains font la fête Verre Sur Verre…. Dans deux jours leur équipe nationale sera en Centrafrique  pour jouer aux 1/8 de finales de la CAF. Le pays les attend de pied ferme et cela sera en Centrafrique l’événement du siècle.

Que faire pour mon visa d’entrée, dans un pays policier, pauvre, fermé et entièrement sous la loi du Seigneur Président, du CFA et de la France ?

Je fais rire l’hôtesse et lui demande de passer en première histoire de tester les beaux sièges royaux de la RAM. Aussitôt dit aussitôt fait. Voilà que juste face à moi un sexagénaire au port altier semble attirer l’intérêt de toute la cabine. En deux minutes nous sommes amis. Il comprend mon angoisse et me dit :

«  Vous avez de la chance, je suis l’ancien Ministre de l’Intérieur du pays et l’actuel ambassadeur centrafricain au Maroc, donc descendez directement avec moi, le Protocole m’attend avec une voiture particulière ! »

Waw ! Donc Bouddha existe. L’avion atterrit, la voiture arrive et SE, son attaché de presse et le Voyageur montent à bord… pour descendre au salon d’honneur de la République.

Imaginez une vaste pièce de 15m sur 3 avec deux beaux téléviseurs et quatre fauteuils en velours jaune-orange. Au fond dix policiers entourent un curieux box. C’est le scanner des passagers partants, dont une bonne dizaine est au salon d’Honneur. Le temps est long. Déjà une heure de passée. Le salon se vide et voilà que mon ambassadeur disparu…revient comme par enchantement pour me dire : «  Vous m’avez caché que vous aviez à Tunis un ami centrafricain…. Je vous laisse avec lui. Bonne chance ! »

Mince pour ne pas dire merde ! Me voilà largué à l’aéroport du bout du monde où le tarmac n’a que notre seul et unique avion comme hôte du soir ! Je n’ai rien compris au verbiage de l’ambassadeur, récupère mon seul bagage à main (et seul bagage voyageur) et me prépare à rentrer manu militari au Maroc… Sans accès à aucune doléance, ni Appel devant haute cour.

Soudain une accalmie dans la tempête. Une voix suave, amicale et chaude :

«  Docteur Trimèche, vous ne me reconnaissez donc pas ? Moi, je croyais que vous blaguiez quand vous m’avez dit l’an passé que vous vouliez venir dans mon pays… » 

« De bleu de Bleu » dirait le Suisse. Mais c’est mon ami de la Bad l’ambassadeur Willybiro ! Incroyable.  Et le voilà qui me rassure :

«  Son Excellence avec qui vous êtes venu vous confie à moi. Par pur hasard, je suis ici, pour le départ de mon fils vers les USA via Casa, donc on attend le décollage de son avion, vers 1h du matin et je vous accompagne à votre hôtel de Bangui, que vous dites avoir réservé par notre amie Madame Ko. »

-        «  Mais qui fera mon visa ? Comment faire pour entrer légalement au pays ? »

-        « Pas de problème, je vais remettre votre passeport à cet officier de police en civil qui vous établira sur le champ un visa diplomatique gratuit ! »

Une heure plus tard, le filiforme officier de police au regard perdu et au costume délavé me donne un reçu jaune et me dit :

-        «  Vous pouvez rentrer avec ce laisser passer. Je n’ai pas trouvé le cachet de visa Patron ! Présentez vous demain à la police des frontières pour récupérer en ville votre passeport avec visa ! »

Donc c’est fichu. En bon langage africain cela veut dire qu’il faudra braquer la Banque de Londres pour récupérer mon passeport ou tomber sur un diamant de Bokassa qui n’aurait pas encore été offert au président Giscard d’Estaing !

L’aventure ne fait que commencer. A 3h du matin, on est face à l’hôtel du Centre déjà pris d’assaut par deux journalistes marocains qui répètent sans vergogne, on a pris tout l’hôtel depuis 10 jours et on a même acheté des matelas neufs pour toutes les chambres. Notre équipe nationale arrivera dans 48 heures. J’ai beau présenter ma réservation écrite…l’ambassadeur en désespoir de cause téléphone à Madame Ko (et quel réveil !!) pour se plaindre et demander de l’aide…au Voyageur sans passeport et sans visa.

Il est 3h30 du matin : ni hôtel, ni passeport, ni visa : Vaya con Dios !

@ suivre (2)

Commentaires

  • Hello young man ,

    nice to read you ...

  • mamma mia bravo rached, quelle chance :)

  • J'attends la suite avec impatience!

  • vivement la suite pour avoir la tête dans les étoiles

    Monique
    Genève

  • Tjrs un pur bonheur de te lire et même si tes aventures virent au vinaigre, ta plume elle virevolte et vaut plus que toutes les inepties que nous lisons dans nos quotidiens !

    Et puis, ton récit me rappelle une chanson de Cheb Khaled :

    "La passeport, la devises" y saheb el baroud ya Rached...vaya con Dios ;-)!

    assia =)

  • rabbi m'hak rached

    Lili

  • ni visa; ni passeport; juste l envie d'AVENTURE .....


    au delà des cieux!!!!


    myriam

  • ‎" La seule chose promise d’avance à l’échec, c’est celle qu’on ne tente pas "
    de Paul-Émile Victor.

    Bravo Rached !!

  • Merci Rached de nous avoir permis de decouvrir le monde a travers tes voyages ;je lis regulierement le recit de tes aventures qui jalonne ton parcours...

    profite un max de ton tour; ca fait envie.Quelle bouffée d'oxygene je me regale toujours autant..:))

    @ bientot:)

  • La suite! La suite! ...

    en quelques lignes, l'on comprend presque tout sur comment ca fonctionne chez Bokassa.

    Bravo!

  • Mabrouk pour Skander.

    Malheureusement, je n'ai pas pu assister parce que je suis en France.

    Je lui souhaite beaucoup de bonheur et je vous souhaite Aid Mabrouk.

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