Au pays de la gabegie permanente !
Les arcanes sociaux de Tunis. Les choses de la vie. Notre société si complexe et si peu germanisée ou organisée est riche en désagréables surprises quotidiennes qui hélas nous EMPOISONNENT la vie. Trois mésaventures:
DANS UN CAFE DE L’ARIANA
Dimanche passé à l’Ariana, dans un café je tends un billet bleu de 10d pour régler au bar mon café crème tarifé à 0,850 dinar. Silencieux, mal rasé et mal fringué le garçon me pose avec « bruit et force » le reste de mes 10d…. sans mot dire
Surprise, je ne trouve que 9 dinars et prends le risque de lui faire remarquer que le café est à 0,850 et non à 1d….
Sa réponse est un déluge, un tsunami, un orage verbal :
« Vous osez me réclamer la petite monnaie ? Mais ici, on préfère arrondir les prix et ne pas chercher les petites pièces de 4 sous. Allez demander à la STEG de vous rembourser quand elle vous envoie une double facture ou allez pendant Ramadhan prendre un verre de thé au Lac à 5 DT… »
Pendant qu’il débitait sa rage et sa haine morbide je replongeais dans un souvenir jeune de 15 ans. C’était à München, en Allemagne, dans un grand magasin. Kaufhoff peut-être… A la caisse, j’avais une dizaine d’achats à régler et en DM…. En vidant mes poches il me manquait 7 Pfennig ou centimes. La caissière est outrée que je ne règle pas la somme entière de 580 DM et 57 pfennig….
Ni une ni deux, elle reprend sa marchandise et refuse la vente faute de 7 Pfennig !
Au début j’en fus choqué. Mais avec les années je ne fais que bénir la rigueur de ce peuple et répète souvent ce proverbe pour fuir notre gabegie à Tunis :
« Une femme est enceinte ou pas du tout. Demi-enceinte n’existe pas ! DEUX MONDES ! DEUX EDUCATIONS. DEUX PEUPLES ! »
VENDREDI A BEN AROUS
Je reçois un peintre pour une journée de travail, afin de repeindre juste l’entrée des bureaux CIGV et les escaliers…. Et bien sûr les petits coins qui vont vers le jardin…. Tout est OK, la peinture est achetée et le prix est fixé…. En fin de discussions il me demanda 5 DT de plus…. OK, Rendez vous est donné à 8h30 avec mon assistante qui lui ouvrira les bureaux pour 4 bonnes heures de travail !
J’arrive en fait à 8h. Heureux d’avoir trouvé un bon peintre sérieux et souhaitant le recevoir moi-même….
Jusqu’à dix heures…. Attente vaine ! Idem toute la journée. Eclipse totale et inattendue.
Le lendemain, je vais voir la personne qui m’a recommandé ce sacré peintre barbu mais si poli d’apparence. Sa réponse fut foudroyante et surprenante :
« Il dit, qu’il fallait gratter le mur avant de le peindre et donc qu’il fallait un supplément de salaire… »
NO COMMENT
A EL MENZAH VI
Imaginez-vous un quartier résidentiel, verdoyant et calme ! Une dame loue (curieusement) sa villa à un jardin d’enfants…. à une femme qui du jour au lendemain transforme la maison en « espace aérien de vacances bruyantes et tonitruantes » qui permettra au piaillement de plus de 100 jeunes enfants de ne pas être freiné et d’aller s’imposer dans toutes les villas voisines, du lever au coucher de soleil ! Les familles voisines sont en pleine dépression depuis 3 mois et la tenancière de ce jardin d’enfants sans autorisation réglementaire municipale se prend pour Marie Antoinette et impose dans une rue calme des centaines de voitures bouchant toute circulation et cris d’enfants réveillant morts et vivants !
Education, éthique, bon voisinage, courtoisie ou savoir vivre dites-vous ?
En quelle langue parlez vous donc ? Ici, nous sommes en pays de la gabegie permanente qui forcera les riverains à demander asile à Lampedusa tout en priant Bouddha que justice se fasse…. !