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araignée

  • Une araignée en burka blanche…

    Moult aventurettes à Bizerta

     

     C’est Bizerte qui sera le doux refuge d’une escapade dominicale de quatre amis voyageurs, à l’issue de la Réunion mondiale du CIGV en Tunisie, avec des représentants de 194 pays. Le stress des réunions sera évacué par de petites aventures et découvertes. Les choses de la vie…Sous le charme désuet de Bizerte...

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    Une ville figée dans l’histoire et dans le temps. Blancs et bleus meublent une mémoire de cette ville des anciens officiers français et marins de tous poils. En bout de corniche, un port. Une barrière rouge vous empêche d’accéder sur la jetée… Ah ! Cela devient amusant, avec un Premier petit interdit à braver….en quête de découverte et de mystère au cœur de Bizerte.

     

    Le premier gardien répond à un salut militaire et le second répondra à un sourire sans fin… La voie est libre !

     

    Wawww. Je n’en reviens pas. Ce que j’ai vu la semaine passée à Port Grimaud et à Saint-Tropez n’est pas aussi majestueux que ce que je découvre. La bête à plus de 40 m le long et quelques étages de haut. De couleur acier argenté la bête arbore le nom de mes lointains aïeux grecs et porte à sa proue le drapeau de complaisance des si charmantes îles Caïmans que j’ai tant aimées.

     

    En quelques minutes trois des cinq membres d’équipage deviennent amis. Je retrouve avec eux (dans leurs langues respectives) leurs villes et pays que j’ai eu le bonheur de sillonner, en Argentine, en Angleterre et en Australie. Mais que font-ils en Tunisie, dans un port qui est tout sauf Port de plaisance ? Le beau « Corinthia » dont le propriétaire se prélasse, ce dimanche, au sud de Londres a juste envoyé son staff à Malte, pour accomplir quelques formalités administratives avant d’aller le rejoindre le lendemain aux Baléares. Mais voilà qu’une jauge indique URGENCE…. Du mazout sera acheté en Tunisie pour reprendre le voyage… et l’heureux chauffeur tunisien,du camion de mazout, ne cache pas sa joie en arpentant le Pont du navire et en rêvant d’être un jour Crésus ou Onassis en Océans…

     

    EN BORD DE MER

     

    Un excellent déjeuner à l’habituel restaurant dit « petit M. » où les fruits de mer sont toujours aussi surprenants de qualité et ou la bière épousera un Boga pour en faire des Panachés sous un soleil estival. La promenade qui suit nous fera découvrir des criques incroyables et majestueuses. L’eau est cristalline, l’air soyeux et la vue si surprenante. Trois jeunes couples improvisent un picnik et allument un petit feu pour griller leurs sardines…. Les dames en jeans et superbes tee-shirts rouges et bleus regardent amoureusement leurs « hommes » qui s’affairent à la cuisine ! L’un d’eux est carrément à genoux, pour jouer au souffleur et attiser la braise !

     

    Ils répondent à nos sourires et nous disent fièrement et malicieusement nous prenant tous pour des touristes : -«  Vous voyez, chez nous en Tunisie, les hommes se mettent à genoux….devant les femmes ». Les messieurs sont ravis et les dames heureuses. Quelle belle civilisation.

     

    Soudain, de loin émerge une image, une araignée géante, un poulpe humain…. Elle est précédée d’un fier barbu qui ouvre le chemin médiéval de sa proie légale. Dans ce monde si beau, si serein, si civilisé et si heureux, cette araignée en burka blanche (sic !) serait peut-être juste le mauvais œil….

     

    Au péage

     

    A la sortie de Bizerte, vers l’entrée du pont, une ambulance Samu est coincée et freinée  par de jeunes arrogants qui doublent sans vergogne et n’ont cure de l’ambulance hurlant à mort pour aller sauver la vie. Cinq minutes de perdues et peut-être une vie aussi. J’avale ma honte face à nos chers hôtes venus de loin et arrivé vingt minutes plus tard à sortir de ce bouchon.

     

    Au second péage, on accepte enfin de nous recharger notre carte d’autoroute. Oufff ! Cela fait gagner tellement de temps… Surprise, le préposé refuse ma vieille carte et m’impose l’achat d’une nouvelle carte avec enfin une recharge pour trente passages. En sortant de cette loge…de TN- Autoroute un vacarme nous happe !

     

    Imaginez, à notre nez, une camionnette bloquant la sortie du péage à  une petite Fiat série 77 qui semble la doubler. La foule gonfle. Chacun veut passer le premier et le guichetier ne sait que faire ! Soudain, un petit jeune homme, hirsute et basané, déboite la barrière rouge et blanche et libère le passage au camion hargneux.

     

    Je cours vers un gendarme posté à 200m et demande son aide pour arrêter cette rixe et ce fauteur casseur de barrière. Surpris de mon audace il s’exécute… et nous découvrons un drôle de spectacle :

     

    Une camionnette tirant par une corde une voiture en panne qui voulait passer en double file et une Fiat 77 qui ne veut pas céder le passage. Ils sont dix contre un ! Un second gendarme arrive et les voilà demandant avec un calme anglais aux Gugus crieurs et excités de juste bien vouloir libérer la sortie du péage…. Le camion tirant voiture s’exécute et aux gendarmes de commencer à glaner les papiers de tous les contrevenants….et d’arrêter cette escarmouche qui aurait pu  exploser en Etna sicilien !

     

    Entre bâtiments français délabrés, villas de maîtres accrochées en flanc de collines et en front de mer, un mémorial d’Astrolabe, une côte majestueuse et un vieux port si attachant, nous gardons en nous la beauté sauvage et naturelle  de cette si proche et encore oubliée…ville de Bizerte.

     

    "C'est une chose étrange à la fin que le monde.

    Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit.

    Ces moments de bonheur ces midis d'incendie.

    La nuit immense et noire aux déchirures blondes [...]

    Il y aura toujours un couple frémissant

    Pour qui ce matin-là sera l'aube première

    Il y aura toujours l'eau le vent la lumière

    Rien ne passe après tout si ce n'est le passant"

     

    Louis Aragon, Les Yeux et la Mémoire (1954)

     

  • Puerto Iguazu by night (4)

    Le sel du Tigre

     

    La chance est au rendez-vous. Mon voyage change de rive et aborde de nouveaux rivages. Monsieur le Receveur principal des Postes centrales du village de Puerto Iguazú a décidé de me transformer en aide chasseur. Un volontaire désigné !

    Suivent quatre jours de folie, quatre jours de découvertes et quatre nuits de chasse bredouille. Il s’agissait de chasser le tigre d’Argentine et mon rôle consistait à grimper dans les immenses lauriers noirs de plus de trente mètres de haut et de faire glisser délicatement vers le sol, avec une ficelle, un petit sachet de sel de cent grammes. C’est l’appât que m’a jeté le receveur quand il m’a ouvert sa porte. C’est ce sel qui est censé attirer le tigre vers le chasseur à l’affût.

    Cette narration sera pour plus tard, dans un autre Astrolabe.

    Mais arrêtons-nous à la troisième nuit de chasse à 22 heures 30

    Soudain le temps se fige. L’air se raréfie. Il hurle en me chuchotant un mot. Un ordre : STOP !

    Une image. Une simple image qui se cristallisa dans mon cerveau, se perdit à jamais dans les méandres de ma mémoire et que je n’ai retrouvée que vingt cinq ans plus tard en Guyane Française, au bord du fleuve Oyapock . Le receveur de poste sort religieusement son allumette et fait jaillir une douce flamme qu’il rapproche religieusement de mon nez. Anesthésié par tant de mystère, à 22 heures 31, je me laisse faire.

    La flamme prend soudain des dimensions volcaniques telle une soufrière en gerbe et en feu. L’allumette avance encore au risque de me brûler les cils ! Mon anesthésie s’accentue et mon petit cerveau se fige. Suivent trente secondes de vide. De rien. De peur. D’angoisse. Et surtout d’incompréhension totale. Trente secondes ou déjà une éternité. Soudain, éclata face à mes yeux, un crépitement sinistre, celui d’un bûcher de Jeanne d’Arc ou de crémation balinaise. Une odeur âcre et nauséabonde envahit mes narines et peut-être même toute l’Argentine. Encore trente secondes de flou, de vertige et d’incompréhension. Abracadabra, lèves toi...

    Le mystère s’évanouit. Le receveur des postes me tend la main pour me féliciter de ma deuxième naissance. Il ouvrit gravement sa besace, en sortit une chaude bière et me dit : «  Buvons à ta nouvelle vie ! »

    Je n’osais croire ce que je croyais enfin comprendre et que je ne réalise toujours pas

    Monsieur le receveur des postes argentines venait de me sauver la vie en tuant à l’aide d’une simple allumette une horrible araignée noire qui allait me faire passer de vie à trépas en quelques minutes à peine.

     

    @suivre : 22 ans plus tard…