L’abattoir attend Kimberley
4e escale du voyage de Kimberley
Deux ans plus tard, une brève rupture d’amnésie fera paraître certaines images floues. Escortée par Pedro, elle ira du Swaziland jusqu’à Jo’burg, en Afrique du Sud. Elle se souvient ensuite d’avoir dormie toute une nuit dans un avion. Elle se souvient encore d’une arrivée incohérente à Barcelone, en Espagne, où un jeune douanier n’arrêtait pas de lancer un regard langoureux sur son généreux décolleté.
Puis c’est le blanc. Le vide. L’obscurité.
L’histoire est hélas dramatique. Droguée à mort, Kimberley est conduite à un « abattoir », dans un quartier vétuste et isolé d’une ville d’Espagne. Durant deux ans, la belle Kimberley sera ligotée par les poignets et les chevilles à un lit métallique et sordide. Durant deux ans, cinquante hommes passeront quotidiennement par sa chambre. Un véritable abattoir. Un carnage.
Elle ne se souvient que ces cordes qui lui pénétraient la chair, du visage hideux d’une matrone qui la sortait du lit une fois par jour et qui lui donnait à boire et de quoi se nourrir trois fois par jour. Il lui reste dans la tête une boule de feu, dans le nez une odeur d’enfer et dans les oreilles, le bruit du silence. 36 500 prétendus hommes ou machines humaines sont ou « seraient » passés par sa chambre en deux ans. Est-ce possible ? Est-ce croyable ? Elle est pourtant encore en vie et tout cela a hélas bien existé.
Un matin, par le miracle du hasard, la dose morphinique de la veille fut très faible et le réveil matinal est lucide.
En une fraction de seconde, elle réalise l’ampleur des dégâts et l’incroyable cauchemar qu’elle vit. Le Swaziland, Johannesburg et le douanier de Barcelone forment un vertigineux carrousel dans sa tête fatiguée. Kimberley réalise cependant qu’elle est attachée et qu’une fenêtre entrouverte laisse glisser un premier rayon de soleil radieux. Par instinct animal, elle dégage sa main gauche d’une cordelette mal serrée. Quelques secondes plus tard, les trois autres cordelettes la dégagent enfin et c’est Kimberley qui saute de la fenêtre en disant : « Si je suis au premier étage, je suis sauvée ; si je suis au quatrième, je serais délivrée ».
Un autre blanc. Une autre page. Un nouveau chemin.
Que va-t-il se passer? Quel nouveau destin pour Kimberley?
(a suivre)