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prisonniers

  • Voyage à ....Tunis!

     

    SACRE COUP DE FREIN

     

    Freins usés peut-être

    Mémoire endormie sûrement

    Instinct ralenti évidemment

     

     

    Dur, dur, un dimanche matin, d’aller à son jogging en croyant que les rues sont encore désertes !

    Un feu rouge. Peut-être bien orange !

    Une petite Fiat, jeune de 13 ans au moins, décide de freiner sec à l’apparition du feu qui bascule du vert à l’orange, au carrefour de l’autoroute qui mène de l’aéroport aux Berges du Lac de Tunis.

     

    Poum Patatrac. Sacré ABS.

    Pavlov s'impose et le système ABS est occulté !

    Mon freinage au lieu de se faire par cascades se fera brusquement et poussera, en douce glissade, le nez de ma belle allemande bleue dans le super para choc de guerre de la puissante et jeune rouge italienne !

    Poum Patatrac. Mon nez de voiture est défoncé et mes optiques reculés de 10 centimètres.

    Le jeune chauffard au feu orange s'eclipse et mon jogging aussi!

     

    Confiée à mon garage habituel chez Sid Ali, pour trois jours, me voilà circulant en taxi !

    Ce matin, je décide de traverser tout El Menzah VI et V à pied, histoire de voyager un peu et de sentir le pays !

     

    Waw ! Quelle découverte, sur cette porte. Une belle plaque bleu arborant « Centre de Réinsertion civile des prisonniers libérés» !

    Heureux de découvrir une telle œuvre philanthropique et humanitaire je m’aventure dans les bureaux à moitiés fermés (trop tôt mon général, il n’est que 9h) et rencontre quatre ou cinq dignes bagnards avec chacun une chemise kraft à la main….

    Je m’éclipse sur la pointe des pieds sans vouloir déranger ce monde carcéral silencieux qui semble porter sur ses épaules tout le fardeau de la planète.

     

    Un kilomètre plus loin, je suis doublé par un homme au pas vif et rapide. Un timide « Bonjour Monsieur » et nous voilà embarqués dans un dialogue inattendu avec un type baraqué, basané, moustachu et balafré.

     

    - Mais vous êtes bien le Monsieur que j’ai croisé au centre ?

    - Oui, c’est bien moi !

    - T’as fait combien d’années de prison ?

    - Six et je suis sorti pour bonne conduite !

    - T’as tué quelqu’un ?

    - Non, même pas ! J’ai juste vendu de la « zatla » ou « Kif »

    - Mais tes clients doivent être très jeunes ?

    - Oh ! Je n’ai plus de clients « Finito ». D’ailleurs ils étaient vieux mes jeunes !

     

    On se quitte en silence. 200 mètres plus loin je le vois demander le prix d’une chaîne stéréo chez une jolie vendeuse…

     

    Son voyage a-t-il vraiment pris fin ?

    Ma marche oui ! J’arrête le premier taxi pour aller vers mon boulot…