4e escale moldave! Imaginez une charrette tirée par un bœuf noir et suivie d’une foule toute de noir vêtue. Imaginez dans un cercueil le visage dévoilé de la vieille défunte et vous ferez partie du cortège funèbre. Des fleurs et des couronnes ornent la charrue.
Le cimetière est sobre et sordide et me rappelle ma guerre de Bosnie-Herzégovine et ses tombes de Sarajevo où gisent des dizaines de jeunes soldats ravis à la fleur de l’âge. Notre retour sera plus long et le chemin des écoliers nous offre d’autres magnifiques paysages à travers une forêt de pins gigantesques où se lovent, ça et là, de beaux petits chalets tout de rouge vêtus !
La soirée se termine sur les boulevards de Chisinau. Dans un vieux troquet, la préposée au bar, plantureuse et joviale, nous tend une bière, un canapé de jambon et une salière.
À chacun sa coutume. Affalés sur leurs tables, les clients semblent causer avec leurs bières, perdus dans de légères vapeurs éthyliques. La nuit ne freine pas le commerce. Pour ce chapelier ayant pignon sur rue, le premier client risque d’être pour demain. Les passants sont calmes et discrets. C’est par contre cette dame qui m’intrigue. Avec un petit balai de 15 cm de haut, elle nettoie le pourtour de son tabouret posé sur le trottoir. C’est son territoire, son échoppe. Elle vend religieusement et stoïquement des graines de tournesol à minuit. Son âge canonique, sa distinction et sa grâce dévoilent son aristocratie perdue. Est-elle Russe Blanche ou veuve de Général ? Je m’attarde à contempler son manège que ne dérange ni le froid ni la misère. Soudain jaillit une belle jeune dame qui s’assoit en tailleur auprès d’elle. C’est sa fille aux lettres savantes. Elle m’explique que par la vente de ces graines noires sa maman triple le produit de sa pension alimentaire. Les 8 dollars deviennent 24 !
Un peu plus loin, le spectacle est encore plus poignant. À la force de l’âge, cette jeune maman sur le trottoir depuis des heures semble changée en statue de sel.
Elle porte à bout de bras un beau gilet de laine blanche qu’elle a soigneusement tricoté durant de longues nuits. Pour 5 petits dollars, j’ai le plaisir de la rendre heureuse et de rentrer avec ce beau gilet. La crise économique est réelle !
Allons voir cela de plus près
ECONOMIE MOLDAVE en 2001
La Moldavie est une des premières victimes de la crise russe. Elle est également sous la dépendance économique du grand voisin roumain qui accentue ainsi les faiblesses internes du pays.
Avec un PNB (Produit National Brut) de 450 US$ (le 1/7 de la Tunisie et le 1/10 de la Malaisie), la Moldavie est classée 149e sur 244 pays. Le salaire moyen est encore de 20 US$ et de 100$ pour ceux qui arrivent à trouver un job dans une compagnie étrangère. La planche de salut reste l’exode vers le voisin roumain où les salaires peuvent alors décupler selon la spécialité. Si les formalités de sortie n’étaient pas aussi draconiennes, près de la moitié de la population quitterait le pays en un jour. Mitoyenne à notre hôtel, l’ambassade d’Allemagne, la seule chancellerie qui délivre des visas Schengen, voit dès 22h une queue se former pour attendre l’ouverture des guichets consulaires le lendemain à 8h ! Sur dix candidats un seul Moldave aura la chance d’obtenir un visa pour l’oxygène et pour la liberté !
Une terre noire très riche et un climat plus chaud qu’en Ukraine voisine permettent à la Moldavie des rendements céréaliers élevés.
Le blé, l’orge, la pomme de terre, le maïs, le raisin et le tabac sont les principales productions du pays. Près d’un million de bovins, de porcs et de moutons forment avec 15 millions de poulets le plus gros du cheptel moldave. La désindustrialisation augmente le chômage et les seuls secteurs rentables situés en Transnistrie voisine ferment leurs portes ! Pour comble de malchance la Russie qui absorbe 60% des exportations moldaves est en crise économique et diminue ses importations. Le déficit commercial atteint 20% du PIB et la récession continue !
Curieux destin pour un pays qui a commencé son existence sous l’eau il y a des millions d’années, comme vient de le révéler la découverte de récifs de corail au nord du pays !
Violetta, mon guide aux longues tresses blondes, nous attend pour une toute autre découverte…
(à suivre)
Commentaires
bonjour
toujours très intérêssant ces récits de voyage
merci et bonne soirée
Merci de votre visite .. je viens découvrir votre chez vous ...
Voyageur ? ... ! ...
sorry .. je suis, aussi Honorine.
bravo pour le voyage ..et l'article
bon voyage, l'ami
tres tres bon blogs
bonjour en passant....
Merci pour la visite, et quel plaisir de découvrir votre blog... J'adore les voyages.
Récit passionnant, on ressent les choses en vous lisant, la détresse de la jeune femme m'a touchée particulièrement. Mes parents étaient allés en Sibérie et m'avaient raconté que les femmes confectionnaient plein de choses qu'elles essayaient de vendre aux quelques touristes de passage.
J'espère que le gilet vous tient chaud. La cathédrale est sous la neige ce soir, pour la première fois de l'hiver. Je vous embrasse cher ami et bonne nuit.
Hi RT
Great writing and great story ...discovering this unknown and somehow mysterious country, gives me the travel bug and pushes me even closer to hit the road once again .
Please keep the stories going !!
Bonjour,
De retour depuis lundi soir.
Superbe voyage au Caire. Je raconterais.
Maintenant, j'essaie de poursuivre le récit de mon voyage en Birmanie.
Je suppose que c'est toi qui a parlé de moi à Geneviève. Je vais essayer de lui écrire.
Salut grand voyageur!!!!
@Massir: MArhaba en TN! Tu ns a manqué sur le Net
@Samira: J'espère que Menzah VI sera enfin débouché
@ Roumi: 3 Belles aventures amigo!
@sara: Ravi de te savoir ici présente
@Delphinium: TA sensibilité te fait tout sentir et ressentir
@ Alli: Wellcome on board!
'Il avait des cheveux blonds mon guide, Nathalie...' chantait Becaud - Non, elle s'appelle Violetta.
Moins gaie aussi, la description de ces lointaines contrées qui sont presque l'Europe. Merci pour ce tres intéressant récit.
salut elgreco;)
une bonne information : la creation de la'ssociation mediterrannenne d'art et de culture de kélibia;)
je suis sur que voq connaissance artistqiues du bassin mediterrannée vont eaucoup nous aider.
aussi pourquoi pas orgnaiser une journée ou tu viens nous parler de tes voyages.)
enfin on aura le temps de reparler mais viens jetter un coup d'oeil sur mon blog
@ Nathalie:
Quelle joie, notre beau guide de Sydney sur mes rivages, sur un air de Bécaud...!
Je t'ai laissé un petit message...chez toi!
@ Adib.: Bravo pour cette initiative culturelle! Je te soutiens à fonds et reste à ton service pour un prochain bavardage voyageur...
@ Bélier: Vive le froid vivifiant