Incroyable pays de cocagne !
- Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
- J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
- Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
- J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
- Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Louis Aragon
Fredonnant ce poème d’Aragon, de ma tendre enfance, je prends, ce soir, la route de l’aéroport de Tunis-Carthage comme un zombie téléguidé par l’étoile polaire ou par le chaud Harmattan du Sénégal…
Sacrée journée. Dure journée
Une simple journée dans une Tunisie post-révolutionnaire qui ne digère toujours pas le début de son repas….
- Un 1er acompte provisionnel 2012 à payer à la recette des finances… qui le refuse. Pour la 3e fois. L’Etat est-il si riche pour se passer de nos petits sous ? Après une guerre téléphonique entre la recette et mon comptable… il s’avère hélas que c’est la rêveuse préposée du comptable qui a bien passé son ordre par Internet…mais sans le valider…. Que de temps perdu.
- Une préparatrice qui fait son Sitt-Inn et des malades qui font la queue dans la pharmacie…
- Deux burqas en un jour et les premières de l’année. Aucune n’a voulu dévoiler son visage pour que je puisse examiner le problème et orienter la médication… La première fut sympa en m’expliquant le tout et accepta d’aller voir le dermato du coin, tandis que la seconde invoqua tous ses Saints et occultes croyances pour quitter ce lieu où on ose demander de dévoiler son visage…
- Deux lignes téléphoniques qui lâchent. Même Obama et Bouddha son alertés et les agents des PTT font tout pour remettre nos lignes en marche….Finalement le coupable s’avère être le nouveau fil aérien traversant le mur de notre librairie voisine qui fut arraché par des « Hooligans-Post-Révolution ». Quatre heures de perdues à remuer ciel et terre…
Une journée si malmenée par « les choses de la vie ». Mais en masse !
Ah ! Aragon. Que serais-je sans toi que ce balbutiement …
Je suis presque à l’aéroport de Tunis et doit tourner à gauche pour prendre la route d’El Menzah, quand je me souviens d’un Email découvert dans ma boite. Une invitation à l’Ouverture de la saison d’été 2011 de la Closerie à La Soukra !
Wawww ! Quelle évasion ! Quel autre monde ! Dix voitures encombrent l’allée d’entrée. La Porsche modèle 2012, dépasse la blanche Mercedes coupé 350E, qui nargue la rouge Ferrari qui cligne de l’œil à la noire Audi A5 coupé dernier modèle. A elles seules ces dix voitures attendant d’accéder dans cet antre bénite valent le prix d’une Villa en bord de mer… P. ce qu’on est loin des Burqas de Ben Arous, de ce matin...
Tout cela n’est qu’un avant goût. Imaginez-vous Knocke le Zoute la belge ou St Trop la française avec un zeste de St Barth des Caraïbes et un soupçon des Bahamas. Un cadre rêveur et enchanteur dans un superbe jardin édénique lovant 500 jeunes venus d’une planète Tunisie.
La première n’a rien à envier à une Top américaine et la seconde a tout le charme d’une belle phénicienne. Jupettes, balconnets et fins bijoux donnent à ces dames à l’allure princière une décontraction savoureuse. Elles viennent de Tunisie.
Les jeunes messieurs « friqués » ou fils de… ne quittent ni leurs cigarettes ni leur verre de whisky. La musique est incroyablement entrainante et l’atmosphère est celle des Antilles. Tout est beauté, joie, courtoisie, amabilité, finesse et « joie de vie ».
Au bar, qui cette année est cinq fois plus grand que l’an passé, un jeune Belge (futur Cigéviste) découvre ce monde de rêve et me parle de son affaire juteuse qui consiste à faire le contraire des autres. Au lieu de profiter des ingénieurs informaticiens tunisiens au quart d’un salaire belge, il développe ses produits chez lui et les vend ici uniquement à de grosses boites à étiquette internationale. Quatre fois plus cher...
Plus loin, c’est un couple qui entre dans notre petit cercle. Elle, blonde et grande. Lui, whisky en main, brun et de taille moyenne a des yeux plus vifs que les étoiles et un verbe gai et acéré ! Lui, finit par retrouver tout comme son épouse élégante parisienne (convertie à l’islam depuis 8 ans) que nous avions déjeunés un jour ensemble à Hammamet et « et me recherchait depuis » et m’offrait un « page aventures » dans son magazine d’une grande superficie tunisienne…
Plus loin. Elle, un parfait tatouage noir arborant petit dragon chinois sur l’épaule droite est à l’aise dans sa savoureuse jupette noire. Ses beaux cheveux châtain clair en coupe très courte en font une starlette qui n’attire même plus le regard de ces « Mecs blasés » dénués de toute élégance !
Plus loin encore, trois jeunes couples de 25 ans semblent sortir du cœur de la Floride en fête et semblent si loin d’un certain glorieux 14 janvier.
La piscine à moitié couverte par une estrade lumineuse donne assez de reflet pour rafraichir l’âme et le cœur.
Une musique House s’échappe de doux hautparleurs cachés dans les arbres et tout ce monde magique flotte dans la joie et dans l’amour...
Incroyable Tunisie
Incroyable petit pays où sur le même trottoir marchent des personnes distantes d’années lumières. Après 23 ans de chape de plomb et vol organisé, une large majorité plonge dans l’indiscipline, les sitt’ins, les grèves, le vol et l’arrogance et le reste essaye de retrouver la paix en volant des moments de bonheur.
Quoi de plus normal, hélas, qu’un peuple en désarroi face à un pays sans Force de sécurité suffisante, sans discipline, sans éthique et sans volonté immédiate de se mettre au travail ...
Faut-il espérer revoir les 4 milliards d’euros volé par Ben Ali ou faut-il se décider enfin à retrousser ses manches, à épouser discipline et à conjuguer travail à l’instar des Asiatiques?
Incroyable Tunisie, où une certaine baraka nous protège encore, mais où il faut immédiatement se mettre à la construction nouvelle du pays pour espérer un jour, avec la coopération d’une Libye libérée, se préparer à devenir un Dragon de Méditerranée !
Advienne qui voudra et gloire à Pablo Neruda qui nous rappelle :
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves…
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd'hui !
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d'être heureux !
Puissions-nous réapprendre à rêver ! Et croire que nos deux millions de chômeurs seront bientôt canalisés et que la vertu du Travail sera à nouveau chantée…
Let’s hope, Let’s do’it
Rached
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