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  • LA MACEDOINE (4)

                             AU PAYS D'ALEXANDRE LE GRAND

    La Macédoine, qui fut un des premiers empires du monde avec le règne d'Alexandre le Grand, connaît aujourd'hui un appauvrissement certain. L'année 96 affronte un "champ de ruines" qui impose la reconstruction du pays. Ce pays type des Balkans a une population diverse de Macédoniens slaves, Albanais (24%), Serbes, Croates, Grecs et autres étrangers tout aussi désargentés.

    Géographiquement, la Macédoine était trois fois plus étendue que l'actuelle République. Elle couvrait en outre le sud de la Bulgarie et le nord de la Grèce, et sa capitale était Thessalonique, l'actuelle Salonique de Grèce.

    L'histoire récente de la Macédoine est fort simple. Les Grecs, les Serbes, les Albanais et les Bulgares briguent l'annexion du pays. Le référendum sur la souveraineté de Septembre 1991 aboutit à l'envoi de casques bleus onusiens une année plus tard, avec enfin l'admission de la Macédoine à l'ONU en Avril 1993 sous le nom d'ex-République yougoslave de Macédoine ou Fyrom (Former Yougoslav Republic of Macedonia).

    Une protestation de 2 millions de Grecs à Salonique refuse à la Macédoine le nom qu'elle veut porter. L'époque de Papandréou est hostile à la nouvelle République. La Macédoine reste pour les Grecs et leurs voisins fidèles uniquement cette terre qui s'étale entre la Grèce, la Serbie et la Bulgarie.


    Dans la foulée, la monnaie nouvelle passe de 100 anciens Dinars à un seul Denar. Un an plus tard, en Février 1994, la Grèce voisine, considérant que la Macédoine usurpe un nom "historiquement" grec, décrète un blocus commercial. Elle est aussitôt suivie par tous les voisins, condamnant la Macédoine à une véritable crise économique.


    La Macédoine, que d'aucuns veulent voir disparaître, compte pourtant d'illustres enfants, dont deux au moins sont célébrissimes:

    Alexandre le Grand, fils de Philippe II et d'Olympias

    est né en l'an 356 av.JC. Il est roi de Macédoine à l'âge de vingt ans et maître de la Grèce un an après. Il ira plus tard à la conquête de la Perse, de la Syrie et de l'Égypte, où il fondera Alexandrie.

    Son aventure voyageuse le mènera même jusqu'aux confins de l'Inde.

    Mort à Babylone en 323 av.JC, il voit son empire se disloquer et ses généraux (Antigone, Séleucos Ier et Ptolomée Ier) se partager cet empire et créer la civilisation grecque d'Orient (hellénistique) qui durera dix siècles, avec, au centre de la Macédoine, la dynastie des Antigonides.

    Le second personnage est contemporain. Agnès Gonxha Bajaxhiu, plus connue sous le nom de Mère Teresa, naquit à Skopje le 26 Août 1910. Albanaise de Yougoslavie d'origine, de parents allemands, elle entra chez les sœurs de Loreto et fonda en 1950 à Calcutta, en Inde, l'organisation des "Missionnaires de la Charité". Ce prix Nobel de la paix 1979 a assisté près de six millions de personnes à travers 102 pays, avec l'aide de 80 000 bénévoles.

    ÉCONOMIE

    Avec un PNB de 750$ par tête et par an, soit le quart de celui de la Pologne, ou le tiers de celui de la Tunisie, la Macédoine est classée 159 ème sur 244 pays.

    La spécialité agricole est le tabac avec une production de 22 000 tonnes par an, ainsi que le vin. Le blé occupe 20% des terres arables, aux côtés de l'orge et du maïs. Sans accès à la mer, la Macédoine se contente d'une pêche en eau douce dans ses lacs. D'autre part, la Macédoine possède d'importantes mines de charbon, de fer et de cuivre.


    Entourée de redoutables adversaires économiques, la Macédoine est au bord de l'asphyxie

    La notion de rentabilité est obsolète, 60% de la production nationale, étant encore sous l'emprise de l'État. Ce dernier continue à gérer une masse importante de fonctionnaires coûteux et non utiles qui ne peuvent que fragiliser l'infrastructure du pays. La machine étatique essaie de refouler la boulimie grecque et la protection exagérée de la très pauvre minorité albanaise.


    Devant cette quadrature du cercle, les solutions sont évidentes et simples. Faire comprendre aux quatre voisins qu'ils ont intérêt à commercer avec les Macédoniens. Commencer par amadouer la voisine du nord, la Serbie, avec qui la frontière est presque ouverte pour une sorte de marché commun qui sera automatiquement suivi par un assouplissement de la mythique frontière grecque. La dite Serbie (appelée Yougoslavie) est en fait un ensemble de trois entités: la Serbie, le Kosovo (Albanais) et le Monténégro.


    La seconde solution est complémentaire. C'est une ouverture au monde par la voie la plus riche de Macédoine: le tourisme. Visiter le lac d'Ohrid sur les traces de Cyrille et de Méthode, créateurs de l'alphabet cyrillique, utilisé aujourd'hui par près de 350 millions de personnes, et humer l'air qui a caressé les pas victorieux d'Alexandre le Grand et rythmé le voyage de Mère Teresa est un must touristique qui n'échappera pas au voyageur.

    L'asphyxie économique trouverait un poumon nouveau à travers les alvéoles de la Turquie et de l'Italie. Un accord conclu avec ces deux pays permettrait le désenclavement de la Macédoine par l'équipement d'un axe routier et ferroviaire moderne partant du port albanais de Dürrez, au bord de l'Adriatique, à quelques encablures de l'Italie, et allant à Skopje puis à Sofia la Bulgare, et enfin à Istanbul en Turquie, l'ancienne Constantinople, ou la plus ancienne encore Byzance.

    Préservons nos forces et notre souffle pour attaquer demain un des plus beaux et riches (d'histoire) sites du monde, Ohrid.

    Nous voici enfin arrivés à la belle page d'histoire d'Ohrid et à sa découverte tout en vous souhaitant d'aller visiter un jour ce merveilleux coin de notre planète.

    Une charmante petite ville, Ohrid, aux mailles de soie, d'histoire, de culture et d'Orthodoxie nous accueille ce soir après une journée passée à sillonner les routes, venant de Skopje par le chemin des écoliers. Le lac d'Ohrid, perché à 690 mètres, est le joyau de cette couronne donnant une aura sans pareille à cette petite ville du bout du monde.

    Une autre Macédoine nous attend avec, comme au bord du lac Léman par exemple, des familles qui viennent respirer la vie à plein poumons et s'initier à la pêche ou à la planche à voile. Nous tombons sur un grand jour de fête. Notre hôte, gynécologue et ancien Ministre de la santé de cette jeune République, sera notre guide émérite qui commence par nous emmener au centre ville pour assister au quai principal à l'arrivée de la régate. Un sportif mexicain et un athlétique italien seront en tête de course suivis par une centaine d'heureux participants venus de 23 pays. Les microphones et les haut-parleurs stimulent la foule qui danse et rit, avalant bière sur bière et saucissons chauds.

    Demain (Rendez-vous avec les frères CYRILLE & METHODE)

  • LA MACEDOINE (3)

                            VIREE AU KOSOVO


    Avec 2 490 000 habitants vivant sur une superficie de 25 713 km2, soit environ la moitié de la superficie de la Suisse, la Macédoine est enclavée entre 4 pays: au nord, la Serbie et la Bulgarie, et au sud, la Grèce et l'Albanie.

    L'histoire de la Macédoine est riche à plus d'un égard. 700 ans av. J.C., le royaume de Macédoine est fondé par un peuple d'origine indo-européenne, grecque et illyrienne, sous la dynastie hellénisée des Argéades. Quatre siècles plus tard, Philippe II établit son hégémonie sur les Grecs. Peu à peu, la Macédoine fera d'abord partie de l'Empire d'Orient avec Salonique comme capitale, puis de l'Empire byzantin.

    A l'époque, la partie nord des Balkans, répartie entre la Yougoslavie et l'Albanie, portait le nom d'Illyrie et fut grecque, romaine, puis slave.

    Des tribus slaves, originaires de la région du Dniepr, commencent à envahir l'Illyrie orientale et s'étendent jusqu'à Ohrid et Salonique au IXe s. En l'an 806, les Khan, des Bulgares Krum, commencent la conquête de la Macédoine.


    Un autre événement surgit dans cette tempête coloniale: la traduction des livres saints en macédonien en l'an 863 par Cyrille et Méthode, suivie de l'évangélisation, une véritable "liturgie" byzantine. Ohrid devient rapidement la capitale de l'Empire macédonien.

    Cet équilibre sera éphémère et les Byzantins attaqueront la Macédoine quatre ans plus tard.

    Beaucoup plus tard, en 1282, le belliqueux roi de Serbie, à la moustache dure et abondante, Ouroch II, conquiert le centre de la Macédoine et même Skopje. L'Empire serbe ne fait que se renforcer et ne sera décimé qu'en 1371 par les Turcs voisins qui asserviront à leur tour la Macédoine.

    Le Congrès de Berlin tentera, en vain, en 1878, d'octroyer une autonomie à la Macédoine.Le 2 août 1903, éclate l'insurrection de Saint-Elie à la ville de Monastir en Macédoine et le lendemain même, le 3 août 1903, naît Bourguiba à Monastir en Tunisie. La toponymie de ces deux villes de Monastir et de la troisième du même nom, en Bulgarie, est un autre chapitre à narrer...

    Au caprice du temps et des guerres balkaniques, la petite Macédoine sera dépecée par ses puissants voisins grecs, serbes et bulgares. Ces conquérants jouent au ping-pong avec ce pays et se le cèdent indéfiniment les uns aux autres. Le traité de Neuilly de 1919 rend, par exemple, au royaume de Serbie une partie de la Macédoine conquise.

    La Fédération yougoslave de 1945 englobera la Macédoine jusqu'en 1991, date de la souveraineté tant attendue de la Macédoine, qui accède enfin à l'ONU en 1993, en tant que République présidée par Kiro Gligorov.

    Actuellement, en 1996, la Turquie, l'ennemi héréditaire de la Grèce, commence à faire les yeux doux à la Macédoine. Le loup est dans la bergerie: il est peut-être temps aux Grecs de composer avec la Macédoine. La globalisation mondiale, la prédominance des démocraties de marché et cette Turquie qui veut faire incursion en Macédoine sont autant de facteurs qui pousseront les fougueux et passionnés voisins grecs à reconnaître rapidement cette jeune République.

    VIRÉE AU KOSOVO

    Notre troisième journée commence par un rapide "dobarden" doublé d'un "blagadaran" lancés par un jeune homme filiforme en chemise blanche immaculée, qui nous tend une petite clé qui pend dans un petit anneau métallique noir. Nous voici à bord d'une voiture de location blanche, Daewoo SK429, une véritable boîte à sardines munie d'un capot, louée au prix modique de 16 $ la journée.

    Pareille à un cube de beurre, avec un compteur qui ne marque que 200 km, notre petite voiture blanche arbore le mystère de son petit volant dont le cache en plastique est coupé sur une largeur de 1 cm. L'énigme est simple: cet accroc du volant est la marque même de la firme de location, comme dans certains pays du Sud où le propriétaire d'un café marque son verre par une couleur jaune ou bleue en guise de "sceau" d'identité.

    En moins d'une heure, nous arrivons à la frontière serbe face à une mare d'eau trouble qui nous arrête net. Quatre militaires, mitraillette au poing, nous pressent de payer sur le champ la somme de 5 D.M. pour subir la "désinfection" obligatoire du véhicule qui passera ainsi par cette mare douteuse. Cette désinfection restera énigmatique, mais remplira peut-être la caisse par le contribuable. Notre jeune passager Zied, lui, se fait une joie de quitter le véhicule et de traverser la mare à pied, riant, s'éclaboussant de partout et mettant les nerfs des policiers à fleur de peau.


    Commencent alors les palabres policières pour entrer en Serbie avec des passeports tunisiens

    pourtant exemptés de tout visa. Heureusement que nous avions envoyé une télécopie de l'hôtel annonçant notre passage frontalier dans la journée.

    C'est le début d'une nouvelle épopée sous une pluie cinglante et aveuglante, sur des pistes glissantes à travers champs et plaines à perte de vue, passant du Monténégro au Kosovo pour terminer le séjour dans la triste ville de Pristina, où les heures ont suspendu leur vol depuis la nuit des temps, laissant déambuler au bord de ces avenues, sans âmes ni voitures, des personnes tristes et silencieuses au regard hagard et plein d'amertume.

    Reprenons notre micro-voiture blanche et allons vers les routes sinueuses du Kosovo, cette enclave musulmane et pseudo-albanaise de la Serbie voisine, avant de revenir à notre Macédoine.

    Que dire de Yunco, par exemple, cette grande surface grise de quatre étages où les rayons du rez-de-chaussée présentent, sur plus de 60 mètres, des centaines de rouleaux de papier hygiénique et sur cents autres mètres des dizaines de verres en plastique bleu. Tout un étage peuplé de dizaines de vendeuses qui n'ont que ces deux articles à présenter. Telle est la loi du Kosovo, où les Albanais d'origine n'ont plus que les yeux pour pleurer avec un salaire mensuel moyen de 20$ U.S.

    Pour égayer la journée nous achetons de beaux épis de maïs grillés et des glaces à la vanille rafraîchissantes.

    Des étals épars présentent sur les trottoirs un bric-à-brac qui hélas n'attire pas les clients et rend encore plus triste le visage inexpressif et livide des vendeuses aux longues robes aux couleurs délavées.

    C'est l'heure de retour et la pluie est aveuglante. L'essuie-glace de notre voiture coréenne se retourne sur lui même pour saluer les airs et les cieux. La visibilité est de plus en plus mauvaise. Soudain, sans trop comprendre comment, nous nous retrouvons enlisés dans un fossé profond d'une cinquantaine de centimètres, plein de vase et d'eau boueuse.

    Dieu semble veiller sur les voyageurs. Après trente minutes de calvaire, nous arrivons à sortir notre "Ferrari" du fossé, trempés jusqu'aux os. Notre belle et unique passagère regrette d'avoir choisi de visiter le Kosovo, au lieu d'aller bronzer sur les plages de Santa-Lucia, caressée par les alizés des Caraïbes.

    Après cette virée en Serbie-Montenegro-Kosovo, nous retrouvons avec joie notre hôtel et surtout une bonne douche salvatrice. Un ami juriste, un jeune sexagénaire, au regard fuyant et au savoir généreux, nous invite au bar de l'établissement pour une bière du pays.

    L'atmosphère est calme et les clients sont peu nombreux. Toujours aussi belles, les filles du pays semblent mourir d'ennui et lancent sans trop se fatiguer des sourires attendrissants et aguichants. La bière est fraîche et notre ami, qui a collaboré avec le Maréchal Tito, attend sans trop y croire un avenir incertain et répète à souhait que le mur de Berlin est bel et bien tombé suite à l'ouverture d'une brèche dans l'ancienne Yougoslavie. Peter nous présente la Macédoine en professeur érudit.

    A suivre (Voyage à l'intérieur du pays!)

  • MACEDOINE(2)


    SACRE VISA au PAYS de MERE THERESA


    Zi, mon fils voyageur, aura donc gagné son pari, et c'est son voyage à Santa-Lucia et Saint-Vincent aux Caraïbes qui se concrétisera, faute de pouvoir aller en Macédoine. Ma nuit de décision fut presque blanche et je repensais alors à cet internat de jeunes filles à Lausanne, en Suisse. J'avais 22 ans.

     

    Le Mexique fermait ses portes au nez du jeune étudiant que j'étais. Trois mois de tractations vaines pour l'obtention d'un simple visa d'entrée au Mexique. C'est sur le conseil amical de mon professeur de chimie galénique à l'Université de Lausanne que je suis allé rendre visite au directeur d'une école privée suisse dont certains élèves étaient citoyens mexicains.


    Le hasard est une fois de plus généreux, et le directeur de l'école très coopératif. La charmante Rosita est aussitôt convoquée au bureau du directeur et, toute souriante, propose de téléphoner à son père qui n'était autre que le Ministre des Affaires Étrangères du Mexique. Mon problème de visa se volatilisa.


    Ces réminiscences de Lausanne m'encouragent à aller encore de l'avant pour tenter l'impossible et décrocher ce sacré visa pour la Macédoine. La solution arriva toute seule, par la grâce des Dieux, ou par la volonté du hasard, ou par la bénédiction de cette main occulte qui semble protéger tous les Voyageurs du monde.

    En retéléphonant à Son Excellence M. B. Krstic, je retiens difficilement mon émotion en apprenant que son collègue Luan Starova, ambassadeur de Macédoine à Paris, est en vacances familiales à l'hôtel "Les Colombes" à Hammamet... en Tunisie! A 50 m de ma propre maison de vacances. Et le problème de visa s'envola tout comme pour le Mexique d'antan.

    ARRIVÉE

    Nous embarquons à Rome à bord d'un vieil avion de 50 places: un BAC-I-II de la compagnie macédonienne PALAIR. Un chaleureux "dobravetcher" est lancé en guise de bonjour par une grande hôtesse blonde mais non souriante. La moitié de l'avion est vide et tous les passagers semblent être des autochtones de retour au pays, lourdement chargés de bagages à main "made in Italy".

    Pour tout déjeuner nous avons droit à un "banitchka", une sorte de beignet au fromage blanc, nageant dans une assiette en plastique. La gentillesse des hôtesses nous fait oublier la frugalité du repas et fait de ces agapes aériennes un festin royal.


    A l'arrivée, la police qui était pourtant avertie de notre présence par l'ambassade de Macédoine à Paris s'empare de nos trois passeports et s'éclipse. Au bout de trente minutes, une charmante dame du Ministère de l'Information, envoyée par la même ambassade, vient à notre secours pour essayer de nous faciliter l'accès en Macédoine. C'est finalement au bout d'une longue heure que nos passeports nous sont restitués avec un nouveau problème, de courtoisie cette fois.

    La dame du Ministère n'était pas au courant de l'existence de la jeune française qui nous attendait en voiture, à la sortie de l'aéroport, pour nous accompagner à son hôtel, l'Intercontinental de Skopje. Pour satisfaire ces dames, il suffisait de partager le groupe et nous voilà partant en deux voitures, en direction de l'hôtel .


    Ce soir, nous sommes les hôtes du patron de l'hôtel. Après avoir fait carrière et fortune dans l'hôtellerie parisienne, notre jeune Libanais dynamique est venu reprendre cet hôtel qui quitte ses poussières et son fonctionnement ancestral bardé de marxisme de tout poil. Les révolutions se suivent et ne se ressemblent pas. Une montagne de cristal de Bohème fut découverte dans les caves en souvenir du passage présidentiel de Tito pour une seule nuit. L'informatique prend le pas et les assistantes sont aussi efficaces que charmantes.



    La nuit se prolonge et le programme continue. C'est au tour de notre amie Française de l'hôtel, de nous faire en voiture la tournée des Grands Ducs de Skopje. La capitale est bien sombre et les collines sont attirantes. Du haut de la première, Skopje laisse échapper quelques petites lumières pareilles à des bougies de Noèl. L'air est vivifiant et vous prend de plein fouet. La végétation dense cache de nuit ses fleurs multicolores. Les conifères altiers côtoient les lauriers rouges et blancs en feu et les hibiscus en fête.


    Sur le chemin du retour, une brasserie à l'enseigne orange sera notre dernière escale. Quelques bancs épars rassemblent une dizaine de couples taciturnes au regard évanescent, buvant une silencieuse bière brune et tiède.

    L'intérieur est plus gai, animé par un jeune serveur de 20 ans aux jeans délavés et à la chemise bariolée. Avenant et souriant, il propose à Zied, le benjamin du groupe, une saucisse chaude accompagnée d'un petit pain et d'un pot de moutarde, tout cela pour un seul et unique D.M. (Deutsche Mark), qui s'avère être la pseudo-monnaie nationale de la Macédoine.

    Devant notre étonnement, Joan nous tend le menu avec des prix exclusivement en D.M.. Helmut Köhl ne fait que commencer son avancée européenne!

    Après avoir agrandi l'Allemagne de 18 millions de citoyens (RDA oblige), le voilà qui étend son pouvoir financier sur tout le bloc de l'Est, sans oublier la voisine du Sud, l'Autriche où les stations de ski, par exemple, arborent leur prix en D.M.. La Macédoine du bout du monde se plie sans vergogne aux nouvelles lois financières et espère surtout recevoir de précieux D.M.

     

    SUITE demain (Au pays d'Alexandre le Grand et de Mère Thérésa)





  • LA MACEDOINE(1)

     IMPOSSIBLE MACEDOINE...

     

    Skopje.(Août 1996). Face à tant de difficultés d'accès et de guerre lasse, on renoncerait facilement à visiter la Macédoine qui, selon certains, n'existerait même pas. Remontons le fil du temps.

    L'aventure est a posteriori fort délicieuse, et le visa d'entrée en Macédoine peut être obtenu malgré tous les "niet" de la planète. La Macédoine existe bel et bien, enclavée entre la Grèce, la Bulgarie, la Serbie et l'Albanie.


    La saga de notre visa d'entrée en Macédoine est très compliquée et découragerait plus d'un. Mais le voyageur averti apprend à porter sereinement sa croix.
    La JAL, compagnie aérienne yougoslave, nous ferme simultanément deux portes d'accès. Aucun avion pour aller à Skopje et aucune possibilité d'obtention de visa en Tunisie.

    Une deuxième tentative vaine auprès du Ministère des Affaires Étrangères de Tunis nous dissuade d'aller vers cette contrée lointaine avec laquelle nous n'avons aucun lien diplomatique.

    Une troisième tentative auprès de notre Chargé d'Affaires à Belgrade, en Serbie voisine, nous apprend que la Serbie n'est pas la Serbie mais la Yougoslavie (appellation reconnue par un seul pays sur 244), qu'il n'y avait aucune liaison entre Belgrade et Skopje et qu'il fallait prendre au sérieux cette fièvre aphteuse aoûtienne qui décimerait à vive allure le cheptel de Serbie, ramenant ainsi la vache folle à une simple plaisanterie. L'air qu'on respire en est, hélas, le transporteur idéal!

    Face à ces trois écueils, tombant de Charybde en Scylla, je tentais une approche par la Grèce voisine. Horreur et damnation. Quelle lèse-majesté!

    Comment oser dire à un ambassadeur de Grèce que je souhaitais aller en Macédoine?

    On corrige mon vocabulaire voyageur en remplaçant Macédoine par Fyrom. L'appellation de "Macédoine" est l'exclusivité d'une région hellénique, donc propriété de la Grèce, donc interdite à toute usurpation! Nous voilà au cœur du problème, face à un petit État souverain, la Macédoine, pays voisin d'un grand État, la Grèce, qui lui interdit de porter son propre nom.

    A cette quatrième tentative de visa succède logiquement une cinquième auprès, cette fois, de notre ambassadeur à Athènes. Dynamique et pragmatique, Son Excellence me résoud le problème en trois coups de téléphone. La solution existe mais les démarches sont compliquées.


    SACRÉ VISA

    Il fallait se rendre à Athènes, y passer 48 heures, prendre rendez-vous avec le Chargé d'Affaires de "Fyrom" en Grèce, monter ensuite en bus ou en avion à Salonique, au nord-ouest de la Grèce, pour rejoindre en voiture la proche frontière de "Fyrom" et accéder ainsi à la tant désirée-attendue-Macédoine.


    Vu toutes ces complications, une sixième tentative de visa s'impose. Nous sommes pourtant en plein mois d'août tunisien avec des plages attrayantes à perte de vue et des soirées allant entre Sidi Bou-Saïd et Hammamet, diaprées de jasmin et rythmées de tant de joie de vivre. Pourquoi faut-il que j'abandonne tout cela pour aller en Macédoine avec mon épouse et mon fils de 9 ans? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Que recherche donc le voyageur?

    Le coeur du voyageur a ses raisons que la raison ignore, et la mythologie des dromomanes affronte le difficile, nargue l'impossible et se noie volontiers dans le compliqué. Allons donc en Macédoine, guidés par l'étoile des voyageurs invétérés!


    A bien réfléchir, il me restait encore à contacter l'ambassadeur de Yougoslavie en Tunisie, M. Bratislav Krstic .

    La première tentative est vaine. Son Excellence me garantit une arrivée certaine en Serbie mais aucune possibilité d'obtention de visa à Belgrade pour la Macédoine, encore moins un moyen de transport pour Skopje, capitale de la Macédoine. Une nouvelle et dernière tentative est faite par un ami Cigéviste de Nice qui ne trouva dans son Minitel aucune trace d'ambassade, ni de consulat de Macédoine à travers l'Hexagone .

    LE VOYAGE N'A TOUJOURS PAS COMMENCE...

     

    A suivre (Enfin une lueur d'entrée en Macédoine!)