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  • INTERMEDE ESTIVAL (1)

    IL FAUT SAVOIR...

     

    Hammamet. (Août 2006). Ils ne savent pas comme Aznavour « retenir les cris de haine qui sont les derniers mots d'amour ! ». Il faudra alors rester de glace et taire un cœur qui meurt déjà. Il faut savoir garder la face ...et subir ces vacanciers. Eux, nos chers locataires qui, hélas, ignorent souvent la courtoisie et la poésie ! Pourquoi passent-ils du stade bourgeoisie et courtoisie au stade de banditisme et de méchanceté ?

    Je n’ai jamais compris la gratuité de cette méchanceté dans le monde! L’homme est-il donc réellement un loup pour l’homme ? Souvent c’est la jalousie et la bêtise humaine, bref la « dielenserie » dirait le poète qui ressort ces travers, mais pourquoi un locataire ?

    Ils sont trois à m’avoir étonné, surpris, trahis et fait perdre un temps considérable, sans parler d’autres pertes…

    Ils ont en commun deux choses : Leur situation sociale de petits bourgeois aux apparences brillantes et un âge variant entre 32 et 42 ans !

    Est-ce l’âge de l’arrogance ? De l’oubli des valeurs ? Ou simplement « chassez-le il revient au galop » de leur véritable identité ?

    Pour en rire aujourd’hui et pour exorciser ces trois petits drames étalés sur quatre années, nous allons appeler ces messieurs par des pseudos, soit « Locun, Locdeux et Loctrois » !

    Sachant que les tribunaux mettront des années pour trancher et sachant que je n’ai guère le temps de m’occuper de ces locations familiales, ils profitent de la situation ! Armés d’un instinct revanchard et vindicatif (sahab bountou en dialecte tunisien !)  ils seront prêts à tout. Pour vous gâcher la vie…

    Comment ont-ils fait pour nous escroquer? Comment cela s’est-il donc terminé ? c’est ce que l’on découvrira dans le prochain Post et je leur offre déjà, la belle chanson d’Aznavour évoquée plus haut…

                                                               A suivre

  • AVENTURES DU BOUT DU MONDE (5)

    SDF à SAINT BARTH

    Saint Barthélemy. (Avril 1994). Le côté inavoué du voyageur est peut-être ce côté masochiste qui se complait dans la détresse et dans la difficulté ! Sauf, que la destination Saint Baaaarth… comme ils disent (les touristes américains fortunés) ne devait sûrement pas être une source de problèmes et encore moins de détresse ! Allez visiter le  nec plus ultra  des Caraïbes, présage bonheur, détente et voire luxe ou luxure…

    Tout est prêt. Une belle petite sacoche roulante d’une marque sympathique est achetée et bien vite remplie de belles chemises d’été, de confortables pantalons, d’un nœud papillon rouge, plusieurs souvenirs de l'artisanat tunisien (dont un superbe jasmin en ambre et en argent pour madame Pappert...) et surtout d’importants documents CIGV à remettre au club de Saint Barth pour sa solennelle remise de charte ! Le départ se fera via Paris. Pour savourer pleinement cette belle soirée  française, je me laisse choyer par mes amis parisiens qui organisent un sympathique dîner-retrouvailles sur les Champs Elysées. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Semble-t-il.

    A l’arrivée aux Champs, je glisse ma sacoche verte dans la malle blindée de notre voiture rouge et retrouve mes fidèles amis autour d’une belle table. Vers une heure du matin je demande, un peu à contre cœur, à partir pour rejoindre mon petit hôtel, proche de Roissy.

    Soudain tout chavire ! Le temps s’arrête ! Le vacarme des voitures est silencieux et le bruit du silence diabolique ! C’est La catastrophe. La totale. Que puis-je ? Prier Bouddha ou penser très fort à lui. Rien. Rien ne semble être l’ébauche d’une solution. Mes amis m’entourent avec un visage livide et défait face à notre voiture rouge. Personne ne comprend rien et personne ne saura consoler le voyageur qui part vers Saint Barth !

    Dans le monde du voyage le calme dans la tempête est souvent la seule porte de sortie. Combien de fois je fus pris dans une rafle militaire lors d’un Coup d’Etat, en Bolivie ou ailleurs ?

    Je repense à mes égouts de Bamako, au Mali, où j'ai failli  terminer  mes jours, au lion du Kruger Park d’Afrique du Sud qui ne daigna même pas se faire un festin du voyageur ou encore aux « machettas » de Kigali, au Rwanda, qui refusèrent de faire un nouveau décapité en plus des 500 000 cadavres en 100 jours… Mais ici, nous sommes dans la dite ville lumière. A Paris. Pourquoi cette analogie ? Le hasard a des caprices que la raison ne sait comprendre et cette soirée parisienne tourne au vinaigre dans un lugubre commissariat de police. Visiter les couloirs et les caves des commissariats de Paris à 2h du matin vous éloigne d’une année lumière des Champs rutilants de notre début de soirée.

    Au troisième commissariat, le jeune officier de police se veut plus clair et persuasif :

    -         « Monsieur, le coffre de la voiture rouge de votre ami est certes complètement défoncée. Son pare-brise a volé en éclat et sa boite à gants dévalisée, mais pour vous c’est un peu plus délicat. Je vois sur cette liste que vous avez prés de dix mille francs de perte entre vos objets personnels, vos documents et votre seconde porte monnaie que vous appelez « une poire pour la soif ». Nous gardons votre adresse et on vous écrira un jour à Tunis,  si nous trouvons une trace de votre sacoche … et…ne ratez pas votre avion pour Saint Barthélemy, il se fait très tard !

                       Le lendemain armé uniquement du journal « Le Monde » sous les bras et d’une brosse à dents , dans la poche,  offerte par Air France, je découvre, en SDF, les rivages de saint Barth. Sacré aéroport qui vous reçoit entre deux bras de mer, un petit cimetière et un micro tarmac. La décharge d’adrénaline est garantie et la découverte est sublime. Un îlot perdue au cœur de la mer des caraïbes, détaché de sa mère Guadeloupe et bercé par un atavisme suédois au nez d’un Oncle Sam qui a décidé d’en faire un escale pour les élus de Dieux et de la Bourse…

    Il est là, le président Aloïs  Pappert, tout nouveau à la tête du CIGV-Saint Barth, à qui j’aurai l’honneur de remettre demain soir, au prestigieux hôtel   Karl Gustav, la charte que je n’ai plus…

    Aloïs, armé de son pragmatisme allemand et de son ancienne entreprise cosmétique «  Wella » comprend la situation, prend l’SDF en main et l’emmène derechef chez lui pour sabrer une bonne bouteille de champagne en signe de bienvenue… Isabelle son épouse me dépanne avec un pantalon blanc d’Aloïs pour aborder la plage du soir.

          Suivent trois jours de grâce, de joie et d’amitié au sein d’un club hospitalier et passionné.

          C’est la veille de mon départ vers les Vierges américaines, les USVI, je fais mes adieux aux Pappert sans avoir même le temps de bien laver et repasser le pantalon blanc que m’avait prêté Isabelle…

    Dans mon petit avion, un vieux Piper PA 22-150 Caribbean des années cinquante, le commandant me propose de servir de copilote et surtout de tirer très fort sur une corde noire qui empêchera la porte droite de s’ouvrir.

    Le voyage continue, mes idées sont omnibulées par un petit écrou qui quitte sa vis nourricière à pas de mouche. L’aile gauche tiendra-t-elle jusqu’à l’arrivée ?

    Je m’évade vers cette autre soirée ou je fus intronisé par un Maître Canadien « chevalier de la méduse », à Saint Barth, et surtout à tous ces amis que je viens de quitter la larme à l’œil et spécialement aux 3 J, les trois Julien . Ainsi s’achève le passage d’un heureux SDF sur un îlot de rêve confié aujourd’hui au cher Bernard Dolphin.

    Les îles Vierges américaines nous attendent pour une autre belle page de vie... 

  • AVENTURES DU BOUT DU MONDE (4)

    Le lit de Simon Bolivar


    Cuzco. (mars 1972). L’aventure continue ! Le décor change ! La magie persiste. Et signe. La magie de cette incroyable mémoire à qui on demande aujourd’hui de retrouver le « lit de Simon Bolivar » à Cuzco, dit « El puputi del mundo » (en queshua dialecte péruvien) ou « le nombril du monde ».
    Sur la trace des Incas (au Pérou) pillés par les conquistadores Espagnols arrivent enfin les Libertadores de tous poils et de forte poigne. Francisco Miranda, Simon Bolivar, Jose de San Martin et Antonio Jose Sucre par exemple, tous leaders des guerres d’indépendance….Les caprices du hasard de ce printemps me conduiront dans le lit même d’un de mes héros, Simon Bolivar ! Le chemin et long et court à la fois !


    44 000 kilomètres d’autostop à travers un paradis terrestre, un continent béni par les Dieux et par les hommes, l’Amérique latine et ma toute folle jeunesse d’un tout nouveau et jeune bachelier, fou des civilisations aztèques, toltèques, mayas, incas et autres…j’ai décidé un jour d’assister à la fête « Inti Raymi » des Incas, les fils du Dieu Soleil. Dans ma fougue et allure vertigineuse je me trompe de date et confond dans ma petite tête le 24 juin avec le 24 mars…trois mois à l’avance !
    « Qu’importe le vin pourvu qu’il y ait l’ivresse » disait un grand poète oriental ! Qu’importe l’Intiraymi voilà le Machu Picchu et le Cuzco à portée de main… « Viva la vida » !

    Nous voici sur l’Explanada de Saqsayhuaman de Cuzco en contemplation devant ces grosses pierres taillées, de plus d’une tonne chacune. La « harina del pescado » ou farine de poisson des Incas a-t-elle servie à les assembler d’une façon aussi grandiose et parfaite ?
    Voilà soudain qu’une belle et ravissante brune de 18 ans en poncho rouge-brun me sort de mes rêveries et devient en ce bout de monde « Nathalie mon guide » avec une Place rouge qui est blanche et à plus de 2500 mètres d’altitude, sur la Cordillère des Andes péruviennes…

    Elle, Carmen la belle aux yeux noirs et pétillants, me contait le festival de Cuzco avec fougue et passion : « Tous les ans, les 24 Juin, la ville de Cuzco célèbre le festival de l 'Inti Raymi. Ce festival était célébré par les Incas comme étant la Fête du Soleil, où le Dieu-Soleil Wiracocha était honoré. L'Inti Raymi symbolise ainsi la consécration éternelle du mariage entre le Soleil et ses fils : les êtres humains que nous sommes. »

    Saoulé par cette frénésie d’images virtuelles et assommé par le vertige de l’altitude je demandais à Carmen le chemin d’un lieu de repos…

    a maison n’est pas une maison. Le musée n’est plus un musée puisqu’il est fermé. La magie de Carmen confortée par les titres et étoiles de son père à l’état major de Lima, la capitale, nous ouvrent le temple de Bolivar…

    Le musée est minuscule et un seul meuble hante les visiteurs. Le lit noir de Simon Bolivar. Un petit lit trônant au centre d’une pièce sombre et mystérieuse. Un dur matelas nous attend, le gardien est absent…et la nuit est longue. Nous sommes seuls dans cette ville perdue où tout le monde dort. Un troisième mal rejoint mes deux maux (altitude et fatigue), cet alcool qu’elle sort d’une fiole magique…

    Je la poussais à parler, à parler, à parler et savait que tout viendrait après…mais que son charme, sa fougue et sa jeune érudition allaient me surprendre de plus en plus : « El Libertador, Simon Bolivar de retour d’exil en 1817 libéra en cinq ans, la Colombie, le Venezuela, le Panama et l’Equateur qu’il fédérera en « Grande Colombie » en 1822. Carmen assise en tailleur ôte son poncho et du haut de ses 18 ans annonce le couronnement d’une carrière : « Avec son lieutenant, le général Antonio José de Sucre, Bolivar libéra la Bolivie et le Pérou et devint président de la Bolivie en 1825 ».

    Carmen devint pour moi Manuela Saenz la « Libertadora del Libertador » ou la Libératrice du Libérateur…car je ne sais plus rien. Rien de rien. Le froid est intense dans cette maison-musée-grotte. La chaleur de Carmen torride….la soif intense…

    Suit une nuit sans crépuscule et sans nuages… Même pas une tramontane à la Brassens…
    A 7h du matin un ogre crie et vocifère ! Un gardien qui m’ordonne de me rhabiller et de déguerpir…Dans ma précipitation je ramasse un collier de graines rouges…qui orne encore aujourd’hui un coin de mon petit bureau CIGV…Carmen a disparue !

    A nouveau sur la place de la dite « Sexy woman » ou Saqsayhuaman la mémoire me revient en partie, sous ce soleil de midi et néanmoins fouetté par un air vivifiant. La boisson qui m’a fait perdre la tête en compagnie de Carmen était pourtant censée me réveiller d’après Pedro mon nouveau copain de Cuzco qui tout étonné de ma mésaventure…tout en me jalousant. Son explication est fort simple :

     Ce que la fille t’as offert comme boisson c’est un Maté. Ricardo, ici, la feuille de coca fait partie intégrante de notre culture péruvienne. Elle est particulièrement importante dans cette région de Cusco, capitale de l’empire des incas, qui vient de la reconnaître comme faisant partie du patrimoine régional. La coca est ainsi réputée pour ses valeurs curatives. Le fameux "mate de coca" (infusion de feuilles de coca), est ainsi réputé pour atténuer le "soroche" (mal de l’altitude) fréquent à ces hauteurs inhabituelles (Cusco est à 3326 m, Puno à 3830 m). La coca a aussi des valeurs digestives et de nombreux autres bienfaits si l’on en croit les paysans qui, eux, passent la journée à mâcher une boule faite de ces feuilles sacrées." C’est un peu le fameux quat du Yémen mâché à longueur de soir !

    Quid de Carmen et de cette nuit ? Rien sinon le silence.
    Une peine au début. La tristesse de perdre Carmen envolée vers un autre Inti RAymi et la joie d’avoir vécu une nuit à nulle autre pareille.

    Fatigué, lessivé mais heureux…Elle m’a sauvé du mal des montagnes par une tasse de maté et m’offrit le lit de Simon Bolivar…
    Le voyage continue !