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My Point of View - Page 39

  • MAMAN, Mutti, Aroussa !

    ADIOS, ADIEU !

    Depuis 25 ans je prends l'avion avec le coeur serré

    Avec la peur de revenir à Tunis sans retrouver sur pied, la raison même de ma vie...
    Mon père et ma
    mère!
      
    medium_mamie.2.jpg
    Vendredi matin, 23/6/06, j'ai pris l'avion Tunisair pour Barcelona.
    Le soir même , mon fils Skander m'appelle
    pour m 'annoncer la plus horrible nouvelle...
    J'avais embrassé Maman le matin même
    Elle avait exprimé le souhait de venir passer le week-end avec nous à Barcelona qu'elle ne connaissait pas encore....

      Cela fait déjà plus de 12 heures Que je cherche un vol pour rejoindre Tunis, aidé par mon ami et hôte cigéviste Jose-Luis Buch et les agents de Tunisair à travers le monde...

      Je suis à l'aéroprort....de Barcelona. La nuit fut courte, longue, atroce et blanche.  

      La mort est hélas naturelle, mais c'est la vie qui  reste un miracle et la santé un second miracle.
     
    De battre son coeur s'est arrêté et de douleur nous sommes pétrifiés  

    Mes 3 enfants sont chacun dans un pays et moi dans un 4e.

    Je n'ai plus de larmes. Plus de tête.

    Plus de raison.

      Reste l'absurde! Reste le Noir!

      Celle que jài toujours appellé "Aroussa"
    ou "Mutti"

    Ma plus grande amie

    Ma compagne de voyages
     
    Maman

    Cette grande et noble Dame

    est partie.Sans un bruit. Sans un Adieu! Sans un Au revoir!

      Chienne de vie
        Putain de vie... 


      Ce que j'ai appréhendé pendant 25 ans est hélas arrivé. Aujourd'hui.
     
    De battre son coeur s'est arrêté...

    Adios Mutti. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime Mamam!
      Douleur, amour, tristesse, révolte et surtout absurdité de cette vie.
    Le voyage a toujours une fin, mais l'escale de la vie est douloureuse!
    Comment redonner un sens à la poursuite du Voyage de la Vie?
      Alex, Nan, Zi: Je vous aime...et vous êtes tous très loin...mais si proches aussi. Dans mon coeur, dans mes entrailles, dans ma tête...
    Puissiez-vous contribuer à donner un semblant de sens à la poursuite du voyage?
    !
    Seul l'Amour vaincra.  
    ADIOS Aroussa
    !
    !
    FARK

    Suite au Fark du 27 juin 2006, à Monastir,La famille Aziz Trimèche recevra les condoléances de ses amis de Tunis,suite au rappel à Dieu de leur très chère et tendre maman

    Habiba BEN HAMIDA
    Veuve Aziz TRIMECHE
    !
    au domicile de son fils, Dr Rached Trimèche, au  15, Avenue Ammar Ibn Yasser
    (1re Rue à droite après Monoprix)
     El Menzah VI 
    le Vendredi 30 juin à partir de 16h30

    Tout voyage a une fin.
    L'escale de la vie demeure douloureuse
    De douleur nous sommes pétrifiés...

     

    REMERCIEMENTS

    * Son fils Dr Rached Trimèche, son épouse Fawzia née Hachaïchi
        et leurs enfants: Skander, Anis &  Ziéd
    * Son fils Raouf Trimèche et Amel Debbabi et leurs
        enfants: Aziz, Yasmine & Fella
    * Son fils Khaled Trimèche
        Remercient du fond du cœur:

    * Les Membres du Gouvernement
    * Le Corps diplomatique accrédité à Tunis
    * Les confrères du corps médical
    * Les confrères de la presse écrite
    * Les responsables et membres des clubs CIGV dans le monde
    * Les responsables et membres des clubs KIWANIS de Tunisie
    * Les représentants de Tunisair en Espagne et à Tunis
    * Tous ceux  qui se sont  manifestés, soit par leur présence
    ou par leur correspondance: (Lettre, télégramme, E-mail ou Blog)
    s'associant ainsi à notre deuil profond, suite au rappel à Dieu
     de notre si chère et tendre Maman:

    Habiba BEN HAMIDA
    Veuve Aziz TRIMECHE

         " De battre son cœur s'est arrêté
          De douleur nous sommes pétrifiés"

    !

    !

    40e jour

    .

    .

    Habiba BEN HAMIDA

    Veuve Aziz TRIMECHE

    .

    Dimanche 30 juillet 2006, dès 17h 30, à sa maison d'été

    "Villa les flots bleus"

    39, Cité R6  -  Monastir

    .

       " De battre son cœur s'est arrêté
          De douleur nous sommes pétrifiés
    "

     

     

  • MOTS VOYAGEURS

       Le Voyage des mots

     

    L’origine du toponyme ? L’origine étymologique du mot ?

    Les origines de cette onomatopée ?

     Voilà de quoi meubler un voyage avec nos fidèles compagnons. Les mots !

     

    Almanach : 1303 (en 1328 anemalhaç). Du lat. médiéval almanach, emprunté à l’arabe d’Espagne manâh, d’origine incertaine ; la source du mot paraît être syriaque l-manhaï « en l’année prochaine », qui a probablement servi aussi à désigner des tables du temps publiées au commencement de l’année lunaire. En passant à l’arabe, la préposition syriaque l- a dû être confondue avec l’article arabe al, d’où le mot arabe al-manakh, attesté en Espagne, qui a été l’intermédiaire. Almanach est devenu européen : ital. almanacoo, all. Almanach, etc.

     

    Ambre : Vers 1260. Emprunté, probablement par l’intermédiaire du lat. médiéval ambar, à l’arabe ‘anbar, propr. « ambre gris », ital. ambra, all. Ambra, angl. amber.

     

    Amiral : Ne paraît pas, sous cette forme, être antérieur au XVIe s. Au Moyen Âge, formes variées : amiré, -raut, -rant (encore au XVIe s.), -rail ; cf. de même ital. ammiraglio, esp. almirante. Emprunté à l’arabe amîr « chef », avec une terminaison mal éclaircie [amīr al bahr !].

    Signifie d’abord « chef des Sarrasins ». A pris le sens de « chef d’une flotte » à la cour des Normands de Sicile. La forme admiral, usuelle au XVIe s., est attestée dans un texte français écrit en Angleterre (1305) ; il s’y rattache aussi l’angl. admiral et l’all. Admiral.

     

    Baobab : 1751. Déjà en 1592 dans une histoire naturelle de l’Egypte écrite en latin, sous la forme bahohab, désignant le fruit. Emprunté à l’arabe bu hibāb « fruit aux nombreuses graines ».

     

    Café : XVIIe s. (d’abord cahoa, 1611, de l’ar. cahwa ; ensuite caüé, 1633). Emprunté au turc kahwé, qui vient de l’arabe kahwa. L’usage du café s’est établi et développé à Paris vers 1669, quand l’ambassadeur turc Soliman Muta Ferraca l’introduisit à la cour ; c’est à lui qu’est due très probablement l’introduction du mot sous sa forme turque. Les lieux publics où on le consommait ont été installés à Paris peu après. On relate que le premier café fut ouvert en 1654 à Marseille. Le français populaire caoua, 1888, vient de l’argot militaire, qui a pris la forme arabe dans les armées d’Afrique.

     

    Estragon : 1564. Altération de targon (1539) emprunté, par l’intermédiaire du latin des botanistes tarchon, tarcon, à l’arabe tarkhoun (qui vient du grec dracontion « serpentaire ») ; de même ital. targone, etc.

     

    Limon : « Variété de citron », 1314. Le citrus limonumne semble pas avoir été connu en Europe avant les Croisades. Les croisés rapportèrent aussi d’Orient le nom arabo-persan de ce fruit, lîmûn. Une autre variété lime, 1663 (une 1re fois en 1555), vient du provençal limo, emprunté lui-même à l’ar. lima, d’où aussi l’esp. lima.

     

    Sucre : XIIe s. Emprunté à l’ital. zucchero, emprunté lui-même à l’ar. soukkar ; celui-ci vient de l’Inde (en sanskrit çarkarâ, propr. « grain ») par l’intermédiaire de la Perse, où le sucre a été raffiné ; d’où, au Ier s. après J.-C., le gr. sakkharon, le lat. saccharum. Employé d’abord uniquement dans la médecine, à cause de sa rareté, le sucre ne devient un article de consommation que depuis que les Arabes se mirent à planter la canne à sucre en Andalousie et en Sicile. La fabrication du sucre fut perfectionnée surtout dans cette île et Frédéric II en favorisa le développement. L’exportation de Sicile porta le mot arabe dans les pays chrétiens (à l’exception de l’Espagne, qui dépendait de la fabrication andalouse, d’où l’esp. azucar et le port. açucar), d’où l’ital. zucchero, le fr. sucre, l’all. Zucker, l’angl. sugar.

     

    Talisman : 1637. De l’ar. vulgaire tilsam (en ar. classique tilasm), emprunté lui-même au grec telesma au sens de « rite religieux » (qui est de basse époque) ; d’où aussi l’ital. talismano, l’esp. talisman, etc. Les formes romanes s’expliquent par le duel ar. tilasmân, avec métathèse des deux voyelles i et a. Talisman « docteur de la loi, prêtre musulman », en 1546, remonte, par l’intermédiaire du turc, au persan dânichmand « savant », qui désignait spécialement les prêtres musulmans.

     

    Zéro : 1485 ; dérive du mot arabe « sifr » qui enfanta plus tard « chiffre » !déjà en 1512 au sens d’ « homme nul ». Emprunté, quand le « chiffre », qui signifiait d’abord « zéro », a pris son sens moderne, à l’ital. zero, 1494, d’abord zefiro, ancienne transcription de l’ar. sifr, qui a pu se maintenir à côté de cifera (V. chiffre) en raison de la différence de sens des deux formes.

     

    Janvier : vient de JANUS, dieu romain du Commencent. (Janvier commence l'année.)

     

    Mai : Le mois de mai vient de MAIA, divinité italique, fille de Faunus et de Vulcain, assimilée par les grecs à la déesse du même nom, fille d'Atlas et de Pléioné, et mére d'Hermès.

     

    Minerve : vient de MINERVE, la déesse romaine de la Sagesse et de l'intelligence. (Une minerve est appareil orthopédique qui maintient la tête. Sa fonction peut rapeller le port majestueux de la tête de la déesse.)

     

    Morphine : fut découverte simultanément en 1804 par Séguin et Courtois, mais c’est à F. W. Sertürner, pharmacien allemand de Hanovre, que revient le mérite  d’avoir vu que la substance cristallisée isolée était un alcaloïde « alcali végétal ». C'est le premier alcaloïde connu et Sertürner le nomme aussitôt morphium car ses effets rappellent le dieu des songes de la Grèce antique, Morphée.

     

    Bon voyage!

    .

    R.T.

  • La magia della memoria

    La memoria del viaggiatore

     

    Viaggio verso gli altri, viaggio verso l'Altro  

     

    Non fosse o non fosse stato per la magia della memoria, il viaggio della vita sarebbe sprovvisto d'ogni fondamento. Il Viaggiatore che scorre gli oceani, attraversa le pianure e percorre su e giù le foreste, non è dotato che di una sola arma: i tesori della sua memoria, che vanno dall'apprendimento delle lingue straniere alla conoscenza della cultura dell'Altro


    E', questa, una frase del Cigevista e Premio Nobel della Fisica, professor Pierre-Gilles de Genne, pronunciata il mese scorso ad una conferenza tenuta all'Università di Tunisi, che fece scaturire in me questo desiderio di sondare un po' più la memoria del Viaggiatore. Diceva, il professore, che "Un essere umano normale tiene a mente 100 000 parole, se egli non parla che una sola lingua. Invece colui che ne parla, per esempio, nove e che, inoltre, è viaggiatore, ha una riserva mnemonica di un milione di parole e non solamente di 900 000".

    Io rivedo, ad un tratto, il nostro piccolo bimotore, mentre atterrava su un minuscolo ammasso roccioso dell'arcipelago Juan Fernandez, all'isola di Pasqua. La mia memoria rivede un centinaio di fiori di papavero danzanti secondo i capricci del vento mentre prendevano in giro il nostro piccolo aereo.

    Questo papavero non ne è propriamente uno, ma un fiore simile detto amabolla, d'un rosso vivo come quelle di un vero papavero: la mia memoria lo ha rivestito di due diversi abiti. Il primo era quello di un odore acre e persistente e di un colore scuro e sinistro: una fumeria d'oppio a Luang Prabang, nel Laos, nel 1973. La seconda immagine, simultanea ed immediata, è quella di un campo di tulipani dal portamento altezzoso, altrettanto provocanti quanto questi papaveri danzanti, con lo stesso fruscio del vento e la stessa danza che al villaggio miniaturizzato di Madurodum, in Olanda, nel 1969. Qual è, dunque, questa macchina che, in pochi secondi, durante un rumoroso atterraggio di un piccolo aereo alla fine del mondo, ritrova con chiarezza e con forza colori, suoni ed odori dei negativi, rimasti intatti dopo oltre 30 anni?

     La  Memoria!


    Cosa rappresenta questa memoria?
    Il nostro spirito è fatto di emozioni per amare ed apprezzare, d'intelligenza per capire ed infine di memoria per agire. Questa memoria permette di acquisire l'informazione, di conservarla e di restituirla.
    Ad immagine di un muscolo, la memoria si fortifica adoperandola. Per svegliare i sensi, occorre aguzzare l'interesse che permette così alla memoria di svilupparsi. Per il suo buon funzionamento, essa esige ugualmente di trovarsi in buona forma ed in buona salute. Il soggetto non stanco, che beve le parole dell'altro o divora la pagina di un libro, inciderà facilmente il messaggio nella propria memoria.
    Di fronte all'enigma della memoria, Sant'Agostino diceva già nel V° secolo: "Lo spirito dell'uomo è troppo esiguo per comprendere sé stesso".


    Come fa, dunque, il nostro misterioso cervello per comprendere e restituire?
    Noi disponiamo di circa 50 miliardi di neuroni nel nostro cervello. Migliaia di miliardi di sinapsi, o punti d'incontro, permettono ai neuroni di comunicare. La loro funzione è dunque quella di ricevere, di conservare e finalmente di trasmettere le informazioni ricevute al momento voluto

    Per conservare questa macchina in marcia, bisogna utilizzarla a fondo. E sempre. La memoria non si logora se non quando non se ne serve.

     

    I campi di attività della memoria sono innumerevoli. L'apprendere le lingue straniere droga la nostra memoria in modo fantastico. Tanto più che il Viaggiatore, attraverso questa nuova lingua, potrà penetrare nel girone, nella cultura e nel pensiero dell'Altro. Il Viaggiatore poliglotta si trova così ad essere molto più ricco. Durante il viaggio, innumerevoli istantanee retrospettive spingono i nostri neuroni ad una autentica danza del fuoco. Il qualche secondo, e per analogia, si abbandona il mostro del Loch Ness in Scozia, per ricercare la rana sacra color arancio e nera di Atelopus, al lago Titicaca, passando per l'incredibile e vecchio, ancor vivente  dinosauro dei mari, il celacanto delle isole Comore.


    Memoria, quando tu ci possiedi

    Il viaggio permette dunque l'incontro con gli altri e con l'Altro, ed è così l'affascinante detentore dell'alterità, che rappresenta in sé un vero valore.
    La scrittura del viaggio, basata sulla memoria, servirà allora a prolungare il viaggio. Questa scrittura diviene un atto memoriale, con una gran varietà spaziale, temporale e linguistica.
    Innovando l'insegnamento, gli Inglesi interpellano la memoria e lanciano oggi, sul Web, un metodo ludico ed interattivo per imparare l'inglese: "Telle me more kids" si basa sulla tecnologia del riconoscimento vocale del professor Phileas e del pappagallo Kaliko. I giochi, il karaoke ed i disegni animati faranno la stessa cosa per stimolare la memoria.
    Nella vita pratica, la memoria accessoria sarà sempre più presente, sotto forma di un  ordinatore, di un super telefono cellulare, di un MP3, di un iPod, di un GPS o di un prezioso organiser.
    La "Memoria generazionale" che trasmette la cultura, l'identità e l'arte degli avi è diversa dalla "Memoria storica" che riporta i grandi avvenimenti e che vuole anche essere una morale.  I Tedeschi non hanno messo a punto un nuovo approccio detto "Gegen das Vergessen" o "Contro l'oblio" affinché la memoria collettiva tedesca capisca i propri mali, curi le sue ferite e si riconcili con la sua Storia? Un lavoro di memoria ci permetterà di riallacciarci ad un passato, per quanto tumultuoso possa essere stato, per estrarne i germi di un futuro più sereno sul cammino della Pace!

    Il "Rispetto del passato" ci permette ugualmente di rendere omaggio ai nostri antenati, ai nostri eroi ed ai nostri padri. Rendere a Cesare ciò che è di Cesare. La memoria sarà così un pegno d'eternità, così come viene descritto così bene da Vladimir Yankelevic: "Colui che è stato, non può più ormai non essere stato: ormai, questo fatto misterioso e profondamente oscuro di essere stato è il suo viatico per l'eternità".
    Resta tutto un campo di misteriose memorie, inesplicabili ed ancora inesplorate, quali la trasmissione del pensiero, la telepatia o ancora la memoria intra-uterina. Il padre della psicanalisi moderna Sigmund Freud non ha scoperto un'altra faccia della memoria, l' "Unterbewusstsein" ovvero l' "incosciente"?

    Bisogna forse saper valorizzare l'inutile ed utilizzare talvolta la memoria che immagina piuttosto che quella che ripete! Bisogna voler sognare, il viaggiatore forse ne è capace!
    Il viaggio è ancor lungo! La genetica, infine, ci permetterà, un giorno, di salvaguardare la nostra memoria, basata su un "capitale neuroni" non rinnovabile!
    Felice chi, come Ulisse, ha fatto un bel viaggio e che ha dotato la sua memoria della cultura degli altri, per poter meglio comprendere ed amare l'Altro.


    Buon vento, buon coraggio a tutti i lettori di Astrolabe!

    R.T.
  • La Dame du bougainvillée, faibles hommes si vous saviez...

    CETTE PETITE NOUVELLE TOURNE AUTOUR D'UNE FEMME! IL RESTE AUX LECTEURS QUE VOUS ÊTES D'IMAGINER LA DERNIERE REPLIQUE DE CETTE "DAME DU BOUGAINVILLEE" FACE A   "L'HOMME DE LA BAIE DE CARTHAGE"... A vous de jouer mesdames et messieurs! Keep going! Merci!

     

               Il fait chaud. Très chaud. 39 degrés à l’ombre. Ce beau restaurant en front de mer, sur les collines de Carthage est pourtant bien aéré avec sa vaste terrasse ombragée.


    Il est 13H30, le restaurant est plein, à l’exception d’une seule et unique table sous un géant bougainvillée blanc.
    Soudain, voilà que tous ces messieurs, clients du restaurant, délaissent leur poisson frais, la fourchette suspendue et essayent de retenir, avec pudeur, leur émoi.
    Elle est grande, jeune, belle et surtout bien cachée sous de larges lunettes noires, à moitié habillée d’une micro jupe de cotonnade blanche et d’un chemisier jaune canari bien décolleté.
    La table au bougainvillée devient rapidement le point de mire de tout le restaurant avec cette jeune dame qui ne cesse de gigoter, de se tortiller et de lire en tous sens, le menu du jour. Ses doigts effilés préservent une merveille : des ongles longs, coupés carrés et recouverts de vernis blanc. Ce détail esthétique prononce sa classe, son raffinement et son goût des belles choses.
    Un jeune homme, la trentaine naissante, piaffant d’impatience et retenant avec peine son afflux d’adrénaline débordant, se lève gauchement et se dirige vers la dame du bougainvillée. Il l’accoste sans vergogne et lui dit :


    -  « Madame, vous êtes seule depuis une demi-heure avec votre escalope pommes frites à moitié calcinée et vous ne remarquez même pas cette belle Méditerranée qui porte le souvenir des éléphants d’Hannibal ».
    Sans même le regarder, la dame continue à découper sa viande.


    - « Permettez, Madame, que je partage votre table. On aura tous deux meilleur appétit et cela sera moins triste pour nous ».
    Soudain c’est la catastrophe ! La fée magique se transforme en une furie qui se dresse d’un bond et qui lui dit :


    - « Mais enfin, pour qui me prenez vous Monsieur, pour une prostituée? Vous êtes un ignoble, un voyou et je suis surtout fâché contre la direction de ce restaurant qui permet l’entrée à de pareils énergumènes. Allez chercher ailleurs votre genre de femmes! »


    Interloqué, pâle et muet, il reste figé sur place. A reculons, il regagne sa table sous les regards réprobateurs des autres clients. Il ne savait ni quoi faire ni où cacher sa gêne. Il ne comprendra donc jamais les femmes !
    Pourquoi une si belle créature peut-elle agir ainsi ?


    Buvant sa honte à petites gorgées, il contemple sa viande refroidie! Tant de plats se mangent « à froid », mais comment se vengera-t-il? Les ténèbres de Carthage dévoilent soudain un visage accroché à l'écume qui vient mourir langoureusement sur la muraille du restaurant. Elle est là. La majestueuse et énigmatique Salambô quittant les bras d'un mercenaire et plus tard ceux de Gustave Flaubert. Le film est rapide: « Lors de la première Guerre punique, qui a opposé Rome à Carthage, cette dernière a fait appel à des mercenaires de différentes nationalités. C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Amilcar. Les mercenaires rentrés de Sicile se donnaient un grand festin pour célébrer le jour anniversaire de la bataille d'Eryx. Ils mangeaient et ils buvaient en pleine liberté. »


    De son côté, la dame du bougainvillée blanc était perdue dans ses ténèbres.
    Mauvaise conscience pressante, elle réalise son geste stupide et trouve rapidement un début de solution, en repensant à l’histoire de la déesse Tanit et de l’héroïne Salambô, sur les ruines de cette même cité punique, Carthage. Elle retrouve dans les tréfonds de sa mémoire, la tactique de l'héroïne: « las d'attendre d'être payés, les mercenaires qui ont combattu Rome pour le compte de Carthage se sont révoltés. L'un d'entre eux, Mâtho le Libyen, réussit à s'introduire dans le temple de la ville et à voler Zaïmph, le voile sacré protecteur de Carthage, de la déesse lunaire Tanit, dont dépend, croit-on, le destin de la ville ».


    Pour sauver Carthage, on fait appel à Amilcar Barca. Sur les conseils du grand prêtre Schahabarim, Salambô, la fille d'Amilcar, se rend au camp des mercenaires, se donne à Mâtho et parvient à dérober le talisman,le voile de Tanit…
     

    Mais accepter la compagnie de l’intrus de ce restaurant est exclu. Il n’y a point de talisman à récupérer…Que faire pour réparer l’affront fait au jeune homme ?
    Elle se déploie langoureusement, ôte ses lunettes faisant paraître ses beaux yeux verts et s’avance conquérante vers sa jeune proie blessée.
    Derechef, elle tire une chaise et s’assoit face à lui :


    -                          « Monsieur, je vous est peut-être choqué par mes propos, veuillez m’en excuser». La dame aux beaux ongles blancs reprend son souffle, baisse les yeux et confesse timidement la chose suivante :
    -                          « Monsieur, j’étais dans mes ténèbres de Phénicie et de Carthage. De mère libanaise, j’ai décidé de découvrir mon pays maternel la semaine prochaine, malgré la guerre et l’insécurité. J’étais dans mes rêveries voyageuses, entre Tyr et sa fille Carthage, entre mes oncles inconnus et ce Liban mystérieux, quand vous osâtes interrompre mon voyage pour me parler de repas refroidis ». Le fixant droit dans les yeux, elle lui lâche une dernière phrase : « Bon appétit Monsieur ! ». Elle regagne fièrement sa table et retrouve ses pommes frites.

                                                       


    Ne comprenant rien à ce verbiage et se sentant toujours frustré et refoulé, il broie sa mésaventure et l’échec de son approche. Il persiste et signe. Il a déjà trouvé sa réplique. Il se lève énergiquement et se dirige tête haute vers la dame du bougainvillée. Fou de rage, face à elle et à tu tête, il lui crie :

                                                       


    -         “Mais vous êtes folle, vous êtes cinglée. 500 dollars pour envisager la... soirée avec vous?”

     


    Rached Trimèche

    (Juin 1995)
    www.cigv-online.com