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fin

  • ELLE RODE AVEC NOUS

    Elle taraude

    Elle hante

    Elle est omniprésente dans la vie.

     

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    Elle fit pousser des pyramides aux Mayas et aux Egyptiens !

     

     .

    Est-elle donc si  terrible ?

  • Lettre à ma mère

    SOUVENIRS, REGARDS, VIE…

    J’achève ce soir la 132e page de mon livre

    «  Maman, Mutti, Aroussa » !

     

    Ton départ du 23 juin 2006 est marqué en rouge sang, gravé dans mes tripes et les tréfonds de mon cerveau ! Je ne comprends toujours rien, ne réalise rien et n’accepte rien !

    Je t’écris ces quelques mots en préambule à ce livre qui partira lundi chez l'éditeur:

    Que dire, sinon je t’aime

    Que dire d’autre, sinon je t’aime

    Que te redire Mutti, sinon je t’aime

    Que n’ai-je entendu durant toute une vie

    Que « je t’aime mon fils »

    Le seul verbe que nous avons décliné en commun à longueur de vie

    C’est aimer et encore aimer! Aimer à en perdre la raison et à  ne vouloir surtout pas la retrouver ! Aimer jusqu’à la folie, jusqu’à la vie, jusqu’au sens de la vie !

     

    Tu es pour moi, et tu le sais, mon plus grand amour avec Papa

    Tout le reste n’est que baliverne et fioriture.

    Seul l’Amour vaincra !

    Si les anges pouvaient parler ils te diront que tu es l’expression même de l’AMOUR !

    A leur image tu as offert à tes enfants, à ta famille, à tes nièces et neveux, à tes voisins, à tes amis, aux amis d’amis, aux malades, aux vivants, aux morts, aux estropiés, aux culs-de-jatte et même aux méchants, la seule richesse que tu possèdes : l’AMOUR. Tu avais l’art de savoir donner et encore donner !

    Les personnes qui étaient à ton service  ont trouvés en toi un monument d’Amour, un réconfort, une amie, appelée « LELLA HABIBA ». TU es Lella à plus d’un titre ! Tu es « Lellat ellalat », LA « Reine des reines ».

    Ma princesse des cœurs ! Notre reine à tous !

    Tu ne savais que donner !

    Donner ta plus agréable richesse :

    Ton rire inimitable

    Ta sympathie innée

    Ta compagnie si  recherchée

    Mémoire…

    Ces derniers jours tu me ressassais sur ton petit banc, des souvenirs d’enfance :

    Ton Papa (Gouverneur) qui te cajolait au point que tu avais à toi seule une belle voiture noire 6 cylindres de Citroën…et même, l’hiver en montagne, une jeune  fille de compagnie, …qui te tournait les pages de ton livre ! Tu avais 12 ans et tu étais frileuse et …gâtée tu cachais tes mains dans une moufle de fourrure… Bébé gâté !

    Tu évoquais le Général Rommel en pleine guerre 39/44 qui est venu manger chez toi une Brik à l’oeuf et un couscous au poisson ! Il était émerveillé et surpris qu’une Tunisienne parle un si bon français, décline Molière et Voltaire et qui aimait de surcroît son pays, l’Allemagne… Tu évoquais avec un air coquin cette fois, cet élégant monsieur, mari de Brigitte Bardot, le beau Jacques Charrier qui laissa Bourguiba à Skanés pour passer 2 ou 3 jours chez toi ! Conquis par ta « joie de vivre ». Tu étais fière de repenser à tes deux jeunes amies allemandes, Top Models à Düsseldorf et animatrices de télévision: Ingrid et Evelyn Büttow...que mon fils Nan rencontrera à Munich, 40 ans plus tard...par ta bénédiction...et qui seront à Hammamet pour le 31 décembre 2006! Ils ont loué une suite royale pour 15 jours...dans un centre de thalasso...! C'est encore toi maman!

    Comment oublier ce pèlerinage à la Mecque, où tu fus heureuse 15 jours durant ! Grâce à toi et à notre ami accompagnateur Si Béchir Ben Jemaa et Lella Fatma, j’ai découvert cette grande et noble religion, l’islam !

    Tu évoquais tes connaissances et amis de voyages (que de découvertes maman !) : La Shmita de Köln (en 1965) qui t’as reçue comme une reine ! Job Knap qui t’as reçu seule, de nuit, à l’aéroport d’Amsterdam (en 1969) et qui t’as fait visiter même les jolies filles en vitrine sur le Prinzenkracht ou quai royal…et tu avais peur pour elles…pas très habillées malgré le froid…disais tu.

    Tu évoquais tes longs séjours chez moi à Cologne puis  à Lausanne et à au chalet de Gstaad et de Crans Montana, ou un week-end est souvent converti en 60 jours…de bonheur commun !

    Tu avais l’art de faire des amis autour de toi !

    Je te laissais seule dans ma maison d’étudiants pour aller à mes cours et je te retrouvais dans la cuisine de l’étage avec une dizaine de (jolies) filles étudiantes conquises par ton charme savourant ton délicieux gâteau au chocolat!

    Puis Evian ! Papa ! Ces jours heureux et bénis, durant près de 20 ans, au bord du Lac Léman et face à Lausanne. LE paradis. Le tout Evian n’avait qu’une princesse : TOI !

    Ta joie suprême à Evian était aussi de recevoir tes 3 garçons et tes petits enfants de Tunis ! Que des merveilles ! Du bonheur ! De l'Amour! De la vie!

    Ces derniers jours Mutti, dans un autre chapitre tu évoquais l’enfant que j’étais :

    Tu me répétais tout ce que je t’ai fait endurer comme nourrisson ! Cela commence par le bruit de ta bague qui touche « par malheur » mon lit métallique, quand tu déposes, endormi, le bébé de 3 mois ! Ce petit frottement de bague te bousillait la journée, car bébé nerveux était bien réveillé et dur dur à se rendormir !

    Bébé aura bientôt 4 ans et ira chez les sœurs ! Il apprendra ainsi à cet âge à lire et à écrire et même à connaître un brin de catéchisme…et plusieurs chansons !

     Si Mohamed, ton étudiant sorbonnard protégé, deviendra par ta magie mon répétiteur et me fera lire et apprendre à 6 ans de longues strophes de Molière et de Victor Hugo et me donnera surtout le goût de la plume ! Mon seul métier en vérité…

    Maman, comment oublier ma première Boum, ou surprise partie, à Hammam-lif, alors que nous habitions au Palais Beylical, au pied du Boukornine inondé de beaux cyclamens mauves et blancs! Je suis rentré en larmes et rien ne pouvait m’arrêter ! Je t’embrassais très fort et je pleurais !

    Une phrase m’a fait quitter ma première Boum, à la 1re heure et j’en suis encore meurtri, 40 ans plus tard : 

    « Le sieur A.H., à la Rue Salambô, près de la mer, nous recevait à cette boum ! Plein de jolies filles et de la belle musique. Quand soudain notre hôte hurle en écoutant une porte grincer «  El azouza jat, la vieille arrive » ! Lui qui habitait chez sa mère osa l’appeler «  la vieille » ! Pour moi c’était le sacrilège suprême !

    Et c’est ce soir là, que tu as acquis un 2e prénom, car je t’avais dit dans mon flot de larmes : « Toi maman tu seras toujours une Aroussa, une Poupée et jamais une azouza » 

    Tout le monde adopta ce prénom nouveau, Aroussa,  qui t’allait si bien, toi la coquette, l’élégante, qui n’oubliait jamais de vérifier son foulard, son vernis à ongles et sa coiffure! Toujours. Toujours !

    Ton 3e prénom de Mutti, te vient de cette belle Allemagne où toutes mes amies t’ont immédiatement appelée « Mutti » pour maman !

    Mutti, que dire de ces souffrances que je t’ai occasionnées avec mes sacrés longs voyages à 18 ans déjà…Tu étais pendue face à des cartes murales sur toute la maison et tu suivais ton fou de fils, de Sydney à Bora Bora en passant par l’Indonésie et Terre de Feu ! Tu apprenais le nom des capitales, des mers et des montagnes pour être avec le fou-volant, ton fils !

    Ces derniers soirs, Maman, tu me répétais sur ce même banc «  Je n’ai pas de fille, je n’ai plus ni père, ni mère ; tu es ma fille, mon enfant, la consolation de ma vie… » !

    Permets-moi de te voler cette dernière expression, car c’est toi et toi seule qui es la consolation de ma vie ! Je t’aime, je t’aime et je t’aime encore maman

    Arriva un funeste 23 juin 2006!

    Arriva le téléphone d’Alex, mon fils, au Ritz de Barcelone, où je venais d’arriver ! Arrivera l’incompréhensible ! Le mot que j’abjure, que je hais de toutes mes forces : « fin » !

    Cette garce et injuste grande faucheuse aura eu le dernier mot ! Elle nous a séparé peut-être, mais tu es en moi comme toujours. A chaque seconde de ma vie Aroussa !

    Tout comme ces milliers de baisers que je t’ai donnés, dans mes bras ou tu dormais paisiblement ; le 24 juin 2006, de 18h30, arrivée de mon avion de Barcelone, à 8h30 du lendemain matin, pour aller ensemble à « notre carré familial ». Dans mes bras.

    Mais tu sais Maman que je t’aime et que je resterai toujours ton bébé maigrichon réveillé par le frottement de ta bague sur son berceau, par ton sourire radieux, par ta vie, ton image !

    Tu es en moi !

    Je suis en toi !

    Je t’aime Mutti. Plus que jamais !

    "De battre ton coeur s'est arrêté et de douleur nous sommes pétrifiés"!

    Ton fils qui t’aime !

    Rached