Aventureux Steve Fossett
Avec toute la candeur de ma jeunesse, je partais en guerre armé de mon seul sourire de Paix. Pigiste auprès d’un célèbre quotidien français, je découvrais l’Asie du Sud-est. Du haut de mes 18 ans, je déambulais dans Saigon en guerre. La guerre larvée était toujours présente mais je ne la voyais pas…
Un soir, sous un porche vert, une main sortie d’un sari vert m’attrapa fermement et vertement. Elle me sauva la vie et certes… la soirée ! Oubliant le couvre feu de rigueur au Vietnam, j’entendais les cartouches siffler mais ne m’en souciais guère et point ! La main au sari vert sauva un jeune reporter aventurier et peut-être même aventureux. Tout cela n’est certes que négligence de jeunesse mais aucunement témérité, courage ou dépassement de soi !
Souvent, très souvent même, le Voyageur se laisse aller à l’aventure, à l’inconnu et fonce au cœur de la jungle sans défense aucune! Le voyageur reste cet assoiffé de découvertes, d’imprévus, de nouveautés, d’aventures, de portes à défoncer, de couloirs déserts, de gouffres abyssaux à sonder et toujours en quête d’une décharge d’adrénaline !
D’autres vont plus loin. Beaucoup plus loin ! Ils veulent narguer le diable, tenter l’impossible et relever les défis de la terre ! Ces explorateurs hors pairs sont atteints d’une autre belle maladie : le dépassement de soi !
Le défi de battre un record et d’aller encore et encore plus haut, plus loin et plus fort, en athlète averti d’esprit et parfois de corps « Citus, altus, fortus ».
Ces hommes hors pairs, sont accros à l’adrénaline et à la dopamine naturelle, cette « molécule du plaisir » produite généreusement par notre cerveau en extase devant un défi à surmonter !
Un de nos honorables pairs, un des plus grands explorateurs du siècle, vient de nous quitter sur la pointe d’un nuage, par un hasard aussi bête que bête peut être souvent la vie !
Il a battu cent records du monde et était irrémédiablement victime de Vavangue, de fougue, de découvertes et d’excitations nouvelles, il se préparait encore à affronter des cimes plus hautes, des ravins plus vertigineux et des vitesses plus folles ! Quand survint l’accident ! Le bête et simple accident !
Armé d’une petite bouteille d’eau et de belles lunettes noires, il voulait juste se dégourdir les idées par une petite virée de deux ou trois heures, au dessus du désert du Nevada, dans son tout petit avion, en septembre 2007. Nous l’attendons encore : Steve Fossett !
Steve Fossett est surtout connu comme "l'homme aux 100 records". 116 records du monde exactement, qu'il a réalisés en montgolfière, en avion, mais aussi en planeur ou en bateau. Celui qui voulait aller toujours "plus vite et plus loin", a été le premier, dans les airs, à réaliser le tour du monde en ballon en 2002, puis en avion, en solitaire et sans escale, en 2005. Sur mer, son palmarès est tout aussi fourni. En 2004, il est salué par Bruno Peyron, après avoir battu son record dans le tour du monde à la voile : 58 jours, 9 heures, 32 minutes et 45 secondes, soit 5 jours de moins que le navigateur français.
Explorateur "par plaisir", Steve Fossett a aussi gravi les plus hauts sommets, participé à des courses de chiens de traîneaux dans le Grand Nord, aux 24 Heures du Mans et traversé la Manche à la nage. Son dernier record date de 2006 : il avait parcouru 42 000 km en avion autour du globe avec l'aide financière de son plus fidèle soutien, le patron de Virgin : Richard Branson. L'aventurier a disparu en vol alors qu'il tentait de repérer une piste, dans le désert du Nevada, pour un nouveau challenge. Le 27 novembre 2007, trois mois après cette disparition, sa femme Peggy a demandé au tribunal de Cook County dans l'Illinois de reconnaître officiellement son décès pour ouvrir sa succession.
Richissime aventurier américain Steve Fossett est un, né le 22 avril 1944. Disparu le 3 septembre 2007 dans le désert du Nevada, il est déclaré officiellement mort le 15 février 2008 par le tribunal des successions de Chicago.
Le monde est riche d’exemples de ce genre. Dans le domaine de la littérature, un exemple de deux récits bouleversants: il s’agit d’Aventures en Guyane de Raymond Maufrais (Ramsay, 1997) et de Voyage au Bout de la Solitude (« Into the Wild ») de Jon Krakauer (Presses de la Cité , 1997).
Bizarrement, ils traitent quasiment du même sujet : les histoires -vraies- de deux jeunes aventuriers idéalistes qui sont partis un jour (à quarante ans de distance) en expédition individuelle dans la Nature et n’en sont jamais revenus. Ils avaient tous les deux 24 ans.
Le voyage serait aussi une fuite en avant, une course, un challenge et surtout l’expression même de la curiosité et d’une incroyable boulimie de savoir et d’apprendre ! L’autre, cet Autre, par ses différences sera notre richesse suprême !
Qu’importe la difficulté ! Qu’importe le danger ! Qu’importe le risque ! Pourvu qu’il y est l’ivresse du voyage, de la découverte et de … la vie !