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quat

  • Une boule de qat salvatrice(fin)

     Fuite en

    Qat Airways


      Suite et fin du périple somalien.Nous essayons de restreindre nos mouvements au centre-ville de Mogadiscio pour éviter les balles perdues et les kidnappeurs sanguinaires et hirsutes.

     

    Sauf que le cadran de ma montre transforme ce moment en angoisse profonde, empreinte d’une petite peur bien dissimulée ! Et si mon avion ne partait pas ce soir ?

     

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    Et si toutes mes informations étaient fausses ? Et si j’étais condamné à pourrir dans ce pays ? Pour balayer toutes ces idées noires et saugrenues, je décide de foncer vers l’emplacement de l’aéroport clandestin. Au bout d’une heure de marche, Ali qui glisse dans la brousse comme un marsouin dans l’eau, nous conduit dans une vallée traversée par un long sentier battu et bordé de deux collines sauvages. J’avoue que mon scepticisme ne fait qu’augmenter. Est ce d’ici que partirait mon avion ? J’avais pourtant, pendant six mois, téléphoné à des dizaines de personnes pour m’assurer que cet aéroport existait…


    Soudain, un vrombissement infernal envahi la place. Je pensai à un essaim de sauterelles que j’avais affronté un jour au Niger, aux oiseaux de Hitchcock ou encore à la guerre des étoiles, tellement tout cela est rapide et envahissant….


    Il est là, gris, doté de deux hélices énormes. Il nous pique sur la tête sans crier gare, tout en cherchant sa pseudo piste d’atterrissage. C’est encore un vieil avion russe, jeune de quarante ans peut-être, qui atterrit sans précaution aucune. En un clin d’œil, une dizaine de personnes arrive à bord de vieilles 4*4 poussiéreuses.

    En un tournemain, une cinquantaine de mystérieux sacs de 30 ou 20 Kg sont minutieusement rangés face à l’avion dans un ordre quasi parfait.

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    Dans un rituel ancestral, les sacs de qat fraîchement récolté prennent place à bord de l’avion et seront vendus, une heure plus tard, à Hargeisa, où ils sont attendus par l’ensemble de la population, impatiente d’acheter sa ration de qat chaque début d’après midi pour « brouter » et partir ainsi, jusqu’au soir tombant vers un voyage hallucinant. Mâché longuement le qat est bloqué en boule contre la joue, pour libérer lentement ses précieux et légers hallucinogènes. La Somalie en produit et le Somaliland en consomme. Un peu plus loin, le Yémen et l’Ethiopie restent les plus grands producteurs de qat qu’ils vendent, chaque début d’après midi, à l’ensemble de la population et à certains voisins tels que la République de Djibouti.

    Très correct, le pilote chauffeur-convoyeur accepte mon marchandage. Pour le prix de deux sacs de qat qu’il enlève (et qu’il vendra plus tard), j’ai droit à un retour à Hargeisa en avion-qat ou « Qat Airways ».

    Ballotté, fatigué et enfouis parmi les gros sacs, je ne suis ni déprimé, ni angoissé, mais bel et bien heureux ! Quelle chance que de pouvoir, en quelques jours, quitter le sillon d’une vie ordonnée et planifiée, pour retrouver encore et encore ses 20 ans et s’offrir le luxe de partir à l’aventure ! L’homme, cet heureux accident de la nature, n’a de cesse que de rêver, d’avancer, d’aller plus loin et d’affronter le dit impossible. C’est peut-être la somme des petits défis quotidiens qui donnent un sens à notre vie.

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    Merci à celui qui m’offrit, pour mes dix ans, un petit timbre-poste, avec une double énigme qui me poussa « à courir le monde ». C’était un timbre du Royaume du Laos arborant un éléphant. Je voulais visiter le Laos et voir un véritable éléphant ! Merci à celui qui est en moi à chaque minute de la vie, mon guide, mon mentor, mon père.

    Puisse un jour le Somaliland être reconnu par ses pairs et devenir ainsi, pour la région, un exemple de sérieux, d’organisation et d’essor économique !

    R.T. www.cigv.com