Voyager est un métier ?
"Les êtres sensibles sont innombrables et très différents les uns des autres. Certains nous aident, d'autres nous blessent, mais, parce qu'ils souhaitent le bonheur et refusent la souffrance,Tous sont égaux." Le Dalaï Lama
Quel point commun y a-t-il donc entre un touriste et un Voyageur ?
Au fait aucun ! On commence sûrement par être un jour touriste, puis on peut mordre au virus V et devenir un jour Voyageur et plus tard Grand voyageur. Ce dernier aura même la chance et le besoin d’aller plus loin pour se muer en explorateur , en ethnologue et anthropologue, car sa soif de connaitre est insatiable et son savoir de plus en plus infinitésimal en découvrant un bout de monde !
Cela fait des lustres que j’ai mordu à ce virus par un timbre poste que m’a offert mon père (mon Dieu sur Terre) à l’âge de dix ans. Deux énigmes sur 2 cm2. Un éléphant en dessin et Royaume du Laos en texte…ce soir là, dans mon immense chambre-bureau-foutoir donnant sur les cyclamens du Boukornine à Hammam-Lif, j’ai décidé d’aller voir un éléphant en forêt et de découvrir cette double énigme, un Royaume et le Laos !
Etant entré à l’école à 4 ans j’ai brûlé certaines étapes sans le vouloir et je me trouvais un jour à 19 ans, étudiant en sciences politiques en Allemagne, au cœur de ce Laos et de surcroit ma petite carte de presse pigiste jouant le messager-involontaire-foufou-inconscient entre deux frères ennemis :Souvanaphouma et Souvanaphang qui sont à la tête d’un Laos dépecé en deux parties autour deVientiane et Luang Prapang la capitale impériale. J’ai navigué sur un Mékong charriant des millions de tonnes de terre rouge sur une petite embarcation…canardé par des snipers des deux bords…Ni peur, ni conscience…mais « adrénaline » !
C’est cette inconsciente recherche d’adrénaline qui me poussa et me pousse toujours et encore à aller vers les difficultés dans des contrées nouvelles et de plus en plus éloignées et compliquées !
Oui compliquées. Car le monde s’est ouvert par Internet certes mais fermé par ses stupides frontières et satanés visas. Le monde devient otage, non plus de colonisateurs mais de puissances avides de matières premières et de points d’ancrages. Tout cela catalyse les corruptions des chefs et féodalise les peuples.
C’est vers ces peuples très souvent opprimés que je suis allé
et depuis mon premier voyage de lycéen (en scout) à Chamonix j’ai frappé aux portes de ce peuple en demandant de vive voix et avec ma précieuse arme voyage (mon sourire) un café à partager chez eux ! Un seul pays me refusa ce luxe suprême sur 194 : A Ahvananen, Aland, au Nord de la Finlande et du cercle polaire. J’ai finalement acheté avec mon fils Nan un sachet de thé…résonnée à la dernière porte de maison (qui nous a refoulés) demandant cette fois de l’eau chaude pour faire un thé : la plus belle soirée de ce voyage chez cette dame du Nord…
Et cette recherche d’Adrénaline qui me fait fuir confort, réceptions et draps douillets pour aller combler mes millions de lacunes en allant vers l’Autre. Cet humain qui est nous. Cet autre qui est nous. Ce X qui est un reflet de notre Y !
Suivirent 52 pays en auto-stop durant mes premières études et un premier ouvrage « Machu Pichu, 44 000 Km en Amérique latine » à 20 ans….
C’est ainsi que j’ai en reporter assisté ou couvert (c’est trop dire) plusieurs guerres, du Vietnam où j’ai essuyé ma première rafale de mitraillette au Rwanda, en passant par le Kosovo, le Soudan du Sud ou le Paraguay qui me mit quelques jours aux arrêts…
De tout cela je ne voyais nul danger, mais extase et encore plus envie de comprendre l’Autre. Une nuit de prison à l’aéroport de Miami (visa périmé de Nan à nouveau) ou une autre en Amérique latine suite à un coup d’Etat restent ancrés comme des moments heureux car si riches en émotion humaine !
Quand trouverai-je le temps d’écrire, par exemple mes aventures à Asmara, la Roma del Africa, en 2009, quand trois militaires me mirent en joue, en pleine montagne érythréenne …pour signer la fin DU voyage ?
Je reviens d’un long périple à la hussarde, non préparé et mal élaboré, mais qui fut un des plus riches de ma vie en rencontres et expériences humaines. Un périple ponctué de 10 à 20 Km de marche à pied par jour, dans la forêt des pygmées ou sur le sol de Tanger et de dizaines et dizaines de rencontres toutes aussi riches que sincères ! Merci !
Je vais essayer de griffonner quelques papiers :
- 1/ Au cœur du Maroc à Ceuta l’espagnole et virée vers Chefchaouane en bleu clair et foncé
- 2/ Insolite RCA, divisé en trois papiers…
- Arrivée sans visa en Centrafrique
- Un poisson grillé au bord du fleuve Oubangui-Chari
- Chez les vaillants pygmées de la RCA
3/ Une soirée à Tanger à l’hôtel de Sir Churchill. Ch 136.
Voyager est un métier …? Oui ! @ chacun sa croix et avec bonheur…
dans une jungle où " L’homme est relativement le plus manqué de tous les animaux, le plus maladif, celui qui s’est égaré le plus dangereusement loin de ses instincts." (Nietzsche)