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Voyage - Page 5

  • l’épouse légitime crie vengeance (3)

     

     

    L’épée du Dardanien

     

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    (3e escale et fin). Persuadée d’être l’épouse légitime d’Enée, Didon crie vengeance en assistant au départ du Prince. Une seconde ruse germe dans sa tête. Anna est mise au secret et toute une tragédie se met en marche. A pas lents et saccadés...

    Didon ordonne la construction d’un grand bûcher pour brûler les habits de l’impie dit-elle.

     

    Les flammes sont hautes et rugissantes. La chaleur est étouffante ; sept marches de pierres taillées mènent au sommet du bûcher. L’épée à la main droite et les habits du lâche dans la main gauche elle gravie doucement les marches faisant fis des flammes qui lèchent dangereusement sa peau si blanche et si fine…

    La foule demande à la souveraine de jeter bien vite les habits d’Enée au feu et de redescendre… Sans broncher ni plier elle arrive à la septième marche, fait face à ses sujets et de son bras musclé elle dégaine  dangereusement la pointe de l’épée du Dardanien qui effleure  sa poitrine…

     

    Altière, elle est secouée par le bruit du silence et habillée par les yeux de la foule!Effarée, honteuse de son cruel destin, un éclat sanglant dans les yeux, les joues tremblantes et parsemées de taches, pâle d’une mort prochaine, Didon, jette, pose parterre, les vêtements de son amant.

     

    Elle se jette soudain sur eux, sur cette couche familière et dit:

     

     « Vêtements chers à mon cœur, tant que le destin et les Dieux le permettent, recevez mon âme et délivrez-moi de mes tourments, j’ai fini de vivre et j’ai accompli la course que le destin m’a accordée. Maintenant c’est une grande ombre qui va aller sous terre. J’ai bâti une ville magnifique,Carthage, j’ai vu mes remparts, j’ai vengé mon mari et puni mon frère meurtrier. Je serai encore plus heureuse, si heureuse, si les vaisseaux dardaniens n’avaient pas touché les côtes de Carthage. »

     

    Le geste suit la parole. L’épée transperce ce corps voluptueux que les flammes embraseront à la seconde…

     

    Là-haut dans le ciel une autre reine est déjà au courant de l’arrivée de Didon. Cléopâtre l’Egyptienne qui partit avec ses deux confidentes par la morsure volontaire d’une vipère, pour fuir également la lâcheté d’un homme, César. Elle qui aima ensuite Antoine aura régné sur la Méditerranée orientale laissant la partie occidentale à Didon.

     

    Les deux belles reines, indirectement victimes de Rome, se retrouveront sûrement et auront plus d’une vie pour parler des hommes et leur destin de femmes !

    R.T.

  • Didon prend le large(2)

    La ruse d’Elyssa

     

    (Suite Didon). Soudain, l’amiral de fortune crie : «  barre à gauche! » et fonce sur une terre grise et verte à la fois. La baie est accueillante et le calme précaire. Nous sommes en Terre d’Afrique à Ifriqiya. Avertis par ses messagers, Larbas, le jeune et beau Roi de Tunisie, attendait avec impatience la mystérieuse passagère de cette embarcation phénicienne. Le voyage de Didon commence!

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    Courtois et galant il offre toit et fourchette à la Princesse qui sans perdre une minute lui raconte son évasion de Tyr et lui propose un marché.

    Toute de grâce vêtue et de mystère habillée elle distille ses paroles en croisant ses longues jambes que l’on devine galbées sous de fines soieries aux couleurs chatoyantes tout en étant discrètes…

     

    Le jeune roi est déjà sous l’emprise de cette déesse venue de Tyr !

     

    La raison d’Etat fait place, dans sa tête, au désir et à la passion ! Il se veut homme face à Elyssa homme avant d’être roi !

    Elle divulgue son secret et formule son message avec douceur et fermeté !

    Elle souhaite acheter un petit territoire tunisien aussi large qu’une peau de bœuf. Le roi épris par son intelligence, sa grâce et sa beauté ne réfléchit même pas et accepte derechef ! Elyssa découpe la peau d’un bœuf en fines lanières et obtiendra ainsi un territoire suffisant à bâtir une citadelle. Ainsi, naîtra Byrsa (peau) la future ville de Carthage…

     

    Follement amoureux d’Elyssa le Roi Larbas souhaite l’épouser

     Elle refuse toutes les avances du monarque et s’enferme dans une nouvelle solitude, fidèle à la mémoire de son mari !

     

    Un Prince Troyen

    Beaucoup plus loin, sur une autre terre  la ruse guerrière du  cheval de Troie fera un grand malheur ! Les Grecs qui assiégent Troie font semblant de fuir et abandonnent leur gigantesque cheval, pour tromper l’ennemi…La suite est simple et du ventre du cheval sortiront les guerriers qui saccageront Troie. Homère se chargera de conter cette saga des Achéens dans son Iliade…

     

    Mais voilà qu’Enée, un Prince Troyen à l’instar d’Elyssa, devra quitter sa terre natale avec pour mission de créer une nouvelle Cité. Le destin ou la providence conduiront notre jeune et beau chevalier vers les côtes tunisiennes. Il débarque miraculeusement à Byrsa, l’ancêtre de Carthage et fait la connaissance de la Princesse Didon, l’ancienne Elyssa.

     

    A nouveau tout va vite. Très vite. Didon tombe amoureuse d’Enée.

    Touchée par une flèche de Cupidon (Eros)  elle est poussée dans les bras du chevalier. Une grotte carthaginoise abritera leurs premières amours. Mais les Dieux ont des raisons que seule la raison ignore. Mercure est envoyé par Jupiter pour rappeler à Enée qu’il doit fonder une nouvelle ville et accomplir sa destinée en Italie !

     

    Enée offre une longue et large épée dorée à la Souveraine et prend congé.

     

    Pourquoi cette arme ? Pourquoi ce destin ? Pourquoi cette ruse ?

    @suivre

  • Une si ensorcellante Carthaginoise =)

    LE VOYAGE DE DIDON 

      Grande Voyageuse devant l’Eternel elle demeure pleine de mystères ! On la croyait brune, très brune. Elle est bien blanche. On la croyait porter des cheveux courts. Elle les porte bien longs et en douces tresses brunes. On la croyait maigrichonne. Elle est d’allure sportive, musclée et dotée d’un regard aussi langoureux qu’assassin…2823 années se sont déjà écoulées et la légende de Didon est toujours aussi poignante et aussi mystérieuse. La dame de Tyr parcourt, avec ce Blog voyageur, un autre voyage. Une page de vie.

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    A Tyr, Pygmalion succède à son père Mutto Roi de Phénicie. Il monte sur le trône du père et pour éloigner sa princesse de sœur Elyssa et avoir le pouvoir absolu, il assassinera son mari Sicharbas.

    Adulée, courtisée et aimée Elyssa assiste horrifiée à la mort de son époux et à la prise du trône paternel  par son frère. Une nuit blanche, sous le ciel libanais éclairé d’une pleine lune pousse Elyssa et sa sœur Anna à prendre une rapide décision ! Toute de noir vêtue elle défait sa lourde tresse, avale d’un trait un jus amer et tonifiant et se déploie langoureusement devant sa glace. Effrayée par la dureté de son propre regard elle est réconfortée dans sa décision. Le calme de sa sœur et de ses six servantes sont un geste d’acquiescement au silencieux et assourdissant programme ! Personne n’en parle. Tout le monde devine le dessein de la Princesse déesse !

    Plus de trente hommes sont déjà au port de Tyr. Le ciel est déjà zébré d’une première rayure jaune.

    L’astre solaire pousse les flots sans peine et pointe à l’horizon

    Tout va vite. Très vite ! Elyssa est à bord du bateau avec toute sa petite cour. Anne la sœur fidèle ne peut retenir un flot de larmes face à l’image du père-roi Mutto et du frère sanguinaire Pygmalion. Le devoir du sang et l’honneur de la famille la poussent à épouser sans réfléchir le dessein d’Elyssa. L’exode. Le long Voyage !

    Au mois d’avril, la grande Bleue, cette « Mare Nostrum » dite Mer Méditerranée fait également honneur à la belle Elyssa et maîtrise l’ardeur de ses vagues. L’embarcation prend le large, sans tangage ni roulis. 24 heures de paix et de sérénité passent bien vite. Seul le bruit du silence égrené par le clapotis des vagues et le grincement des rames meublent l’horizon…les jours passent aussi vite que les nuits et la tête d’Elyssa échafaude plan sur plan.

    Soudain, l’amiral de fortune crie haut et fort: «  barre à gauche !» et fonce sur une terre grise et verte à la fois.

     Quid de cette terre ?    

                      (à suivre)

  • Que restera-t-il des 2 600 000 touristes? (5)

    Le quartier russe de Lasnamaï

    Derniers jours en Estonie. Je ne peux oublier notre aventure avec Georges. Nerveux et énervé, notre jeune architecte cède enfin à notre demande et accepte de nous faire visiter Lasnamaï, le quartier russe de Tallinn.

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    Les taxis, dont l’appellation a fait l’unanimité planétaire, perdent curieusement en Estonie la simplicité et l’uniformité du nom pour se transformer en « Takso » ! Nous quittons les beaux parcs et les chaussées fleuries pour nous aventurer peu à peu dans une méga-cité où seul le béton a droit de citer. Notre architecte avoue que c’est la première fois de sa vie qu’il pénètre ce quartier et qu’il n’est plus du tout responsable de notre sécurité. Soudain, le monde bascule. À quelques minutes d’une capitale qui vit à l’heure de Stockholm, nous sommes dans un faubourg de St-Petersburg. De microscopiques étals vendent tour à tour gadgets de prestige, cassettes vidéo, méga-concombres et stylos à bille. Ils parlent russe et végètent ainsi sans aucun papier. Plus d’une usine désaffectée est aménagée en gîte pour ces Arméniens, Russes, Biélorusses et Azerbaïdjanais de tout poil. Que faire du tiers de la population de l’Estonie ? Le problème reste entier aux édiles du pays. En 1995, un accord d’association est signé avec l’Union Européenne, le jour même du départ des derniers conseillers militaires russes.

    Contrairement au quartier russe de Lasnamaï, le quartier de Pirita héberge 5 % de la population de Tallinn dans un cadre non pas de « Beverley Hills » mais, comme le disent si bien les Estoniens, de « Beverley Lacs ». Les maisons sont belles, spacieuses et surtout superbement fleuries. Le prix moyen est de, tenez-vous bien, un million de dollars la maison ! Chacune d’entre elles est un vrai paradis terrestre.

    Interlocuteur privilégié de l’Union Européenne parmi les pays de l’ex-URSS, l’Estonie poursuit une croissance appuyée sur la gestion rigoureuse de son économie. Avec un PNB (Produit National Brut) de 3 590 US$ par an, soit le cinquième de l’Espagne, l’Estonie affiche une croissance économique respectable de 4 %. Le secteur privé représente déjà 75 % du PNB. La dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et le fait que 33 % de la population ne possèdent pas le statut de citoyen estonien représentent une grande faiblesse pour le pays. Ce bon élève du FMI a l’avantage du voisinage finlandais et de son ouverture vers l’Europe occidentale. Le lignite est sa principale production minière. Le bois, le textile et le ciment, tout comme l’orge, la pomme de terre et la pêche, sont les principales productions de l’Estonie. La disparition annoncée cette année des free-shops en Europe est peut-être un coup mortel pour le tourisme estonien. La majorité des passagers en provenance d’Helsinki viennent uniquement pour des achats hors taxe. Le naufrage du ferry « Estonia » en septembre 1994 avec 700 disparus n’a pas freiné cet exode mercantile.

    Que restera-t-il des 2 600 000 touristes si le pays ne trouve pas une nouvelle formule semblable à l’hors taxe tout en suivant les dogmes de la communauté européenne ?

    Le bois, la pêche et le GSM sont certes les trois coqueluches de l’année. La forêt estonienne abondamment arrosée croît deux fois plus vite que la coupe industrielle. C’est ainsi que le bois est exporté à tour de bras vers le monde entier. La pêche généreuse permet à plus d’un d’avoir une vie sécurisée. Quant au GSM, ce sacré téléphone cellulaire, exporté à partir de 20 US$ l’unité, il couvre 99 % du territoire, ce qui représente un des taux les plus élevés du monde, avec quelque 170 appareils pour 1 000 habitants. La Finlande reste en tête avec 573‰. Ce soir, nous remontons le cours de l’histoire sur une inconfortable banquette monobloc en bois massif et aux nœuds saillants dans le restaurant « Olde Hansa », sur la place « Vana Turg ». Ce restaurant aux quatre menus uniques aux prix différents vous propose un repas médiéval dans une gigantesque assiette. Votre palais ira à la conquête des cités hanséatiques et dégustera des mets austères au goût nouveau. Les charmantes serveuses au tablier vert effleurant le sol ne cessent de répéter avec un joli sourire ika ika pour dire « OK » aïta pour dire « merci », et vous souhaitent un tervisex (« santé ! »), pour saluer votre bière, et un héat iso pour vous souhaiter un bon appétit. Ce que l’on mangeait bien aux siècles passés !

    De l’autre côté de la place du marché se dresse fièrement, sur ses 154 mètres, la plus haute église du Nord.

    Son clocher est si haut que les marins finlandais s’en servaient comme repère pour aborder l’Estonie. En 1930, une triste rafale détrône notre clocher qui perdit 17 mètres de sa hauteur ainsi que son record. Sur les 137 mètres restants trône sur les tuiles vertes une énorme boule de bronze de 1,14 mètre de diamètre, toute d’or vêtue. Toutes les rues et les ruelles arborent marbres et fer forgé sur chaque façade.

    En haut de la vieille ville jaillissent les cinq tours de la très belle église orthodoxe qui jouxte la vaste Maison du gouvernement. Ici, tout est mystique et évasion. Le voyage continue !

    (Fin)