Tanger
Escapade marocaine
Quatre jours de transit au Maroc. Sur le chemin de mes pygmées de Centrafrique, pour essayer de découvrir Tanger la mythique et Ceuta, la colonie espagnole, implantée au cœur du Maroc. Le hasard, ce seigneur et maître des voyageurs m’offrira, à 620 mètres d’altitude, en prime et en cadeau de Noël anticipé, la découverte de Chefchaouen, village bleu accroché aux gorges de l’Atlas.
"Le détroit de Gibraltar : 14 Km seulemnt..."
Tout commence à la station de train, Gare de Casablanca-Voyageurs.
Une petite heure à tuer sous la canicule estivale marocaine. Une fraicheur volée au jardin de l’hôtel Ibis à la sortie de cette gare. Une bière fraiche, une compagnie agréable et un jardin édénique font de cette heure un doux moment volé à la vie. Voilà, que je m’aperçois soudain que mon train de Tanger va partir dans quinze minutes. Dans ma précipitation de départ, je laisse sur la table du jardin le fond de mes poches…
Dans le train, je veux dès le départ, téléphoner à Tanger pour m’assurer que mon contact va bien m’attendre à 22 heures. Caramba ! Zut de chez zut ! Mon sacré téléphone portable a disparu ! Le pire, c’est que sa carte Sim contient tout le répertoire de ma prochaine visite chez les pygmées et que c’est une puce post-payée, autrement dit, celui qui aura mon téléphone pourra se délecter des heures durant avec New York, la « Big Apple » qui fait rêver tant de jeunes, ou Sydney qui attire tant de voyageurs. Une facture de quelques milliers de dollars m’attendra à Tunis.
Sacrés Marocains !
Tout le wagon se met en branle-bas de combat. Six personnes téléphonent chacun à ses contacts de Casablanca pour aller vers la « gare voyageurs » et à l’hôtel Ibis pour retrouver mon sacré téléphone qui a pris la poudre d’escampette. Au centième essai peut-être, Aïcha, la belle brune au joli ventre de… huit mois, change d’expression, arbore un fabuleux sourire, me tend son téléphone et me dit : « Essayez de parler en arabe très simple, vous avez en direct l’homme qui a votre téléphone ! »
Bouddha existe. Bouddha a trouvé mon téléphone. Bouddha a toutes les solutions.
L’homme refuse de comprendre de déposer uniquement la puce à la réception de l’hôtel et de garder le téléphone comme cadeau. La future maman, ma voisine, reprend l’appareil et lui explique la même chose dans un jargon inextricable. Le sieur Voleur de Casa, refusera toute transaction et me poussera à trouver, un samedi soir, une aimable personne à Tunis qui puisse contacter Tunisie Telecom en mon nom et avec le numéro de ma carte d’identité pour bloquer cette fameuse puce de téléphone. Le voyage continue et adios mon calepin téléphonique. L’imprévu sera sûrement plus excitant…
Churchill nous attend
Tanger, enfin. Le réceptionniste au sourire mielleux n’a cure d’écouter mon histoire à l’hôtel El Minzah.
-« Désolé, Docteur, je ne peux vous attribuer, à ce prix préférentiel TO, que la petite suite du deuxième étage qui vous a été allouée par le directeur général en personne, au prix d’une chambre double. »
-« Je préfère reprendre le train pour Casa, vous payer ma nuit, déserter l’hôtel et refuser votre offre de gascon. Désolé Monsieur, je suis venu du bout du monde pour passer la nuit dans un lit mythique que j’attends depuis longtemps… celui de Sir Churchill, un des célèbres clients de cet hôtel cossu et discret de Tanger. »
Non, le monsieur refuse et me vend une demi-promesse :
-« A votre retour de Ceuta, dans deux jours, on vous offrira avec plaisir, la suite de Sir Churchill. »
Il tiendra sa promesse.
Retour vers Tanger
Le rêve de mon enfance enfin découvert en ce mois de septembre 2011. Une ballade en voiture autour de cette ville me laisse rêveur et interrogatif. Vers le Cap Spartel, les grottes d’Hercule sont une série d’excavations envahies par l’eau à marée haute. L’ouverture de cet endroit mythique est en forme de carte d’Afrique renversée. D’après la légende, c’est ici qu’Hercule se serait reposé après avoir creusé le détroit de Gibraltar
Que dire de cet hôtel niché dans une falaise, arborant cinq lourdes étoiles et offrant à sa majesté le roi un appartement flottant ? Que penser de ces nombreux palais princiers saoudiens dont la construction rapporta à Tanger l’équivalent d’un million de touristes ? Des palais abandonnés qui serviront à organiser deux fois par an, une certaine « bamboula » à coups de dizaines de milliers d’euros. Que penser de ces centaines d’immeubles neufs à perte de vue, poussant comme des champignons et arborant en lettres noires et invisibles : « blanchiment d’argent assuré » ?
Les Espagnols, distants de 14 kilomètres à peine, de l’autre côté des colonnes d’Hercule, profitent de cette nouvelle place financière et touristique pour investir leurs nouvelles « rapides fortunes ». De temps à autre, un entrepreneur disparait, la tour d’acier s’arrête de grandir, et ceux qui ont payé 10 ou 90% du prix d’achat n’ont plus que des yeux pour pleurer. Ainsi vont les finances dans le nouvel Eldorado marocain.
@suivre : Une nuit chez Sir Churchill dans la mythique suite 136