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aventure - Page 3

  • TROIS JEUNES DROMOMANES

    VOYAGEURS SANS BAGAGES

    (Août 2004). Le prix du baril du pétrole a beau grimper à 52 dollars, la chaleur du mois d’août a beau atteindre 40°C à l’ombre et pourtant les aéroports regorgent de voyageurs allant vers les quatre coins de la planète. Le touriste aoûtien se leste souvent d’une grosse valise tandis que le voyageur s’astreint à un bagage à main.

    Les caprices du hasard et la fournaise estivale ont fait cet été que trois jeunes frères ayant effectués quatre voyages successifs en plein mois d’août subissent la même mésaventure.

    Le premier empruntait il est vrai deux compagnies aériennes pour rallier Cluj-Napoca en Roumanie à Tunis via Bucarest et Rome après une année d’étude. Le second emprunte un vol d’une compagnie tunisienne et une autre espagnole pour aller fêter son bac à Palma de Mallorca via Barcelone. Le troisième rentre de vacances du Cameroun sur les ailes de la KLM et rejoint Munich via Amsterdam. Le quatrième voyage n’est autre que celui du jeune Roumain qui rebrousse chemin…après deux semaines à Hammamet.

    Quatre villes d’arrivée sans bagages : Tunis, Palma, Munich et Cluj-Napoca !

    Au casino, dit-on la probabilité de toucher le Jackpot serait de un sur 10.000. Les bons proverbes latins disent en plusieurs langues « jamais deux sans trois » mais dans ce cas précis, le résultat de quatre voyages sur quatre se solde à chaque fois par un bagage perdu…

    Depuis plus de 17 ans j’ai appris à mes dépends, un jour à Cayenne, en Guyane Française, qu’il était presque débile, voire inconscient, de voyager en été avec une valise. Depuis ce jour, je n’ai plus qu’un bagage à main pliable qui me suit dans toutes mes péripéties planétaires. Deux avantages certains. Un énorme gain de temps à la sortie de l’aéroport. Imaginez les 400 passagers d’un Jumbo-jet qui attendent leurs bagages à l’aéroport de Los Angeles. Le deuxième avantage est certes clair : on est sûr de retrouver à l’arrivée, sa brosse à dents et sa chemise repassée.

    En 2004, le cas de ces trois jeunes frères (Alex, Nan  et Zi) reste malgré tout stupéfiant, avec 100% de perte de bagages sur des compagnies aériennes telles que : Tunisair, Alitalia, Iberia, Carpatair, Tarom, K.L.M et Lufthansa. L’explosion du voyage en cette fin de siècle ne fait-elle pas du tourisme la première industrie mondiale ? Un seul pays, la France , ne reçoit-il pas à lui seul près de 75 millions (sur 695) de touristes par an ? D’autres suivent : le Kenya et l’Egypte retrouvent leur million et trois millions de visiteurs. La Tunisie et le Portugal leurs cinq et dix millions de visiteurs.

    Mais qu’est ce qui fait courir ce monde ?

    (à suivre)



     

  • Le Bobby de GIBRALTAR

    L E ROCHER  

    aux singes sans queue


    Gibraltar. (Décembre 1986). Un rocher, isolé à la pointe méridionale de l’ouest de l’Europe, nargue la Méditerranée et ses milliers de navires qui franchissent le détroit de Gibraltar, au large de Tanger, pour passer dans l’Océan Atlantique. Durant plus de sept cent ans, les Arabes ont occupé Gibraltar. Gibraltar doit son nom à Tarak Ibn Zied, le chef maure promoteur de l’invasion de l’Espagne. Tarak Ibn Zied donna rapidement le début de son nom au rocher ou « jebel », pour former le nom Jebel Tarak, transformé plus tard par les Espagnols en Gibraltar. Aujourd’hui, 32 000 personnes vivent sur ce rocher, en dehors du temps, jouissant d’un passeport britannique et d’une frontière enfin rouverte avec l’Espagne.

    Perchés sur la cime d’un vieux rocher qui contrôle le détroit de Gibraltar, de charmants petits singes, appelés « Barbary Apes », y vivent en liberté. Ces singes sont arrivés en même temps que Tarak Ibn Zied et sont restés, depuis, le symbole de ce micro-pays. Pays à l’orée de l’Espagne et dépendant entièrement de la Grande Bretagne. Pour combien de temps encore ?

    Une heure et demie d’avion de Barcelone à Malaga. Un taxi collectif ultra rapide nous mène à la ville voisine de Torremolinos, et là, l’achat d’un billet de bus nocturne pour découvrir les quatre heures et demie de route qui nous séparent de La Linea. Bien installé au fond du bus, l’objectif de la ville européenne la plus au sud du continent devient réalité. La Linea sera le bout de cette course folle pour aller ensuite à Gibraltar. Petit à petit, le paysage se transforme au passage de Marbella et de ses somptueuses demeures des Mille et Une Nuits, toutes illuminées.
    Une pensée pieuse pour tous ces milliardaires du monde qui élisent domicile ici, depuis Kassoghi, le puissant homme d’affaires, au grand acteur américain Sean Connery au repos, en passant par certains princes et retraités aux épais chéquiers, en quête de soleil sur la Costa del Sol.
    La nuit tombe complètement et les paysages deviennent de plus en plus exotiques avec des palmiers, des agaves, des hibiscus et des bougainvilliers qui bordent notre chemin vers La Linea. Vingt-deux heures, nous voici arrivés.
    Le premier hôtel, qui est juste une louche pension au-dessus du bistrot du coin, nous accueille. Les yeux hagards, une barbe envahissante, les cheveux ébouriffés, enveloppés de larges trench-coats, les jeunes consommateurs, frontaliers anglo-espagnols, ne se privent guère des grandes bouteilles de bières pour combattre le froid extérieur et l’oisiveté du village...
    Le nouvel arrivé, porteur d’une valise bleu et encore cravaté par-dessus le marché, ne plaît guère à l’assistance... Rapide, le tenancier du café me fait grimper les trois étages de l’établissement dans une obscurité presque absolue. À peine ai-je posé ma valise sur un coin du lit – faute d’autre place – que je claque la porte et quitte cette mansarde pour aller m’enquérir de Gibraltar, but de notre voyage.

    La frontière

    « Mais Monsieur, c’est là, devant vous, oui, c’est bien Gibraltar... » . Je le remerciai d’un rapide « Muchisimas Gracias » et restai néanmoins sur ma faim, ne voyant ni Gibraltar, ni mirage du soir. Ce n’est même pas un tour de myopie, mais je ne vois à travers mes lunettes qu’une longue avenue bordée de palmiers, qui commence à vingt mètres de notre hôtel-pension pour finir deux cent mètres plus loin dans une nouvelle obscurité. Seul dans ce désert nocturne et malgré l’avis d’autres passants, je m’aventure dans cette longue avenue, en prenant soin de bien marcher au centre afin d’éviter les mauvaises surprises du soir...
    Au bout de cinq minutes, un Bobby, policier britannique, parachuté de je ne sais où, m’arrête avec un ancestral et ô combien poli « Your passport, Sir ».

    Ça y est ! C’est enfin Gibraltar. Nous sommes bien à la « frontière ». L’officier britannique, d’un flegme bien connu, remplit soigneusement la fiche de renseignements du visiteur de 22h 22...
    Une fois dans le « pays », il ne reste qu’à visiter, comme tous les autochtones, le casino. Imaginez un antre du siècle passé, au plafond haut et doré, aux boiseries craquantes et aux couleurs fanées. Je retrouverai le vieux Wellington de Nouvelle Zélande, visité il y a plus de 15 ans, ou encore certains édifices de Sydney aux couleurs vieille Angleterre. Dans la première salle, des dames septuagénaires aux lunettes rivées sur le nez, cochent soigneusement les cases de leur bingo. Ce soir, la mise est de mille livres sterling.

    Dans une autre salle, ce sont les habituels jack pot, la roulette russe et les tapis verts qui attendent certains joueurs...

    J’allais, au bout de cinq minutes, quitter cet endroit bien étrange pour moi et guère attirant, quand me voilà apostrophé par un colosse sexagénaire à la lourde moustache blonde qui me demande pourquoi je quitte déjà ces lieux...

    Le voyage va commencer!

    à suivre...