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départ

  • Adios!

    Adieu

    l’Ami

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    CNN est parti ! CNN nous a quittés ! CNN s’envole pour un dernier voyage ! J’en suis malade !

    C’est le pseudo que je lui ai donné depuis deux ans : CNN !  

     Pour certains, c’est un fou, pour d’autres un errant et pour nous un ami, une encyclopédie, une tendresse, une noblesse. Oui un Ami !

    Il revint au pays menottes aux poings ! La France le jeta dans un avion avec un  « One way ticket » .Un aller sans retour…

    Il a choisit en 2006, la porte d’entrée de notre officine ! Six à sept heures par jour il regardait les voitures, le ciel ou les passants et parlait, parlait et encore parlait !

    Quand j’ai décidé de l’écouter, de l’entendre,  je découvris un français châtié, une culture fine et vaste, un cœur d’or et de diamant ! Durant des heures il dissertait en excellent français, dans un parfait accent sorbonnard :  le voyage du saumon migrateur, la fabrication de l’antipyrine, le succès de Soyouz, le prix du baril de pétrole, la stratégie des USA dans le monde ou encore le terrible tsunami d’Indonésie !

    Dans mon petit village de Ben Arous, notre pharmacie avait un hôte, un ami, un fidèle, un fin disert et érudit.

    Ces derniers jours de froid , je l’invitais à rester dans notre salle de vente, dans un large fauteuil de velours près d’une radio RTCI en sourdine !

    Ben Arous avait une âme… et un Grand Monsieur CNN.

    Son histoire est hélas simple et tragique ! Il fut un jour arrêté  à l’âge de 19 ans pour un crime qu’il n’a pas commis ! Il essaya de se faire passer pour fou pour fuir la guillotine ! 6 ans de prison et 14 ans d’asile en semi-liberté et une expulsion manu militari d’un jeune Beur vers son pays d’origine !

    Non,  CNN (il donnait les dernières nouvelles comme CNN) n’a pas tué ! Il fut un petit dealer… On lui colla un crime, on lui colla la non-vie, on lui colla l’exil, on lui colla un dernier voyage…

    Il avait mal à la tête depuis 3 jours. Sans plus.

    Il disparu 3 jours ! Un voisin/parent brisa la fenêtre de sa modeste petite villa, pour découvrir l’irréparable !

    J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps

    Ses dix  frères et sœurs viennent d’arriver de Paris avec une maman hébétée…

    L’absurde me torture et la mort de mon ami me plonge dans la plus grande tristesse !

    Le premier érudit du Gouvernorat, le Noble chevalier au cœur d’or, mon ami Mohamed, alias CNN est parti.

    Adieu l’ami ! Je déteste  la porte de notre officine…si triste par ton départ

    Adieu l’Ami

    rached

  • Partir, partir...

    Partir

    C’est vivre un peu

     

    Une soif de vie

    Une soif de soif

    Une soif d’ivresse

    Une soif à étancher

    Un désir de partir

    Un élan effréné

    Un départ réitéré.

    Une impulsion qui se ramène toujours à un explosif départ. Partir, voyager sans cesse, c’est le lot de tout dromomane qui, au bout d’un certain temps, sans trop savoir pourquoi et sans trop réfléchir, reprend son bâton de voyageur, cherche son étoile polaire et repart... vers l’inconnu.

    Aveuglé (verblendet) ce voyageur a un besoin viscéral, pareil à celui du fumeur ou du drogué qui le pousse à... partir.

    Pour lui, cet impératif, ce 3, 2, 1, 0 est un objectif inconscient et inné sans cesse renouvelé. Tout comme le Phénix, ce départ permet de renaître de ses cendres.

    Tout comme la faim, ce « partir » revient à l’heure du prochain repas. 

    Ce voyageur « cyclé », « cyclique » et « conditionné » fonctionne comme une véritable montre suisse. Quand l’heure arrive, il faut partir. Mais partir pourquoi et comment ?

    POURQUOI PARTIR ?  

    Partir, et de préférence vers un endroit nouveau, un pays, un monde « à découvrir ».

    Le nez au vent, la pupille dilatée et l’oreille aux aguets, on part vers cet objectif choisi au hasard d’une rapide lecture. C’est en descendant d’un avion dans un nouvel aéroport, sur cette passerelle souvent tremblante que l’on se sent le plus léger, le plus heureux, le plus vivant, le plus émerveillé.

    Enfin cette Terre Promise ! Cette Terre attendue, ce pays nouveau. C’est sûrement le moment le plus émouvant du voyage.

    Là, peu à peu, le flou qui envahissait ces lieux se dissipe. La brume se lève et nous permet de croquer à pleines dents moult détails : le douanier en faction, le policier intransigeant, la morne salle d’attente, le beau marbre ou le pavé défoncé, les écriteaux accueillants, l’habit insolite, l’accueil chantant, la langue barbare ou peu connue, le teint, la taille, et même un trait de caractère de cet autochtone présent dans cet aéroport d’arrivée. Cinq minutes sont déjà écoulées, le voyage est à son apogée. Cette ivresse d’arrivée, cette décharge d’adrénaline et cette émotion à fleur de peau sont peut-être ce qu’il y a de plus merveilleux au monde. Avoir cette chance énorme de visiter, de voir, d’apprendre (wissbegierig), d’écouter et de communiquer est un don de Dieu. Le plaisir du dromomane n’a d’égal, à mon avis, qu’une certaine pipe de fumeur...de Vientiane au Laos, de Birmanie, de Thaïlande ou d’ailleurs.

    Le voyageur attend cet instant de départ pendant des mois ou des ans.

    L’instant arrivé, cette première phase du voyage (la préparation-attente) enfante la seconde ou l’arrivée lyrique, bucolique, mélodique et idyllique.

    Quoi de plus beau que de passer à la troisième phase, la découverte du pays, de vibrer par tous ses pores et d’aller vers l’Autre, ce nouveau, cet aborigène ou autochtone, pour le comprendre, s’enrichir de sa présence et peut-être... l’aimer.

    COMMENT VOYAGER ?  

      Dans cette troisième phase de voyage ou galopade effréné, la curiosité canalisée est notre tuteur principal vers la grande voie de l’Aventure. Tout cela se terminera dans une quatrième phase de voyage qui cristallise le tout sous forme de reportage pour les uns, et de petits carnets roses ou blancs pour les autres, ou encore par le montage de belles diapositives ou photos numériques.

    Ces informations glanées au gré des rencontres seront, sur notre bureau de travail, le catalyseur d’un reportage. Les lectures sur ce nouveau pays se suivent rapidement. Tout s’enchaîne, tout devient clair, le « chasseur-voyageur » n’a plus qu’à projeter et résumer ses informations teintées d’émotion. Notre chanceux voyageur boucle ainsi son 184e reportage sur un pays nouveau.

      Mais on n’a plus vingt ans et l’on ne s’appartient plus. Là, commence le vrai calvaire et l’ambiguïté. Comment laisser sa propre chair et son amour pour partir et partir encore, vivre sa soif culturelle sans tomber seul le soir sur un oreiller ... cauchemardesque d’un hôtel anonyme, qui freine vos élans et vous rappelle à la non liberté.

      La sagesse acquise (l’est-elle jamais ?) donne ainsi un parfum supplémentaire à ce départ-voyage et une ablution sentimentale nous aide ainsi à quitter le giron familial et à voler quelques jours à la vie pour revenir bien vite plein d’usage et peut-être de raison.  

    Mais quid de voyager ?

    (à suivre)