Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Voyage - Page 24

  • LA MACEDOINE (3)

                            VIREE AU KOSOVO


    Avec 2 490 000 habitants vivant sur une superficie de 25 713 km2, soit environ la moitié de la superficie de la Suisse, la Macédoine est enclavée entre 4 pays: au nord, la Serbie et la Bulgarie, et au sud, la Grèce et l'Albanie.

    L'histoire de la Macédoine est riche à plus d'un égard. 700 ans av. J.C., le royaume de Macédoine est fondé par un peuple d'origine indo-européenne, grecque et illyrienne, sous la dynastie hellénisée des Argéades. Quatre siècles plus tard, Philippe II établit son hégémonie sur les Grecs. Peu à peu, la Macédoine fera d'abord partie de l'Empire d'Orient avec Salonique comme capitale, puis de l'Empire byzantin.

    A l'époque, la partie nord des Balkans, répartie entre la Yougoslavie et l'Albanie, portait le nom d'Illyrie et fut grecque, romaine, puis slave.

    Des tribus slaves, originaires de la région du Dniepr, commencent à envahir l'Illyrie orientale et s'étendent jusqu'à Ohrid et Salonique au IXe s. En l'an 806, les Khan, des Bulgares Krum, commencent la conquête de la Macédoine.


    Un autre événement surgit dans cette tempête coloniale: la traduction des livres saints en macédonien en l'an 863 par Cyrille et Méthode, suivie de l'évangélisation, une véritable "liturgie" byzantine. Ohrid devient rapidement la capitale de l'Empire macédonien.

    Cet équilibre sera éphémère et les Byzantins attaqueront la Macédoine quatre ans plus tard.

    Beaucoup plus tard, en 1282, le belliqueux roi de Serbie, à la moustache dure et abondante, Ouroch II, conquiert le centre de la Macédoine et même Skopje. L'Empire serbe ne fait que se renforcer et ne sera décimé qu'en 1371 par les Turcs voisins qui asserviront à leur tour la Macédoine.

    Le Congrès de Berlin tentera, en vain, en 1878, d'octroyer une autonomie à la Macédoine.Le 2 août 1903, éclate l'insurrection de Saint-Elie à la ville de Monastir en Macédoine et le lendemain même, le 3 août 1903, naît Bourguiba à Monastir en Tunisie. La toponymie de ces deux villes de Monastir et de la troisième du même nom, en Bulgarie, est un autre chapitre à narrer...

    Au caprice du temps et des guerres balkaniques, la petite Macédoine sera dépecée par ses puissants voisins grecs, serbes et bulgares. Ces conquérants jouent au ping-pong avec ce pays et se le cèdent indéfiniment les uns aux autres. Le traité de Neuilly de 1919 rend, par exemple, au royaume de Serbie une partie de la Macédoine conquise.

    La Fédération yougoslave de 1945 englobera la Macédoine jusqu'en 1991, date de la souveraineté tant attendue de la Macédoine, qui accède enfin à l'ONU en 1993, en tant que République présidée par Kiro Gligorov.

    Actuellement, en 1996, la Turquie, l'ennemi héréditaire de la Grèce, commence à faire les yeux doux à la Macédoine. Le loup est dans la bergerie: il est peut-être temps aux Grecs de composer avec la Macédoine. La globalisation mondiale, la prédominance des démocraties de marché et cette Turquie qui veut faire incursion en Macédoine sont autant de facteurs qui pousseront les fougueux et passionnés voisins grecs à reconnaître rapidement cette jeune République.

    VIRÉE AU KOSOVO

    Notre troisième journée commence par un rapide "dobarden" doublé d'un "blagadaran" lancés par un jeune homme filiforme en chemise blanche immaculée, qui nous tend une petite clé qui pend dans un petit anneau métallique noir. Nous voici à bord d'une voiture de location blanche, Daewoo SK429, une véritable boîte à sardines munie d'un capot, louée au prix modique de 16 $ la journée.

    Pareille à un cube de beurre, avec un compteur qui ne marque que 200 km, notre petite voiture blanche arbore le mystère de son petit volant dont le cache en plastique est coupé sur une largeur de 1 cm. L'énigme est simple: cet accroc du volant est la marque même de la firme de location, comme dans certains pays du Sud où le propriétaire d'un café marque son verre par une couleur jaune ou bleue en guise de "sceau" d'identité.

    En moins d'une heure, nous arrivons à la frontière serbe face à une mare d'eau trouble qui nous arrête net. Quatre militaires, mitraillette au poing, nous pressent de payer sur le champ la somme de 5 D.M. pour subir la "désinfection" obligatoire du véhicule qui passera ainsi par cette mare douteuse. Cette désinfection restera énigmatique, mais remplira peut-être la caisse par le contribuable. Notre jeune passager Zied, lui, se fait une joie de quitter le véhicule et de traverser la mare à pied, riant, s'éclaboussant de partout et mettant les nerfs des policiers à fleur de peau.


    Commencent alors les palabres policières pour entrer en Serbie avec des passeports tunisiens

    pourtant exemptés de tout visa. Heureusement que nous avions envoyé une télécopie de l'hôtel annonçant notre passage frontalier dans la journée.

    C'est le début d'une nouvelle épopée sous une pluie cinglante et aveuglante, sur des pistes glissantes à travers champs et plaines à perte de vue, passant du Monténégro au Kosovo pour terminer le séjour dans la triste ville de Pristina, où les heures ont suspendu leur vol depuis la nuit des temps, laissant déambuler au bord de ces avenues, sans âmes ni voitures, des personnes tristes et silencieuses au regard hagard et plein d'amertume.

    Reprenons notre micro-voiture blanche et allons vers les routes sinueuses du Kosovo, cette enclave musulmane et pseudo-albanaise de la Serbie voisine, avant de revenir à notre Macédoine.

    Que dire de Yunco, par exemple, cette grande surface grise de quatre étages où les rayons du rez-de-chaussée présentent, sur plus de 60 mètres, des centaines de rouleaux de papier hygiénique et sur cents autres mètres des dizaines de verres en plastique bleu. Tout un étage peuplé de dizaines de vendeuses qui n'ont que ces deux articles à présenter. Telle est la loi du Kosovo, où les Albanais d'origine n'ont plus que les yeux pour pleurer avec un salaire mensuel moyen de 20$ U.S.

    Pour égayer la journée nous achetons de beaux épis de maïs grillés et des glaces à la vanille rafraîchissantes.

    Des étals épars présentent sur les trottoirs un bric-à-brac qui hélas n'attire pas les clients et rend encore plus triste le visage inexpressif et livide des vendeuses aux longues robes aux couleurs délavées.

    C'est l'heure de retour et la pluie est aveuglante. L'essuie-glace de notre voiture coréenne se retourne sur lui même pour saluer les airs et les cieux. La visibilité est de plus en plus mauvaise. Soudain, sans trop comprendre comment, nous nous retrouvons enlisés dans un fossé profond d'une cinquantaine de centimètres, plein de vase et d'eau boueuse.

    Dieu semble veiller sur les voyageurs. Après trente minutes de calvaire, nous arrivons à sortir notre "Ferrari" du fossé, trempés jusqu'aux os. Notre belle et unique passagère regrette d'avoir choisi de visiter le Kosovo, au lieu d'aller bronzer sur les plages de Santa-Lucia, caressée par les alizés des Caraïbes.

    Après cette virée en Serbie-Montenegro-Kosovo, nous retrouvons avec joie notre hôtel et surtout une bonne douche salvatrice. Un ami juriste, un jeune sexagénaire, au regard fuyant et au savoir généreux, nous invite au bar de l'établissement pour une bière du pays.

    L'atmosphère est calme et les clients sont peu nombreux. Toujours aussi belles, les filles du pays semblent mourir d'ennui et lancent sans trop se fatiguer des sourires attendrissants et aguichants. La bière est fraîche et notre ami, qui a collaboré avec le Maréchal Tito, attend sans trop y croire un avenir incertain et répète à souhait que le mur de Berlin est bel et bien tombé suite à l'ouverture d'une brèche dans l'ancienne Yougoslavie. Peter nous présente la Macédoine en professeur érudit.

    A suivre (Voyage à l'intérieur du pays!)

  • VOYAGE à TUNIS (suite et fin)

    Cérémonie de Fark à El Manar

     

    Dans le monde du voyage on a beau préparer les choses, on tombe souvent à côté et c’est ce changement non voulu, non programmé, ni même souhaité, qui corse et qui pimente la vie du voyageur. Cela se passe ainsi en voyage. Mais pas lors d’une cérémonie de recueillement, de souvenir, et de méditation, d'un Fark. Pour un être cher. Un être disparu.


     

    Il est déjà plus de 19 heures, ce samedi 20 mai. Je m’arrache péniblement à mon bureau, à mon PC et à mon écran…L’heure, c’est l’heure, il faut quitter Ben Arous pour El Manar.

    En fin de parcours, je repère facilement le café « Bella vista » et compte soigneusement : 4e rue à droite et 2e à gauche, pour retrouver la famille de mon ami Cigéviste disparu, Mustapha Belkhiria !

    La surprise est de taille et me rappelle son enterrement trois jours plus tôt, avec plus de 1 000 personnes présentes au cimetière Jellaz de Tunis, sous un soleil de plomb, et même la présence  stoïque de l’ambassadeur du japon, qui affrontait l’incroyable et insolite canicule, en cravate noire…

    Ici, la surprise est autre. C’est l’affolant nombre de voitures parquées de partout embouteillant rues et ruelles. Presque toutes sont allemandes, et souvent sous forme de belles 4*4, Porsche, Jeep, BMW, Mercedes ou Touareg ! Plus elles sont grosses, plus elles encombrent ces rues d’El Manar. Je suis à mon 3e cercle infernal de pâté de maison. De partout hélas ces 4*4 encombrent chaussées et trottoirs.

    La providence aidant, c’est pile devant cette belle maison blanche à la porte du jardin grande ouverte que je trouve de la place pour parquer. Les lumières sont allumées et plusieurs chaises sont installées dans le jardin ! Je rentre, en voulant rapidement saluer ce premier groupe, pour monter ensuite rejoindre la famille à l’habituelle terrasse du haut…quand soudain, un gentleman se lève me regarde dans les yeux, sourit, m’ouvre les bras et lance mon prénom !

    Je l’ai de suite reconnu avec son air altier et son sourire courtois. Cela fait 20 ans que je n’ai plus revu l’homme, qui un jour m’appela en catastrophe à Ben Arous, pour me dire (en 1983 ?) :

     « Viens vite on a besoin de toi !  Panne technique, notre interprète a disparu…viens traduire STP. De suite. »

    Ce n’était plus une demande. Mais un ordre ! Oui mon Général pensais-je tout bas….

    LA surprise était de taille. Elle est inoubliable : Deux policiers m’attendaient à la porte de l’Institut des malvoyants de Ben Arous qui recevait l’honorable visite de sa très gracieuse Majesté, la Reine Elisabeth II d’Angleterre ! Tout simplement…

    Là, dans cette véranda d’El Manar, je revois ce flash et nos belles années du club Kiwanis où ce même monsieur est venu un jour avec le Président Habib Bourguiba, inaugurer une de nos œuvres sociales de l’époque et planter un bel araucaria ….  « J’avais volé au béton » de la chic cité d’El Menzah VI , près de 40 000 m2 de terrain que nous avons transformé en « Kiwanis Garden… ». Un parc sportif, et où je cours encore un matin sur deux, à l’aube naissante !

    Tout ce film ne dura que 2 ou 3 secondes. Je m’attendais à tout sauf à retrouver Si Abdelmajid Karoui, Directeur du Protocole du Président Habib Bourguiba, à cette cérémonie de Fark…

    Pendant une heure et demi, Si Abdelmajid m’a fait rougir cent fois en parlant de mes innombrables œuvres humanitaires au Kiwanis, dont il était membre : des deux ambulances canadiennes à la bombe au cobalt en passant par une série d’écoles, de dispensaires et de la greffe de foi (en première mondiale) à trois bébés tunisiens (Cyrine, Meyssoun et Imèn)  de moins de 24 mois….

    Il parlait, il parlait !  J’étais gêné, gêné, mais je voyais que tout cela lui faisait plaisir. Les huit messieurs qui nous entourent (Grands commis de l’Etat, magistrats, avocats et importants hommes d’affaires) posent moult questions…ils ne connaissaient la bestiole que de nom…. s’intéressent depuis longtemps aux œuvres humanitaires et philanthropiques de notre club Kiwanis et à son fondateur en Tunisie, depuis 1979…

    Arrivent deux élégantes dames qui de suite viennent également me saluer et m’embrasser…bref une véritable réunion de famille ! J’ai même poussé le luxe à demander à mon voisin de gauche, un grand avocat de la place de Tunis, de bien vouloir ne pas, nous imposer la fumée de sa cigarette, de grâce…il fumait comme un pompier ou une locomotive…Légèrement vexé, mais toujours courtois, il déplaça sa chaise et continua à griller sa nième malheureuse et cancérigène cigarette !

    Arrive un garçon en veste blanche avec du thé vert aux pignons flottants  et des petits gâteaux aux pistaches…Je trouvais cela étrange. Lors d’un Fark, cela se termine en principe par un couscous amical et familial et rarement tant de gâteaux avant…

    Si Abdelmajid décide de parler maintenant voyages et CIGV. Je voulais éviter une nouvelle avalanche de termes élogieux et de questions et change moi-même de sujet en parlant de l’Iran qui tient à son énergie atomique etc.

    Soudain, voilà que le monsieur d’en face, la soixantaine bien assise, les moustaches bien taillées et poivrées, saisit un petit paquet rose et commence à en défaire le fin ruban !

    Après ce bain d’amitié un peu saoulé par ces retrouvailles j’ai mis quelques secondes pour réaliser la chose ! Le monsieur était en train de savourer la première dragée rose de ce petit paquet de trois….

    Mmmmmmince ! Tout cela n’est pas catholique ! Aucune orthodoxie ! Les délicieux et nombreux gâteaux aux amendes et aux pistaches cela  passe encore à cette cérémonie funèbre à Tunis, mais des dragées, ce n’est pas possible !

    J’ai la gorge sèche. Je devais sûrement rougir jusqu’à la moelle des os et blêmir de honte et d’inquiétude. Etant encore et toujours très « vieille France » je crois toujours et encore à ce qui se fait et ne se fait pas ! En Tunisie et ailleurs, les dragées (dans de beaux sachets enrubannés) cela est fait pour les mariages et non pour les cérémonies mortuaires!

    Les choses deviennent hélas plus claires ! Les secondes qui passent deviennent pour moi des années ! L’assemblée est toujours courtoise. Aimable et avenante.

     

    Derechef, je pose soudain la question à Si Abdelmajid :

    -         Tu connaissais depuis longtemps, feu notre ami Mustapha Belkhiria ?

     Son silence subit et son sourire figé seront l’impact d’une dague effilée, dans mon cœur !

     

    L’avocat « fume-non-stop » qui a déplacé sa chaise pour m’épargner sa cigarette, saute sur l’occasion :

    -         Il me semble tout simplement, que vous vous êtes trompé de maison docteur…

    Je n’ai plus de voix mais des yeux, ronds comme une bille, qui marquent mon désarroi.

     

    Vingt secondes de silence de plomb ! Une éternité. J’aurai aimé être à trente pieds sous terre !

    L’ancien Directeur du Protocole (retrouve son métier de toujours) reprend rapidement les choses en main. Il se lève me saute amicalement au coup, m’offre encore un gâteau aux pistaches et me dit :

     

    -         Ici, mon ami, c’est une « Dar Farh », (une maison en fête) et non « une maison de deuil ». Se sont les fiançailles de mon neveu Karim.

    Ils tiennent tous à sortir avec moi et m’accompagnent jusqu’à ma voiture….et au Fumeur invétéré de m’expliquer :

     

    Cette maison juste derrière, à la porte également grande ouverte, c’est celle de feu votre ami Mustapha Belkhiria. Ravi de vous avoir connu et merci de votre visite !


     

    Caramba ! Quel quiproquo ! Quel voyage !

    Vers minuit, je quitte la famille Belkhiria en jurant d’écrire cette petite nouvelle qui amuserait  mon ami Mustapha, lui qui aimait tant la vie et les plaisirs et qui nous a quitté sans un Adieu, sans un Aurevoir. La grande faucheuse l’a pris au dépourvu…Paix à ton âme mon ami !

    Ainsi va la vie. De rue en ruelle en passant par ponts et tunnels.

    Les choses de la vie !

     

    Rached Trimèche

    (Tunis, le 20 mai 2006)

  • VOYAGE à TUNIS (suite 2)

    Le Noël de Zi à Malte


     

    En attendant "Le voyage à Tunis" dernier papier de cette série, voici une autre escale!

    Nous sommes dans un pays gigantesque par son histoire et par sa beauté. Je suis à mon quatrième voyage à Malte et j’ai encore des dizaines de merveilles à découvrir. Dire que cette île de Malte n’a pourtant que 50% de la superficie de l’île de Djerba...


    La soirée précédente fut chaude, dure et vibrante. Zi, notre jeune héros de la semaine,  qui se veut Zeus (depuis son voyage au Péloponèse grec) , du haut de ses quatre  ans, pousse et malmène notre taux d'adrénaline.

     

    La veille donc, le soir tombé, mon fils Zi disparaît ! Il devait rester sagement, seul pendant une heure, dans notre vaste chambre d'hôtel, armé de ses jeux électroniques et face à une émission télévisée !

    Une heure après. La découverte. Une chambre vide. En dix minutes, notre hôtel se transforme en champ de bataille ! Une dizaine d’employés le cherchent en criant. Sa maman et moi-même ne savons plus ni quoi faire, ni quoi dire devant cette disparition subite et complète.

    A la 20e longue minute qui pour fut une éternité on nous appelle au bord de la piscine interne de l’hôtel. La catastrophe. Son petit tee short jaune est jeté à côté de ses sandalettes blanches. Pas âme qui vive. L’eau a soudain pour nous une profondeur abyssinique et une couleur satanique. Qu’a fait Lucifer de Zi ? Deux autres minutes de calvaire. Deux années d’asphyxie et de mort lente que ces deux horribles minutes !

    Dans un hôtel de ce rang, on ne s’amuse pas et le Directeur en personne a déjà convoqué la police et les pompiers….

    A la 3e minute,autour de la piscine, voilà soudain, dans un petit coin bien sombre, Zi en train de s’escrimer avec les marches d’escaliers. Tout blême et angoissé ! Son jouet est tombé à l’eau, il voulait le rattraper et ne savait pas encore nager, à 4 ans…Honteux et frigorifié il ne sait plus où se cacher. Le miracle. Il est en vie !

    Il nous refit cela 4 ans plus tard au Sheraton Le Caire (il dormait dans sa chambre...on le retrouva lové à 4 heures du matin dans un large fauteuil de la récéption, avec son Nitendo chéri...après une véritable recherche policière, à l'égyptienne) et encore un an plus tard à Hammamet, quand sa maman ne retrouva de lui que son vélo jeté au milieu de la chaussée, une chaussure en sang…et des voisins qui hurlent…derrière une ambulance….qui démarre en trombe !

    Bref. C’est veille  de Noël et pour conjurer le mauvais sort le Directeur de l’hôtel nous vend sa meilleure table du soir, pour le  dîner spécial, de demain.

    Tout heureux, on passera la journée du lendemain à flâner à travers Malte. Déjà 18h, le temps de récupérer notre petite voiture de location pour rentrer et nous préparer au grand dîner de Noël!

    Mais voilà que dans cette ruelle, Zi me pose une double question :

    -         Dis papa, comment dit-on 6475 en maltais ? (il avait rapidement compris que les chiffres maltais et tunisiens sont identiques !)

     

    -         Dis Papa, c’est quoi cette boite de fromage avec des géraniums rouges?

     

    C’est une grosse et vieille boite de fromage américain transformée en pot de fleur extérieur. Le fruit d'un don US à certains pays, en coopération technique ou humanitaire. Curieuse boite bradée du sigle USA et portant de si jolies fleurs à la fenêtre de cette petite maison jaune. C’est un jaune crétois qui vire sur la moutarde et la belle porte est du siècle passé. Une dizaine d’autres pots de fortune ornent cette grande fenêtre. Zi, curieux comme  une fouine, tient à connaître le nom de toutes ces fleurs…Ce que Zi veut, Dieu veut…

    La maîtresse de maison en tablier bleu et chignon bien ramassé est intriguée par ces trois voyageurs insolites qui regardent de trop près ses joyeuses fleurs…

    Prenant Zi par le bras, elle lui raconte l’histoire de ses fleurs dans un mélange de franco anglo-maltais et nous invite derechef à rentrer pour voir son arbre de Noël….

    L’apéro est royal, l’hôtesse est princière et l’ambiance bon enfant. Le « téléphone maltais » aidant ce sont trois autres membres de la famille qui nous rejoignent des rues voisines. Voilà qu'une porte fenêtre s'ouvre sur un immense et exotique jardin intérieur, où se cache sous un arbre centenaire une somptueuse Porsche rouge rutilante!

    Soudain, c’est le silence, toute la famille se regroupe au fond de la pièce pour un conciliabule mystique, sacré et bien sérieux !

    Le verdict tombe brutalement! Le chef de famille, descendant des Chevaliers de Malte et peut-être de certains Francs Maçons notoires à une requête :

    «  Sir! Notre famille a décidé, au nom du Seigneur Jésus, en ce jour sacré…. »

    Seul le bruit du silence dérange le vol d’une mouche qui se pose sur le nez de Zi…stoïque et maigrichon.

    «  Vous êtes nos hôtes à dîner ! »

    Rien n’y  fait ! Aucun argument ne sera de taille à changer ce verdict maltais. Ni notre dîner déjà payé à prix d’or à notre hôtel, ni le fait qu’on n’osait pas déranger. Rien, nada, nicht, nichts !

    A deux heures du matin nous sommes une quinzaine d’amis heureux à avoir fêté ainsi Noël en famille. Peut-être un de mes plus beaux Noëls….Les bouteilles de champagne se bousculent au portillon du caviar et de la truffe et la Reine dinde n'est plus qu'un vague souvenir... Un dernier bon vin rouge maltais pour la route et on repart comme en Quatorze!

    Sacré Zi, tout cela n’est qu’un début…quand je pense que c’est toi qui a découvert plus tard Radhouane  Charbib, un dimanche matin à Tozeur « The tollest man of the World » 2,36 mètres  et que c’est toi-même qui a écrit au Guiness Book pour finalement l’introduire, le sacraliser et l’immortaliser !

    j’oublies nos autres aventures pendant la guerre du Kosovo quand notre voiture est tombée dans un fossé ou encore notre dernière soirée sur les remparts de Shiraz, en Iran, en 1995, où une belle Iranienne fumant le narguilé t’a conté l’histoire du Roi Darius 1er…que tu aimais…

     

    A toi, cette petite nouvelle, mon très cher Zi, toi mon maître à penser et le sens même de ma vie ! De ta lointaine ville de Timisoara, tu liras cette petite histoire pour ne pas trop stresser avec ta semaine d’examens de ta première année en  pharmacie…

    Je t’aime Zi !

     

    A demain (Suite et fin: "Cérémonie de Fark à El Manar")

  • VOYAGE à TUNIS (suite1)

    Tarte au citron au Swaziland

     

    Le voyage reprend avec tout d’abord ces deux petites aventures de rencontres insolites au cours  de mes voyages,  pour arriver enfin à La rencontre de Tunis du 20 mai 2006 !

     

    C’était à l’approche de Maseru capitale  du Swaziland, il y a près de cinq ans. Déjà.

    Notre petite voiture de location fatiguée par la traversée de l’Afrique du Sud et du Royaume du Lesotho perd son souffle et celui de ses deux passagers éreintés. Les cols de montagne sont vertigineux et c’est le Nord qui nous fait défaut. A force de tourner dans ces vertes montagnes on finit par tourner en rond et aucune âme qui vive pour se renseigner.

    Soudain, apparaît entre deux nuages, un grand chalet blanc, posé délicatement sur une colline. Un sentier nous invite à l’emprunter et une voix lointaine nous pousse à avaler ces quelques kilomètres qui nous séparent du chalet. La porte principale du jardin est ouverte. Pas de gardien. Pas de chien ! Au diable l’avarice, voilà que la colossale porte de hêtre de la maison est entrouverte et semble nous narguer et nous inviter…

    Je sonne à la porte et crie à tue tête  « is some body there ? Hello, Hellllo !). Niet, nada, nicht, nichts. Pourtant un bruit de téléviseur indique que la maison est habitée. Je pousse la porte…mon compagnon de route (Bédefois) abandonne, se rebiffe, a peur et va  se terrer  dans notre petite voiture bleue….

    Je pousse la porte en souriant et tombe face à un étrange spectacle : Un monsieur de 40 ans, les jambes allongées sur une chaise et une canette de bière à la main. Absorbé par son match de foot à la télé il me prie, sans même me regarder,  d’aller voir Leasly à la cuisine qu’il avertit d’un cri explicatif et aigu !

    Elle est là, belle, langoureuse et aguichante. Elle me salut et me fait la bise en me demandant même « How are going today ?».

    La fée du logis se perd entre son four, ses tasses et ses cuillères….Je passe directement à l’évier pour rincer les tasses de café ! A deux on finit au bout de quinze minutes à sortir du four une bonne tarte au citron qui commençait à cramer, à préparer le café et à installer un plateau pour les tasses de café….On rigole tellement et si fort que la mari (pas jaloux mais absorbé par son foot) nous prie d’être plus calmes…

    Nous voilà tous trois assis au salon en train de déguster notre tarte au citron !

    Déjà une heure dans cette maison. Je me rappelle soudain mon pauvre ami Bédefois qui doit rôtir dans notre voiture. Une seule solution, je demande rapidement à notre charmante hôtesse si je pouvais offrir une portion de tarte  à mon « driver » qui est resté dehors !

    Que non voyons ! C’est Bédefois qui nous rejoint…La fête est totale !

    La nuit pointe à l’horizon et cet intermède n’a toujours ni queue ni tête. Bédefois vacille entre la honte, la peur, la joie et la crainte et ne cesse de me répéter « Attends la fin du match et tu verras que ce flegmatique Anglais se posera comme  questions sur notre présence ici… ».

    Par sagesse (peut-être) et à regret certes, on se lance dans de grandes embrassades d’adieu avec la belle blonde aux yeux langoureux et le mari nous jette « see you tomorow John ! ».

     

    Puis, sans aucun renseignement sur la route (je n’y avais plus pensé) on reprend notre chemin  heureux comme un Pape, sans même chercher à comprendre le pourquoi du comment de la chose, de la maison, de cette famille et de cet heureux quiproquo…

    Ainsi est balisée la vie du Voyageur ! Un zeste de hasard, une tranche de bonheur, un parfum de chance, un soupçon de culot et une montagne de bonne humeur !

    Finalement, tout le monde a passé un bon moment. Peut-être qu’un jour  ce couple du Swaziland, du bout du monde…se souviendra de ses visiteurs d’un soir à la tarte au citron…

     

    A demain (suite des aventures, à Malte (Noël)et à Tunis (Fark)!)