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Voyage - Page 19

  • Le Bobby de GIBRALTAR

    L E ROCHER  

    aux singes sans queue


    Gibraltar. (Décembre 1986). Un rocher, isolé à la pointe méridionale de l’ouest de l’Europe, nargue la Méditerranée et ses milliers de navires qui franchissent le détroit de Gibraltar, au large de Tanger, pour passer dans l’Océan Atlantique. Durant plus de sept cent ans, les Arabes ont occupé Gibraltar. Gibraltar doit son nom à Tarak Ibn Zied, le chef maure promoteur de l’invasion de l’Espagne. Tarak Ibn Zied donna rapidement le début de son nom au rocher ou « jebel », pour former le nom Jebel Tarak, transformé plus tard par les Espagnols en Gibraltar. Aujourd’hui, 32 000 personnes vivent sur ce rocher, en dehors du temps, jouissant d’un passeport britannique et d’une frontière enfin rouverte avec l’Espagne.

    Perchés sur la cime d’un vieux rocher qui contrôle le détroit de Gibraltar, de charmants petits singes, appelés « Barbary Apes », y vivent en liberté. Ces singes sont arrivés en même temps que Tarak Ibn Zied et sont restés, depuis, le symbole de ce micro-pays. Pays à l’orée de l’Espagne et dépendant entièrement de la Grande Bretagne. Pour combien de temps encore ?

    Une heure et demie d’avion de Barcelone à Malaga. Un taxi collectif ultra rapide nous mène à la ville voisine de Torremolinos, et là, l’achat d’un billet de bus nocturne pour découvrir les quatre heures et demie de route qui nous séparent de La Linea. Bien installé au fond du bus, l’objectif de la ville européenne la plus au sud du continent devient réalité. La Linea sera le bout de cette course folle pour aller ensuite à Gibraltar. Petit à petit, le paysage se transforme au passage de Marbella et de ses somptueuses demeures des Mille et Une Nuits, toutes illuminées.
    Une pensée pieuse pour tous ces milliardaires du monde qui élisent domicile ici, depuis Kassoghi, le puissant homme d’affaires, au grand acteur américain Sean Connery au repos, en passant par certains princes et retraités aux épais chéquiers, en quête de soleil sur la Costa del Sol.
    La nuit tombe complètement et les paysages deviennent de plus en plus exotiques avec des palmiers, des agaves, des hibiscus et des bougainvilliers qui bordent notre chemin vers La Linea. Vingt-deux heures, nous voici arrivés.
    Le premier hôtel, qui est juste une louche pension au-dessus du bistrot du coin, nous accueille. Les yeux hagards, une barbe envahissante, les cheveux ébouriffés, enveloppés de larges trench-coats, les jeunes consommateurs, frontaliers anglo-espagnols, ne se privent guère des grandes bouteilles de bières pour combattre le froid extérieur et l’oisiveté du village...
    Le nouvel arrivé, porteur d’une valise bleu et encore cravaté par-dessus le marché, ne plaît guère à l’assistance... Rapide, le tenancier du café me fait grimper les trois étages de l’établissement dans une obscurité presque absolue. À peine ai-je posé ma valise sur un coin du lit – faute d’autre place – que je claque la porte et quitte cette mansarde pour aller m’enquérir de Gibraltar, but de notre voyage.

    La frontière

    « Mais Monsieur, c’est là, devant vous, oui, c’est bien Gibraltar... » . Je le remerciai d’un rapide « Muchisimas Gracias » et restai néanmoins sur ma faim, ne voyant ni Gibraltar, ni mirage du soir. Ce n’est même pas un tour de myopie, mais je ne vois à travers mes lunettes qu’une longue avenue bordée de palmiers, qui commence à vingt mètres de notre hôtel-pension pour finir deux cent mètres plus loin dans une nouvelle obscurité. Seul dans ce désert nocturne et malgré l’avis d’autres passants, je m’aventure dans cette longue avenue, en prenant soin de bien marcher au centre afin d’éviter les mauvaises surprises du soir...
    Au bout de cinq minutes, un Bobby, policier britannique, parachuté de je ne sais où, m’arrête avec un ancestral et ô combien poli « Your passport, Sir ».

    Ça y est ! C’est enfin Gibraltar. Nous sommes bien à la « frontière ». L’officier britannique, d’un flegme bien connu, remplit soigneusement la fiche de renseignements du visiteur de 22h 22...
    Une fois dans le « pays », il ne reste qu’à visiter, comme tous les autochtones, le casino. Imaginez un antre du siècle passé, au plafond haut et doré, aux boiseries craquantes et aux couleurs fanées. Je retrouverai le vieux Wellington de Nouvelle Zélande, visité il y a plus de 15 ans, ou encore certains édifices de Sydney aux couleurs vieille Angleterre. Dans la première salle, des dames septuagénaires aux lunettes rivées sur le nez, cochent soigneusement les cases de leur bingo. Ce soir, la mise est de mille livres sterling.

    Dans une autre salle, ce sont les habituels jack pot, la roulette russe et les tapis verts qui attendent certains joueurs...

    J’allais, au bout de cinq minutes, quitter cet endroit bien étrange pour moi et guère attirant, quand me voilà apostrophé par un colosse sexagénaire à la lourde moustache blonde qui me demande pourquoi je quitte déjà ces lieux...

    Le voyage va commencer!

    à suivre...

  • Comment voyager en 2009?

    Voyager

    dans l’espace

    Voyager sans risques, sans un certain brin de folie, sans humour et sans fantaisie est-il encore voyager? Comment réaliser ce rêve demain ?

    En 2009, un petit avion aux drôles d’ailes pliées et un intérieur minimaliste pour laisser les voyageurs se concentrer sur la planète bleue : Richard Branson a dévoilé, en septembre 2006, à New York une partie de son engin spatial, destiné à ouvrir le voyage dans l’espace au plus grand nombre. Maîtres mots du projet : sûr, écologique, accessible, a insisté le milliardaire britannique, en dévoilant sur fond de musique planante et de jeux de lumière une immense maquette de ce que sera l’intérieur de «SpaceShip Two», l’appareil de Virgin Galactic en cours de construction dans le désert Mojave (ouest des Etats-Unis).

    Aventurier touche-à-tout, Branson rêve que des millions de gens puissent visiter l’espace, promet d’en démocratiser l’accès, imagine déjà des bases de lancement en Australie, en Suède, en Grande-Bretagne. «Notre but est de construire le premier système de lancement spatial au monde sans dommage pour l’environnement et de prouver la viabilité commerciale d’un système sûr qui à la fin pourra transporter équipement, science et personnes». Et «nous espérons que des millions de gens iront dans l’espace», a-t-il dit lors d’une conférence de presse en présence de Buzz Aldrin, l’astronaute qui marcha sur la lune. Virgin Galactic, qui veut dans l’immédiat construire cinq vaisseaux, prévoit son premier vol début 2009. L’engin sera un petit appareil décollant depuis le dos d’un autre avion et transportant six passagers et deux pilotes à 120 km au-dessus de la Terre, pour un quart d’heure en apesanteur. Conçu par Burt Rutan, il sera une version améliorée du vaisseau de l’Américain, Spaceship One, premier engin civil à avoir effectué des vols suborbitaux en 2004. L’intérieur sera blanc et minimaliste, avec des sièges devenant couchettes pour un retour dans l’atmosphère moins rude et des hublots ronds posés partout, du sol au plafond. «C’est un projet magnifique car il s’inscrit dans l’histoire de l’Humanité, du rêve d’Icare aux premiers vols», a expliqué le designer, qui imagine un projet le plus épuré possible «afin d’être le plus proche du rêve».

    Sur les traces de l’Iranienne Anousheh Ansari le Voyageur de l’an 2009 goûtera à l’ivresse de l’Espagne et comme une autre Iranienne lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2005, Shirine Ebadi, il criera la Paix, il clamera le Tolérance et il chantera l’Amour. Des valeurs universelles qui donnent à l’homme de la grandeur et…de l’humanisme !

    Le Grand voyageur, adepte d’Icare et prisonnier de ses innombrables fantasmes sera fidèle au rendez vous spatial, pour une nouvelle aventure humaine.  Sans autre pareille !

  • VOYAGE à TUNIS (suite et fin)

    Cérémonie de Fark à El Manar

     

    Dans le monde du voyage on a beau préparer les choses, on tombe souvent à côté et c’est ce changement non voulu, non programmé, ni même souhaité, qui corse et qui pimente la vie du voyageur. Cela se passe ainsi en voyage. Mais pas lors d’une cérémonie de recueillement, de souvenir, et de méditation, d'un Fark. Pour un être cher. Un être disparu.


     

    Il est déjà plus de 19 heures, ce samedi 20 mai. Je m’arrache péniblement à mon bureau, à mon PC et à mon écran…L’heure, c’est l’heure, il faut quitter Ben Arous pour El Manar.

    En fin de parcours, je repère facilement le café « Bella vista » et compte soigneusement : 4e rue à droite et 2e à gauche, pour retrouver la famille de mon ami Cigéviste disparu, Mustapha Belkhiria !

    La surprise est de taille et me rappelle son enterrement trois jours plus tôt, avec plus de 1 000 personnes présentes au cimetière Jellaz de Tunis, sous un soleil de plomb, et même la présence  stoïque de l’ambassadeur du japon, qui affrontait l’incroyable et insolite canicule, en cravate noire…

    Ici, la surprise est autre. C’est l’affolant nombre de voitures parquées de partout embouteillant rues et ruelles. Presque toutes sont allemandes, et souvent sous forme de belles 4*4, Porsche, Jeep, BMW, Mercedes ou Touareg ! Plus elles sont grosses, plus elles encombrent ces rues d’El Manar. Je suis à mon 3e cercle infernal de pâté de maison. De partout hélas ces 4*4 encombrent chaussées et trottoirs.

    La providence aidant, c’est pile devant cette belle maison blanche à la porte du jardin grande ouverte que je trouve de la place pour parquer. Les lumières sont allumées et plusieurs chaises sont installées dans le jardin ! Je rentre, en voulant rapidement saluer ce premier groupe, pour monter ensuite rejoindre la famille à l’habituelle terrasse du haut…quand soudain, un gentleman se lève me regarde dans les yeux, sourit, m’ouvre les bras et lance mon prénom !

    Je l’ai de suite reconnu avec son air altier et son sourire courtois. Cela fait 20 ans que je n’ai plus revu l’homme, qui un jour m’appela en catastrophe à Ben Arous, pour me dire (en 1983 ?) :

     « Viens vite on a besoin de toi !  Panne technique, notre interprète a disparu…viens traduire STP. De suite. »

    Ce n’était plus une demande. Mais un ordre ! Oui mon Général pensais-je tout bas….

    LA surprise était de taille. Elle est inoubliable : Deux policiers m’attendaient à la porte de l’Institut des malvoyants de Ben Arous qui recevait l’honorable visite de sa très gracieuse Majesté, la Reine Elisabeth II d’Angleterre ! Tout simplement…

    Là, dans cette véranda d’El Manar, je revois ce flash et nos belles années du club Kiwanis où ce même monsieur est venu un jour avec le Président Habib Bourguiba, inaugurer une de nos œuvres sociales de l’époque et planter un bel araucaria ….  « J’avais volé au béton » de la chic cité d’El Menzah VI , près de 40 000 m2 de terrain que nous avons transformé en « Kiwanis Garden… ». Un parc sportif, et où je cours encore un matin sur deux, à l’aube naissante !

    Tout ce film ne dura que 2 ou 3 secondes. Je m’attendais à tout sauf à retrouver Si Abdelmajid Karoui, Directeur du Protocole du Président Habib Bourguiba, à cette cérémonie de Fark…

    Pendant une heure et demi, Si Abdelmajid m’a fait rougir cent fois en parlant de mes innombrables œuvres humanitaires au Kiwanis, dont il était membre : des deux ambulances canadiennes à la bombe au cobalt en passant par une série d’écoles, de dispensaires et de la greffe de foi (en première mondiale) à trois bébés tunisiens (Cyrine, Meyssoun et Imèn)  de moins de 24 mois….

    Il parlait, il parlait !  J’étais gêné, gêné, mais je voyais que tout cela lui faisait plaisir. Les huit messieurs qui nous entourent (Grands commis de l’Etat, magistrats, avocats et importants hommes d’affaires) posent moult questions…ils ne connaissaient la bestiole que de nom…. s’intéressent depuis longtemps aux œuvres humanitaires et philanthropiques de notre club Kiwanis et à son fondateur en Tunisie, depuis 1979…

    Arrivent deux élégantes dames qui de suite viennent également me saluer et m’embrasser…bref une véritable réunion de famille ! J’ai même poussé le luxe à demander à mon voisin de gauche, un grand avocat de la place de Tunis, de bien vouloir ne pas, nous imposer la fumée de sa cigarette, de grâce…il fumait comme un pompier ou une locomotive…Légèrement vexé, mais toujours courtois, il déplaça sa chaise et continua à griller sa nième malheureuse et cancérigène cigarette !

    Arrive un garçon en veste blanche avec du thé vert aux pignons flottants  et des petits gâteaux aux pistaches…Je trouvais cela étrange. Lors d’un Fark, cela se termine en principe par un couscous amical et familial et rarement tant de gâteaux avant…

    Si Abdelmajid décide de parler maintenant voyages et CIGV. Je voulais éviter une nouvelle avalanche de termes élogieux et de questions et change moi-même de sujet en parlant de l’Iran qui tient à son énergie atomique etc.

    Soudain, voilà que le monsieur d’en face, la soixantaine bien assise, les moustaches bien taillées et poivrées, saisit un petit paquet rose et commence à en défaire le fin ruban !

    Après ce bain d’amitié un peu saoulé par ces retrouvailles j’ai mis quelques secondes pour réaliser la chose ! Le monsieur était en train de savourer la première dragée rose de ce petit paquet de trois….

    Mmmmmmince ! Tout cela n’est pas catholique ! Aucune orthodoxie ! Les délicieux et nombreux gâteaux aux amendes et aux pistaches cela  passe encore à cette cérémonie funèbre à Tunis, mais des dragées, ce n’est pas possible !

    J’ai la gorge sèche. Je devais sûrement rougir jusqu’à la moelle des os et blêmir de honte et d’inquiétude. Etant encore et toujours très « vieille France » je crois toujours et encore à ce qui se fait et ne se fait pas ! En Tunisie et ailleurs, les dragées (dans de beaux sachets enrubannés) cela est fait pour les mariages et non pour les cérémonies mortuaires!

    Les choses deviennent hélas plus claires ! Les secondes qui passent deviennent pour moi des années ! L’assemblée est toujours courtoise. Aimable et avenante.

     

    Derechef, je pose soudain la question à Si Abdelmajid :

    -         Tu connaissais depuis longtemps, feu notre ami Mustapha Belkhiria ?

     Son silence subit et son sourire figé seront l’impact d’une dague effilée, dans mon cœur !

     

    L’avocat « fume-non-stop » qui a déplacé sa chaise pour m’épargner sa cigarette, saute sur l’occasion :

    -         Il me semble tout simplement, que vous vous êtes trompé de maison docteur…

    Je n’ai plus de voix mais des yeux, ronds comme une bille, qui marquent mon désarroi.

     

    Vingt secondes de silence de plomb ! Une éternité. J’aurai aimé être à trente pieds sous terre !

    L’ancien Directeur du Protocole (retrouve son métier de toujours) reprend rapidement les choses en main. Il se lève me saute amicalement au coup, m’offre encore un gâteau aux pistaches et me dit :

     

    -         Ici, mon ami, c’est une « Dar Farh », (une maison en fête) et non « une maison de deuil ». Se sont les fiançailles de mon neveu Karim.

    Ils tiennent tous à sortir avec moi et m’accompagnent jusqu’à ma voiture….et au Fumeur invétéré de m’expliquer :

     

    Cette maison juste derrière, à la porte également grande ouverte, c’est celle de feu votre ami Mustapha Belkhiria. Ravi de vous avoir connu et merci de votre visite !


     

    Caramba ! Quel quiproquo ! Quel voyage !

    Vers minuit, je quitte la famille Belkhiria en jurant d’écrire cette petite nouvelle qui amuserait  mon ami Mustapha, lui qui aimait tant la vie et les plaisirs et qui nous a quitté sans un Adieu, sans un Aurevoir. La grande faucheuse l’a pris au dépourvu…Paix à ton âme mon ami !

    Ainsi va la vie. De rue en ruelle en passant par ponts et tunnels.

    Les choses de la vie !

     

    Rached Trimèche

    (Tunis, le 20 mai 2006)

  • VOYAGE à TUNIS (suite 2)

    Le Noël de Zi à Malte


     

    En attendant "Le voyage à Tunis" dernier papier de cette série, voici une autre escale!

    Nous sommes dans un pays gigantesque par son histoire et par sa beauté. Je suis à mon quatrième voyage à Malte et j’ai encore des dizaines de merveilles à découvrir. Dire que cette île de Malte n’a pourtant que 50% de la superficie de l’île de Djerba...


    La soirée précédente fut chaude, dure et vibrante. Zi, notre jeune héros de la semaine,  qui se veut Zeus (depuis son voyage au Péloponèse grec) , du haut de ses quatre  ans, pousse et malmène notre taux d'adrénaline.

     

    La veille donc, le soir tombé, mon fils Zi disparaît ! Il devait rester sagement, seul pendant une heure, dans notre vaste chambre d'hôtel, armé de ses jeux électroniques et face à une émission télévisée !

    Une heure après. La découverte. Une chambre vide. En dix minutes, notre hôtel se transforme en champ de bataille ! Une dizaine d’employés le cherchent en criant. Sa maman et moi-même ne savons plus ni quoi faire, ni quoi dire devant cette disparition subite et complète.

    A la 20e longue minute qui pour fut une éternité on nous appelle au bord de la piscine interne de l’hôtel. La catastrophe. Son petit tee short jaune est jeté à côté de ses sandalettes blanches. Pas âme qui vive. L’eau a soudain pour nous une profondeur abyssinique et une couleur satanique. Qu’a fait Lucifer de Zi ? Deux autres minutes de calvaire. Deux années d’asphyxie et de mort lente que ces deux horribles minutes !

    Dans un hôtel de ce rang, on ne s’amuse pas et le Directeur en personne a déjà convoqué la police et les pompiers….

    A la 3e minute,autour de la piscine, voilà soudain, dans un petit coin bien sombre, Zi en train de s’escrimer avec les marches d’escaliers. Tout blême et angoissé ! Son jouet est tombé à l’eau, il voulait le rattraper et ne savait pas encore nager, à 4 ans…Honteux et frigorifié il ne sait plus où se cacher. Le miracle. Il est en vie !

    Il nous refit cela 4 ans plus tard au Sheraton Le Caire (il dormait dans sa chambre...on le retrouva lové à 4 heures du matin dans un large fauteuil de la récéption, avec son Nitendo chéri...après une véritable recherche policière, à l'égyptienne) et encore un an plus tard à Hammamet, quand sa maman ne retrouva de lui que son vélo jeté au milieu de la chaussée, une chaussure en sang…et des voisins qui hurlent…derrière une ambulance….qui démarre en trombe !

    Bref. C’est veille  de Noël et pour conjurer le mauvais sort le Directeur de l’hôtel nous vend sa meilleure table du soir, pour le  dîner spécial, de demain.

    Tout heureux, on passera la journée du lendemain à flâner à travers Malte. Déjà 18h, le temps de récupérer notre petite voiture de location pour rentrer et nous préparer au grand dîner de Noël!

    Mais voilà que dans cette ruelle, Zi me pose une double question :

    -         Dis papa, comment dit-on 6475 en maltais ? (il avait rapidement compris que les chiffres maltais et tunisiens sont identiques !)

     

    -         Dis Papa, c’est quoi cette boite de fromage avec des géraniums rouges?

     

    C’est une grosse et vieille boite de fromage américain transformée en pot de fleur extérieur. Le fruit d'un don US à certains pays, en coopération technique ou humanitaire. Curieuse boite bradée du sigle USA et portant de si jolies fleurs à la fenêtre de cette petite maison jaune. C’est un jaune crétois qui vire sur la moutarde et la belle porte est du siècle passé. Une dizaine d’autres pots de fortune ornent cette grande fenêtre. Zi, curieux comme  une fouine, tient à connaître le nom de toutes ces fleurs…Ce que Zi veut, Dieu veut…

    La maîtresse de maison en tablier bleu et chignon bien ramassé est intriguée par ces trois voyageurs insolites qui regardent de trop près ses joyeuses fleurs…

    Prenant Zi par le bras, elle lui raconte l’histoire de ses fleurs dans un mélange de franco anglo-maltais et nous invite derechef à rentrer pour voir son arbre de Noël….

    L’apéro est royal, l’hôtesse est princière et l’ambiance bon enfant. Le « téléphone maltais » aidant ce sont trois autres membres de la famille qui nous rejoignent des rues voisines. Voilà qu'une porte fenêtre s'ouvre sur un immense et exotique jardin intérieur, où se cache sous un arbre centenaire une somptueuse Porsche rouge rutilante!

    Soudain, c’est le silence, toute la famille se regroupe au fond de la pièce pour un conciliabule mystique, sacré et bien sérieux !

    Le verdict tombe brutalement! Le chef de famille, descendant des Chevaliers de Malte et peut-être de certains Francs Maçons notoires à une requête :

    «  Sir! Notre famille a décidé, au nom du Seigneur Jésus, en ce jour sacré…. »

    Seul le bruit du silence dérange le vol d’une mouche qui se pose sur le nez de Zi…stoïque et maigrichon.

    «  Vous êtes nos hôtes à dîner ! »

    Rien n’y  fait ! Aucun argument ne sera de taille à changer ce verdict maltais. Ni notre dîner déjà payé à prix d’or à notre hôtel, ni le fait qu’on n’osait pas déranger. Rien, nada, nicht, nichts !

    A deux heures du matin nous sommes une quinzaine d’amis heureux à avoir fêté ainsi Noël en famille. Peut-être un de mes plus beaux Noëls….Les bouteilles de champagne se bousculent au portillon du caviar et de la truffe et la Reine dinde n'est plus qu'un vague souvenir... Un dernier bon vin rouge maltais pour la route et on repart comme en Quatorze!

    Sacré Zi, tout cela n’est qu’un début…quand je pense que c’est toi qui a découvert plus tard Radhouane  Charbib, un dimanche matin à Tozeur « The tollest man of the World » 2,36 mètres  et que c’est toi-même qui a écrit au Guiness Book pour finalement l’introduire, le sacraliser et l’immortaliser !

    j’oublies nos autres aventures pendant la guerre du Kosovo quand notre voiture est tombée dans un fossé ou encore notre dernière soirée sur les remparts de Shiraz, en Iran, en 1995, où une belle Iranienne fumant le narguilé t’a conté l’histoire du Roi Darius 1er…que tu aimais…

     

    A toi, cette petite nouvelle, mon très cher Zi, toi mon maître à penser et le sens même de ma vie ! De ta lointaine ville de Timisoara, tu liras cette petite histoire pour ne pas trop stresser avec ta semaine d’examens de ta première année en  pharmacie…

    Je t’aime Zi !

     

    A demain (Suite et fin: "Cérémonie de Fark à El Manar")