Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

guerre - Page 2

  • Yes, we can?

    No, we can’t !

     

     

    La seule « Guerre » au monde

    où des civils, pris au piège d’un féroce blocus, ne peuvent fuir !

     mort.jpg

    La honte de l’humanité

    La désolation online

     

    Quand espoir rime avec fatalité

    Quand Force rime avec aveuglement

     

     

     

    On ne peut que rechercher des icônes fictives pour calmer douleur et désolation et pour un jour, peut-être, re-conjuguer la Paix!

  • Une boule de qat salvatrice(fin)

     Fuite en

    Qat Airways


      Suite et fin du périple somalien.Nous essayons de restreindre nos mouvements au centre-ville de Mogadiscio pour éviter les balles perdues et les kidnappeurs sanguinaires et hirsutes.

     

    Sauf que le cadran de ma montre transforme ce moment en angoisse profonde, empreinte d’une petite peur bien dissimulée ! Et si mon avion ne partait pas ce soir ?

     

    1909893d58c87021a076650b1fd9085c.jpg

    Et si toutes mes informations étaient fausses ? Et si j’étais condamné à pourrir dans ce pays ? Pour balayer toutes ces idées noires et saugrenues, je décide de foncer vers l’emplacement de l’aéroport clandestin. Au bout d’une heure de marche, Ali qui glisse dans la brousse comme un marsouin dans l’eau, nous conduit dans une vallée traversée par un long sentier battu et bordé de deux collines sauvages. J’avoue que mon scepticisme ne fait qu’augmenter. Est ce d’ici que partirait mon avion ? J’avais pourtant, pendant six mois, téléphoné à des dizaines de personnes pour m’assurer que cet aéroport existait…


    Soudain, un vrombissement infernal envahi la place. Je pensai à un essaim de sauterelles que j’avais affronté un jour au Niger, aux oiseaux de Hitchcock ou encore à la guerre des étoiles, tellement tout cela est rapide et envahissant….


    Il est là, gris, doté de deux hélices énormes. Il nous pique sur la tête sans crier gare, tout en cherchant sa pseudo piste d’atterrissage. C’est encore un vieil avion russe, jeune de quarante ans peut-être, qui atterrit sans précaution aucune. En un clin d’œil, une dizaine de personnes arrive à bord de vieilles 4*4 poussiéreuses.

    En un tournemain, une cinquantaine de mystérieux sacs de 30 ou 20 Kg sont minutieusement rangés face à l’avion dans un ordre quasi parfait.

     5f80333b20b205bc8f5932a277d925eb.jpg

    Dans un rituel ancestral, les sacs de qat fraîchement récolté prennent place à bord de l’avion et seront vendus, une heure plus tard, à Hargeisa, où ils sont attendus par l’ensemble de la population, impatiente d’acheter sa ration de qat chaque début d’après midi pour « brouter » et partir ainsi, jusqu’au soir tombant vers un voyage hallucinant. Mâché longuement le qat est bloqué en boule contre la joue, pour libérer lentement ses précieux et légers hallucinogènes. La Somalie en produit et le Somaliland en consomme. Un peu plus loin, le Yémen et l’Ethiopie restent les plus grands producteurs de qat qu’ils vendent, chaque début d’après midi, à l’ensemble de la population et à certains voisins tels que la République de Djibouti.

    Très correct, le pilote chauffeur-convoyeur accepte mon marchandage. Pour le prix de deux sacs de qat qu’il enlève (et qu’il vendra plus tard), j’ai droit à un retour à Hargeisa en avion-qat ou « Qat Airways ».

    Ballotté, fatigué et enfouis parmi les gros sacs, je ne suis ni déprimé, ni angoissé, mais bel et bien heureux ! Quelle chance que de pouvoir, en quelques jours, quitter le sillon d’une vie ordonnée et planifiée, pour retrouver encore et encore ses 20 ans et s’offrir le luxe de partir à l’aventure ! L’homme, cet heureux accident de la nature, n’a de cesse que de rêver, d’avancer, d’aller plus loin et d’affronter le dit impossible. C’est peut-être la somme des petits défis quotidiens qui donnent un sens à notre vie.

     e302d3e3e9de43697d5c14413c88edae.jpg

    Merci à celui qui m’offrit, pour mes dix ans, un petit timbre-poste, avec une double énigme qui me poussa « à courir le monde ». C’était un timbre du Royaume du Laos arborant un éléphant. Je voulais visiter le Laos et voir un véritable éléphant ! Merci à celui qui est en moi à chaque minute de la vie, mon guide, mon mentor, mon père.

    Puisse un jour le Somaliland être reconnu par ses pairs et devenir ainsi, pour la région, un exemple de sérieux, d’organisation et d’essor économique !

    R.T. www.cigv.com

  • Voyage de nuit (4)

     De Hargeisa

    à Mogadiscio

     .

    Il est déjà minuit en Somaliland, mon baluchon sur le dos, j’attends stoïquement, le cœur battant, l’arrivée maintes fois confirmée de cinq 4*4.

    Le suspens me brouille l’esprit, me saisit la gorge et m’anesthésie presque sous le porche de notre hôtel. Cela fait des mois que je tente avec une équipe de Médecins Sans Frontières, de faire le voyage Hargeisa-Mogadiscio. La solution est au fait simple et logique. Ces jeunes et courageux médecins s’attaquent à un impitoyable foyer de variole, au sud de la Somalie , tout en gardant une base arrière en Somaliland. Le dernier convoi du mois précèdent a fait quatorze morts dont un médecin. C’est ce dernier que je remplace pour ce voyage qui me permettra d’accéder à la ville de Mogadiscio.
    32b5578ffc75091c7da166a894f09897.jpg
    Elles sont là, belles, rutilantes, et noires.
    Elles démarrent, suivies de trois petits camions empruntant la seule route asphaltée du pays. La nuit est profonde, et nos 4*4 foncent tous feux éteints, vers la Somalie. Partagé entre le sommeil, l’angoisse et l’euphorie, je passe ces heures de voyage en écoutant le récit de mes trois amis médecins. Le premier est Kenyan, le second Algérien et le troisième Italien. J’espère trouver le temps un jour de raconter la saga de ces héros des temps modernes, sans qui la variole envahirait tout le continent et franchirait allègrement la Méditerranée. Il est cinq heures du matin, Mogadiscio s’éveille sans Bécaud aucun. Le contrat moral de mon transporteur bénévole s’arrête à l’entrée de cette immense bourgade. Tout cela était prévu et je dois être présent à treize heures, à l’autre bout de la ville, dans un petit aéroport clandestin, pour rentrer enfin à Hargeisa.

    Les taxes sont inexistantes au pays 
    Cette petite journée au pays des fous mérite à elle seule tout un Astrolabe de narration. Comment expliquer la fureur, la haine, la bêtise, l’aveuglement et la hantise des parias qui dirigent cet ersatz de pays ?


    Un peu plus vaste que la France et dix fois moins peuplée, la Somalie occupe la corne de l’Afrique avec une savane qui couvre 60% du pays. I

    ndépendante depuis 1960, elle a vu sa constitution s’effondrer en 1991, avec un chef d’Etat désigné et 20 parlementaires, sur 245, nommés par Djibouti. Treize ans de guerre civile créent une véritable économie de contrebande en l’absence d’Etat. Les ports de Bossasso et de Berbara viennent de rouvrir et permettent à la Somalie d’exporter du bétail, des bananes, de la myrrhe et des encens, principalement vers l’Arabie Saoudite. Oublié par les grands argentiers de la planète, le pays accélère la marche de sa planche à billet et les trafiquants impriment leurs shillings somaliens en Indonésie. Les taxes étant inexistantes au pays, cela permet aux trafiquants de tous poils d’importer des produits d’Asie du Sud-est et de les revendre aux pays voisins à de bas prix.


    Depuis la fermeture de l’aéroport de Mogadiscio en 1995 et en l’absence d’un service bancaire, le gouvernement crée la B.U .S. Banque Universelle de Somalie, qui vient épauler les huit « hawalas » ou sociétés de transferts de fonds.

    Mais le triste « september Eleven » a gelé l’avoir de ces derniers en Amérique, W. Bush soupçonnant ces hawalas de soutenir le réseau de Ben Laden. Une première lueur pour sortir ce pays de son encerclement et étouffement vient sous la forme de petites compagnies aériennes privées qui désenclavent le pays en attendant des jours meilleurs !

    Mon nouveau compagnon n’a que douze ans. Hirsute et filiforme, Ali me conduit à travers les champs de la ville. Soudain, mon pied heurte une timbale blanche décorée d’oiseaux bleus. Le sang séché sur l’anse évoque de sinistres souvenirs. Quel est l’enfant qui fut ravagé par une balle perdue ou volontaire avec sa timbale en main ? La larme à l’œil je prends délicatement cette timbale et la remplie tout au long de notre marche de plusieurs douilles perdues. Ils feront avec moi le voyage de Tunis.

    La ville s’éveille.

     Ça et là fleurissent de nouveaux étals de toutes sortes. Le premier marchand vend des pastèques, le second des tee-shirts, le troisième de la poudre de riz et de sorgho et le quatrième des chaussures. Mais avec Ali on avait un autre shopping en tête. Au bout de deux heures de recherches, nous tombâmes sur le bon marchand. Après un rapide conciliabule, j’achetais une liasse de dix centimètres d’épaisseur de billets de banque somaliens et enfin, pour le deal, pour le jeu, pour l’aventure, là, en pleine rue, un véritable et authentique passeport somalien. Vert et orné d’une étoile dorée, il n’attend que la photo de son nouveau propriétaire. Pour 25 US$ j’avais un nouveau document de voyage, très recherché par une certaine mafia qui arrive à obtenir ainsi un salvateur asile politique en Grande Bretagne surtout. Mon petit « Musée du Voyageur » de Tunis s’enrichira d’un nouveau trophée !

    Curieux pays de Punt

    « Et pourtant elle tourne » disait Galilée ! Elle fut pourtant grande et illustre, cette Somalie ou Terre de Punt, nommée Pouanit par les Egyptiens et Aromates par les Romains, Bar El Agaiéb ou Bilad Somal ou Zumal (peuple riche en bétail) par les Arabes. Quant au nom même de Somalie, il vient de « soo mal » ou « va traire » en somali, la langue du pays, en allusion à : « va traire du lait que tu offriras à tes hôtes ! » Tel était déjà le sultanat de Harrar en 1400, avant de subir l’invasion des Portugais en 1506 et le protectorat anglais en 1887. Le nord, future République de Somaliland, est occupé par les Anglais. Les Français prennent la côte qu’ils appellent Côtes françaises de Somalie et, au sud, les Italiens se chargent du Jubalaland, qui deviendra colonie en 1905.

    Après la cession, par l’Angleterre, en 1948, de l’Ogaden à l’Ethiopie, l’Italie reçoit un mandat onusien de 10 ans pour administrer le pays. Indépendance de la Britsih Somalia du nord, qui fusionne alors avec Somalia italiana en 1960, pour former enfin la République de Somalie. Siyad Barré fomente son célèbre coup d’Etat en 1969, perd l’Ogaden et fait adhérer son pays à la ligue arabe. Les soviétiques prennent pied mais seront expulsés 10 ans plus tard, en 1989, aux émeutes de Mogadischio. L’évêque Mgr Salvatore Colombo est assassiné, Barré finira par fuir et le Somaliland se déclare ainsi République indépendante en 1991. Pour restaurer l’équilibre, l’ONU s’enlise et instaure « Restore hope et Provide Relief ». L’Amérique participe avec 28 150 soldats et signe avec le général Aïdid en 1992 une paix précaire. Une simple trêve qui sera suspendue, en 1995, après la perte de centaines de casques bleus. Les milices ne sont pas désarmées et la paix civile est absente !

    Nous essayons de restreindre nos mouvements au centre-ville pour éviter les balles perdues et les kidnappeurs sanguinaires et hirsutes... et....voilà que...
                       

                      (à suivre : Comment quitter ce pays ?)

     

  • Vouloir la Somalie...

    Daallo Airlines

    Voyage en enfer

    Hargeisa. (Janvier 2003). Comment diable aller à Mogadiscio quand on sait que la Somalie est, non seulement un pays fermé, mais surtout dirigé par une douzaine de chefs de rébellion qui tuent à tour de bras ?

    Leurs soldats ou leurs « tueurs » vous ôtent la vie pour une simple cigarette, pour un café, ou même pour une simple ration aphrodisiaque de Qat.


    8bc6b7c329062a1ad3396b87325dbbd4.jpgMogadiscio n’a ni aéroport international opérationnel, ni hôtel en fonction. Et pourtant, je veux y aller. Conjurer le sort, affronter l’impossible et envisager ce départ est déjà un stimulant sans pareil. C’est parce que c’est inutile et insensé que c’est peut-être nécessaire…


    La solution vint un soir d’elle-même, par la bouche d’un Cigéviste allemand, le professeur Hans Illy qui faisait « escale dans mon bureau ». Il passe sa vie à essayer d’inculquer des rudiments d’écologie et d’économie aux pays d’Afrique et d’Amérique latine. La clé de sésame est toute trouvée : Il faut passer par Hargeisa pour aller à Mogadiscio. Mais comment diable aller de Tunis à Hargeisa ?

    Là, commence la tourmente habituelle de tout grand voyageur qui finit par trouver le chemin des écoliers qui passera, cette fois, par Addis-Abeba la millénaire, capitale juchée à 2 500 mètres d’altitude, en Ethiopie.

    Tôt le matin, je dépose mon gros sac noir à ladite chambre forte du Hilton d’Addis- Abeba pour rejoindre l’aéroport. Cette chambre dite forte me réservera la surprise, à mon retour de Hargeisa, de me restituer un bagage transformé en parfait gruyère. Les rats de la maison auraient-ils découvert un bâton de chocolat suisse enfoui dans mon bagage ?

    Sur le tarmac de l’aéroport, un vieil Antonov 24 porte sur son flanc un nom magique : Daallo Airlines. Le voyage commence. La surprise est de taille. Je vacille entre l’inquiétude et le scepticisme, entre la surprise et la stupeur. J’ai beau me frotter les yeux mais je constate que mon siège est bien situé face à une trentaine de baluchons, de gros baluchons ficelés comme des saucissons. Nous sommes quatre passagers : trois autochtones et un paumé. Les trois habitués entament derechef, leur sieste sur un siège qu’ils basculent directement en lit de camp. Je m’incruste dans mon petit siège avant et profite des bagages pour balancer bien haut mes jambes, sans ceinture de sécurité aucune, sans tablette et sans accoudoirs.

    Commence alors un décollage hors du temps. Mais le plus curieux est ailleurs. Il est blond, grand et barbu tout autant que son vieux compagnon.

    Leurs salopettes bleues furent, sans doute, lavées l’année précédente et leur démarche est empreinte d’un air euphorique semblable à la mydriase de leur oeil. Ils sont rapidement rejoints par trois autres acolytes tout aussi blonds, tout aussi mal fagotés et tout aussi distraits. Soudain, l’un d’eux tire bruyamment un escabeau métallique qu’il jette à mes côtés, évitant de justesse de m’écraser, ferme la porte de l’avion et s’engouffre rapidement avec ses compères dans la cabine de pilotage. Inquiet, je m’extirpe de l’échelle et des bagages et entrouvre la porte de la cabine.

    Le bruit des moteurs est assourdissant, la carlingue frémit de tous ses vis, boulons et entrailles et décolle comme un vieil oiseau rompu aux usages coutumiers. La dernière heure de la machine ne sera donc pas pour aujourd’hui !

    Eperdus sur leur nuage euphorique, les pilotes, copilotes et techniciens lancent à tour de bruit des « da…da…da…da ». C’est que la compagnie aérienne Daallo Airlines est équipée de vieux avions russes de plus de trente ans, pilotés par des Russes qui ont fui pour une raison ou une autre leur Ukraine ou leur Biélorussie natales.

    Plus d’une heure de voyage dans cet insolite capharnaüm pour atterrir dans un vacarme hallucinant à l’aéroport de Hargeisa. L’échelle métallique est à nouveau sortie pour libérer enfin les passagers de l’avion.

    Elle est là, face à moi, belle dans la nudité de son regard. Farouche dans ses habits noirs. Effrayante par son kalachnikov porté à bout de bras. Je revis un instant ma guerre du Rwanda…et…

                                                                       A suivre