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Rached El Greco - Page 52

  • Les coulisses du Congrès CIGV (2)

    Le Numéro de portable du Maire SVP ?

     

    Je n’aime pas les portables, les téléphones cellulaires, les GSM et tous ces GPS qui vous pendent sur la tête et vous emprisonnent !

    Comment oublier deux locataires d’été, à Hammamet,  qui m’ont fait perdre six mois de tracas et de procès car leur orgueil fut blessé : « Vous n’avez pas daigné répondre à mon appel sur votre portable, monsieur ! » Six mois volés à la vie. De la vie !

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    Depuis j’ai la Paix. Plus de portable, sauf quand je suis en voyage. Un numéro spécial (dit rouge) que je donne à tous mes amis et qui est joignable plus de 10 heures par jour suffit le reste de l’année 71/…

    Mais un congrès mondial du CIGV, avec des centaines de congressiste de 39 pays et une dizaine de prestataires différents, il fallait avoir un téléphone cellulaire pour être joignable à tout instant et par tous. Qu’a cela ne tienne. Aussitôt dit, aussitôt fait. Pour 110 dinars à peine, un joli Nokia, une puce et un nouveau numéro de téléphone, que je m’empresse de communiquer par Email à tous les congressistes, aux prestataires et à ceux qui vont nous recevoir hors du congrès !

    D’autre part, j’enregistre soigneusement le numéro de téléphone de nos prestataires de service et de trois hôtes bien définis, dont l’aimable Maire de Hammamet !

    C’est vendredi soir. Nous sommes encore dans le bus qui nous ramène d’El Haouaria à Hammamet. Je téléphone rapidement au maire dont le numéro est déjà enregistré sur mon joli cellulaire et lui dit que l’on aura peut-être 30 minutes de retard !

    Un silence. Un silence qui se prolonge et une voix qui répond :

    -          : « Je rentre dans ce cas et téléphonez moi 15 minutes avant votre arrivée à Dar Sébastien pour que je puisse vous recevoir avec la directrice du centre culturel et le professeur Ridha Boukraa qui fera l’exposé lors du cocktail ! »

    L’heure avance à pas de mouche, avec cette circulation chaotique. Il ne reste plus que 30 minutes pour le rendez-vous de la réception que nous offre monsieur le maire…. Sans trop réfléchir, j’essaye d’appuyer sur la touche téléphonique « dernier appel émis » pour m’annoncer au président de la Commune.

    Poum patatrak. Oh ! Rage, oh ! Déception. Un détail. Un simple petit détail ma échappé avec ce téléphone neuf. J’ai oublié de charger la batterie la veille ! Tout le Bus est en ébullition, car il nous est impossible de contacter le Maire, son numéro personnel est enregistré sur mon petit Nokia noir. Une congressiste prend les choses en main, démonte le téléphone, sort la puce et la place dans son Nokia !

    Mince !  Le numéro du maire fut enregistré directement sur la mémoire du téléphone portable et non sur la puce. Echec et mat. Aux renseignements téléphoniques, on aura droit au standard de la Mairie qui refuse, bien sur, de nous donner le téléphone perso du maire et ne peut le contacter, pour lui passer un message, avant 20h. Il est 17h55. Plus que 5 minutes…et des centaines de Grands Voyageurs risquent de se présenter à une réception « sans maire ». Que faire ? Comment trouver son numéro de portable ?

    Conduisant d’une seule main, avec une aisance royale, il a l’oreille de partout et sa cinquantaine de passagers, du bus N°02, sont sous son aimable surveillance. Il a tout compris tout saisi et s’empresse de téléphoner à ses collègues chauffeurs des autres bus pour leur faire part du « désastre envisagé» et me demande un délai de trois autres minutes pour m’aider à trouver une solution.

    Que peut donc faire un chauffeur de bus face à un numéro de téléphone bien gardé et bien protégé ? Je buvais déjà ma honte vis-à-vis du maire et pensais aux longs mois de préparatifs de ce congrès mondial et sage conseil de mon père : « l’informatique c’est bien, mais rien ne vaut en parallèle un support papier ». Oui, tout cela est dans ma chambre d’hôtel…

    17h59. Je fais part officiellement aux membres de notre débâcle et m’en excuse. Je me disais que de son côté le Maire essayait peut-être de nous joindre sur mon portable muet pour savoir ce que devenaient nos bus. Toute cette gène me rendait ma-la-de !

    18h00. Le chauffeur du bus me tend son propre portable et me dit rapidement : « Vite, vite, ça sonne ! Répondez c’est le maire qui est en ligne ! »

    Allez comprendre comment un chauffeur de Bus a réussit à sauver la réception du Maire, à Dar Sebastien, en bord de Maire ! Allez savoir comment il réussit par son réseau d’amis à se procurer en quelques petites minutes le numéro personnel du maire!

    Sacrés téléphones cellulaires…ils me poursuivront toujours !

  • Les coulisses du Congrès (1)


    SACRE FACEBOOK

    Après toute une riche et laborieuse journée à Kerkouane en compagnie du Professeur M’Hamed HAssine Fantar nous eûmes droit à un excellent déjeuner « aux Grottes » d’El Haouaira. Poisson et bière fraîche à gogo…face à la mer si bleue…

    Puis une expérience unique, dans le même village, dans une insolite fauconnerie. Le maître faucon maîtrise la bête qui peut atteindre en piqué la vitesse de 260 Km/h. Inoubliable journée !

    En rentrant sur Hammamet, pour nous rendre à la réception du Maire de la ville, nos bus empruntent les petits villages côtiers. Voilà qu’une Cigéviste, Nordique, a soudain un certain besoin de faire une petite escale. Dans ces minuscules hameaux rares sont les cafés…salubres et surtout avec une salle d’eau…propre !

    Je demande au Bus N°03 de s’arrêter devant une belle pharmacie. La dame m’accompagne, on achète une bricole quelconque, je me présente au pharmacien et lui demander d’autoriser la dame à…

    Sa réponse est cinglante et sans appel. Non Monsieur, nous n’avons pas de…ici !

    Je me représente…en vain. Soudain un jeune monsieur accoudé au comptoir de l’apothicaire sort de son silence et m’apostrophe derechef :

    -         Ne me dites pas que vous êtes R.T ? Celui de Facebook ?

    Et hop nous voilà invités à la rue voisine, chez son ami, dans une charmante pâtisserie claire et pimpante…, avec une salle d’eau cette fois.

    Le monde est si petit !

    Le jeune en week-end au village paternel regagnera ce soir Tunis pour retrouver le sérieux de son boulot : inspecteur des fiances… et, Merci Facebook !

  • Pourquoi ce voyeurisme incongru ?

     

    Macabres curieux !

     

    Chaque jour que Dieu fait j’emprunte, le matin, l’autoroute qui relie directement El Menzah à Ben Arous vers la sortie hôpital et reprend, le soir, le chemin inverse!

     

    Que de fois un bouchon saugrenu bloque la circulation.

    Des dizaines de voitures et camions s’arrêtent sur les bas côtés dans les deux sens de l’autoroute !

     

    Ils sont dix, puis vingt, puis cent. Des curieux qui sans honte ni vergogne viennent contempler l’accident qui vient de se produire et souvent le blessé qui gît parterre.

     

    Ce matin, au niveau de la Charguia, ils étaient peut-être 200, non pas à essayer de porter secours à cette femme qui gît parterre dans son sang, où à téléphoner aux pompiers ou policiers, mais à s’attrouper en cercles et à regarder. Re gar der !

     

    Pourquoi cette indécence ? Pourquoi ce voyeurisme ?

  • Villa Amalia à Hammamet?

    Voyageurs sans bagages

     

    « Villa Amalia ». Une jeune belle dame dans le rôle cinématographique d’une femme pianiste, Isabelle Huppert (présidente du Festival de Cannes 2009) surprend son compagnon, Thomas, dans les bras d’une autre. Le même soir, dans la rue, elle retrouve par hasard un ami de longue date, Georges. Cette double surprise va faire basculer sa vie. Elle prépare très rapidement son départ vers une destination inconnue. Elle décide de fuir le compagnon infidèle et commence par vendre tout ce qu’elle a. Maison, actions, voiture et bijoux s’envolent rapidement. Elle fait le vide. Elle n’a plus rien. Si une envie. Une forte envie.

    Elle décide de partir à Capri et de vivre une autre vie. Sans souvenirs ni bagages. Voyageuse libre elle enfourche le destin et se laisse caresser par les vagues du hasard, poussée par les alizés de l’aventure.

    La vie serait-elle une prison d’objets qui s’entassent ou une liberté d’action dans les sentiers de la planète ? Le bonheur serait-il de capitaliser des biens éphémères ou de semer et cueillir amour et joie de vivre entre berges conviviales, vallées perdues, montagnes ardues, prés bucoliques et rivages azurés ?

     

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    A l’instar du voyageur elle a compris, très tôt, que le destin de l’homme  est lié à sa nouvelle philosophie de la vie : le voyage comme raison d’être. Compte tenu de son destin particulier, le voyageur saura quitter l’éphémère pour aspirer au spirituel, au culturel et à l’imaginaire !

    Autre image. Autre monde. Autre planète. Assis en tailleur, sur un très vieux tapis rouge, je suis coincé entre un jeune Bouddhiste en robe orange et au crâne rasé, tenant une longue trompette de deux mètres de long et un second bonze plus âgé, tenant religieusement en main un manuscrit de centaines de pages non cousues ni reliées. Le cadre est magique et l’instant divin. Au cœur de Bodhnath, à Kathmandu, dans une école bouddhiste au cœur de la plus grande stupa du Népal…

     

    Une musique sereine, apaisante et envoûtante accompagne un chœur de trente jeunes bouddhistes assis en trois rangées autour d’une allée centrale d’une salle de prière. Je me mets à répéter des mots que je ne comprends pas et me sens déjà emporté vers d’autres cieux et nuages blancs.

    Soudain un flash. Une image. Une odeur. Un son. C’était la fin de la guerre du Vietnam et je déambulais mes 18 ans dans un Royaume du bout du monde. Au Laos. A Vientiane, je me revois assis en tailleur avec d’autres bonzes ou prêtres habillés de robes orange safran, belle couleur ambrée due à une cuisson enrichie de coriandre et d’écorces d’oranges.

    Mais ici, point de lecture de versets divins. Ici, on fume la pipe. Sans le vouloir je venais de passer une incroyable heure dans une Fumerie publique d’opium ! Dans ma course effrénée de voyageur je n’ai  dû réaliser cela que de nombreuses années plus tard…

    Le destin pour le voyageur est souvent le fait d’attraper au vol une idée, un mot, une suggestion, un pressentiment, ou un vol d’avion pardi ! Le destin commence alors à se forger et les chemins à s’ouvrir ! Isabelle Huppert, notre héroïne de « Villa Amalia » n’a-t-elle pas rattrapée le destin du voyageur en suivant son bonhomme de petit chemin en allant à la découverte du monde et se séparant de ses innombrables attaches pesantes et assommantes ?

    Ouvert à toutes les données et possibilités le Grand Voyageur fera du voyage un métier. Un sacerdoce. Une croix. Un havre de paix à la richesse inépuisable !

     

    Rien n’est réellement nécessaire pour voyager, ni trop de temps, ni trop d’argent. Internet et l’expérience ouvrent des voix royales dans la jungle du si vaste monde et nous offrent des milliers de curiosités à découvrir et à savourer

    Le seul et unique frein du voyageur, aujourd’hui en 2009, est à mon avis ce bout de papier qui divise le monde. Qui creuse encore plus les fossés abyssaux entre pays et civilisations. Près de 90% des citoyens du monde ne peuvent se déplacer facilement et ne peuvent visiter librement, sans « passe-frontière », qu’une dizaine de pays des 246 de la liste du CIGV.

     

    Passé cet écueil, c’est sans bagages que l’on effectue les plus beaux voyages. On saura alterner buffets de gare, « maisons et châteaux », gîtes ruraux, hôtels Formule Un, chambres d’hôtes, palaces huppés ou « Leading hôtels ». Là n’est pas le plus important.

    Dans ce monde d’errance éternelle, l’amour filial sera la clef de sésame et le breuvage dopant qui nous permet de repartir à l’assaut de l’aventure. Encore et encore. Tant que Dieu nous prête vie !

     

    Au risque  de déplaire, les Voyageurs, tout comme Georges Brassens, savent bien que : « Non les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre qu’eux »

     

     Mais ils sautent gaiement le rubicond pour s’envoler vers l’aventure. L’aventure est autre et se veut être un autre bagage. Celui d’affronter l’école de la vie, le monde, pour se faire un bagage et pour essayer de pénétrer et d’acquérir des bribes de culture de l’Autre. Cet Autre, notre maître nouveau sera notre ami et notre nouvelle encyclopédie.

     

    Ces milliers de personnes croisées, ces centaines de foyers visités et ces dizaines de civilisations rencontrées ne sont-ils pas un don du ciel ? Une encyclopédie à ciel ouvert !

    On y rencontre le paysan qui nous apprend la grandeur de l’âme et la richesse du cœur. On croise les brigands qui nous poussent à penser que souvent l’homme n’est ni ange ni démon.

    Comment oublier aux Comores ma longue interview de Bob Denard le roi des mercenaires, ou celles des terribles  narcotrafiquants lieutenants de Pablo Escobar, du cartel de Medellin, en Colombie, des passeurs de diamants à Brasilia ou encore des trafiquants d’opium au Swaziland par exemple. Toutes ces aventures forment l’homme et le rendent encore plus ouvert et averti. Des pages enfouies dans ma plus profonde mémoire.

    On rencontre également sur les chemins du monde, des sages, des bouddhistes, des shintoïstes, des orthodoxes, des soufistes et d’autres encore qui de la patience nous content la difficulté et vertu et de l’amitié les secrets.

     

    D’autres enfin, nous apprendront la compassion. Ils sont déjà à un niveau supérieur de l’humanisme, ils ont appris à accepter l’autre tel qu’il est, à l’image des pieux, des grands, des sages, de Mère Térésa ou de Nan par exemple.

     

    Ces « Gens la », comme le dit si bien Brel, sont des voyageurs sans bagages, détachés du matériel et en route vers le détachement et le nirvana. Leur bote secrète est noble et se résume à une phrase : « Seul l’Amour vaincra !».

    C’est vrai que pardonner n’est pas toujours facile et oublier encore moins. C’est vrai que l’exemple de Talion est à bannir et celui de Saint-Just à suivre. C’est vrai également que donner son amour, sa compassion et son amitié est déjà le plus gros cadeau que l’on puisse se faire. Un bien être incroyable et une jouissance infinie.

     

    Le voyageur sans bagages saura se détacher de la chose pour s’ouvrir à autrui et voler avec vous un instant, un moment de bonheur. Un partage à nul autre pareil !

    C’est ce qui nous attend le 4 juin 2009 à Hammamet. Un happening, un congrès, une rencontre de 32 pays, où le seul mot d’ordre se veut : joie de vivre, partage et amitié !

    Les azurs de la ville épouseront pour vous les contours dorés des sables fins, la grâce du blanc jasmin, le parfum de la verte menthe, les fruits juteux, le poisson si frais et surtout cette ambiance à nulle autre pareille, dite celle « des soirées de Hammamet » . Là, commence un inlassable nouveau voyage, où la lune fière de sa rondeur, nargue les ours, les étoiles et les nuages.

    Soudain, elle saute, elle tressaute, se cache, se dévoile, se joue de vous et va même se mêler aux pignons blancs flottants dans votre verre de thé à la menthe. Elle vous a déjà dans ses bras, si généreux et lunatiques à la fois. Ses effets soporifiques et câlins vous caressent, vous bercent et vous invitent à un autre voyage. Pleine lune à Hammamet.

    Bon vent ! Bonne mer ! Bon congrès CIGV !

    Rached Trimèche