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aventures - Page 2

  • Saga d’un visa du Nord (1)

    Vouloir Vilnius

     

    Vilnius (août 1999). Un puzzle à reconstituer et une quadrature de cercle à résoudre. Pour visiter les pays baltes, il fallait affronter un double écueil. Je devais d’abord obtenir trois visas de trois pays, le même jour si possible, lors d’une escale parisienne ou suisse. D’autre part, je devais essayer de comprendre une fois pour toutes qui est qui.

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    L’enfant, ce père de l’homme, a gardé cette éternelle confusion entre les capitales des pays nordiques. Tallinn, Riga et Vilnius sont-elles les capitales respectives de la Lettonie , de l’Estonie et de la Lituanie , ou est-ce le contraire ? Ces difficultés retardent l’expédition aux pays baltes depuis près de vingt ans. Et voilà que Zi, mon fils et maître à penser, décide cet été de « faire » les pays baltes.

    Suivent six mois de téléphones, de télécopies et de lettres aux trois ambassades basées à Paris, et à certains contacts « découverts » dans les pays convoités. A posteriori, l’aventure des visas est délicieuse. Elle tient de l’absurde kafkaïen, du non-sens absolu et de la lourdeur d’une administration d’un autre âge et d’une autre planète.

    La position des trois ambassades était de nous délivrer nos visas à Paris, dans un délai de 48 heures.

     Madame le Consul d’Estonie s’avère assez « cool ». Elle n’exige qu’un billet d’avion aller-retour, une centaine de dollars et quelques formulaires à remplir trente jours à l’avance, accompagnés d’une photocopie de ma carte consulaire. Mais le hic était de doter ce visa d’une double entrée, puisque nous devions partir en bus de Tallinn (Estonie) à Vilnius (Lituanie) en passant par Riga (Lettonie), et revenir en train jusqu’à Tallinn pour reprendre notre avion à destination de Stockholm. Ce n’est qu’à Paris même que le suspense prend fin. Madame le consul d’Estonie accepte enfin et d’une façon très exceptionnelle de nous fournir un visa à double entrée.

    La découverte du second consulat, celui de la Lettonie, sera par contre une véritable odyssée…

     

    @ suivre: Visa pour la Lettonie!

  • C’est pourtant le plus fidèle ami de l’homme (6e & dernier)

    Une vie de chien?

    J’avais dix ans à peine et je fuguais, toute une demi-journée, à Hammam-Lif.

    Mon souvenir se fige au stade de cette ville, la nuit arrivant, face à un molosse noir et bien bati.

     

    Canin terrible et à moitié sauvage, il enfonça ses crocs dans ma jambe droite. Suivirent douze visites à l’Institut Pasteur de Tunis. Douze pénibles journées où mon père essayait de persuader son gosse qu’il fallait encore et encore une injection anti-rabique.

    Le traumatisme de la grosse infirmière armée d’une seringue en forme d’épée sanguinaire, qui choisit comme cible mon petit ventre, restera ancré, à jamais, dans ma mémoire !

     

    Vingt cinq ans plus tard, dans un parc de Sofia, en Bulgarie, surgit un chien.

     

    Un Doberman noir qui me barre le passage. À la nuit tombante, nous étions peut être les seuls êtres vivants dans ce parc. Lui et moi !

    Dire que j’ai passé ma vie à caresser et à embrasser les chiens, je retrouve en cet instant là, l’image effroyable de la « piqûre de la grosse infirmière » qui voulait me sauver de la rage !

     

    A ce jour, hélas, et ce depuis le parc de Sofia, je garde en moi cette peur incontrôlable face à un chien inconnu. Au désespoir de mon fils Alex, j’ai mis plusieurs mois à accepter la présence de sa belle Tigra, son bébé Rottweiler, aujourd’hui pesant près de 60 Kg.

     

    Mémoire quand tu décides de nous faire prisonnier de nos souvenirs d’enfant et de nous enchaîner par une phobie nouvelle, tu nous rends hélas esclave inconditionnel !

    L’Homme, petit cousin des algues et des bactéries. L’Homme, ce rescapé de la vie, cet hasard même de la vie, ce simple accident de la vie, reste et demeure une belle énigme pour l’homme.

    Quid de la vie ?

    Ramidus, notre grand-père de 4,1 millions d’années et Lucie, notre jeune grand-mère de 3,4  millions d’années, ne sont qu’un échantillon connu de cette curieuse espèce humaine, vivant dans une étoile qui n’est qu’une poussière dans une galaxie, qui elle-même flotte entre des milliards d’autres galaxies.

    Dans ce vertige spatial, l’Homme restera encore longtemps sujet d’énigmes et d’interrogations.

    Quid de l’invisible ? Quid de la dite vie dans l’océan Boréal ou dans les trous noirs de l’univers ? Et quid simplement de notre petite mémoire qui égraine les pages de notre vie ?

    Ces trois petites phobies que je viens de relater se veulent un simple exemple de l’impalpable et de l’incompréhensible mécanisme de la mémoire d’un jeune voyageur.

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    Un jour peut être, je serais moins phobique et je commencerai enfin à ne plus avoir une peur bleue des chiens errants, des cafards traînants et des araignées mystérieuses.

  • Puerto Iguazu by night (4)

    Le sel du Tigre

     

    La chance est au rendez-vous. Mon voyage change de rive et aborde de nouveaux rivages. Monsieur le Receveur principal des Postes centrales du village de Puerto Iguazú a décidé de me transformer en aide chasseur. Un volontaire désigné !

    Suivent quatre jours de folie, quatre jours de découvertes et quatre nuits de chasse bredouille. Il s’agissait de chasser le tigre d’Argentine et mon rôle consistait à grimper dans les immenses lauriers noirs de plus de trente mètres de haut et de faire glisser délicatement vers le sol, avec une ficelle, un petit sachet de sel de cent grammes. C’est l’appât que m’a jeté le receveur quand il m’a ouvert sa porte. C’est ce sel qui est censé attirer le tigre vers le chasseur à l’affût.

    Cette narration sera pour plus tard, dans un autre Astrolabe.

    Mais arrêtons-nous à la troisième nuit de chasse à 22 heures 30

    Soudain le temps se fige. L’air se raréfie. Il hurle en me chuchotant un mot. Un ordre : STOP !

    Une image. Une simple image qui se cristallisa dans mon cerveau, se perdit à jamais dans les méandres de ma mémoire et que je n’ai retrouvée que vingt cinq ans plus tard en Guyane Française, au bord du fleuve Oyapock . Le receveur de poste sort religieusement son allumette et fait jaillir une douce flamme qu’il rapproche religieusement de mon nez. Anesthésié par tant de mystère, à 22 heures 31, je me laisse faire.

    La flamme prend soudain des dimensions volcaniques telle une soufrière en gerbe et en feu. L’allumette avance encore au risque de me brûler les cils ! Mon anesthésie s’accentue et mon petit cerveau se fige. Suivent trente secondes de vide. De rien. De peur. D’angoisse. Et surtout d’incompréhension totale. Trente secondes ou déjà une éternité. Soudain, éclata face à mes yeux, un crépitement sinistre, celui d’un bûcher de Jeanne d’Arc ou de crémation balinaise. Une odeur âcre et nauséabonde envahit mes narines et peut-être même toute l’Argentine. Encore trente secondes de flou, de vertige et d’incompréhension. Abracadabra, lèves toi...

    Le mystère s’évanouit. Le receveur des postes me tend la main pour me féliciter de ma deuxième naissance. Il ouvrit gravement sa besace, en sortit une chaude bière et me dit : «  Buvons à ta nouvelle vie ! »

    Je n’osais croire ce que je croyais enfin comprendre et que je ne réalise toujours pas

    Monsieur le receveur des postes argentines venait de me sauver la vie en tuant à l’aide d’une simple allumette une horrible araignée noire qui allait me faire passer de vie à trépas en quelques minutes à peine.

     

    @suivre : 22 ans plus tard…

  • Mystères de la mémoire en vavangue

    Mes phobies voyageuses

    Dans ma vie de voyageur, j’ai affronté le diable, les saints, les monstres imaginaires, les vrais guerres, les révolutions et même souvent le vol de mon petit pécule voyageur …

    Tout cela fait partie de l’aventure recherchée à travers le chas de l’aiguille. Tout cela est source de précieuse adrénaline et d’aventurettes inouïes...

    Avec le temps, le voyageur nez au vent, oreilles aux aguets et pupilles dilatées, apprend à aiguiser sa plus belle arme : L’instinct. Cet instinct, doublé de  vitesse à penser  sera ma plus belle carapace contre les intrus, les inattendus, et les dangers de toutes sortes. Le tout se résume à trouver parade aux dangers, à l’instant T. Cela a merveilleusement bien marché une vie durant. A travers 186 pays du monde.

    Reste, hélas, l’impondérable, l’inattendu et  l’imparable. Le détail qui tue.

    C’est ainsi que naquirent en moi trois phobies insoupçonnables et insoupçonnées. Pire encore. Freud sera bien malin de m’expliquer la naissance tardive de la découverte même de ces phobies en moi, plusieurs années après l’effet déclencheur. La mémoire, étant peut être le plus grand mystère de la science et de l’humanité,  capte une image, l’enregistre d’une façon indélébile et peut la ressortir, intacte, de son coffret, dix ou vingt ans plus tard, pour la projeter et l’analyser.

    Attachez vos ceintures, allons à la recherche de trois phobies voyageuses insolites et pourtant si ordinaires.

    @ suivre : Cavalcades sur une Jupe