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guinée bissau

  • 215 millions de Portugais ? (6)

    Les lusophones

     .

    C’est au Brésil que j’ai eu le bonheur à 20 ans d’apprendre le brésilien. A mon retour en Europe, quelques mois plus tard, j’ai réalisé que c’était bien le portugais que j’ai commencé à apprendre.

    Et je dirai toujours et encore : «Eu te amo meu Brasil, eu te amo! Teu coração é verde, amarelo, branco e azul...à imagem de tuas cores nacionais..."» pour dire « je t’aime mon Brésil, je t’aime ! Ton cœur est vert, jaune, blanc et bleu… à l’image de tes couleurs nationales… »

    Sixième langue parlée dans le monde, le portugais n’est devancé que par le mandarin, le hindi, l’espagnol, l’anglais et l’arabe. 215 millions de personnes ont pour langue maternelle le portugais et 12 autres millions l’adoptent en seconde langue.

    Le Portugal, le Brésil, l’Angola, le Mozambique, la Guinée Bissau , le Cap-Vert, Sao Tomé et Principe, le Lorosae ou Timor Orientale,  Macao la chinoise et enfin Goa l’indienne se veulent les chantres de la langue portugaise. Les îles au large du Portugal, enclaves de cette nation, les Açores et Madère, sont également lusophones.

    L’étymologie de ces noms est tout un voyage.

    A l’instar de la France , de l'Espagne et de l'Italie, le Portugal fut une province romaine que l'on appelait alors la Lusitanie , le pays des Lusitaniens. Les locuteurs portugais sont ainsi appelés des lusophones (et non pas des «portugaisophones»). Le mot «lusophonie» trouve son origine dans le mot portugais lusofonia. Évidemment, la racine luso renvoie au Portugal, ce qui peut déplaire à certains États tels que le Brésil…

    En 1996, le Portugal ainsi que six de ses anciennes colonies ont fondé la Comunidade dos Países de Língua Portuguesa (CPLP), la Communauté des pays de langue portugaise: l’Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau , le Mozambique, le Portugal et Sao Tomé et Principe; le Timor oriental est admis à titre d'observateur.

    Un beau Rottweiler nous attend dans un quartier chic de Bissau…

  • 180 US $ de PNB par tête et par an (4)

    Cajou, pétrole

    et ... termitières

    A plus de deux heures de voiture de Bissau, nous voici dans un hôtel, en bord de fleuve, qui sert de refuge aux chasseurs-pêcheurs de la région. D’un âge avancé mais toujours bon pied bon œil, Pedro le Portugais, propriétaire de l’hôtel, au nombre de clients égal à zéro, a décidé de couler ses vieux jours dans son pays natal et de retourner à Lisbonne après les fêtes de fin d’année.

    La fin de l’année est pour Pedro l’aubaine attendue. Sa seule réelle quinzaine de travail pendant toute l’année. Dès le quinze décembre, les Portugais fuient la neige de leur pays et viennent se nourrir d’exotisme en Guinée Bissau. Pedro fera encore plus. A l’aide d’un yacht, il emmène ses troupes dans les méandres de l’archipel Bijagos pour de fabuleuses et inoubliables pêches au gros. En témoignent ces dizaines de photos noir et blanc agrafées à l’entrée de l’hôtel où chaque touriste pêcheur arbore le poids de sa prise.

    Notre chemin se perd dans la forêt et notre 4x4 est envahi par d’insolites et gigantesques cônes de deux mètres de haut.

    Non ce n’était pas de la terre cuite ni une statut de Gaudi, ni un tableau de Picasso. Ces édifices innombrables et particuliers sont des termitières. Les galeries souterraines de ces termitières doivent communiquer entre elles. Le termite, cet insecte xylophage aux pièces buccales broyeuses, envahit ainsi le paysage par d’imposantes termitières. La chaire de poule est assurée pour tout passant perdu entre ces termitières de la Guinée.

    Économie

    Suivons les sinueuses galeries des termites pour essayer de comprendre l’économie de Guinée Bissau qui se cache dans une autre profonde termitière que nous allons découvrir ensemble.

    Le pays est à 90 % d’économie rurale et la noix de cajou représente 90 % des recettes d’exportation et en fait le principal producteur mondial. En 2007, l’Inde se veut le premier acheteur de cette noix en Guinée pour la distribuer sous une forme élégante et attractive à l’ensemble de la planète. Mais hélas, après trente ans d’indépendance, le pays demeure au Top 5 des pays les plus pauvres au monde.

    Il faut dire que le monde est bien injuste. A eux seuls les États-Unis, qui représentent 5 % de la population mondiale, produisent 22 % de la richesse du monde.

    La moitié de cette richesse est produite par des pays qui représentent 13 % de la population mondiale, tandis que les pays les plus pauvres, dont la Guinée Bissau fait hélas partie et qui forment 20 % de la population mondiale, ne se partagent que 3 % de la richesse de la planète.

    Le PNB (Produit National Brut) par tête et par an de la Guinée Bissau n’est que de 180 dollars US, soit 133 euros où le salaire quotidien d’un simple technicien en Allemagne. Le Top 5 des pays les plus pauvres au monde élargit le voisinage de notre Guinée à l’Ethiopie, le Burandi, le Congo RDC (aux fabuleuses richesses minières spoliées), le Libéria et la Somalie. Dans ce même continent, le Top 5 des pays les plus riches est répartie entre la Réunion (15 000 dollars US), les Seychelles, la Libye , le Gabon et l’Afrique du Sud.

    Pour garder la même mesure, le même refrain et le même espoir, évoquons le Top 5 planétaire qui, en 2005 toujours, fut restreint au Luxembourg (55 380 dollars US), à la Norvège , à la Suisse , aux USA et au Danemark.

    L’Union européenne semble être dans une autre galaxie économique comparée à notre Guinée. Si le Luxembourgeois est assuré d’un Smic ou d’un Salaire mensuel minimum garanti de 1570 €, le Français de 1250 € et le pauvre Bulgare de 92 € à peine, le Guinéen de Bissau n’aura malheureusement qu’un salaire mensuel minimum non garanti de 10 à 15 € seulement !

    La pêche, l’arachide et le bois restent les principales ressources économiques de la Guinée Bissau qui se targue d’une dette extérieure qui représente 370 % du PNB et en fait un nouveau triste record mondial.

    Aujourd’hui, 33 ans après l’indépendance, deux tiers de la population vivent sous le seuil de la pauvreté et n’affichent que 45 ans d’espérance de vie, soit près de la moitié de celle du Japon.

    Aujourd’hui, le Portugal, l’ONU, la Banque Mondiale et la BAD sont les principaux soutiens financiers du pays. Le FMI, quant à lui, découvrant un trou de 16 milliards de dollars dans les caisses de l’État, s’est retiré de la Guinée Bissau.

    Le président Vieira a un rêve. Un souhait.

    Non ce n’est pas celui de John Kennedy face au mur de Berlin ni celui de Martin Luther King à Washington. Le dream de notre président est autre, c’est un rêve visqueux, lourd et surtout si bien caché que personne en Guinée Bissau ne vous dira ce qu’il pèse, ce qu’il vaut, ce qu’il pourrait être… Comment oublier ma rencontre avec le ministre de l’économie à qui je répétais inlassablement dans ses bureaux la même question et qui me donnait inlassablement une réponse badine et creuse :

    « Comment puis-je vous dire monsieur quel est le poids de cette nouvelle richesse dont vous me parlez, de ce dream de président, de cette manne céleste enfouie dans l’eau. Sachez monsieur que seul le président Bush pourrait vous donner aujourd’hui les données exactes de cette richesse enfouie. Nous, hélas, n’avons pas accès aux données des satellites américains. Il m’est donc impossible de vous donner la quantité de réserves de pétrole que l’on vient de découvrir. »

    Allons découvrir Bissau by night entre Kalachnikov en bandoulière et balles perdues…

    (@ suivre)

  • 500 ans de colonisation portugaise (3)

    RÉSERVOIR DE BOIS

    et D’ESCLAVES

     

    Si la Guinée Bissau ne fait pas beaucoup parler d’elle, elle reste pour certains le pays de tous les superlatifs : l’insolite archipel des Bijagos ou le plus bel ensemble d’îles en Afrique et la plus charmante capitale d’Afrique de l’Ouest à l’architecture coloniale, mais celle dont les grands bâtiments sont encore les plus perforés, à l’instar de Beyrouth en guerre, par des milliers de salves d’obus. Mais également le pays le plus pauvre d’Afrique qui sort à peine d’une guerre civile de 40 longues années !

     

    En bord de l’océan atlantique nord, entre la Guinée et le Sénégal, la Guinée Bissau compte aujourd’hui 1,6 million d’habitants sur un territoire de 36 000 km², soit un peu moins de la superficie de la Suisse.

    Les Bissaliens ou habitants de Bissau parlent entre eux le créole et gardent le portugais comme langue administrative. Les Balantas sont l’ethnie majeure du pays, suivis de 20 % de Fulas et de 14 % de Manjacas. La majorité de la population s’attache principalement aux croyances traditionnelles tandis que les chrétiens représentent 5 % de la population et les musulmans 45 %.

    Histoire

    Cinq siècles d’occupation portugaise, une des plus longues colonisations de l’histoire de l’humanité, de 1446 (veille de la découverte de l’Amérique) à 1974.

    Les Portugais découvrirent une forêt au bois intarissable. Leur flotte sillonnait le monde, leurs grands voyageurs exploraient la planète, leurs colonies s’étendaient et de nouvelles embarcations avaient besoin du bois de la Guinée Bissau. Une réserve gratuite et inépuisable est ainsi sauvegardée.

    Les fleuves de Guinée et les îles du Cap-Vert furent les premières terres africaines explorées par les Portugais, en particulier par l’intrépide Nuno Tristao au XVe siècle. Par un savant commerce triangulaire, le Portugal exporta, jusqu’au XIXe siècle, de nombreux esclaves vers les Amériques en passant par le Cap-Vert. C’est ainsi que le centre négrier de Bissau se transforma en ville commerciale en 1765.

    Un siècle plus tard, la France arriva dare-dare et prit au Portugal une partie de la Guinée , y compris la Casamance sénégalaise.

    Les forces portugaises tentèrent, avant la première guerre mondiale, de soumettre les tribus animistes, avec le soutien de la population musulmane, pour fixer les frontières de la Guinée Bissau. Trente ans de combat pour arriver en 1936 à la reddition des Bijagos. La capitale passa ainsi en 1941 de Bolama à Bissau qui deviendra dix ans plus tard, à l’instar des TOM français, une province d’Outre-Mer du Portugal.

    Le destin de la Guinée Bissau , ancien royaume de Gabu, est pris en main par un valeureux chevalier, l’Amiral Cabran, qui prend la tête du mouvement nationaliste pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert.

    Ces deux voisins jumeaux, la Guinée française (Conakry) et la Guinée espagnole dite équatoriale (Malabo) formeront une zone hospitalière de repli, à telle enseigne que l’Amiral choisit d’implanter ses quartiers militaires à Conakry en 1956.

    En 1962, la guérilla anti-portugaise prend forme. Onze ans plus tard, Amilcar Cabran fut assassiné à Conakry. Son frère d’arme, Aristides Pereira, reprit le flambeau et déclara en septembre de la même année l’indépendance de la Guinée Bissau. Un an plus tard, soit douze longs mois après, le Portugal reconnut enfin, suite à la révolution des œillets et la chute du dictateur Antonio Salazar, l’indépendance de son ancienne colonie.

     

     En Guinée Bissau, la guerre se poursuit avec luis Cabran, le demi-frère de notre feu chevalier Amilcar Cabran, qui devint alors président de la République. La Guinée est enfin dotée de stabilité et l’espoir revient ! La pêche et la noix de cajou reprennent le haut du pavé et tout semble redevenir normal !

     

    Six ans plus tard, luis Cabran est renversé et la guerre civile reprend. J.B. Vieira, auteur du nouveau coup d’Etat, abandonne sa robe de premier ministre pour celle de président. Vingt ans après l’indépendance, la Guinée eut droit à ses premières élections et à un soulèvement militaire. Il faudra attendre l'an 2004 pour subir un énième coup d'Etat et asseoir enfin un gouvernement. Près de quarante ans de guerre civile ont dévasté et dépecé un charmant petit pays d'Afrique. 

    Quel est donc le potentiel économique de ce pays miraculé ?

  • Possible impossible !

     

    Le conseiller du Roi

     

     

    Quand le possible affronte l’impossible, pour se retrouver dans un impossible déclaré, il ne reste plus qu’à foncer autrement. Sans réfléchir. Dromomane le voyageur est un être particulier, qui ne connaît ni frontières, ni tabous, ni impossible. D’ailleurs ce qualificatif est-il bien français ?

    Un jour, en quête d’une destination nouvelle et exotique, impossible et compliquée, j’ai choisi avec mon fils Alex, en 2006, d’affronter un pays fermé depuis 30 ans, pour cause de guerre civile. D’aucuns évoquèrent les millions de mines antipersonnelles enfouies dans les rues et chemins de ce pays. D’autres essaient de me persuader d’oublier ce pays qui ne compte pas un seul hôtel. D’autres enfin me souhaitent bonne chance avec un sourire narquois et moqueur en évoquant l’impossible visa d’entrée.

    Je découvre, hélas, que non seulement impossible n’est pas français, mais encore moins allemand, chinois ou même grec. Il m’est impossible de trouver un contact, un logement et surtout un visa pour ce pays d’Afrique profonde. Pour garder le moral, nous décidâmes de coupler l’impossible pays à un second pays lusophone. Le Cap Vert nous ouvrira une voie royale sans gravitude aucune vers ces îles de rêve et d’évasion bercées par la voix de la divine Césaria Evora.

    La nuit apporte conseil dit-on ! Cette nuit agitée et mouvante accoucha d’une idée. Comme toute idée, elle est simple et toute bête. Comment n’y ai-je pas pensé plutôt ?

    Tôt le matin, après mon jogging matinal, je commence une valse téléphonique, scrutant tous les étages de La BAD. Au bout de 60 minutes à peine, je suis enfin avec la secrétaire particulière du représentant officiel de la Guinée Bissau auprès de cette Banque Africaine  de Développement.

    Ayant réussi à la faire rire, elle devint loquace, mais ne comprenait toujours pas pourquoi je voulais aller en Guinée Bissau. Un pays en ruine, un pays en guerre, un pays fermé, un pays cloîtré, qui reçoit moins de 500 visiteurs par an et qui, comparés aux 75 millions de visiteurs de France ne représentent peut-être qu’une gouttelette dans un lac collinaire du beau jura français.

    Ma journée est sauvée. J’avais enfin là, face à moi, sur une feuille, le nom, l’adresse et le téléphone d’une dame à Bissau que je pouvais directement contacter par téléphone pour qu’elle m’aide à visiter son pays.

    Aussitôt dit aussitôt fait, la dame s’avère d’une gentillesse exemplaire et d’une rare hospitalité.

    Elle me dit tout simplement : « puisque vous venez de la part de la BAD , je serai à votre service ». La communication téléphonique est si mauvaise que nous fûmes interrompus plus de cinq fois. Elle tenait à connaître ma fonction au sein de cet organisme auquel je n’appartenais pas. Pour couper court je lui répondis que j’étais journaliste, certes, et que je comptais plusieurs amis auprès de cette banque. Elle commence par me donner le téléphone cellulaire de son cousin qui n’est autre que le consul général de la Guinée Bissau à Dakar, au Sénégal. Elle me demande enfin de la rappeler demain pour lui donner mon plan de vol entre le Cap Vert, la Sénégal et la Guinée Bissau. J’ai hélas mis trois jours pour mettre au point ce petit périple et lui communiquer mon heure d’arrivée en la priant de me réserver une chambre d’hôte faute de chambre d’hôtel (inexistant au pays !) et de m’envoyer, si cela était possible, un petit frère africain ou une cousine éloignée pour me recevoir à l’aéroport. Une bouteille à la mer.

    Le consul était si heureux de recevoir un ami de sa cousine, qu’il nous offrit un visa de courtesy à double entrée et gratuit. Les péripéties se suivent et ne se ressemblent pas. L’arrivée à Bissau est lunaire, voire martienne. Un petit coucou des années cinquante, reliquat de l’armée russe qui soutint la révolution du pays, maintient encore une navette quotidienne entre Dakar et Bissau. Sa sainteté le Pape a dû de son lointain Vatican bénir l’oiseau de fer pour qu’il ne crash pas aujourd’hui.

    Imaginez un tarmac de terre battue, une forêt aussi vierge que la plus vierge des vierges, une humidité à couper au couteau et une dizaine de badauds qui court derrière l’avion qui atterrit.   

    Ansumane grand, élégant et altier, son excellence, l’ancien ministre des affaires étrangères de Guinée Bissau nous attend au pied de notre jet avec une ardoise blanche portant trois lettres magiques B.A.D.  Face aux courbettes de la cour de l’aéroport, je compris que le personnage était de taille, mais ne comprenais surtout pas pourquoi il était là à nous attendre ! Je croyais comprendre, hélas, et ne voulais pas comprendre, mort de honte ou de confusion, mais les dés étaient jetés. Bouddha en a voulu ainsi et les Dieux de l’olympe nous ouvrent une arène vertigineuse, énigmatique mais accueillante.

    A la guerre comme à la guerre, jouons la paix avec son excellence et acceptons le titre que je vois venirMon 185pays visité promet d'être chargé d'aventures...caramba!

    - « Monsieur le conseiller du Président, permettez au représentant de votre banque de vous souhaiter la bienvenue en terre de Bissau ».

    - « Monsieur le Ministre, Monsieur le représentant de la BAD , permettez-moi de vous apporter le salut de Carthage, une terre de trois mille ans d’histoire et plus vieille encore, puisqu’elle donna son nom au continent qui nous réunit, l’Afrique. » 

    Impossible voyage devenu possible, qui par la grâce des Dieux reçoit une bénédiction nouvelle. La manne de l’Afrique équatoriale. De l’eau sous un soleil ardent. Une pluie torrentielle et bien chaude. Imaginez la seule route asphaltée du pays reliant l’aéroport à la capitale. Imaginez la joie de centaines d’enfants et adolescents qui peuvent enfin faire d’une pierre deux coups et même trois.

    Imaginez une horde de petits noirs aux visages illuminés par un bonheur subi, qui se payent un marathon, sur la seule route asphaltée du pays.

    La cause est noble et joyeuse. Par ce marathon, ces jeunes se paient le luxe d’éviter les nids de poules et d’éléphants, d’éviter les mines antipersonnelles, d’éviter la boue et les serpents, d’éviter les fourmis voraces et les bestioles sanguinaires et de prendre enfin une douche salvatrice. C’est que ces enfants, armés de quelques grammes de savon vert sont en train de se doucher gratuitement dans la plus grande salle de bain du pays. La route asphaltée. Mieux encore, ces enfants se paient une séance de sport à nulle autre pareille, et gardent au zénith un moral d’enfer qui les éloigne de la pauvreté, de la misère et de trente ans de guerre civile qui semblent enfin se terminer.

    Commence alors une véritable épopée ou Darius le Grand de sa perse lointaine, tout comme D’Artagnan de nos livres d’enfant, Alexandre le Grand de sa légendaire Macédoine, Ronbinson Crusöe de son archipel de Juan Fernandez où même hélas Don Quichotte de la Manche qui brasse du vent, sans même le toucher. Pétri de tous ces personnages légendaires et bien réels, j’affrontais une épique semaine où tout un pays décida qu’il recevait le « Conseiller du roi ».

    Tout cela n’est hélas, pas facile à gérer, comment contenter le ministre de l’économie sans déplaire à celui de la santé ? Comment accepter de déjeuner avec l’un et de prendre seulement un thé avec le second ? Comment laisser le temps au troisième, le ministre de l’agriculture d’organiser une séance de travail avec 20 collaborateurs et qui en plus tient à nous guider vers sa dernière œuvre, l’ébauche d’un pont et un peu plus loin, celle d’un quai qui recevra la cueillette d’une mer aussi fertile et poissonneuse que la partie archipel de la guinée Bissau.

    En quelques jours, notre guide et ami, devenu du reste Cigéviste aura réussi par sa diplomatie innée à contenter tous les ministres du gouvernement en leur présentant le « conseiller du roi ».

    j’ai eu beau expliquer que je n’avais aucun salaire de cette banque, que je n’étais pas rattaché à cette banque et que je n’étais qu’un ami à plusieurs responsables de cette banque, peine perdue le peuple de la Guinée a décidé qu’il recevait le conseiller  du roi.

    Mea culpa, mea maxi culpa, grande banque africaine, je le jure devant Dieu et tous ses prophètes et même devant le Messie ou Mehdi l’attendu, que j’ai défendu en mon âme et conscience la probité de votre entité et me suis juré d’être le nouvel ambassadeur de la Guinée Bissau auprès de mes innombrables amis de la planète.