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pêche

  • On le croise naissant en eau douce...

    La saga du saumon voyageur

    On l’associe à toutes les fêtes de la vie et il ne cesse de flatter papilles et palais ! On le croise naissant en eau douce et le voilà plongeur en eau salée, pour devenir ensuite  saumon porteur génétique en eau douce  à nouveau ! De quoi perdre son Nord, Caramba !


    Royal, rouge, argenté ou rose il sera consommé avec douceur et délectation.

    Ces saumons ou poissons "anadromes", éclosent en eau douce, puis migrent en mer où ils vivent l'essentiel de leur vie d'adultes. Ils retournent ensuite en eau douce pour frayer... et mourir.

    En alevin il commencera sa vie en rivière et sera ensuite tacon, puis saumoneau et enfin smolt en haute mer ! Si dans la Bible on naît de la terre pour revenir à la terre, le saumon lui, nait en rivière et reviendra à la rivière ! Voyageur, qui en fin de course se donnera la mort, là où il pondra ses œufs ! 

    Le saumon est et restera un Grand Voyageur

    Même mort, le saumon est encore Grand Voyageur. Un peu comme si, ayant conservé le sens du devoir, il mettait un point d’honneur à regagner des Miles gratuits. Et qu’ils soient Norvégiens ou de l’Alaska, les saumons affichent le même travers !  

    Jugez plutôt : à peine les obsèques bâclées, il dénie toute incinération et se fait congeler pour s’offrir un voyage en Chine. Là bas, la MTC (Médecine Traditionnelle Chinoise) qui réalise des prouesses depuis des millénaires, le réanime. Il bénéficie ensuite de la chirurgie esthétique grâce à des injections de saumure de sel qui lui font gagner 10% de son poids. Une fois réchauffé sans feu, mais avec de la fumée liquide pour faire au plus facile, les autorités qui n’apprécient pas la présence des « sans papiers » dans un pays surpeuplé, le remettent au congélateur pour le réexpédier manu militari en Europe. Si le saumon mort ne peut plus voyager, soyez rassurés, le nombre de kilomètres global parcouru est très largement compensé par ce saumon mort qui fait deux fois le tour de la planète en avion.

    Poisson anadrome, le saumon naît en eau douce 

    dans des eaux courantes près des sources, et descend jusqu'à la mer où il vit parfois plusieurs années, puis retourne dans le fleuve dans lequel il est né pour frayer ou se reproduire. Parfois les mâles du saumon royal ou saumon chinook (Oncorhynchus tschawytscha) tout comme le saumon atlantique (Salmo salar) retournent en mer et participent une seconde fois à la reproduction. Poussé par son instinct, il parcourt des milliers de kilomètres et remonte même de tous petits ruisseaux contre vents et marrées ! Certains franchissent des cascades de trois mètres ou traversent des routes en profitant des inondations. 

    L'extraordinaire cycle des saumons

    Le cycle de vie des saumons du Pacifique commence quand la femelle adulte dépose des milliers d'œufs sur le fond de gravier d'une rivière ou d'un lac. Selon la situation géographique mais aussi selon l'espèce, cela se passe à différents moments de l'année. Le King ou "Chinook", le Silver ou "Coho", le Red ou "Sockeye" sont les trois espèces du Pacifique les plus recherchées par les pêcheurs sportifs. Le Pink et le Chum sont les deux dernières.

    En Alaska, les saumons se reproduisent de juin à septembre. Néanmoins, avant que ces œufs ne soient fertilisés, le mâle et la femelle doivent effectuer un extraordinaire voyage à contre-courant, et subir une transformation physique qui les prépare pour le frai.

    En mer, ils grossissent rapidement grâce à l'abondance de nourriture qu'ils y trouvent. Quand ils sont prêts à retourner en eau douce pour frayer, l'instinct les guide à l'endroit précis où ils sont nés. Les générations successives forment cette "remontée" qui, d'année en année, vient se reproduire et mourir exactement au même endroit. C'est grâce à leur odorat que les saumons localisent leur rivière natale. Ils sont capables de déceler les particularités chimiques de l'eau des endroits où ils passent et se servent ensuite de leur mémoire olfactive pour refaire le même chemin en sens inverse.

    Dès qu'ils entrent en eau douce, la transformation physique commence. Leur couleur passe graduellement de l'argenté au rouge, vert ou violet selon l'espèce. Les couleurs vives que les saumons acquièrent en période de frai aident les membres d'une même espèce à se retrouver au moment de la reproduction. Les mâles développent une mâchoire proéminente, le bécard. Les saumons ne se nourrissent plus dès qu'ils retournent en eau douce, leur seul objectif est la reproduction. Noblesse oblige !

    Une fois que la femelle a atteint la frayère, elle commence aussitôt à chercher un endroit propice pour creuser son nid et y pondre ses œufs. Pour ce faire, elle se positionne sur le côté et fouette le gravier avec sa queue afin de créer une légère dépression. Ensuite, avec son museau, elle agrandit cette dépression afin de pouvoir y déposer ses œufs.

    La femelle pond durant plusieurs jours. Au début, elle peut déposer jusqu'à 1200 œufs à la fois. Une fois que les œufs sont fécondés, ce qui ne prend que quelques secondes, la femelle les recouvre de graviers. Elle défend alors farouchement son nid jusqu'à sa mort, qui se produit environ une semaine plus tard.

    Un faible pourcentage de ces œufs seulement survivra jusqu'à l'éclosion. Certains sont emmenés par le courant avant que la femelle ne puisse les recouvrir de gravier, d'autres sont consommés par d'autres poissons (truites, ombles, ombres), ou détruits par certaines activités humaines.

    Dernier Voyage vers l’Océan

    Juste avant d'entamer le grand voyage vers l'océan, les jeunes saumons subissent une autre modification physique. Ils deviennent argentés et prennent la forme finale du saumon.

    Une fois dans l'océan, les saumons peuvent parcourir des milliers de kilomètres. Ils se nourrissent de plancton, de crustacés, de larves, et même de petits poissons, y compris de jeunes saumons...

    Les saumons adultes passent jusqu’à sept ans dans l'océan, selon l'espèce et la provenance géographique. Enfin, peu après la ponte ou l'ensemencement par les spermes, mâles, les femelles meurent de façon inexpliquée avant même la naissance de leurs alevins.  

    La Norvège est aujourd’hui le premier producteur mondial de saumons, avec des fjords  riches en salmonidés. Le pays en exporte 323 000 tonnes. Le Chili et le Royaume-Uni occupent respectivement la deuxième et la troisième position et La France, le Canada et le Danemark sont spécialistes du fumage.

    Oyez ! Oyez  Voyageurs! Votre tranche de saumon fumé risque fort d’être TGV du CIGV.

    La lune caresse la vague qui susurre au saumon, la saga de ses ancêtres et lui offre délicatement l’édito de votre Astrolabe porteur de chaleureux vœux de bonheur pour 2011.

     

  • Le Rottweiler de Bissau (7)

    Un Rottweiler

    libanais

    en Guinée

     

    Dans ma vie de voyageur, ma seule réelle extase, joie et plaisir est et restera le contact avec l’Autre. Que n’ai-je fait pour entrer chez telle ou telle personne ? Que n’ai-je imaginé pour découvrir le giron de l’autre. A chaque fois, la découverte d’un personnage, d’une famille, d’une maison ou d’une maisonnée est un voyage gravé en lettres d’or dans ma mémoire de baroudeur.

    Tout cela me vient sûrement de mes 16/20 ans où j’ai eu la joie de découvrir 53 pays en auto-stop. Faire de l’auto-stop, parler certaines langues et avoir très peu d’argent, implique la prolongation du stop par un séjour, même furtif, chez le propriétaire du véhicule. « Enfant, père de l’homme » certes, enfant je suis et je resterai, à découvrir les yeux écarquillées « la vie de l’autre » et la chance m’a toujours souri.

    Même cette nuit à Trinidad et Tobago où, arrivés avec cinq heures de retard, nous eûmes droit à zéro taxi, zéro bus et zéro navette pour quitter l’aéroport et rejoindre la ville à quatre heures du matin. Soudain, il s’avança.

    Son pistolet pendouillait sur son côté gauche et son chapeau cachait ses yeux. Son étoile d’officier de police brillait sur sa poitrine et son alcool sentait à quelques kilomètres. Apprenant notre petit drame, il nous propose tout de go de venir passer la nuit chez lui. Une heure plus tard, la maison de notre hôte commençait à recevoir des cow boys hirsutes, maléfiques et bien louches. Sommes-nous dans un centre de vente de blanche, de traite de blanches ou de simples contre bandes ? Une seule issue à ce manège, boire un bon café et passer la nuit, éveillés, auprès de cette faune insolite et incroyable.

    Ici à Bissau, la fièvre de l’autre, la curiosité du gîte de l’autre et l’envie de découvrir l’antre de la boutique, nous pousse encore une fois à sonner à la porte d’une belle villa.

    Deux voitures immatriculées en Suisse, une blanche Mercedes et une noire BMW jurent avec le cadre guinéen. Je ne peux m’empêcher de chercher à savoir qui habite cette baraque. Alex a beau me freiner, mais mon pouce trouve rapidement le chemin du bouton de la sonnette. Une jeune demoiselle de 16 ans, toute de rouge vêtue, me reçoit dans un salon ventilé et ombragé. Son papa libanais est un des plus gros hommes d’affaires du pays. La pêche est sa chasse gardée.

    En sortant de cette maison, deux Rottweiler puissants attirent le regard d’Alex.

    Nous voilà installés dans la maison d’en face, face à deux bières locales bien fraîches et savoureuses. Amine et John, deux cousins libanais, vivent entre Dakar, au Sénégal voisin, et Bissau. Ils font commerce de tout bois et vendent à ce pays toute bricole indispensable, de la torche électrique au réfrigérateur en passant par les tables et les lecteurs de cassettes. Ces jeunes Libanais de 25 ans sont la représentation même de la diaspora libanaise qui envahit le continent. Aujourd’hui, la majorité des commerces africains sont pris en main par les Libanais. Ils raflent tout, prennent tout et réussissent en tout. Phéniciens plus que jamais, ils gèrent tout un continent.

    Que dire de ce petit Liban qui vient d’avoir une amorce de dialogue en juillet 2007 à Paris pour retrouver une paix oubliée ? Que dire d’un petit pays de 10 000 km² et de 3,5 millions d’habitants, dont la seule diaspora brésilienne compte plus de 6 millions de libanais ? Imaginez le reste…

    Demain est un autre. Le jour d’un plongeon médical…

                                                                                                                         (A Suivre)
  • Pays de perles magiques

    Terre aux 1000 mystères

    Poursuivons notre découverte du Quatar en 1986! Ce matin, du haut du balcon de mon hôtel, je m’étonne encore une fois de la présence envahissante du désert environnant. A ma gauche s’étend la splendide corniche bordant la baie de Doha. Une corniche construite ces dernières années à coups de pétrodollars, d’un faste et d’une richesse incroyable. Ça et là des barques de pêche et de plaisance mouillent dans cette rade. A ma droite émerge d’un sable rocailleux un énorme building de verre et d’acier, le Salam Plazza.

    Plus tard, je trouverai dans ce centre commercial du 21e siècle toutes les friandises de Londres, Paris et Berlin, tous les gadgets électroniques de Tokyo, New York et Séoul, sans parler des sacs en croco, des montres en or fin et des bagues de toute beauté... Ici, le Qatari flegmatique fera ses emplettes quotidiennes dans une atmosphère climatisée et aseptisée.

    A TRAVERS DOHA

    Nous voici roulant en cette fin de matinée vers le cercle privé « Nadi Dawha ». Dès l’entrée de cet établissement, nous sommes plongés dans une atmosphère profondément anglaise. A Qatar, l’Angleterre est encore présente par ses conseillers de tout ordre, « son engineering » et ses us et coutumes. Imaginez par exemple, que c’est l’ambassade d’Angleterre à Doha qui a le monopole de l’alcool du pays. Cette ambassade est la seule distributrice d’alcool aux missions diplomatiques et à certains cercles privés. Ici, contrairement à Oman que l’on visitait dans notre précédent reportage, l’alcool n’a pas pignon sur rue.
    Au premier étage de ce cercle « Nadi Dawha », réservé au corps diplomatique et aux notables du pays, je suis surpris par un groupe d’enfants de six ans, sagement attablés chacun devant un petit écran... Ces enfants de diplomates occidentaux s’initient à l’informatique en compulsant adroitement des mini-ordinateurs...Dans une autre salle de ce Cercle, nous sommes attendus par le Ministre de l’Information, Issa Ghanem Kaouari et le Directeur des Affaires Culturelles, Moussa Zinel, pour un somptueux déjeuner.

     PAYS DE PERLES RARES  ET MYSTERIEUSES

    En rentrant par le chemin des écoliers, nous passons devant la future cité diplomatique « Ed Dafna » en bord de mer. Un désert aride se laisse caresser par les vagues d’une mer bien tranquille. En bout de plages certaines résidences diplomatiques commencent à pousser. Une grosse Mercedes 500SEL, blanche immaculée, est garée en plein désert en bordure de mer, sans crainte d’aucune érosion... C’est le grand changement social à Qatar !
    Avant l’avènement du pétrole, le peuple qatari vivait du commerce des perles, de la pêche, de l’élevage et de l’agriculture. Aujourd’hui, il n’est plus question d’aller chercher des perles au fond du Golfe Arabique... Tout le monde vit par et pour les ressources énergétiques de pétrole et de gaz.
    Comment se fait cette mutation d’un peuple pêcheur de perles à un peuple gros consommateur de tout genre ?

    Découvert en 1939, le pétrole de Qatar sera commercialisé dix ans plus tard et ne sera vraiment lucratif qu’en 1972 avec la création de la Qatar National Petroleum chargé d’extraire, de raffiner et de commercialiser le pétrole de l’Emirat. La compagnie Shell qui était souveraine à Qatar devint fortement minoritaire. A Um Saïd se monte rapidement une énorme usine de liquéfaction de gaz. Nous y reviendrons dans un prochain article. Cette manne pétrolière que d’aucuns disent divisée en trois parts égales (l’Emir, la famille royale et l’Etat) est d’une grandeur incommensurable. Ici, la notion de richesse ne répond plus à nos simples paramètres. Ici posséder un quartier de cent villas, un avion, quelques grosses limousines et passer de temps à autre un week-end à Londres ne sont des choses ni étonnantes ni encore moins choquantes.

    Sur le plan social, le Qatari est protégé par l’Etat. La construction de sa maison sera gratuite,  tout comme sa consommation d’eau et d’électricité. Ses climatiseurs pourront fonctionner 24 heures sur 24 pour veiller à son confort personnel. Les soins hospitaliers et les écoles sont également gratuits. L’utilisateur de téléphone ne paiera que 200 ryals tous les six mois (10 ryals = 3 dollars) pour couvrir toutes les communications locales. Au mariage, le jeune Qatari recevra une prime de l’Emir pour l’encourager à payer sa dot et à mieux se préparer. Le ryal devient le centre nerveux du pays.

     Une prochaine et dernière escale pour découvrir le coeur de ce royaume insolite! 

    (à suivre)