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tourisme

  • Archipel du bout du monde (2)

     Pearl Harbor

     

    Seconde escale. Hawaii propose en outre une dizaine d'excursions majeures qui vous prennent au minimum toute une journée, sans parler des quelques jours que vous pouvez passer sur une des îles lointaines pour découvrir les volcans, la faune sauvage et la flore exceptionnelle.

    Découvrons rapidement deux des musts de l'île, une journée au village polynésien et le port historique de Pearl Harbor. Plus d'une heure de bus du centre de Waikiki pour arriver, dans la Baie des Perles, à la rade de Pearl Harbor qui rappelle les ports puniques de Carthage avec une invagination de la mer dans la terre ferme. Un port sécurisé, pratique et bien caché. C'est ici que les Américains établissent en 1906 une importante base aéronavale qui sera détruite en partie, par surprise et par traîtrise, un dimanche matin, le 7 décembre 1941, par les bombardiers japonais. Les Japonais déclenchent à 5 500 km de Tokyo l'opération Tora Tora Tora (Tigre) et attaquent la base de Pearl Harbor avec une flotte nippone de 360 avions en 3 heures de temps.

    Plus de 2 400 morts et la destruction de presque toute la base militaire pousseront plus tard l'Amérique à intervenir dans la Seconde Guerre mondiale et à faire exploser sa bombe atomique sur Hiroshima, le 6 août 1945, qui fit près de 150 000 victimes !

    De cette journée marathon à Pearl Harbor, je conserverai longtemps trois images.

     Ce grand sous-marin coulé en plein port. 120 touristes par heure prennent une navette pour traverser la rade et atterrir sur un monument blanc flottant qui surplombe le sous-marin et qui permet de "vivre l'épave" tout en découvrant l'histoire du bâtiment de guerre par des gravures en arc de cercle. L'architecte a créé un monument flottant en forme de jonque qui semble implorer la Paix et le repos de l'âme !

    La seconde est la visite d'un vrai sous-marin de guerre, le Delphin. Une interminable visite de 60 minutes dans les entrailles de la bête ! Le desk du capitaine, la chambre du matelot et la salle des compas ont chacun leur monde de mystère.

    La troisième image est celle du Missouri. La guerre du Golfe est encore toute fraîche et le navire Missouri en était un des acteurs principaux. Imaginez un bâtiment haut comme une cathédrale et fort comme un lion.

    Deux heures de visite pour terminer par la salle des cartes qui porte encore grande ouverte celle de l'Arabie Saoudite avec des étoiles rouges sur les points stratégiques à défendre par l'Amérique… Mais que fait depuis 1992 ce cuirassé de 54 000 tonnes au port de pearl Harbor ? En Amérique, on ne badine pas avec la technologie. Trop vieux, le Missouri devient un musée flottant et fait place aux porte-avions américains qui sillonnent les océans de notre planète.

    Les Polynésiens de Tahiti

    Vers l'an 1 000, des Polynésiens venus de Tahiti occupent l'archipel volcanique. Le capitaine Cook y débarque en 1778 et les baptise îles Sandwich du nom de son protecteur l'amiral John Montagu, comte de Sandwich. james Cook sera tué un an plus tard sur l'île Big Island lors d'une rixe avec des indigènes de Hawaii. des missionaires protestants s'y installent 50 ans plus tard et commencent l'évangélisation du pays. en 1842, sous la dynastie de Kamehameha, la France et la Grande-Bretagne garantissent l'indépendance de l'archipel hawaiien. Les Américains qu'attire sa position stratégique obtiennent en 1849 le libre accès à ses ports et en 1887, la célèbre rade de Pearl Harbor leur est concédée. Ils ne tardent pas à renverser la monarchie indigène et finissent par s'annexer l'archipel en 1898 pour lui donner enfin le statu de 50e en 1959, quelques mois à peine après l'Alaska. 1 200 000 habitants vivent sur une superficie de 16 000 km2 dans l'archipel de Hawaii.

    Un archipel composé de 20 îles dont 8 principales. Hawaii englobe 70 % de la superficie totale et abrite 92 000 habitants. Oahu où se trouve la capitale Honolulu est le centre nerveux de l'archipel avec 762 000 hab. pour 1 600 km2. Il y a 72 hab. sur les 900 km2 de Mani, 39 000 sur les 1 400 km2 de Kauai, 6 000 sur les 700 km2 de Molokai, 2 100 sur les 362 km2 de Lanai et 225 sur les 220 km2 de Nihau. Quoique vaste de 116 km2, Kahoolwe est inhabitée.

    Le 8e jour est déjà là ! Une nostalgie avant l'heure s'installe, nous inonde et nous étouffe déjà ! Une belle porte de sortie à l'horizon. Continuer le voyage par la plus belle des attractions de Hawaii

    (à suivre)

     

     

  • Hawaii et les Japonais

    Iles Sandwich

    Flux de yens à Waikiki

    Hawaii. (Août 2001). Cela fait des ans et des ans. Cela fait plus de 30 ans que je pense visiter les îles Sandwich au coeur du Pacifique. L'éloignement en était un premier frein, la peur de retrouver les plages touristiques américaines le second !

    Le destin, ce seigneur et maître des Voyageurs a fait de cette année celle où c'est au tour de mon fils aîné Skander de faire avec moi un grand voyage ! Ni le Groenland ni deux des Guyanes ne tentent l'artiste. Seules les îles Sandwich l'attirent. Les caprices du hasard nous font traverser trois continents en 28 heures de voyage.

    Il est déjà 19 heures. Onze heures de décalage horaire. Le jetlag, dérèglement de l'horloge biologique secondaire aux déplacements transméridiens, nous donne l'impression d'être sur un doux nuage moelleux. Et quelle surprise de nous retrouver à nouveau aux USA en plein coeur du Pacifique, à 7 heures d'avion de Los Angeles. Une dizaine de grands Noirs en short, baskets et casquette promènent péniblement leurs 120 kg. Une vieille dame traîne un chariot usé chargé de bric et de broc. Un couple svelte et élégant flirte sans pudeur à l'arrêt du bus quand soudain, trois limousines blanches, longues de plus de 12 mètres, surgissent pour accueillir trois couples de Japonais, filiformes et discrets. Plus tard nous retrouverons un millier de ces taxis-salon au quartier de Waikiki, à Hawaii. Le ton est donné. L'exploration divine des charmes insoupçonnés de l'archipel ne fait que commencer et durera huit jours. Une semaine trop courte pour de multiples et insolites découvertes ! Nous n'avons qu'une envie : y revenir un jour en famille !

    Vers l'an 1000, des Polynésiens venus de Tahiti occupent l'archipel volcanique. Le capitaine Cook y débarque en 1778 et les baptise îles Sandwich du nom de son protecteur l'amiral John Montagu, Comte de Sandwich. James Cook sera tué un an plus tard sur l'île Big Island lors d'une rixe avec les indigènes de Hawaii.

    Des missionnaires protestants s'y installent 50 ans plus tard et commencent l'évangélisation du pays. En 1842, sous la dynastie de Kamehameha, la France et la Grande-Bretagne garantissent l'indépendance de l'archipel hawaiien. Les Américains qu'attire sa position stratégique obtiennent en 1849 le libre accès à ses ports et en 1887 la célèbre rade de Pearl Harbor leur est concédée. Ils ne tardent pas à renverser la monarchie indigène et finissent par s'annexer l'archipel en 1898 pour lui donner enfin le statut de 50e État de l'union en 1959, quelques mois à peine après l'Alaska.

    Le charme secret de Hawaii


    La magie de Hawaii est fort simple. Imaginez le luxe, le confort et la beauté des grands hôtels de l'île Maurice qui font courir pour leurs vacances plus d'un chef d'Etat. Vivre dans ce cocon est une partie de plaisir et le reste de l'île est une autre musique. A Hawaii, c'est toute la région de Waikiki, à l'orée de Honolulu, qui est un cocon de faste et de raffinement extrême sur plus de 10 kilomètres de plages. Chaque pouce est un éden, chaque fleur un bouquet et chaque banian, ce figuier de l'Inde aux racines aériennes, un tableau de peinture…

    Des montagnes Koolau glisse une source abondante à travers la verdoyante vallée de Manoa et arrive ainsi fraîche et trotteuse au bord de l'océan Pacifique, près de l'actuel hôtel Royal Hawaiien. Cette source d'eau, ce ruisseau, fut appelé par les aborigènes Waikiki ou "swiflty-flowing water".

    C'est ainsi que Waikiki devient l'esprit de Aloha, un Aloha repris sur les plaques des voitures en Aloha State, l'esprit d'Amitié, de cordialité et d'hospitalité.

    Un Aloha que vous entendrez chez tout un chacun et qui sera même exposé sur toutes les devantures en bleu et en rose. Un mot magique qui s'enchaîne ainsi aux précédents: Sandwich, Hawaii, Honolulu et Waikiki!

    Riche de la beauté de ses plages, de ses parcs, de ses forêts et de ses montagnes, riche de ses noms mythiques et rêveurs, riche de sa superbe organisation américaine où chaque détail est d'une importance capitale, Hawaii peut enfin ouvrir ses portes aux 8 000 Japonais et aux 12 000 Américains atterrissant chaque jour à Honolulu. Plus de 140 avions quotidiens et sept millions de visiteurs par an. Ils ont tous un point en commun: un minimum de 10 millions de dollars sur leurs comptes bancaires. Les milliardaires arrivent de deux mondes différents. Ceux qui viennent de Californie se retrouvent dans leur pays et veulent jouir des beaux palaces à 400 $ la nuit la simple petite chambre d'hôtel et se fondre dans la foule des surfeurs (un sport qui naquit ici), des touristes fortunés et des amoureux de la nature.

    Une bonne partie de ces Américains du continent voient les choses autrement. Ils ont entre 10 et 1 0000 millions de dollars en compte et vivent ici différemment. Je repense à nos heures de marche quotidienne, Skander et moi-même, de 5 h à 7 h du matin, caressés par un soleil naissant et fouettés par une légère brise marine, tout au long d'une côte plate au départ et collinaire par la suite. Le défilé des centaines de maisons à 4 millions de dollars et d'appartements cossus est incroyable.

    En discutant avec une dame matinale qui habite à la "Résidence sans soucis", nous apprenons qu'elle loue ici, pour deux semaines depuis 7 ans, un studio d'une pièce à 1 000 $ la semaine, soit 4 000 $ le mois ou 48 000 $ l'année… le prix de location de deux villas de maître en Méditerranée… La voiture Lexus 420 $ et le petit chien gris de la dame de 60 ans sont de la même veine. Un luxe incroyable qui ne dérange pas. Ni tapageur, ni surfait. Simplement, tout à fait normal et habituel à Hawaii.

    On s'est amusé à comparer les signes de surveillance de ces demeures: chiens méchants, courant électrique, caméras et guérites. L'une d'elles a bien voulu entrouvrir sa porte. Ouvrir serait trop dire. Le crime et la peur du crime sont constants hélas chez ces riches. Dans un pays (les USA) où les Hispanophones et les Noirs représentent déjà plus du tiers du pays, où les communautés chinoises, coréennes ou autres vivent en vase clos, où les sans-papiers sont légion et où le "rêve américain" conserve tous ses mythes et ses promesses, la tentation est hélas trop grande et le crime est souvent présent. Sur les 500 hommes les plus riches du monde, classés en juillet 2001, 75% sont Américains. Malgré la chute du Nasdaq et les soubresauts de la nouvelle technologie, les jeunes Américains continuent à ambitionner un MBA (master) aux grandes universités américaines telles que Berkeley (en Californie), Harvard (celle de J.F. Kennedy) et Stanford (avec 21 professeurs prix Nobel) à 40 000 $ l'année. Le marché du travail kidnappera à la seconde ces jeunes lauréats, surtout s'ils sont informaticiens. Bill Gates n'est que l'image de chaque Américain qui se lève le matin en se disant "I have to be the first", je veux être le premier. Cette rage de vaincre commune à 268 millions d'habitants conservera aux USA, la suprématie mondiale. La Californie , par exemple, un des 50 états du pays, a un PNB global supérieur à celui de la France. A bon entendeur salut!

    Les heureux Japonais


    Quant à la seconde catégorie de touristes, elle est simplement surprenante. Les Japonais. Ici, à Hawaii, les Chinois, les Philippins, les Polynésiens et les Coréens forment la grande majorité de la population. Les Japonais venus au début du XXe siècle ont pris racine et sont devenus de riches Américains à l'instar du propriétaire de notre hôtel en front de mer, le Pacific Beach Hotel. Il compte non seulement 800 chambres haut de gamme, mais un restaurant fondu dans un aquarium de 8 mètres de haut où les raies, le petit requin blanc et les anguilles noires rôdent autour de la gracieuse plongeuse chinoise qui leur donne à manger.

    Ici, l'appétit du client est déclenché par plusieurs effets visuels et sensoriels nouveaux. Des centaines de Japonais créent ainsi un monde magique pour Japonais fortunés: des restaurants nippons, des agences de voyage pour louer un hélicoptère, un catamaran ou pour organiser un dîner en mer avec coucher de soleil et champagne à flots, une visite de l'archipel ou simplement pour célébrer les noces de jeunes couples nippons en quête d'inédit. Le tout en langue japonaise bien sûr. Quant à l'explorateur, il aura la possibilité de visiter les volcans de l'archipel dont l'activité est dite de type hawaiien au vu de leur éruption accompagnée d'une fluide coulée de lave basaltique.

    Ce tourisme est très spécial et demeure parfaitement "étudié et endigué": le touriste japonais veut toujours le meilleur, "the best of the best". Le meilleur hôtel, le meilleur restaurant, la meilleure excursion et surtout la meilleure boutique. On prévoit pour lui, à part ses frais d'hôtels, ses dépenses en argent de poche d'un minimum de 500 $ par jour. Là commence une extraordinaire magie américaine au service des 8 000 Japonais qui atterrissent chaque matin à Hawaii. Le milliardaire nippon est avant tout atteint de boulimie acheteuse. Madame et mademoiselle plus que Monsieur. Au diable l'avarice!

    Les marques françaises, Italiennes et américaines se partagent les magasins à coup de millions. Gucci, Cartier, Dior, Versace, Chanel, Armani et tant d'autres exposent leurs beaux produits qui seront arrachés de suite par des Japonais heureux. Trois sacs, deux montres, quatre chemisiers et une robe! Passez à la caisse, Madame! Au suivant! Ce n'est pas un rêve c'est la réalité! Il y a plus intelligent pour augmenter leurs dépenses. Un soir, en sortant du restaurant Planet Hollywood, "protégé" par Silvester Stallone, en face du Nik Center qui après le basketteur Michael Jordan prend cette année en main le golfeur aux doigts d'argent Tiger Wood, nous nous retrouvons devant un aquarium de 12 mètres de haut, incrusté dans un mur de magasin, avec des dizaines de personnes qui semblent le traverser sans se mouiller.

    Juste ce qu'il faut de curiosité pour pousser les Japonais à se ruer dans ce magasin. L'aquarium est tout simplement parallèle à l'escalier roulant qui vous happe vers cette grande surface. Une véritable caverne d'Ali Baba. Cinq étages de belles marchandises: des tenues de sport aux friandises de toutes sortes, avec la certitude absolue (écrit de partout) de ne pas payer la taxe locale de 4.2% !

    Elle est simplement inclusse dans le prix signale la même pancarte mais en caractères très fins… et le Japonais pense conclure ici de grosses affaires hors taxe! Cette Japonaise en minijupe verte et chemisier doré prendra dans son chariot de touriste 10 coffrets de chocolat, 5 boîtes de thé et de café hawaiien, 4 petites limousines noires dites Ali Taxi (du nom du Dieu polynésien Ali), 2 broches, 1 paire de tennis et une dizaine d'autres colifichets. Le tout pour moins de 250 $. Une Japonaise heureuse. Et au suivant!

    Quel sera donc le suivant dans cette découverte de Hawaii, à l’autre bout de la planète ?

    C’est ce que nous découvrirons à notre prochaine escale blogosphérique..

    Bon vent

    Bonne mer

    Bon Voyage

    (@suivre)



  • Les peupliers ne sauraient monter jusqu'au ciel

          Voyages culturels


    (Voyages sans bagages. Troisième escale).Le voyage a souvent un rôle ambivalent lorsqu’il a pour objet la visite de sites archéologiques et monumentaux ou de musées.

    D’un côté, il est considéré comme un facteur privilégié d’éducation et de sociabilité: il conduit le visiteur à mieux comprendre les particularités culturelles des communautés qui l’accueillent. De l’autre, il est identifié comme un risque majeur, en particulier dans les cas de sur-fréquentations ou lorsqu’il s’agit de sites fragiles.


    Dans la plupart des grands pays touristiques récepteurs (hors Etats-Unis et Royaume-Uni), les sites culturels sont de longue date gérés par les institutions publiques.

    Les recettes touristiques qu’ils génèrent sont pour l’essentiel réutilisées à leur profit. Elles peuvent être complétées par d’autres financements publics et privés. Mais, dans certains cas, les ressources provenant de l’exploitation des sites sont utilisées à d’autres fins que leur préservation et leur valorisation.

    La situation économique de certains pays peut le justifier. Il n’empêche qu’une telle logique conduit à surexploiter les ressources patrimoniales tout en réduisant les investissements nécessaires à leur préservation et à leur présentation. Plus grave, elle peut donner lieu à la création d’équipements touristiques, en particulier hôteliers, qui, lorsqu’ils sont mal situés et d’une médiocre qualité architecturale, nuisent à la qualité et à l’authenticité des paysages culturels.

    Les difficultés rencontrées pour élaborer et mettre en œuvre les programmes d’aménagement des sites d’Angkor (Cambodge) ou de Pétra (Jordanie) en témoignent.

    Au Royaume Uni, les recettes annexes (objets dérivés, vente par correspondance, restaurants) du National Trust, gestionnaire privé de plus de 500 édifices historiques et sites naturels, dépassent 75 millions de dollars. A New York, celles du Metropolitan Museum avoisinent les 110 millions de dollars.


    Un vieux proverbe dit : « Les peupliers ne sauraient monter jusqu'au ciel » .La croissance du tourisme mondial ne saurait être indéfinie ! Il est d'ailleurs difficile de regarder loin (...) car , comme l'écrivait Keynes , « sur le long terme nous serons tous morts » . Pour les dix prochaines années, les conditions d'une nouvelle expansion paraissent rassemblées .Le rythme de celle-ci néanmoins laisse place à une forte marge d'incertitude ».

    Mais le monde a hélas changé et la boulimie du voyageur est hélas freinée par de nouvelles frontières… Que faire ?

        (Suite et fin : boulimie voyageuse)

  • RENDEZ-VOUS ou KIDNAPPING ?

    Une belle qui se cache !

     

    Je suis face à la statue de Stefan Cel Mare, quand, soudain, une femme d’un âge certain m’apostrophe et me somme de la suivre sur-le-champ…

    C’est la 6e escale du périple moldave !

    Sa fille Irena nous attend. L’occasion est trop belle pour rater une nouvelle aventure. Mon passeport est à l’hôtel et je n’ai sur moi que des petites coupures de lei. Son anglais se limite à deux mots : « I wait for you since 2 hours ! » Un premier tramway, puis un second et même un bus bondé pour arriver face à la faculté des lettres. Sa fille serait donc étudiante ? Que me veut-elle ? La dame rentre dans quatre bâtiments différents et en ressort chaque fois avec une piètre mine ! Point de fille à l’université. J’apostrophe un étudiant chimiste et demande son secours linguistique. Sa réponse est fort simple : « elle vous a attendu toute la journée et sa fille n’est pas au rendez-vous. Ne pouvant joindre sa maison par téléphone, elle vous propose de venir chez elle, à 18 kilomètres d’ici, mais elle vous prévient qu’il n’y a pas de courant électrique et que, dans cette région, les bus s’arrêtent à 19 heures ».

    J’ai beau demander la raison de ce sympathique kidnapping, je n’obtiens pour toute réponse qu’un « voyons faites un effort, venez avec moi !». Mon dernier effort est de prendre le premier bus pour retourner aux pieds du héros moldave Stefan Cel Mare et d’emporter ainsi dans mes valises le souvenir de cette dame, de sa fille, et de ce curieux rendez-vous manqué.

    Je suis vraiment tenté de découvrir cet appât promis et de marcher vers ce kidnapping touristique annoncé ! Mais est-ce une façon de boucler le siècle dans quelques heures à peine ?

    STEFAN CEL MARE

    Je retrouve avec bonheur le leader moldave, vainqueur de quarante batailles, qui trône ce matin sur un piédestal de marbre à l’entrée de ce parc municipal.

    Ils sont encore une dizaine de femmes et d’hommes à flâner autour de la statue du héros  Stefan Cel Mare ou Etienne le Grand qui demeure le principal héros du pays. Il régna quarante-sept ans, de 1456 à 1504, et repoussa les Hongrois, les Polonais, les Tatras et les Turcs. Il construisit des monastères, des écoles et des citadelles, équilibrant les rapports entre la noblesse, la bourgeoisie et la paysannerie. Il envoya sa flotte commercer avec Gênes, Trébizonde et le Caucase.

    D’autres illustres moldaves partagent aujourd’hui le nom des boulevards du pays tels que Alexandru Lapusneanu, Vasile Lupu, Petru Rares et le prince humaniste Constantin Mavrocordat qui libéra les paysans du servage en 1749, ou encore Démètre, le prince érudit qui régna au XIXe siècle. Il parlait sept langues, dressait des cartes et rédigeait même des ouvrages philosophiques et historiques. D’illustres Roumains sont de terre moldave : les poètes Eminescu et Alexandr, les écrivains Asachi et Hasdeu, les fondateurs même de la Roumanie nouvelle, Cuza et Kogälniceanu.

    Depuis trois jours, mon obsession est de passer le réveillon du 31 dans une famille de Chisinau. J’ai passé ma vie à visiter les autochtones et aborigènes de mes 184 pays découverts, et là, en Moldavie, je suis encore plus attiré par ce peuple, noble, pauvre et mystérieux !

    Quand soudain tout bascule ….à la réception de l’hôtel

    (A suivre)