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Rached El Greco - Page 89

  • TROIS JEUNES DROMOMANES

    VOYAGEURS SANS BAGAGES

    (Août 2004). Le prix du baril du pétrole a beau grimper à 52 dollars, la chaleur du mois d’août a beau atteindre 40°C à l’ombre et pourtant les aéroports regorgent de voyageurs allant vers les quatre coins de la planète. Le touriste aoûtien se leste souvent d’une grosse valise tandis que le voyageur s’astreint à un bagage à main.

    Les caprices du hasard et la fournaise estivale ont fait cet été que trois jeunes frères ayant effectués quatre voyages successifs en plein mois d’août subissent la même mésaventure.

    Le premier empruntait il est vrai deux compagnies aériennes pour rallier Cluj-Napoca en Roumanie à Tunis via Bucarest et Rome après une année d’étude. Le second emprunte un vol d’une compagnie tunisienne et une autre espagnole pour aller fêter son bac à Palma de Mallorca via Barcelone. Le troisième rentre de vacances du Cameroun sur les ailes de la KLM et rejoint Munich via Amsterdam. Le quatrième voyage n’est autre que celui du jeune Roumain qui rebrousse chemin…après deux semaines à Hammamet.

    Quatre villes d’arrivée sans bagages : Tunis, Palma, Munich et Cluj-Napoca !

    Au casino, dit-on la probabilité de toucher le Jackpot serait de un sur 10.000. Les bons proverbes latins disent en plusieurs langues « jamais deux sans trois » mais dans ce cas précis, le résultat de quatre voyages sur quatre se solde à chaque fois par un bagage perdu…

    Depuis plus de 17 ans j’ai appris à mes dépends, un jour à Cayenne, en Guyane Française, qu’il était presque débile, voire inconscient, de voyager en été avec une valise. Depuis ce jour, je n’ai plus qu’un bagage à main pliable qui me suit dans toutes mes péripéties planétaires. Deux avantages certains. Un énorme gain de temps à la sortie de l’aéroport. Imaginez les 400 passagers d’un Jumbo-jet qui attendent leurs bagages à l’aéroport de Los Angeles. Le deuxième avantage est certes clair : on est sûr de retrouver à l’arrivée, sa brosse à dents et sa chemise repassée.

    En 2004, le cas de ces trois jeunes frères (Alex, Nan  et Zi) reste malgré tout stupéfiant, avec 100% de perte de bagages sur des compagnies aériennes telles que : Tunisair, Alitalia, Iberia, Carpatair, Tarom, K.L.M et Lufthansa. L’explosion du voyage en cette fin de siècle ne fait-elle pas du tourisme la première industrie mondiale ? Un seul pays, la France , ne reçoit-il pas à lui seul près de 75 millions (sur 695) de touristes par an ? D’autres suivent : le Kenya et l’Egypte retrouvent leur million et trois millions de visiteurs. La Tunisie et le Portugal leurs cinq et dix millions de visiteurs.

    Mais qu’est ce qui fait courir ce monde ?

    (à suivre)



     

  • Un zeste de patience, un brin de sagesse, un bouquet d’amour…

    Lettre au Père Noël

     

    "Histoire de civisme" suite et fin.

    Le civisme est sûrement une respectable valeur humaine que l’on apprend. Parents et éducateurs ont cette obligation d’inculquer cette valeur aux enfants. L’incivisme doit cependant être combattu tout comme l’obscurantisme, le vol ou le mensonge.

    Quant à l’Etat, il a ce devoir sacré d’appliquer la loi. Fermement. La lointaine et si proche Finlande pourrait servir d’exemple.

    Dans ce pays du nord, le contrevenant au code de la route ne sera pas privé de points sur son permis de conduire, n’achètera pas un calendrier de fin d’année au policier, ne lui glissera pas la pièce, n’usera pas du charme de sa micro jupe, mais saura qu’il doit respecter la loi et donc subir  les conséquences en cas d’infraction.

    En Finlande, pour freiner les chauffards éméchés la première amende n’est que de cent euros par exemple, la seconde sera le double et la troisième sera 50% de votre salaire mensuel. Plus d’un millionnaire veillera à sa fortune et plus d’un smicard préservera son pécule, par peur de fauter et donc de payer…

    Je voudrais évoquer un seul et unique problème de civisme : la conduite automobile !

    Le vrai problème, chez nous, n’est pas la vitesse (très contrôlée par radars et agents) mais le civisme du conducteur qui oublie, très souvent, d’utiliser son clignotant pour indiquer qu’il prend un tournant, d’allumer ses feux de position la nuit tombante, de ne pas jeter en pleine circulation sa canette de bière, son pot de yaourt et ses mouchoirs de papier et surtout et enfin d’avoir un peu de courtoisie vis-à-vis des autres conducteurs.

    Haro sur le baudet ! Stop aux insultes ! Stop aux dames traitées de P. respectueuses ! Stop aux clignotants oubliés ! Stop aux insultes de tous bords. Stop aux crises de nerf subites et incongrues qui poussent un sage conducteur à doubler en triplant et à sonner à en crever tympans. Stop à tout ce gâchis et à toute cette vulgarité.  

    La solution est simple

    Premièrement : introduire, pour l’obtention du permis de conduire, une troisième catégorie à part le Code et la Conduite soit des cours de civisme et de courtoisie avec examen à la clef.

    Deuxièmement : instauration d’une simple législation répressive et inaliénable envers au moins deux infractions : sanctionner de 500 dinars  celui qui grillera sciemment un feu rouge ou chevauchera une ligne continue. Payer l’amende sur place ou laisser sa voiture sur le bas côté en remettant les clefs au policier qui les remettra directement au poste de police.

    Ou avec la technologie moderne: l'infraction est flachée et l'amende de 500 DT suivra directemnt au domicile du fauteur! L'informatique n'a point d'humeurs...

    Payer deux fois le salaire d’un smicard pour avoir grillé un feu rouge donnera, peut- être, à réfléchir à plus d’un chauffard.

    Et si le Père Noël décidait d’offrir à chaque conducteur un zeste de patience, un brin de sagesse, un bouquet d’amour et une notion de responsabilité qui serait alors et enfin le début du civisme....

    El Greco

     

  • HISTOIRE D'EAU

    Eau nourricière

     

    "Histoire de cisvisme". Une 5e escale. J’ai appris un jour, à un cours d’économie, alors que je n’avais que dix sept ans, que le premier problème économique de la Tunisie était l’eau. Et cela n’a pas beaucoup changé avec des saisons inversées et des ondées capricieuses et parcimonieuses.

    Le spectacle de ma première fuite d’eau eut en moi un effet de colère sourde et profonde quand j’appris que de ce trottoir, l’eau coulait ainsi depuis trois jours et trois nuits et que monsieur tout le monde s’en fichait éperdument. Alertée, la SONEDE ou Société des Eaux me remercia et arrêta l’hémorragie.

    Aux quatre coins du pays, cet événement, hélas, se produisit devant moi plus de vingt fois avec plus ou moins de bonheur pour arrêter ces hémorragies dévastatrices.

    Voilà qu’un jour, au cœur de Tunis, sur la bretelle qui mène de l’aéroport à l’hôtel Abou Nawas, je vis un insolite jet d’eau sur la plateforme centrale séparant les deux chaussées à sens inverse.

    Non, ce n’est pas le beau jet d’eau de Genève, ni le célèbre geiser de Reykjavik d’Islande, mais une horrible fuite d’eau, au nez de milliers de conducteurs automobiles amusés, peut-être, par un éventuel rafraîchissement dans une canicule aoûtienne.

    Voilà qu’au cœur de la capitale des tonnes d’eau se « volatilisent » au nez du contribuable, au nez du citoyen, au nez de l’actionnaire du pays.

    Contre vents et marées, j’arrête ma voiture à cheval sur la plateforme et de mon téléphone portable, je contacte le service concerné de la SONEDE auquel je commençais à m’habituer. C’était, hélas, un samedi, et la moitié des agents étaient déjà partis en week-end. Je me faisais huer et klaxonner par les conducteurs, gênés par ma voiture. Transformé en Don Quichotte d’autoroute, trempé par une pluie torrentielle et non voulue, accroché à mon portable, je tenais bon et demandais d’urgence et de suite un technicien qui viendrait arrêter ce gâchis.

    Plus de trente minutes de révolution avec une foule qui m’assaille et deux policiers qui m’accostent. Ma colère était si visible et si sincère que tout le monde prit mon parti y compris les agents de police. Une heure plus tard, la fuite d’eau qui devait n’être colmatée que le lundi suivant, jour ouvrable, a enfin cédée au civisme d’un fonctionnaire que je salue ici.

    J’ai demandé, à cette même SONEDE, la mise en circulation d’un numéro vert qui permettrait au citoyen d’alerter la Société des Eaux car les fuites se comptent encore par dizaines et centaines dans le pays…

    Nicolas Hulot s’arracherait les cheveux et l’Abbé Pierre se retournerait dans sa tombe face à tant d’eau perdue !

    Peut être que ce Blog atterrira dans les mains d’un civique responsable de la SONEDE qui daignera enfin créer ce numéro vert au secours de l’eau nourricière.

    (Prochain et dernier article : SOS Père Noël!)

  • TRIBULATIONS EN ROUGE

    Ah ! Ces feux rouges

     

    Histoire de civisme, 4e escale. Je n’ai jamais compris et je ne comprendrai jamais comment un conducteur à l’arrêt, à un feu rouge, se décide soudain à griller le feu !

    Ceci est, hélas, plus qu’un crime. Une faute.

    Un jour, au croisement du supermarché d’El Menzah VI de Tunis, j’étais sagement arrêté à un feu rouge derrière une belle petite Polo blanche qui attendait patiemment le passage des feux. Est-ce le Foehn, ce vent qui rend fou, la tramontane de Brassens ou l’harmattan sénégalais qui poussa ce jeune conducteur de Polo blanche à démarrer en trombe en plein feu rouge ? Estomaqué, je le suis. Dépité, je le suis. Furieux, je le suis. Quinze secondes plus tard, le feu passe au vert et je me vois à la poursuite de la Polo blanche. La traque dura plus de trente minutes. Alerté par ce conducteur qui lui collait aux fesses, le chauffard décida de m’égarer dans les ruelles du Grand Tunis. De guerre lasse, il s’arrêta au fond d’un cul de sac. Je m’arrête juste derrière, pare choc contre pare choc.

    Soudain, c’est l’horreur. Une masse gélatineuse se déploie langoureusement d’un minuscule habitacle pour se dresser devant moi. Balafré à souhait, haineux à en vouloir plus encore, il s’apprêtait à me démolir le visage en me demandant ce que je voulais.

    Une heure. Une heure entière. Une heure perdue de ma vie. Une longue heure offerte à cet énergumène…

    J’espère qu’il retiendra de ce long monologue une seule phrase, un simple fait. « On n’a pas le droit de griller un feu rouge qui peut causer malheur à autrui ». Optimiste que je suis, j’espère qu’il y pensera, peut-être, à ces prochains feux rouges.

    Le hasard aidant, le lendemain même, à ce même feu rouge nous sommes uniquement deux voitures à l’arrêt.

    Soudain, la belle et rutilante allemande qui me tenait compagnie démarre en trombe…avec un feu…on ne peut plus rouge !

    Je supplie Bouddha de me m’épargner une nouvelle mésaventure avec un chauffard à sermonner! Au prochain feu, à 200 mètres à peine…Bouddha me lâche ! Je suis, à nouveau, côte à côte avec la même grosse et belle voiture ! Sans réfléchir, je baisse ma vitre gauche et lui demande par gestes et mimiques d’en faire de même!

    Elégant, plutôt BCBG, la quarantaine à peine, notre fumeur de cigare me sourie et tend ses oreilles :

    « Monsieur, excusez moi, mais je pense que vous n’avez peut-être pas remarqué, au dernier stop que le feu était au rouge quand vous avez démarré ! »

    Sa seule réponse est un vrombissement ! Une voiture de plus d’une tonne qui décolle comme un ovni… et qui grille un second feu rouge !

    (Suite avec une Eau nourricière)