Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

VOYAGE - Page 9

  • Genève ou Îles Salomon?(7)

     

    Zi je t’aime !

     

    (Suite et fin). Quand on compte seul on se trompe souvent, dit un vieil adage ! En 2005, je comptais enfin prendre le temps de voyager ! Mes trois enfants ayant préféré polytechnique à pharmacie j’étais libre de vendre ma belle et vieille officine de Ben Arous et quitter avec regret mes fidèles patients et mes dévouées  préparatrices!

    J’avais décidé d’aller passer six mois aux îles Salomon et essayer de vadrouiller un peu dans ce coin du Pacifique sud que je connaissais mal, avant d’entreprendre le dernier voyage !

    C’est sans compter sur Zi !

     J’ai trois garçons, trois amis, trois complices, trois potes ! Les aînés, Alex et Nan,  sont un peu mes mentors, mes guides, mes collaborateurs et mes grands compagnons de voyage !Zi, mon tout petit dernier est tout cela aussi, mais il a pris dans mon cœur et dans ma tête la forme et la place de mon père qui m’a quitté !

    Zi devint rapidement mon maître à penser ! A sept mois il marcha ou tituba et à huit il parla ou bredouilla ! Depuis, il me mène par le bout du nez, par sa gentillesse extrême et intelligence vive et insolite !

    36 pays visités « entre hommes », à deux, comme il dit, et tant de joies et de folies partagées , dès son âge de quatre ans, entre Téhéran et Santa Lucia aux Caraïbes, en passant par le Kosovo en guerre et les trois pays baltes par exemple ! C’est lui qui m’apprit le premier les rudiments du Web et créa son propre site Web à 15 ans avec un thème assez particulier « comment créer une image virtuelle » ! Bref, je l’appelle souvent l’emmerdeur, car il a une idée nouvelle par minute et il faut le suivre !

    Après un bac parisien il fera rapidement en quinze mois successifs tous les niveaux du Goethe Institut de Munich (histoire de partager entre nous cinq cette langue maternelle) et change d’avis à la fin de son diplôme !

    Monsieur ne veut plus faire la TUM (Polytechnique de Munich) mais pharmacie !

    Le destin changea encore mon chemin ! Mes vacances aux îles Salomon ne sont plus au menu.

    Sacrée vie d’apothicaire et gloire à mon père qui  m’offrit cette chance que j’ai à mon tour la chance d’offrir à Zi !

    Puissent Genève et Lausanne t’accueillir aussi facilement qu’avec moi-même…pour tes études nouvelles ! Amen !

  • Destin de voyageur ( 1)

    Go Go Go!

    Tantôt garce, tantôt maîtresse, tantôt reine et souvent souveraine, la Destinée , notre destinée,  guide notre vie comme bon lui semble ! Pas tout à fait !

    Souvent, à la croisée des chemins, entre deux feux, deux routes et deux voies, s’improvise en un très court laps de temps, un troisième chemin ! Notre chemin !

    J’étais un peu plus haut que quatre pommes. Du haut de mes 22 ans, collé au hublot de mon petit avion, je découvrais une terre familière mais qui me semblait étrangère par rapport aux vertes campagnes et collines que je venais de quitter, après neuf semestres d’études à Cologne!

    Mélancolique et heureux. Triste et confiant. Je ne savais ni me comprendre ni me rassurer ! Pourtant, je devais être l’homme le plus heureux du monde ! Mon père, cet homme à qui je dois tant et tout, a accepté tous mes caprices et financé sans rechigner des études qui lui paraissaient rébarbatives !

    Plus l’avion approchait de Tunis, plus mon angoisse grandissait ! C’est que Petit Voyageur que je suis, je ne pouvais me résoudre à entrer si vite dans la vie active et endosser mon habit d’Adulte ! Comment oublier et faire déjà une croix sur mes 44 000 kilomètres d’autostop en Amérique latine l’été passé et mon autre premier long stop à 15 ans et demi à peine: Marseille/ Kiruna( au nord de la Suède ) et retour, et accepter si vite de devenir aujourd’hui Adulte ?  

    Dans mon fort intérieur j’avais préparé un plan de bataille que j’allais présenter ce soir même à mon père ! Mon maître ! Mon ami ! Mon Dieu sur Terre !

    Mon plan se résumait à trois mots : armé d’un diplôme allemand en « Volkswirtschatslehre und Politischwissenschaft» (genre Sciences Po) de l’Université de Cologne, j’avais pris cheville et lié amitié avec trois quotidiens, à Tunis, en France et en Suisse ! Parlant déjà neuf langues, j’ai pu vadrouiller dans plus d’un coin risqué et interdit de la planète et ces journaux achetaient la pige « du fou qui vient de loin » ! J’avais souvent la Une et toujours la page magazine pour un Grand Reportage ! Bref, je me voyais déjà reporter accompli et oubliais sûrement la célèbre chanson de Jean Gabin (je sais, je sais, je sais) ! Donc, Tunis n’allait être qu’une escale et le monde m’attendait… pensais-je à voix si basse que le hurlement du silence vibra l’avion !

    Il est là, ce petit aéroport de poche de « Tunis El Aouina ». Ce n’est plus le majestueux aéroport de Frankfurt mais un sympathique et familial aérogare qui permet aux passagers de quitter directement la machine sur le tarmac et d’y retrouver déjà de la famille ! C’était il y a 1000 ans ?

    Une fois les formalités de douane et de police passées, mon père ayant sûrement déjà tout lu dans mon regard, lui qui me connaissait  mille fois mieux que moi-même, me prit de côté et sorti de sa poche intérieure de veston une curieuse enveloppe !

    Mon Dieu ! Pourquoi cette urgence ? Pourquoi cette lettre ? Il n’y a pas le feu au lac ! On n’est même pas encore rentré au 41 de  la Rue Essadikia. Pourquoi cette enveloppe ?  

    Le voyageur apprend sans le vouloir et sans le savoir l’instinct de survie ! Tout se joue en quelques secondes et de la rapidité de notre réaction dépendra notre survie !

    Très vite, je revois mes petits malheurs et bobos voyageurs : ce fou de Strasbourg à l’oreille coupée et saignante  qui me prit en stop, tout comme ce drogué de Sydney au calibre 44 posé sur les genoux, ou encore ce drogué de Miami qui m’accompagnant à l’aéroport me gratifia d’une lame effilée qui arrêta sa course par une fausse excuse ou Spam (qui alors n’existait pas encore) et tant d’autres « aventurettes »  qui épiçaient et donnaient un sens à ma vie de voyageur !

    Mais, là, c’est Papa ! C’est mon père ! Pourquoi est-ce que je ressens ce même malaise de survie face à l’être que j’aime le plus au monde et auquel j’écris ou je te téléphone tous les jours que Dieu fait ! Depuis 9 semestres. Déjà !

    Mon instinct ne se trompait pas !

    Papa, qui était sobre dans le verbe et le geste, posa sa main gauche sur mon épaule droite et me tendit religieusement l’enveloppe blanche de l’autre main ! La sueur perlait de mon front et inondait mon cœur d’angoisse ! J’étais déjà mort et enterré et cachais ma panique instinctive !

    Les secondes passent et se conjuguent en longues heures d’attente. En siècles !

    Sans piper mot, je prend l’enveloppe, l’ouvre précipitamment et en sort un curieux billet d’avion arborant  ce vol mythique devenu mystique : SR 242, le vol 242 de la défunte Swissair qui relie Tunis à Genève!

    Ma bouche est sèche ! Mon gosier est sec ! Mon regard est embrouillé !  

    Si mon père décide de me remettre ce billet d’avion, là dans l’aéroport même, vingt minutes à peine après mon retour au bercail, c’est qu’il y a urgence quelque part !

    Je repensais au 2e billet d’avion que me refilait mon père à chaque départ en me disant : « si t’avais un soir une rage de dent… » ! Mais là, je ne partais pas je rentrais !

    -         Papa, pourquoi ?

    -         Mon fils, écoutes-moi bien, tant qu’on est encore un peu loin de ta Maman et de tes jeunes frères…

    Sa réponse, là de suite, dans cet aéroport, non seulement balisa le chemin de ma nouvelle vie mais changea mon destin !  

                              ( @suivre : Destin 2)

  • Fin de détention américaine

    LE SILENCE DE MINUIT


    (5e et dernière escale à Miami).  Il n’est que minuit. Que faire dans cette cellule américaine N° 609 qui n’a ni la fraîcheur de Rio, ni l’insolite de Brasilia et ni le danger de Santa Cruz, ici au cœur Miami, en Floride, à quelques encablures des plages heureuses, des restaurants bondés et des boites en fête ?

    Anis, Monsieur 100 000 volts, ne tient plus en cage. Il zappe et trouve une chaîne de télé payante avec un nouveau film de Michael Douglas pour 9,90 $. Au téléphone, la standardiste de « l’hôtel-prison » nous rassure : même nous les résidents du 6e étage pouvons louer ce film, en venant payer à la réception de l’établissement les 9,90$ et un cautionnement de 100 $. Commence un interminable marchandage avec nos cerbères de nuit. J’en viens à regretter l’absence de mon second passeport avec visa US. Solidaire de mon fils, je voulais certes partager son sort. Au bout de 20 longues minutes, notre gardien obtient par téléphone l’autorisation de m’accompagner à la réception de l’hôtel, laissant Anis en otage chez son collègue. Un délice ! Une joie ! Un régal ! Quel beau film et quels acteurs !

    A deux heures du matin il faut tout recommencer pour obtenir une nouvelle dérogation afin d’aller récupérer notre cautionnement de 100$.

    La fatigue nous submerge après la détente du film. La tension nerveuse nous quitte et Morphée nous accueille à bras ouverts. Pour très peu de temps. Soudain, le bruit assourdissant d’une porte qui s’ouvre, une torche électrique nous aveugle et une voix rauque hurle :

      "What’s your names ?"  Il fallait s’assurer qu’aucun drap, transformé en corde, ne pende du 6e étage vers la liberté au cœur de Miami. Sans visa !

    Toutes les demi-heures, le même manège se répète. L’homme, curieusement, s’adapte à tout. Un darwinisme rapide ou une simple acceptation des faits. La torche électrique devient petit à petit lampion de bal et la voix celle d’un soprano milanais…

    7 heures du matin. Un café fumant et deux croissants dans un cornet gris, genre « boggie dog ». Mais c’est si bon…. Une longue, très longue douche et la chaîne CNN jusqu’à midi. Heure de quitter cette cellule avec oh ! Surprise deux jeunes charmantes escortes cubaines. Et de nouveau des kilomètres de couloirs, les formalités d’immigration et l’enregistrement sur le vol de la TACA. Quant tout est fini, c’est l’ultime stupeur. Nous sommes les premiers passagers à monter à bord de ce superbe Airbus flambant neuf. Nos accompagnatrices sourires aux lèvres remettent nos passeports et documents de voyage au commandant de bord en lui précisant qu’il ne devait nous les remettre qu’à notre arrivée !

    Les hôtesses rivalisent de gentillesse avec les sans-papiers et leur champagne libère des milliers de bulles joyeuses et libres !

    Adieu l’Amérique ! Que Dieu pardonne à Air Désolé (qui le sera peut-être un jour) ces 24 heures de détention à Miami !

    Les voyages forment la jeunesse, dit-on….


    © R.T.

     

  • EN GARDE A VUE CHEZ BUSH ?

    ARRIVĒE AMĒRICAINE


    (Suite du voyage. Escale N°2) Notre avion a près d’une heure de retard et l’hôtesse "d’Air Désolé" (ce qu'elle n'est même pas!) qui accueille, à Miami, ses passagers à la sortie de l’avion n’est pas au courant de notre situation. Au box même de la célèbre compagnie nationale française, personne n’est au courant de notre correspondance et ne peut nous éviter de la rater.

    Finalement, une jeune responsable polyglotte daigne commencer les formalités de passage. Il nous faut alors passer l’immigration et nous présenter à l’embarquement de la TACA. J ’interpelle un policier pour nous aider mais il me répond simplement :

    « c’est à votre compagnie de préparer sur une fiche verte tout un dossier d’immigration en transit et d’appeler deux personnes de la sécurité pour prendre vos passeports et vous escorter ».

    La dame d’Air Désolé acquiesce et se met enfin à remplir deux dossiers complets. Arrivent, soudain, deux policiers d’origine cubaine, en chemise blanche et pantalon bleu, bardés d’une dizaine de badges. Notre destin change de mains. Ils nous font passer l’immigration par une file spéciale et gardent jalousement nos papiers. N’ayant que des bagages à main, nous demandons à aller directement à la salle d’embarquement ou de transit pour attraper notre vol TACA. Mais c’est déjà l’heure, les guichets de la compagnie salvadorienne sont déjà fermés !

    Soudain, c’est l’enfer, la déception et la rage.

    Deux autres policiers prennent la relève, nous encadrent et nous demandent gentiment de les suivre vers le lieu de notre nouvelle résidence. 24 heures de garde à vue (ou prison ?) chez W. Bush en attendant le prochain vol (à la même heure) pour Managua avec la consigne suivante : ne pas s’éloigner de plus d’un seul mètre, ne pas boire une goutte d’alcool et obéir aux ordres !

    Crier, prier ou dialoguer ne sert absolument à rien. Air Désolé n’ayant pas prévenu l’aéroport de Miami, nous sommes jetés aux orties et aux requins.

    Comment sortir de cet enfer bushé ?

    Comment abandonner notre périple en Amérique centrale ?

    Comment accepter la prison ?

               (@suivre: Le secours de Bill Gates ?)