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Rached El Greco - Page 78

  • Archipel du bout du monde (2)

     Pearl Harbor

     

    Seconde escale. Hawaii propose en outre une dizaine d'excursions majeures qui vous prennent au minimum toute une journée, sans parler des quelques jours que vous pouvez passer sur une des îles lointaines pour découvrir les volcans, la faune sauvage et la flore exceptionnelle.

    Découvrons rapidement deux des musts de l'île, une journée au village polynésien et le port historique de Pearl Harbor. Plus d'une heure de bus du centre de Waikiki pour arriver, dans la Baie des Perles, à la rade de Pearl Harbor qui rappelle les ports puniques de Carthage avec une invagination de la mer dans la terre ferme. Un port sécurisé, pratique et bien caché. C'est ici que les Américains établissent en 1906 une importante base aéronavale qui sera détruite en partie, par surprise et par traîtrise, un dimanche matin, le 7 décembre 1941, par les bombardiers japonais. Les Japonais déclenchent à 5 500 km de Tokyo l'opération Tora Tora Tora (Tigre) et attaquent la base de Pearl Harbor avec une flotte nippone de 360 avions en 3 heures de temps.

    Plus de 2 400 morts et la destruction de presque toute la base militaire pousseront plus tard l'Amérique à intervenir dans la Seconde Guerre mondiale et à faire exploser sa bombe atomique sur Hiroshima, le 6 août 1945, qui fit près de 150 000 victimes !

    De cette journée marathon à Pearl Harbor, je conserverai longtemps trois images.

     Ce grand sous-marin coulé en plein port. 120 touristes par heure prennent une navette pour traverser la rade et atterrir sur un monument blanc flottant qui surplombe le sous-marin et qui permet de "vivre l'épave" tout en découvrant l'histoire du bâtiment de guerre par des gravures en arc de cercle. L'architecte a créé un monument flottant en forme de jonque qui semble implorer la Paix et le repos de l'âme !

    La seconde est la visite d'un vrai sous-marin de guerre, le Delphin. Une interminable visite de 60 minutes dans les entrailles de la bête ! Le desk du capitaine, la chambre du matelot et la salle des compas ont chacun leur monde de mystère.

    La troisième image est celle du Missouri. La guerre du Golfe est encore toute fraîche et le navire Missouri en était un des acteurs principaux. Imaginez un bâtiment haut comme une cathédrale et fort comme un lion.

    Deux heures de visite pour terminer par la salle des cartes qui porte encore grande ouverte celle de l'Arabie Saoudite avec des étoiles rouges sur les points stratégiques à défendre par l'Amérique… Mais que fait depuis 1992 ce cuirassé de 54 000 tonnes au port de pearl Harbor ? En Amérique, on ne badine pas avec la technologie. Trop vieux, le Missouri devient un musée flottant et fait place aux porte-avions américains qui sillonnent les océans de notre planète.

    Les Polynésiens de Tahiti

    Vers l'an 1 000, des Polynésiens venus de Tahiti occupent l'archipel volcanique. Le capitaine Cook y débarque en 1778 et les baptise îles Sandwich du nom de son protecteur l'amiral John Montagu, comte de Sandwich. james Cook sera tué un an plus tard sur l'île Big Island lors d'une rixe avec des indigènes de Hawaii. des missionaires protestants s'y installent 50 ans plus tard et commencent l'évangélisation du pays. en 1842, sous la dynastie de Kamehameha, la France et la Grande-Bretagne garantissent l'indépendance de l'archipel hawaiien. Les Américains qu'attire sa position stratégique obtiennent en 1849 le libre accès à ses ports et en 1887, la célèbre rade de Pearl Harbor leur est concédée. Ils ne tardent pas à renverser la monarchie indigène et finissent par s'annexer l'archipel en 1898 pour lui donner enfin le statu de 50e en 1959, quelques mois à peine après l'Alaska. 1 200 000 habitants vivent sur une superficie de 16 000 km2 dans l'archipel de Hawaii.

    Un archipel composé de 20 îles dont 8 principales. Hawaii englobe 70 % de la superficie totale et abrite 92 000 habitants. Oahu où se trouve la capitale Honolulu est le centre nerveux de l'archipel avec 762 000 hab. pour 1 600 km2. Il y a 72 hab. sur les 900 km2 de Mani, 39 000 sur les 1 400 km2 de Kauai, 6 000 sur les 700 km2 de Molokai, 2 100 sur les 362 km2 de Lanai et 225 sur les 220 km2 de Nihau. Quoique vaste de 116 km2, Kahoolwe est inhabitée.

    Le 8e jour est déjà là ! Une nostalgie avant l'heure s'installe, nous inonde et nous étouffe déjà ! Une belle porte de sortie à l'horizon. Continuer le voyage par la plus belle des attractions de Hawaii

    (à suivre)

     

     

  • Hawaii et les Japonais

    Iles Sandwich

    Flux de yens à Waikiki

    Hawaii. (Août 2001). Cela fait des ans et des ans. Cela fait plus de 30 ans que je pense visiter les îles Sandwich au coeur du Pacifique. L'éloignement en était un premier frein, la peur de retrouver les plages touristiques américaines le second !

    Le destin, ce seigneur et maître des Voyageurs a fait de cette année celle où c'est au tour de mon fils aîné Skander de faire avec moi un grand voyage ! Ni le Groenland ni deux des Guyanes ne tentent l'artiste. Seules les îles Sandwich l'attirent. Les caprices du hasard nous font traverser trois continents en 28 heures de voyage.

    Il est déjà 19 heures. Onze heures de décalage horaire. Le jetlag, dérèglement de l'horloge biologique secondaire aux déplacements transméridiens, nous donne l'impression d'être sur un doux nuage moelleux. Et quelle surprise de nous retrouver à nouveau aux USA en plein coeur du Pacifique, à 7 heures d'avion de Los Angeles. Une dizaine de grands Noirs en short, baskets et casquette promènent péniblement leurs 120 kg. Une vieille dame traîne un chariot usé chargé de bric et de broc. Un couple svelte et élégant flirte sans pudeur à l'arrêt du bus quand soudain, trois limousines blanches, longues de plus de 12 mètres, surgissent pour accueillir trois couples de Japonais, filiformes et discrets. Plus tard nous retrouverons un millier de ces taxis-salon au quartier de Waikiki, à Hawaii. Le ton est donné. L'exploration divine des charmes insoupçonnés de l'archipel ne fait que commencer et durera huit jours. Une semaine trop courte pour de multiples et insolites découvertes ! Nous n'avons qu'une envie : y revenir un jour en famille !

    Vers l'an 1000, des Polynésiens venus de Tahiti occupent l'archipel volcanique. Le capitaine Cook y débarque en 1778 et les baptise îles Sandwich du nom de son protecteur l'amiral John Montagu, Comte de Sandwich. James Cook sera tué un an plus tard sur l'île Big Island lors d'une rixe avec les indigènes de Hawaii.

    Des missionnaires protestants s'y installent 50 ans plus tard et commencent l'évangélisation du pays. En 1842, sous la dynastie de Kamehameha, la France et la Grande-Bretagne garantissent l'indépendance de l'archipel hawaiien. Les Américains qu'attire sa position stratégique obtiennent en 1849 le libre accès à ses ports et en 1887 la célèbre rade de Pearl Harbor leur est concédée. Ils ne tardent pas à renverser la monarchie indigène et finissent par s'annexer l'archipel en 1898 pour lui donner enfin le statut de 50e État de l'union en 1959, quelques mois à peine après l'Alaska.

    Le charme secret de Hawaii


    La magie de Hawaii est fort simple. Imaginez le luxe, le confort et la beauté des grands hôtels de l'île Maurice qui font courir pour leurs vacances plus d'un chef d'Etat. Vivre dans ce cocon est une partie de plaisir et le reste de l'île est une autre musique. A Hawaii, c'est toute la région de Waikiki, à l'orée de Honolulu, qui est un cocon de faste et de raffinement extrême sur plus de 10 kilomètres de plages. Chaque pouce est un éden, chaque fleur un bouquet et chaque banian, ce figuier de l'Inde aux racines aériennes, un tableau de peinture…

    Des montagnes Koolau glisse une source abondante à travers la verdoyante vallée de Manoa et arrive ainsi fraîche et trotteuse au bord de l'océan Pacifique, près de l'actuel hôtel Royal Hawaiien. Cette source d'eau, ce ruisseau, fut appelé par les aborigènes Waikiki ou "swiflty-flowing water".

    C'est ainsi que Waikiki devient l'esprit de Aloha, un Aloha repris sur les plaques des voitures en Aloha State, l'esprit d'Amitié, de cordialité et d'hospitalité.

    Un Aloha que vous entendrez chez tout un chacun et qui sera même exposé sur toutes les devantures en bleu et en rose. Un mot magique qui s'enchaîne ainsi aux précédents: Sandwich, Hawaii, Honolulu et Waikiki!

    Riche de la beauté de ses plages, de ses parcs, de ses forêts et de ses montagnes, riche de ses noms mythiques et rêveurs, riche de sa superbe organisation américaine où chaque détail est d'une importance capitale, Hawaii peut enfin ouvrir ses portes aux 8 000 Japonais et aux 12 000 Américains atterrissant chaque jour à Honolulu. Plus de 140 avions quotidiens et sept millions de visiteurs par an. Ils ont tous un point en commun: un minimum de 10 millions de dollars sur leurs comptes bancaires. Les milliardaires arrivent de deux mondes différents. Ceux qui viennent de Californie se retrouvent dans leur pays et veulent jouir des beaux palaces à 400 $ la nuit la simple petite chambre d'hôtel et se fondre dans la foule des surfeurs (un sport qui naquit ici), des touristes fortunés et des amoureux de la nature.

    Une bonne partie de ces Américains du continent voient les choses autrement. Ils ont entre 10 et 1 0000 millions de dollars en compte et vivent ici différemment. Je repense à nos heures de marche quotidienne, Skander et moi-même, de 5 h à 7 h du matin, caressés par un soleil naissant et fouettés par une légère brise marine, tout au long d'une côte plate au départ et collinaire par la suite. Le défilé des centaines de maisons à 4 millions de dollars et d'appartements cossus est incroyable.

    En discutant avec une dame matinale qui habite à la "Résidence sans soucis", nous apprenons qu'elle loue ici, pour deux semaines depuis 7 ans, un studio d'une pièce à 1 000 $ la semaine, soit 4 000 $ le mois ou 48 000 $ l'année… le prix de location de deux villas de maître en Méditerranée… La voiture Lexus 420 $ et le petit chien gris de la dame de 60 ans sont de la même veine. Un luxe incroyable qui ne dérange pas. Ni tapageur, ni surfait. Simplement, tout à fait normal et habituel à Hawaii.

    On s'est amusé à comparer les signes de surveillance de ces demeures: chiens méchants, courant électrique, caméras et guérites. L'une d'elles a bien voulu entrouvrir sa porte. Ouvrir serait trop dire. Le crime et la peur du crime sont constants hélas chez ces riches. Dans un pays (les USA) où les Hispanophones et les Noirs représentent déjà plus du tiers du pays, où les communautés chinoises, coréennes ou autres vivent en vase clos, où les sans-papiers sont légion et où le "rêve américain" conserve tous ses mythes et ses promesses, la tentation est hélas trop grande et le crime est souvent présent. Sur les 500 hommes les plus riches du monde, classés en juillet 2001, 75% sont Américains. Malgré la chute du Nasdaq et les soubresauts de la nouvelle technologie, les jeunes Américains continuent à ambitionner un MBA (master) aux grandes universités américaines telles que Berkeley (en Californie), Harvard (celle de J.F. Kennedy) et Stanford (avec 21 professeurs prix Nobel) à 40 000 $ l'année. Le marché du travail kidnappera à la seconde ces jeunes lauréats, surtout s'ils sont informaticiens. Bill Gates n'est que l'image de chaque Américain qui se lève le matin en se disant "I have to be the first", je veux être le premier. Cette rage de vaincre commune à 268 millions d'habitants conservera aux USA, la suprématie mondiale. La Californie , par exemple, un des 50 états du pays, a un PNB global supérieur à celui de la France. A bon entendeur salut!

    Les heureux Japonais


    Quant à la seconde catégorie de touristes, elle est simplement surprenante. Les Japonais. Ici, à Hawaii, les Chinois, les Philippins, les Polynésiens et les Coréens forment la grande majorité de la population. Les Japonais venus au début du XXe siècle ont pris racine et sont devenus de riches Américains à l'instar du propriétaire de notre hôtel en front de mer, le Pacific Beach Hotel. Il compte non seulement 800 chambres haut de gamme, mais un restaurant fondu dans un aquarium de 8 mètres de haut où les raies, le petit requin blanc et les anguilles noires rôdent autour de la gracieuse plongeuse chinoise qui leur donne à manger.

    Ici, l'appétit du client est déclenché par plusieurs effets visuels et sensoriels nouveaux. Des centaines de Japonais créent ainsi un monde magique pour Japonais fortunés: des restaurants nippons, des agences de voyage pour louer un hélicoptère, un catamaran ou pour organiser un dîner en mer avec coucher de soleil et champagne à flots, une visite de l'archipel ou simplement pour célébrer les noces de jeunes couples nippons en quête d'inédit. Le tout en langue japonaise bien sûr. Quant à l'explorateur, il aura la possibilité de visiter les volcans de l'archipel dont l'activité est dite de type hawaiien au vu de leur éruption accompagnée d'une fluide coulée de lave basaltique.

    Ce tourisme est très spécial et demeure parfaitement "étudié et endigué": le touriste japonais veut toujours le meilleur, "the best of the best". Le meilleur hôtel, le meilleur restaurant, la meilleure excursion et surtout la meilleure boutique. On prévoit pour lui, à part ses frais d'hôtels, ses dépenses en argent de poche d'un minimum de 500 $ par jour. Là commence une extraordinaire magie américaine au service des 8 000 Japonais qui atterrissent chaque matin à Hawaii. Le milliardaire nippon est avant tout atteint de boulimie acheteuse. Madame et mademoiselle plus que Monsieur. Au diable l'avarice!

    Les marques françaises, Italiennes et américaines se partagent les magasins à coup de millions. Gucci, Cartier, Dior, Versace, Chanel, Armani et tant d'autres exposent leurs beaux produits qui seront arrachés de suite par des Japonais heureux. Trois sacs, deux montres, quatre chemisiers et une robe! Passez à la caisse, Madame! Au suivant! Ce n'est pas un rêve c'est la réalité! Il y a plus intelligent pour augmenter leurs dépenses. Un soir, en sortant du restaurant Planet Hollywood, "protégé" par Silvester Stallone, en face du Nik Center qui après le basketteur Michael Jordan prend cette année en main le golfeur aux doigts d'argent Tiger Wood, nous nous retrouvons devant un aquarium de 12 mètres de haut, incrusté dans un mur de magasin, avec des dizaines de personnes qui semblent le traverser sans se mouiller.

    Juste ce qu'il faut de curiosité pour pousser les Japonais à se ruer dans ce magasin. L'aquarium est tout simplement parallèle à l'escalier roulant qui vous happe vers cette grande surface. Une véritable caverne d'Ali Baba. Cinq étages de belles marchandises: des tenues de sport aux friandises de toutes sortes, avec la certitude absolue (écrit de partout) de ne pas payer la taxe locale de 4.2% !

    Elle est simplement inclusse dans le prix signale la même pancarte mais en caractères très fins… et le Japonais pense conclure ici de grosses affaires hors taxe! Cette Japonaise en minijupe verte et chemisier doré prendra dans son chariot de touriste 10 coffrets de chocolat, 5 boîtes de thé et de café hawaiien, 4 petites limousines noires dites Ali Taxi (du nom du Dieu polynésien Ali), 2 broches, 1 paire de tennis et une dizaine d'autres colifichets. Le tout pour moins de 250 $. Une Japonaise heureuse. Et au suivant!

    Quel sera donc le suivant dans cette découverte de Hawaii, à l’autre bout de la planète ?

    C’est ce que nous découvrirons à notre prochaine escale blogosphérique..

    Bon vent

    Bonne mer

    Bon Voyage

    (@suivre)



  • AU PAYS DE NEHRU ET DE GANDHI

    Inde 2007

    Démocratie et Suprématie

    .

    Le pays qui sera, en 2030, le plus peuplé du monde avec un peu plus d’1,4 milliard d’habitants (sur les 8 milliards que comptera la planète) accapare subitement tout l’espace médiatique de la planète. Son nom dérive de la vieille version persane du mot « sindhu » ou fleuve Indus. D’autres textes préfèrent utiliser le mot « Barhat » ou « Hindustan », « terre des Hindus » en persan.

     

      Pour Martin Luther King et Nelson Mandela par exemple, Gandhi était un maître à penser ! L’apôtre même de la non violence, Gandhi voulait doter son pays, l’Inde, d’une identité propre en regroupant près de 500 ethnies et langues différentes. Si Nehru enfanta la constitution de l’Etat, Gandhi, le fils d’une caste populaire, en sera l’essence même et le propulseur ! Quel est donc ce curieux pays-continent qui entre bruyamment cette année dans la cour des grands ?

    L’Union Indienne, cette république fédérale de 25 États et 7 territoires, reste membre du Commonwealth et parvient à maintenir l’équilibre entre ses ethnies et ses religions, entre autre l’islam et les 4 religions nées sur son sol :

     l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme. La célèbre ville sainte de Bénarès, au nord du pays, reste véritablement la Mecque de l’hindouisme depuis plus de 2500 ans, accrochée à la rive ouest du Gange. Toutefois, si elle parvient à faire cohabiter les différentes religions sur son sol, l’Inde n’a toujours pas résolu le problème du Cachemire. Cet ancien État de l’Himalaya, est en effet, depuis 1947, au cœur d’un conflit entre l’Inde et le Pakistan - toutes deux puissances nucléaires. Ce conflit, qui perdure encore de nos jours, contraint près de 10 millions de Cachemiris, à 77% musulmans, à vivre, pour ainsi dire, en otages. Il résulte de la partition de l’empire des Indes sur des bases religieuses : l’hindouisme à l’Inde et l’islam au Pakistan, qui a lui-même perdu sa partie orientale en 1971, devenue, par sécession, le Bangladesh.  

    Forte de son histoire millénaire et de sa démocratie confirmée, l’Inde se lance aujourd’hui dans une folle expansion économique

    D’autant plus que le monde découvre un nouveau marché très attractif de plus d’un milliard de consommateurs, bien différent de la Chine voisine. En 2006, les visites des présidents Chirac et Bush à New Delhi sont un exemple de l’attrait indien. En particulier dans le domaine du nucléaire, l’Inde, qui n’a pas signé de traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et qui a effectué des essais nucléaires, subit certes un boycott international de l’AIEA, mais se voit en revanche courtisée par les Etats-Unis. G. Bush peut, lui, se permettre de briser le tabou et de vendre à l’Inde de la technologie nucléaire...   En 2007, l’Inde achète ainsi ses usines atomiques chez les Américains, de gros avions en Europe, et s’ouvre à toutes les offres de la planète en cassant ses tarifs douaniers. Elle ambitionne de devenir le « bureau du monde », en bénéficiant des délocalisations massives des services informatiques, bancaires, actuariels, et des centres d’appels. Les conséquences économiques risquent cependant d’être dévastatrices pour le monde de l’emploi américain, à l’horizon de 2015, avec la perte de près de 2 millions d’emplois qualifiés, aux Etats-Unis.  

     L’Inde a misé en particulier sur la technologie et la science

    Les universités indiennes mettent chaque année sur le marché 260 000 ingénieurs avec un niveau international très satisfaisant.  Les ingénieurs informaticiens de ce pays ont carte blanche dans les grands pays industrialisés tels que les USA, le Japon ou l’Allemagne, qui leur a même proposé une « Green card » spéciale. Bill Gates, qui vient d’être confirmé, en mars 2007, 1ère fortune mondiale, profite du décalage horaire, de la haute technologie indienne et du faible coût salarial pour travailler, de nuit, de l’autre côté de la planète.

     Bangalore, la capitale de l’État du Karnataka, dans le sud du pays, est devenue, à l’image de la Shanghai voisine, la capitale high-tech du pays, attirant la délocalisation des multinationales occidentales.

    Quelque 200 000 informaticiens travaillent dans cette nouvelle Silicon Valley indienne, qui possède une main d’œuvre abondante, qualifiée, parlant l’anglais et payée 6 fois moins qu’en Occident. Microsoft a vite été suivi par Motorola, Siemens, IBM, Texas Instruments, HP, Intel, Google et bien d’autres. La société indienne d’informatique, Infosys, symbolise le succès de Bangalore.

     

    À Karnataka, on surnomme ces jeunes les « yippes » ou « Young Indian Professionals ». Âgés de 20 ans, ils flânent le week-end de bar en bar et se retrouvent, le lundi matin, ingénieurs informaticiens, gagnant déjà 250 US$ par mois, soit le double de leurs parents. Et plus d’un n’hésite pas à aller sextupler son salaire en Amérique ou en Allemagne.

     

      Si le PNB de l’Inde reste encore le 7e du monde, sa croissance économique en revanche est une des plus rapides avec un taux de croissance d’environ 7%. En parité de pouvoir d’achat, l’Inde est classée 4e puissance économique mondiale. Les réformes économiques de la dernière décennie portent leurs fruits avec une génération d’industriels et d’entrepreneurs qui se lancent à la conquête du monde, tel le multimilliardaire Lakshmi Mittal qui racheta les aciéries européennes ARCELOR (n° 2 mondial) pour 24 milliards d'euros . Par ce rachat, le groupe MITTAL prévoit une production de 200 millions de tonnes d’acier par an : Une OPA au nez de l’Union Européenne...

     

    Lakshmi Mittal, qui réside à Londres, serait, selon le "Sunday Times", l'homme le plus riche de Grande-Bretagne. L’homme qui maria sa fille au Château de Versailles est le premier producteur mondial d'acier, présent dans plus de 60 pays et employant plus de 330 000 personnes. Une vraie réussite pour celui qui avait débuté dans une entreprise familiale fondée par son père dans les années 1950. D'après le magazine Forbes de mars 2007, sa fortune s'élèverait à 32 milliards de dollars, il serait la 5e personne la plus riche au monde. Le Sunday Times le place comme étant la plus grosse fortune de Grande-Bretagne. Malgré tout, l’Inde demeure un pays pauvre, avec une population à plus de 50% rurale. Le fossé se creuse entre une Inde urbaine et ouverte et une Inde rurale, traditionnelle et renfermée. Le quart de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté avec plus de 100 millions de personnes qui n’ont toujours pas accès à l’eau potable et 500 millions à l’électricité.

    L’agriculture reste le maillon faible et nourricier de ce sous-continent et emploie toujours une grande part de la population active. Riz, blé, millet, thé, coton et canne à sucre tiennent le haut du pavé, avec le plus grand cheptel du monde en ovins et bovins. Avec les nouvelles technologies, l’Inde produit désormais assez pour satisfaire les besoins de toute sa population, qui n’a cependant  encore que 610 US$ de PNB/hab./an.  

    Avec une augmentation de 20 millions d’individus par an (soit deux fois la population de la Tunisie ), l’Inde deviendra, en 2030, le pays le plus peuplé du monde. Mais, contrairement à la Chine , le ralentissement de la natalité par la contraception n’est pas, dans ce pays, une contrainte, mais un choix démocratique et évite ainsi à l’Indien l’obligation chinoise de l’enfant unique. Mais si en Inde l’État ne contrôle pas la natalité, l’hindouisme, lui, domine la vie des femmes, comme nulle autre religion dans le monde. L’infanticide féminin, sous des prétextes moraux ou religieux, n’est-il pas responsable d’un déficit humain de 10 millions de femmes ?

    Les mardi 14 et mercredi 15 août 2007, Le Pakistan et l'Inde fêtent, respectivement, le 60e anniversaire de leur indépendance

    Le temps de la raison ! Après s'être violemment affrontées pendant des années, les deux puissances nucléaires s'attachent aujourd'hui à normaliser leurs relations et sont davantage accaparées par leurs propres problèmes. Après 200 ans de colonisation britannique, la création du Pakistan à majorité musulmane et de l'Inde à majorité hindoue s'était faite dans le sang avec le déplacement de onze millions de personnes et de près d'un million de morts. Aujourd’hui, après 60 ans et trois guerres, le climat s'est apaisé entre les deux frères ennemis. Pour l'Inde, le défi est aujourd'hui le partage des fruits d'une croissance exponentielle. Car dans sa course à la puissance économique, elle a laissé de côté nombre de ses 1,1 milliard d'habitants: elle abrite un tiers des habitants les plus pauvres de la planète qui vivent avec moins d'un dollar US par jour.  

    Dans ce pays de pauvreté, les mères Teresa foisonnent et l’opium du peuple est aussi le cinéma. C’est pour la population une véritable religion, qui remplit une fonction sociale majeure. Aller voir un film relève du rite ou du pèlerinage, où la société se met en scène, désamorce violence et crise sociale au travers de fictions très codifiées. In fine l’ordre social est rétabli.

    Les quelque 20 000 salles de cinéma du pays - dont certaines ont plus de 1 000 places -, sont bondées 7 jours sur 7. Le cinéma est pour ce pays le prolongement naturel des autres arts traditionnels, marionnettes, kathakali, lanternes magiques, qui en font un immense bazar d’images. Un siècle après le passage des frères Lumières à Bombay (1896), l’Inde est devenue le 1er producteur mondial de films, avec une production annuelle de près de 1 400 unités.   Deux géants se côtoient mais ne se ressemblent pas: l’Inde et la Chine. L ’Inde a en effet sur la Chine un avantage précieux : la démocratie. Nehru a déjà prévenu, en 1936, que la démocratie sera le pont entre l’ouvrier et le paysan, et non pas l’ennemi. Depuis le 15 août 1947, jour de son indépendance, l’Inde n’a cessé de consolider sa démocratie, qui l’aidera, j’espère, à nourrir son gros milliard d’habitants, à freiner certaines ambitions belliqueuses et peut-être à servir de catalyseur et d’exemple à tout le reste de l’Asie du sud-est.

    Les sages Shiva et Brahmâ valent bien une messe et sauront trouver le chemin du karma...  

    R.T.

  • Germany today

    Deutschland  2007

     .

    Sacré pays ! Sacrée nation ! L’Allemagne arrive à faire de ses produits d’occasion dits « second hand » des produits valorisés et recherchés. La troisième puissance économique de la planète n’est pas pour rien le premier exportateur du monde, devançant aisément les USA, le Japon et la Chine.

    Ce que l’Allemagne arrive et réussit à fabriquer est de si bonne qualité, que même d’occasion, il est encore recherché. Qui ne voudra pas d’une bonne Mercedes Diesel jeune de dix ans, d’une machine à laver Miel sortant d’une cave, d’un vieux robot de cuisine ou même d’une vieille machine à fraiser ? Le label « made in Germany » demeure le label de la grande qualité.

    L’Allemagne réussit aujourd’hui le pari du travail, de la qualité et de la rentabilité. Si les 35 heures de madame Aubry ont freiné la France , la demi-heure bénévole offerte par plus de 80 millions d’Allemands à leur pays est une manne sans prix. Au lendemain de la réunification des deux Allemagnes, il s’agissait en fait, d’avaler et de niveler quelques 18 millions d’Allemands qui vivaient à quelques années lumière de la sœur de l’Ouest. On décida alors d’offrir à son entreprise une demi-heure de salaire gratuit, pour aider le budget de l’État.

    Quel est donc ce curieux pays qui sort à peine d’une douloureuse guerre mondiale et qui est aujourd’hui le phare de l’Occident, la locomotive de l’Europe et l’espoir de tout un chacun ?

    Présenter l’Allemagne est un peu tenter la quadrature du cercle. Mission impossible. À mon avis, seule la langue allemande permettrait de comprendre le fonctionnement du cerveau des Allemands. Une langue où le verbe est chassé en fin de phrase, où les mots sont composés selon les besoins et où les modes se déclinent de maintes façons. Une langue dite de roc et de pierre qui pourtant, est la mère de la philosophie, de la grande musique, de la peinture et de moult arts. Une langue qui d’Internet et de l’informatique saisit toutes les nuances et les exploite au moindre détail. Une langue qui du détail en fait une religion pour instaurer l’exactitude en dogme vénéré. Dans ce pays, les mots « peut-être » et « inchallah » n’existent pas. Je répète souvent le vieux dicton allemand : « Eine Frau ist schwanger oder gar nicht schwanger, halbe schwanger gibt’s nicht » ou « Une femme est enceinte ou elle n’est pas enceinte, demi enceinte n’existe pas ». Cette rigueur de la langue est finalement le reflet de la société allemande.

    Les maux de l’Allemagne sont déjà pansés et lointains. Le souvenir de l’horrible seconde Guerre mondiale, menée par un autrichien germanisé et devenu allemand à l’âge de 32 ans, Adolf Hitler, est en voie de se déculpabiliser.

    Arrive le miracle allemand et la reconstruction du pays. Munich et Dresden, par exemple, détruites à 90 %, sont aujourd’hui, peut-être dans le Top 10 des plus belles villes d’Europe. L’Allemagne est entrain de réussir un pari extraordinaire pour digérer ses crimes de guerre, les comprendre, les accepter et les exorciser, pour pouvoir avancer. Depuis plus de vingt ans, les médias allemands rabâchent quotidiennement le crime nazi. Cette Catharsis freudienne n’abolit pas le crime, mais libère le sujet actuel d’un fardeau que l’on n’osait même pas évoquer…

    C’est ainsi qu’en politique étrangère, l’Allemagne s’affirme et se dédouane de son histoire.

    Au dernier sommet du G8 en juin 2007, en Allemagne, Angela Merkel a su persuader le président américain de reconnaître la nécessité de réduire « substantiellement » les émissions de gaz à effets de serre.

    D’autre part, les complexes allemands nés de la défaite de 1945 et de la Shoah se dissipent. On retrouve plus de 8 000 soldats allemands en Afghanistan, au Kosovo et au Congo RDC.

    Ce courage intellectuel a équilibré le citoyen allemand. L’ouvrier acharné, l’ingénieur invétéré ou le chirurgien dévoué sauront faire aujourd’hui la part des choses. Le travail est noble et nécessaire, mais la vie l’est tout autant. Sortez un lundi soir à Munich ou à Berlin, par exemple, pour aller dîner, il vous sera extrêmement difficile de trouver une table de libre si vous n’avez pas réservé. Imaginez cela le week-end… L’Allemand travaille d’une façon religieuse, consciente et consciencieuse dans son lieu de travail, mais il a appris aujourd’hui à se défouler. Imaginez une grande partie des îles espagnoles des Canaries réservée aux Allemands qui viennent se défouler jour et nuit, pendant une semaine. Imaginez 20 millions de visiteurs en 15 jours (plus du double de la Tunisie et près du tiers de la France en un an) qui viennent s’éclater à Munich pour la célèbre Oktoberfest, la fête de la bière. Loin d’une beuverie, cette fête se veut un hymne à la joie, à la vie, à l’amour, à la bière et surtout à l’amitié.

    En 2006, l’Allemagne affiche une balance commerciale excédentaire de plus de 170 milliards d’euros, contrairement à la quasi-majorité de la planète, qui est en déficit.

    L’euro fort (30 % plus cher que le dollar) ne freine nullement les exportations allemandes, contrairement au reste de l’Europe. C’est que le monde achètera le « made in Germany » à n’importe quel prix. La BMW  636 CS, la Mercedes nouvelle classe M, l’Aspirine allemande, le logiciel percutant, la locomotive qui porte le nom de Sir Diesel, aussi bien que le simple téléphone cellulaire ou les célèbres machines-outils, seront achetés les yeux fermés, dans l’ensemble de la planète, parce qu’ils portent le label « made in Germany ». Et qu’importe leur prix d’achat. L’acheteur est assuré de la qualité, de la durabilité et de la fiabilité des produits. Les grands marchés émergents, tels que la Chine , l’Inde et le Brésil remplissent très vite les carnets de commande de l’Allemagne. Angela Merkel continue sur la lancée de Gerard Schröder, en assurant, à près de 83 millions d’habitants, un PNB (Produit National Brut) par tête et par an de plus de 35 000 dollars.

    L’Allemagne doit, toutefois, faire face aux tensions sur le marché mondial de l’énergie et des matières premières. Près des deux tiers de l’électricité consommée en Allemagne proviennent de l’étranger, et principalement, de la Russie. Le pays importe 97 % de son pétrole, 83 % de son gaz et, curieusement, 60 % de sa houille. Ayant décidé d’abandonner l’énergie nucléaire (contrairement à la France ), d’ici à 2021, l’Allemagne tire encore 30 % de son électricité de ses centrales. L’environnement prime. Le charbon et le biocarburant (à l’instar du Brésil), tout comme l’énergie éolienne (comme le Danemark), se substitueraient à l’énergie nucléaire.

    Aujourd’hui, l’optimisme est de rigueur en Allemagne et la chancelière a réussi à imposer une image positive et ambitieuse de son pays, aussi bien sur le plan national qu’international. La croissance, l’innovation et l’emploi sont ses maîtres mots. Selon le journal français Le Figaro qui a donné le classement des cent femmes les plus influentes au monde, Angela Merkel arrive en tête, suivie de Condoleezza Rice. Bonne route madame la chancelière !

    Aujourd’hui et plus que jamais, l’Europe a besoin de l’Allemagne. Mais, n’oublions pas que cette force extraordinaire de l’Allemagne a besoin d’être canalisée et que la grande Europe peut être la plus belle aventure allemande.

    Bach, Beethoven, Schubert, Richard Wagner, Haendel, Richard Strauss, Bertolt Brecht, Karl Marx, Humboldt, Nietzsche, Einstein, Goethe, Diesel, Schiller, Kant, Hegel, Schopenhauer, Koch, Leibniz, Martin Luther, Thomas Mann, Von Braun, Max Planck, Ferdinand Porsche et bien d’autres génies allemands… invitent les lecteurs  d’Astrolabe à se remémorer la grande Allemagne, qui ne finira pas d’étonner le monde et d’apporter cette fois, d’une façon convaincante, son obole à la Paix du monde !

    Il serait enfin heureux, pour plus d’équilibre planétaire, que les cinq grands membres permanents de l’ONU, ayant un droit de veto, (États-Unis, Angleterre, France, Chine et Russie) accueillent un nouveau membre, l’Allemagne, tout comme peut-être le Japon et le Brésil.

    À leurs propres yeux, comme aux yeux de la planète, les Allemands redeviennent « Ein grosses Volk », un grand peuple comme les qualifiait déjà le Général De Gaulle.